montee respiratoire


MONTEE RESPIRATOIRE

D’entre les cailloux du fond et la vase fertile

monte le souffle qui avale la douleur

C’est rose comme de transparence aquatique

L’enfant me dis viens…

.

Niala-Loisobleu.

6 Mars 2023

Être vieux ? – Jacques Bertin


Être vieux ? Oh, je me voyais…
rassasié comme un paysage
peuplé de noces de campagne
festoyant en rires et chants
mais non, je me suis senti comme
un camion lassé du voyage
bourré de mobilier sans âge
et aucune chanson d’enfant
ou ce vieux meuble dans l’entrée
très fier, avec son pied cassé
et sa conception compliquée
qui interdit de le bouger
je me suis senti comme un peuple
dont il ne faudrait plus parler
sur de longs chemins, égaré
sans savoir aller où – un peuple…
soudain je me suis senti vieux
amours éteints par des vents sales
aventures à fond de cale
réussites à un cheveu
ou un chapitre dans un livre
pas marrant (rien que des longueurs…)
lui, assiégé par des vainqueurs
le héros cherchait juste à vivre
ainsi je suis dans mon retrait
et je vous invite à ma table
et à y trinquer, innombrables
plus léger je me sentirai
les vieux, ça fait ça, ça mitonne
eh oui ! Au lieu de s’adapter
les vieux, ça fait ça, ça pardonne
même au vent qui fait que tourner
malheureux, non ; mais transitoire
navigant parmi l’illusoire
c’est un p’tit peu lourd à gérer
un p’tit peu lourd à digérer
soudain je fus vieux pour de bon
ah, vous ne pouvez pas comprendre !
on risque pas de m’y reprendre
j’ai dit vieux, eh ! j’ai pas dit…

Jacques Bertin

RECONQUÊTE


RECONQUÊTE

La mer refoulée par la construction de marinas

se la joue débarquement

l’évent favorable accouche alors d’une baleine

et toi sortant de la nature des choses

tu émerges

non comme une vengeance

mais comme un égard à ton calice de Femme

avec dans tes gènes

un genre musical tenant de mes mots-peints

.

Le chien dans ta broussaille chasse tout serpent

et le paumier engendre sans fausse-roseur dans la grange

ces fruits à claie

que Cézanne faisait comestibles comme personne

Ensemble on fait de la clôture du pilotis pour les alpages

pour que les abeilles rallument La Ruche avec l’Observatoire

à Montparnasse

où je me porte à rosée

le feu initial du cratère qui me mit en île pour tenir le bleu.

.

Niala-Loisobleu.

21 Février 2023

L’essentiel – Jacques Bertin

Puis une nuit d’hiver, dans la rue, quelqu’un marche
On sonne, et une voix chuchote dans l’entrée
Oh, cette voix, mon Dieu! On comprend, on tressaille
Vite, un peu, on remet de l’ordre dans les faits

C’est un champ de bataille et un jardin défait
La tête, un port dévasté, un lit de malade
Une capitale bombardée qui renaît
Et des navires sans pavillon dans la rade

Je ne sais où, je ne sais où, dans quelle enfance
Ou dans quelle nuit de quel futur j’entendis
Ou dans quel continent perdu de l’espérance
Cette voix murmurant dans l’entrée
« Tout est dit »

Jacques Bertin

ZOB SEC


Niala – De cap et de paix 2023

ZOB SEC

Catacombes en rupture

en Denfert le lion perd sa crinière

la Nation son idéal

Le tant des pierres est sorti du boulevard par la venue politicienne du débat

D’ici qu’on qu’on banderole au viagra il y a qu’un pas

Où sont les combats de Vincent et Paul

sacrements de foi

D’un bois mort je saute à la branche des Alyscamps

Champs-Elysées en provençal

cité des morts vertueux

où puiser de quoi lever son vers

et revendiquer la réforme sociétale citoyenne

Les seins lourds d’un soupe populaire où j’ai téter

manquent à mes idées libertaires

comme la voix d’un vagin qui grimpe

au Parnasse frotter son poil au Jardin des Délices

Il faut sauverOrphée

d’une Fête de l’Huma contre-façonnée

Ah mes Baux

poésie en quête de rêve

laissez moi remettre le fil à plomb au levier.

