Au tombé des seins suit la vague


NIALA

Au tombé des seins suit la vague

La marque des sabots empreinte

un chant de soleil

du vent

de la pluie

des orages à faire tomber les noix

l’huile au pressoir

la vigne dans mon vers

toutes les couleurs de leurs plumes sifflent et chantent en choeur

pousse en corps l’archet de la dernière Folia

il se pourrait bien que je réponde aux lancements de tes reins

Marin Marais

est un faiseur de matin

Et moi un vieux chien qui flaire ce qui provient de la garrigue au levé du coq

Niala-Loisobleu.

31 Janvier 2023

ENCORE,


L’ARBRE QUI PARLE…

DU SOIR AU MATIN

(Reprise)

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ENCORE,

L’ARBRE QUI PARLE…

DU SOIR AU MATIN

(Reprise)

La nuit les arbres ne dorment que d’une branche, ils laissent au vent les envies de sommeil, aux étoiles de la veillée les phantasmes du laissez danser s’allument; c’est pas une valse, la lune c’est le tango qu’elle met en mouvance le long des troncs, où elle laisse serpenter le reflet de ses cuisses souples. Les gourmandises de la sensualité s’emparent des tubes de couleur, ils connaissent les tons de terre, les ocres, la pulpe des jaunes vénitiens, carminés d’envies charnelles, ils dégueulent des rouges où les jaunes verdissent à devenir violets comme une histoire de Parme qui  s’enlace tout autre. L’écorce est dans un coin de tapis, sur la paille d’une chaise, tenant compagnie au pantalon défait du boxer qui a bouffé la chemise et ses carreaux. On ne peut se sentir, l’arbre et moi que totalement nus. Qui peint l’autre, chacun son tour, ou en même temps, quelle importance la question n’est pas plus de mise que les vêtements.

Sur ton épaule je t’avale à respirer ma Muse

Partout où j’ai pu résider, le temps d’un passage, où dans une station prolongée, j’ai toujours eu un arbre que la lune mettait en marche pour me sortir et m’emmener ailleurs. Au pays où on les plante et où jamais on ne les scie. La relation est aussi forte qu’au début, elle me fascine. Jamais la question de sa normalité ne s’est posée à mon esprit. Tout ce qui est affaire de coeur, est coupé de la tête. La poésie repousse l’encre cérébrale.

Niala-Loisobleu
28 Janvier 2016

PHILIPPE DELAVEAU – LE BLEU


NIALA

PHILIPPE DELAVEAU

LE BLEU

Lorsqu’on renverse la tête sur le sable, et que le jour décroît
Soudain les yeux s’entrouvrent : c’est le bleu
Du ciel immense, l’espace transparent du ciel bleu, pays
De la lumière vive au-dessus de la joie de l’arbre,
Et le héron prudent pose une patte circonspecte, risque l’autre
Sur le mercure miroitant; la flaque réfléchit l’impavide, l’immense,
L’absolu bleu.
Nous oublions
Les luttes d’un cœur épris d’amour et les distances.
Le bleu
Traverse l’air impalpable, visite la branche immobile qui le salue
Se laisse étreindre par les yeux qui le pénètrent.
Dans le vitrail éclate la fanfare du jour,
La rosace infusant le doux acquiescement de la lumière.
Même un nuage infime et haut fait concevoir
Les éloignements sans fin de la distance où glisse
Au pli de la tenture une aiguille suivie
D’un fil qui s’effiloche.
Une invisible main
Tente de coudre à l’aube enfuie le crépuscule,
Puisque emporté par son poids, le soleil
Déchire la mandorle où le temps le suspend
Et que le bleu pâlit à l’horizon.
La mer
Répand sur ses genoux qui tremblent
Le vaste drap où flambent ses ciseaux,
Berçant infiniment nos cœurs qui se désolent
D’être mortels encore sous l’azur éphémère.
Philippe Delaveau

AURORALE ASSISE


HENRI MATISSE

AURORALE ASSISE

La nuit trépanée par Matisse

laisse tes formes s’asseoir sur mon cortex

entamant le voyage en chemin de faire

où la cavité de l’aisselle se creuse à bras levé

non foulée s’y tient l’herbe épaisse des coins vierges

L’odeur sauvage qui occupe la périphérie encore dans le noir tient lieu de phare

Au virage du moulin deux monticules étalés à leur aise ronronnent à flanc de côteau

A la manche à air de ta respiration je me laisse bercer

le fleuve au noeud de l’île tourne en boucle son bruit d’eau

Sous le pli du bief de ton ventre

le mascaret à la bouche de l’estuaire a rejoint les méandres des spasmes qui sortent du sommeil

Ma pensée suit tes pores en cabotage au pas de tes embruns

Au bout de l’accoudoir

les fenêtres du couloir reposent mes yeux sur tes vertes campagnes.

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Niala-Loisobleu.

31 Janvier 2023