
D’UNE CHANSON EN ARRIERE
POUR DEUX MAINS
Le violet plein m’affleure
je respire la fumée du peint
poitrine debout sur les chenets
d’un feu pas éteint…
.
Niala-Loisobleu.
9 Mars 2023
D’UNE CHANSON EN ARRIERE
POUR DEUX MAINS
Le violet plein m’affleure
je respire la fumée du peint
poitrine debout sur les chenets
d’un feu pas éteint…
.
Niala-Loisobleu.
9 Mars 2023
MONTEE RESPIRATOIRE
D’entre les cailloux du fond et la vase fertile
monte le souffle qui avale la douleur
C’est rose comme de transparence aquatique
L’enfant me dis viens…
.
Niala-Loisobleu.
6 Mars 2023
Être vieux ? – Jacques Bertin
Être vieux ? Oh, je me voyais…
rassasié comme un paysage
peuplé de noces de campagne
festoyant en rires et chants
mais non, je me suis senti comme
un camion lassé du voyage
bourré de mobilier sans âge
et aucune chanson d’enfant
ou ce vieux meuble dans l’entrée
très fier, avec son pied cassé
et sa conception compliquée
qui interdit de le bouger
je me suis senti comme un peuple
dont il ne faudrait plus parler
sur de longs chemins, égaré
sans savoir aller où – un peuple…
soudain je me suis senti vieux
amours éteints par des vents sales
aventures à fond de cale
réussites à un cheveu
ou un chapitre dans un livre
pas marrant (rien que des longueurs…)
lui, assiégé par des vainqueurs
le héros cherchait juste à vivre
ainsi je suis dans mon retrait
et je vous invite à ma table
et à y trinquer, innombrables
plus léger je me sentirai
les vieux, ça fait ça, ça mitonne
eh oui ! Au lieu de s’adapter
les vieux, ça fait ça, ça pardonne
même au vent qui fait que tourner
malheureux, non ; mais transitoire
navigant parmi l’illusoire
c’est un p’tit peu lourd à gérer
un p’tit peu lourd à digérer
soudain je fus vieux pour de bon
ah, vous ne pouvez pas comprendre !
on risque pas de m’y reprendre
j’ai dit vieux, eh ! j’ai pas dit…
Jacques Bertin
RECONQUÊTE
La mer refoulée par la construction de marinas
se la joue débarquement
l’évent favorable accouche alors d’une baleine
et toi sortant de la nature des choses
tu émerges
non comme une vengeance
mais comme un égard à ton calice de Femme
avec dans tes gènes
un genre musical tenant de mes mots-peints
.
Le chien dans ta broussaille chasse tout serpent
et le paumier engendre sans fausse-roseur dans la grange
ces fruits à claie
que Cézanne faisait comestibles comme personne
Ensemble on fait de la clôture du pilotis pour les alpages
pour que les abeilles rallument La Ruche avec l’Observatoire
à Montparnasse
où je me porte à rosée
le feu initial du cratère qui me mit en île pour tenir le bleu.
.
Niala-Loisobleu.
21 Février 2023
Puis une nuit d’hiver, dans la rue, quelqu’un marche
On sonne, et une voix chuchote dans l’entrée
Oh, cette voix, mon Dieu! On comprend, on tressaille
Vite, un peu, on remet de l’ordre dans les faits
C’est un champ de bataille et un jardin défait
La tête, un port dévasté, un lit de malade
Une capitale bombardée qui renaît
Et des navires sans pavillon dans la rade
Je ne sais où, je ne sais où, dans quelle enfance
Ou dans quelle nuit de quel futur j’entendis
Ou dans quel continent perdu de l’espérance
Cette voix murmurant dans l’entrée
« Tout est dit »
Jacques Bertin
ZOB SEC
Catacombes en rupture
en Denfert le lion perd sa crinière
la Nation son idéal
Le tant des pierres est sorti du boulevard par la venue politicienne du débat
D’ici qu’on qu’on banderole au viagra il y a qu’un pas
Où sont les combats de Vincent et Paul
sacrements de foi
D’un bois mort je saute à la branche des Alyscamps
Champs-Elysées en provençal
cité des morts vertueux
où puiser de quoi lever son vers
et revendiquer la réforme sociétale citoyenne
Les seins lourds d’un soupe populaire où j’ai téter
manquent à mes idées libertaires
comme la voix d’un vagin qui grimpe
au Parnasse frotter son poil au Jardin des Délices
Il faut sauverOrphée
d’une Fête de l’Huma contre-façonnée
Ah mes Baux
poésie en quête de rêve
laissez moi remettre le fil à plomb au levier.