Niala-Loisobleu.

30 Janvier 2023

Aux funérailles au funambule

Paroles : Allain Leprest et Jacques Bertin ;
(en romain : Leprest ; en italiques : les ajouts de Bertin…

chacun viendra poser l’enclume        / la plule
le pape apportera sa bulle
et malgré la grève du rail

si près du cyprès et de l’onde
chacun viendra asseoir son monde
et boire à cet enfant trop beau
tombé de haut
chacun viendra lever son verre
à nos amitiés libertaires
aux étoiles qui vont se taire
dans la main du grand diamantaire à toutes ces notes futiles
à nos ardoises sur nos tuiles
à nos comment et nos faut-il
écrire la chanson de plus ?qui crie au fond de l’autobus
et aux verres trop vite bus
aux amitiés trop vite lues
aux rythmes trop vite perdus
à la prochaine mon amour
à toi seule dont les doigts courent
sur mon ardoise chaque jour
à la proche haine à toujoursje cache en mes doigts consumés
un âcre parfum de fumée
dans les ruines du verbe aimer
une ultime rime à  » toujours « à nos amours à la prochaine
la proche haine mon amour
la proche haine où sont semées
nos plumes nos belles années

à tous les mots durs à manier
au malheur qu’on n’a pas volé !
la beauté qui nous a brûlés
et à nos amours mon amouror, voyez : c’est son meilleur tour
quand il tombe au milieu de vous
le funambule il est pas fou
il a très bien choisi son jour


est-il mort ? non : il dort il tremble
dans son sommeil il parle il semble
il dit : si nous restions ensemble
ici,
            amis,
                         j’y voudrais mourir pour toujours !

RESERVATION DU BOUT DU QUAI


NIALA

RESERVATION DU BOUT DU QUAI

Monter sur la vue sans dates

comme ça chante de savoir que la musique des années précédentes

enfourche son vieux cheval pour ne plus sortir du rail

C’est la joie retrouvée

le tout mis dans le temps vide de l’époque

en réservation pour le grand voyage

Sérénité

du manuel qui dans sa fin voit aboutir

l’oeuvre de sa main

qui va dormir

à l’Hôtel du Grand Retour

Niala-Loisobleu.

23 Janvier 2023

Tu vas revenir par les menthes
Par les luzernes les étés
Dans l’esprit les fusées errantes
Les cheveux d’astres les épées
Tu vas revenir par les ambres
Les bleus les saumons les chamois
Les chevreuils les dessins des chambres
Et les yeux de l’homme aux abois

Les trains fantômes de décembre
Dans les vallées du souvenir
Les rires d’eau des chutes tendres
Qui dévalent de l’avenir
Tu vas revenir redescendre
Par les berges du verbe aimer
Par le delta des regards tendres
Le grand escalier des années

Tu vas revenir par les plaines
Par la colère par l’aveu
Tu vas revenir par ma haine
Tu vas revenir je le veux
Par les rues des villes en cendres
Où tu te glisses sans aveu
Tu longes mes vers et tu trembles
Et tu es veule et je te veux

Tu vas revenir par les flammes
Le lino usé de la mer
Le film qui rugit sous la lame
Qui brille et se tord à l’envers
Tu vas revenir par tes drames
Comme un peu de sang dans mon verre
Par mes errances par nos larmes
Ouvrir le rideau de la mer

Les villes soudain applaudissent
On aime cet auteur de vers
La femme attend dans la coulisse
Elle apparaît et tout se perd
Cette chambre d’hôtel sinistre
Le port au loin, plus rien d’ouvert
En bas le gardien est complice
Tu surgis dans mon dernier vers !

