ANNA MARIA CARULINA CELLI …EXTRAIT


NIALA « VIBRATIONS » – 2010 – Acrylique s/toile 65×54 – Collection Privée

ANNA MARIA CARULINA CELLI …EXTRAIT

Faire survivre à chaque instant

Recommencer le temps

Une maille endroit, une maille envers

Le tricot que l’on trame avec la chaîne de la peau

Incessamment nous dévêt

Tels les premiers hommes qui n’avaient pas

Rêvé à la pomme d’or

Nous errons d’un espace à l’autre

D’une heure à l’autre

Dans l’ignorance de notre nudité

Nous sommes nus

Nous sommes vus

Le méconnaître fait notre arrogance

A quel moment l’oignon fait-il oeuvre de dépouillement ?

Chaque couche, chaque strate, chaque masque

Est le reflet d’un vêtement transparent

Il nous révèle plus qu’il nous cache

Quand d’une ombre fugace nous couvrons notre tache

Quoi? Quelles sont les forces en présence?

De quel poids penchent les plateaux de la balance?

Les dieux rient de nos guerres et de nos larmes

L’aiguille du fléau glisse toujours du côté du vide

Etrangement

Les sillons que nous gravons sur la terre

A la lueur de la genèse de la première salve de vie

Ce presque rien qui tend à tout

Ne sont que des signes éphémères

Les mots d’une lettre par un absent adressée à une absente

Les mouchoirs blancs agités sur les quais

Avec le pressentiment qu’il n’y aura jamais aucun retour

Nous ressassons la même histoire

Depuis des milliers d’années de mémoire

Une maille envers, une maille endroit

Tout à l’heure, un mouchoir est tombé

Quelqu’un a pleuré, dormi, ne s’est plus réveillé

Faire survivre l’acquiescement à chaque instant

Recommencer le temps

Le temps d’un voyage sans espace

Puis, se recroqueviller de guerre lasse

Flétris, fanés, en nous semant aux quatre vents

Le vent

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ANNA MARIA CARULINA CELLI

ANNA MARIA CARULINA CELLI – EXTRAIT


NIALA ETUDE

ANNA MARIA CARULINA CELLI – EXTRAIT

Au comptoir de ma fenêtre, menthe fraîche, ciboulette, hautes herbes

Semées en d’autres terres avec des grains de folie

Un bout de champ au gré du vent

La queue d’un songe passé trop vite aux premières heures du matin

Au comptoir de ma fenêtre, je prends

A gorgées lentes, un petit bleu

Frais, bouffées de menthe

Le flou de l’air caresse mes cheveux

Derrière mes reins, on joue Cumbia Sobre el mar

Mes talons se soulèvent à peine

Ma jupe ondule, et au poignet des femmes, des foulards

Rouges, qu’emporte la mer

Accoudée au comptoir, je rêve qu’arrive par le ciel

Sous des mouettes en nuées

Une voile blanche et altière

A son bord, un pirate aux cils noirs

L’oeil azur, la peau brûlée

Au bord des lèvres, du sel

Que la cumbia balance sous ses ailes

Larges, amples et souples

Serpent à plumes d’une danse indolente

De ses doigts déroulés

Il m’envoie un baiser

Soudain, dans le lointain, la cuisine à côté

Un bruit de verre cassé

Quelque chose est tombé

J’ouvre les yeux, me retourne, l’air hagard

Là, mon homme, d’os et de chair, je croise ton regard

Qui m’a vu, ailleurs, danser

Et j’entends, dans un coin de ma tête

Le rire du pirate

Parti pour d’autres fêtes

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.ANNA MARIA CARULINA CELLI