Niala-Loisobleu.
30 Janvier 2023
Aux funérailles au funambule Paroles : Allain Leprest et Jacques Bertin ; (en romain : Leprest ; en italiques : les ajouts de Bertin…) chacun viendra poser l’enclume / la plule le pape apportera sa bulle et malgré la grève du rail si près du cyprès et de l’onde chacun viendra asseoir son monde et boire à cet enfant trop beau tombé de haut chacun viendra lever son verre à nos amitiés libertaires aux étoiles qui vont se taire dans la main du grand diamantaire à toutes ces notes futiles à nos ardoises sur nos tuiles à nos comment et nos faut-il écrire la chanson de plus ?qui crie au fond de l’autobus et aux verres trop vite bus aux amitiés trop vite lues aux rythmes trop vite perdus à la prochaine mon amour à toi seule dont les doigts courent sur mon ardoise chaque jour à la proche haine à toujoursje cache en mes doigts consumés un âcre parfum de fumée dans les ruines du verbe aimer une ultime rime à » toujours « à nos amours à la prochaine la proche haine mon amour la proche haine où sont semées nos plumes nos belles années à tous les mots durs à manier au malheur qu’on n’a pas volé ! la beauté qui nous a brûlés et à nos amours mon amouror, voyez : c’est son meilleur tour quand il tombe au milieu de vous le funambule il est pas fou il a très bien choisi son jour est-il mort ? non : il dort il tremble dans son sommeil il parle il semble il dit : si nous restions ensemble ici, amis, j’y voudrais mourir pour toujours ! |
RESERVATION DU BOUT DU QUAI
Monter sur la vue sans dates
comme ça chante de savoir que la musique des années précédentes
enfourche son vieux cheval pour ne plus sortir du rail
C’est la joie retrouvée
le tout mis dans le temps vide de l’époque
en réservation pour le grand voyage
Sérénité
du manuel qui dans sa fin voit aboutir
l’oeuvre de sa main
qui va dormir
à l’Hôtel du Grand Retour
Niala-Loisobleu.
23 Janvier 2023
Tu vas revenir par les menthes
Par les luzernes les étés
Dans l’esprit les fusées errantes
Les cheveux d’astres les épées
Tu vas revenir par les ambres
Les bleus les saumons les chamois
Les chevreuils les dessins des chambres
Et les yeux de l’homme aux abois
Les trains fantômes de décembre
Dans les vallées du souvenir
Les rires d’eau des chutes tendres
Qui dévalent de l’avenir
Tu vas revenir redescendre
Par les berges du verbe aimer
Par le delta des regards tendres
Le grand escalier des années
Tu vas revenir par les plaines
Par la colère par l’aveu
Tu vas revenir par ma haine
Tu vas revenir je le veux
Par les rues des villes en cendres
Où tu te glisses sans aveu
Tu longes mes vers et tu trembles
Et tu es veule et je te veux
Tu vas revenir par les flammes
Le lino usé de la mer
Le film qui rugit sous la lame
Qui brille et se tord à l’envers
Tu vas revenir par tes drames
Comme un peu de sang dans mon verre
Par mes errances par nos larmes
Ouvrir le rideau de la mer
Les villes soudain applaudissent
On aime cet auteur de vers
La femme attend dans la coulisse
Elle apparaît et tout se perd
Cette chambre d’hôtel sinistre
Le port au loin, plus rien d’ouvert
En bas le gardien est complice
Tu surgis dans mon dernier vers !