Jacques Bertin

Parc Borelly, Un Dimanche – Jacques Bertin


Parc Borelly, Un Dimanche

Jacques Bertin

Jets d’eau, jeux d’oiseaux tranquilles
Actes petits jetés aux oiseaux
Comme elle est calme cette île
Quelle étrangeté d’oiseau
Une fleur facile
Et un pétale d’oiseau
Les lenticules qui filent
Innombrables pas d’oiseaux
Ne rien faire qu’inutile
Et t’aimer, ton cœur d’oiseau !

Jacques Bertin

Jacques Bertin – Laissez une fenêtre ouverte


Jacques Bertin 

Laissez une fenêtre ouverte

Laissez une fenêtre ouverte à votre maison entre la voie ferrée et la rivière
Je vous entends, j’entends les bruits du repas, votre enfant
Je vous entends murmurer dans votre premier sommeil
Je viendrai tout à l’heure rôder dans la cour, les chiens seront calmes, ils viendront à mes pieds
Vos rêves passent avec des mots épars, ils s’en vont dans la rivière, escortés de flambeaux
Je veillerai sur vous dans la pelisse de la nuit et le museau des chiens
Au premier bruit de l’aube je partirai
Vous pousserez le volet
Vous ne saurez pas que j’étais si près de vous

Jacques Bertin

SEUIL DU PASSAGE


SEUIL DU PASSAGE

L’oiseau

monte attraper le nouvel étage qui pointe

Un marchand d’histoires

solde des pendules avec des remontoirs et des dates échappées du broyeur

Glisse le rideau sur les rails d’un train

seuls des bruits de remue-ménage sortent des aspirateurs

Un aboyeur vante de son éventail

les premières chaleurs d’un tempérament resté dans sa vieille peau

Sortant en cortège d’une salle-de-garde

les veuves-volontaires dans leur costume vert-religieux redressent leur chapeau

une voile être pour la nouvelle grand-messe

On ouvre les voeux en sacrifice rituel

Et dans le silence de son atelier le vieux peintre muse

en accrochant à la porte la pancarte

DO NOT DISTURB

pour un temps indéterminé.

Niala-Loisobleu.

31 Décembre 2022

Jacques Bertin – Paroisse

Des femmes sont assises dans l’hiver
Le long de la radio, sur un dernier travail
C’est tard la nuit, il est déjà dans les dix heures
Depuis longtemps dorment dans les chambres glacées
Des enfants protégés du mal par un signe de croix
Des femmes sont assises dans l’hiver. Il fait grand froid.
A la gare on attend encore le train de Combourg et Dol
Dans la prairie les gitans guettent le sommeil des chevaux
Ils ont plié le cirque dérisoire et ils s’en vont. Demain
Les maçons ne travailleront pas sans doute à cause du gel
Demain il y a messe pour la jeune fille qui est en deuil
De Nantes vient le givre avec ses cuivres. Il fait grand
froid.
Paroisse de l’année soixante. O périphérie de la paix
Femme posée comme une lampe à huile dans le silence
Rassemble dans cet écrin-là tous tes enfants. Emporte-les
Vers le bon dieu et qu’on ne nous sépare pas
Demande-lui si c’est bien demain que le payeur passe
Et quand va-t-on enfin goudronner la rue. Tu as froid.
Tu fermes la radio. Tu montes en faisant attention
Vers un endroit que je t’ai préparé dans ma mémoire
Et qui s’est détaché de moi pour vivre, comme une chanson
Où tu es bien parce qu’on ne nous séparera pas.

Jacques Bertin


L’atelier râtèle mes mots-peints et engrange


L’atelier râtèle

mes mots-peints et engrange

A la crôute des palettes et aux manches qui ont posés leurs poils, le nuancier a forniqué sans froideur, laissant pendre aux verrières assez de chaleur pour arriver au bord de la lumière d’un monde ténébreux. Sans se retourner sur les larmes des pleureuses, dans la ligne des cris de Camille, au fossé de la berme des fosses à purin. La grange a pourri en suivant l’enfermement animal de l’élevage en batterie. Faux-seins à me gonfler et jouets en ferraille dans les narines vaginales, tribale libération de la femme que la buée des vitres emporte. Les genoux rasant la vérité du parvis des temples à travers les marchés ambulants, camelots vêtus en Rois-Mage pour la grande distribution. Fève du loto. Chiffons d’essuie âge pour couvrir les années de veuvage de revenus. Et gratte-cul de reconnaissance de tes lardons.