Jacques Bertin
Jets d’eau, jeux d’oiseaux tranquilles
Actes petits jetés aux oiseaux
Comme elle est calme cette île
Quelle étrangeté d’oiseau
Une fleur facile
Et un pétale d’oiseau
Les lenticules qui filent
Innombrables pas d’oiseaux
Ne rien faire qu’inutile
Et t’aimer, ton cœur d’oiseau !
Jacques Bertin
Jacques Bertin
Laissez une fenêtre ouverte à votre maison entre la voie ferrée et la rivière
Je vous entends, j’entends les bruits du repas, votre enfant
Je vous entends murmurer dans votre premier sommeil
Je viendrai tout à l’heure rôder dans la cour, les chiens seront calmes, ils viendront à mes pieds
Vos rêves passent avec des mots épars, ils s’en vont dans la rivière, escortés de flambeaux
Je veillerai sur vous dans la pelisse de la nuit et le museau des chiens
Au premier bruit de l’aube je partirai
Vous pousserez le volet
Vous ne saurez pas que j’étais si près de vous
Jacques Bertin
SEUIL DU PASSAGE
L’oiseau
monte attraper le nouvel étage qui pointe
Un marchand d’histoires
solde des pendules avec des remontoirs et des dates échappées du broyeur
Glisse le rideau sur les rails d’un train
seuls des bruits de remue-ménage sortent des aspirateurs
Un aboyeur vante de son éventail
les premières chaleurs d’un tempérament resté dans sa vieille peau
Sortant en cortège d’une salle-de-garde
les veuves-volontaires dans leur costume vert-religieux redressent leur chapeau
une voile être pour la nouvelle grand-messe
On ouvre les voeux en sacrifice rituel
Et dans le silence de son atelier le vieux peintre muse
en accrochant à la porte la pancarte
DO NOT DISTURB
pour un temps indéterminé.
Niala-Loisobleu.
31 Décembre 2022
Des femmes sont assises dans l’hiver
Le long de la radio, sur un dernier travail
C’est tard la nuit, il est déjà dans les dix heures
Depuis longtemps dorment dans les chambres glacées
Des enfants protégés du mal par un signe de croix
Des femmes sont assises dans l’hiver. Il fait grand froid.
A la gare on attend encore le train de Combourg et Dol
Dans la prairie les gitans guettent le sommeil des chevaux
Ils ont plié le cirque dérisoire et ils s’en vont. Demain
Les maçons ne travailleront pas sans doute à cause du gel
Demain il y a messe pour la jeune fille qui est en deuil
De Nantes vient le givre avec ses cuivres. Il fait grand
froid.
Paroisse de l’année soixante. O périphérie de la paix
Femme posée comme une lampe à huile dans le silence
Rassemble dans cet écrin-là tous tes enfants. Emporte-les
Vers le bon dieu et qu’on ne nous sépare pas
Demande-lui si c’est bien demain que le payeur passe
Et quand va-t-on enfin goudronner la rue. Tu as froid.
Tu fermes la radio. Tu montes en faisant attention
Vers un endroit que je t’ai préparé dans ma mémoire
Et qui s’est détaché de moi pour vivre, comme une chanson
Où tu es bien parce qu’on ne nous séparera pas.
Jacques Bertin
L’atelier râtèle
mes mots-peints et engrange
A la crôute des palettes et aux manches qui ont posés leurs poils, le nuancier a forniqué sans froideur, laissant pendre aux verrières assez de chaleur pour arriver au bord de la lumière d’un monde ténébreux. Sans se retourner sur les larmes des pleureuses, dans la ligne des cris de Camille, au fossé de la berme des fosses à purin. La grange a pourri en suivant l’enfermement animal de l’élevage en batterie. Faux-seins à me gonfler et jouets en ferraille dans les narines vaginales, tribale libération de la femme que la buée des vitres emporte. Les genoux rasant la vérité du parvis des temples à travers les marchés ambulants, camelots vêtus en Rois-Mage pour la grande distribution. Fève du loto. Chiffons d’essuie âge pour couvrir les années de veuvage de revenus. Et gratte-cul de reconnaissance de tes lardons.
Ô Lumière tu coûtes cher, mais t’es la vie !
Niala-Loisobleu.
29 Décembre 2022
Peut-être, à travers les chansons
Comme à travers les trous du toit
De la vieille grange effondrée,
Appelant la fraîcheur des doigts,
De l’orage ou l’amour, on voit
Peut-être ma vie qui appelle
Ô vous savez qu’elle était belle
Anciens compagnons de ma joie
Puisque c’est vrai, tout est image
Nous sommes l’image de nous
Et dans les paumes du message
Vous voyez la trace des clous
Ô les feux allumés de l’âge !
Ne va pas prendre mal, surtout,
Et reviens, sèche-toi, sois sage
Il tombe de la mort partout
Chevaux tués, ombres des désastres
Avenirs aux jambes brisées
Éternités tombées des astres
Aux formes de lampions brûlés
Ô les bombes sur l’abbatiale !
Ô l’incendie dans le verger !
La terre est ce tablier sale
Et les couleurs se sont vengées
Puisque c’est vrai, tout est mensonge
Le regard franc, profond, surtout
Et un cancer d’argent me ronge
Puisque la mort rôde partout
Que je sois cette ancienne grange
Sans douleur au fond des étés
Et dont un peu de chanson penche
Et je ne souffre plus d’aimer !
Eté court et mauvaise donne,
Brûlant vite, elle était pressée !
Puis on voit le toit qui frissonne
Et la vieille âme un peu bouger
Jacques Bertin
DANS MON CARTABLE
La corde est usée
les pas branlent au chevalet
on ne choisit plus son chemin
on suit l’influenceur les yeux bandés
Reste que son cheval pour monter son manège.
Niala-Loissobleu .
19 Décembre 2022
QUE FAIRE ? – JACQUES BERTIN
Fonder quelque chose
Demeurer vivant
Brûler à tes causes
Courir en avant
Fonder l’amour même
Et l’homme nouveau
Nier le problème
Lancer des bateaux
Ouvrir une route
Cueillir le grand vent
Défier le doute
Brûler le gréement
Atteindre la rive
Débloquer le port
Débarquer les vivres
Débusquer la mort
Tricher sur les dates
Sauver la maison
Avancer sans carte
Plaider la passion
Inventer de l’âme
Gonfler les enjeux
Tutoyer le drame
Rallumer le feu
Renverser la table
Nier le destin
Croire dans ses fables
Retoucher la fin
Rallumer de l’homme
Se laisser hanté
Ramener de l’homme
Tout réinventer
Ramener de l’homme
Cueillir en hiver
Réhabiter l’homme
Planter dans la mer
Parler à mon frère
Te prendre la main
Quelques pas sur terre
Enfant du chagrin
Défier les astres
Marcher au canon
Violer le cadastre
Rétablir les ponts
Croire dans des choses
L ‘homme est dans nos mains
Boire dans des causes
Aimer à sa faim
Boire dans des causes
Aimer à sa faim
Ramener de l’homme
Cueillir en hiver
Réhabiter l’homme
Planter dans la mer
Parler à mon frère
Te prendre la main
Quelques pas sur terre
Enfant du chagrin
Défier les astres
Marcher au canon
Violer le cadastre
Rétablir les ponts
Croire dans des choses
L’homme dans nos mains
Boire dans des causes
Aimer à sa faim
Boire dans des causes
Aimer à sa faim
Boire dans des causes
Aimer à sa faim !
Jacques Bertin
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