Ô Lumière tu coûtes cher, mais t’es la vie !

Niala-Loisobleu.

29 Décembre 2022

Une Grange – Jacques Bertin

Peut-être, à travers les chansons
Comme à travers les trous du toit
De la vieille grange effondrée,
Appelant la fraîcheur des doigts,
De l’orage ou l’amour, on voit
Peut-être ma vie qui appelle
Ô vous savez qu’elle était belle
Anciens compagnons de ma joie

Puisque c’est vrai, tout est image
Nous sommes l’image de nous
Et dans les paumes du message
Vous voyez la trace des clous
Ô les feux allumés de l’âge !
Ne va pas prendre mal, surtout,
Et reviens, sèche-toi, sois sage
Il tombe de la mort partout

Chevaux tués, ombres des désastres
Avenirs aux jambes brisées
Éternités tombées des astres
Aux formes de lampions brûlés
Ô les bombes sur l’abbatiale !
Ô l’incendie dans le verger !
La terre est ce tablier sale
Et les couleurs se sont vengées

Puisque c’est vrai, tout est mensonge
Le regard franc, profond, surtout
Et un cancer d’argent me ronge
Puisque la mort rôde partout

Que je sois cette ancienne grange
Sans douleur au fond des étés
Et dont un peu de chanson penche
Et je ne souffre plus d’aimer !

Eté court et mauvaise donne,
Brûlant vite, elle était pressée !
Puis on voit le toit qui frissonne
Et la vieille âme un peu bouger

Jacques Bertin

DANS MON CARTABLE


DANS MON CARTABLE

La corde est usée

les pas branlent au chevalet

on ne choisit plus son chemin

on suit l’influenceur les yeux bandés

Reste que son cheval pour monter son manège.

Niala-Loissobleu .

19 Décembre 2022

QUE FAIRE ? – JACQUES BERTIN

Fonder quelque chose

Demeurer vivant

Brûler à tes causes

Courir en avant

Fonder l’amour même

Et l’homme nouveau

Nier le problème

Lancer des bateaux

Ouvrir une route

Cueillir le grand vent

Défier le doute

Brûler le gréement

Atteindre la rive

Débloquer le port

Débarquer les vivres

Débusquer la mort

Tricher sur les dates

Sauver la maison

Avancer sans carte

Plaider la passion

Inventer de l’âme

Gonfler les enjeux

Tutoyer le drame

Rallumer le feu

Renverser la table

Nier le destin

Croire dans ses fables

Retoucher la fin

Rallumer de l’homme

Se laisser hanté

Ramener de l’homme

Tout réinventer

Ramener de l’homme

Cueillir en hiver

Réhabiter l’homme

Planter dans la mer

Parler à mon frère

Te prendre la main

Quelques pas sur terre

Enfant du chagrin

Défier les astres

Marcher au canon

Violer le cadastre

Rétablir les ponts

Croire dans des choses

L ‘homme est dans nos mains

Boire dans des causes

Aimer à sa faim

Boire dans des causes

Aimer à sa faim

Ramener de l’homme

Cueillir en hiver

Réhabiter l’homme

Planter dans la mer

Parler à mon frère

Te prendre la main

Quelques pas sur terre

Enfant du chagrin

Défier les astres

Marcher au canon

Violer le cadastre

Rétablir les ponts

Croire dans des choses

L’homme dans nos mains

Boire dans des causes

Aimer à sa faim

Boire dans des causes

Aimer à sa faim

Boire dans des causes

Aimer à sa faim !

Jacques Bertin