FAIRE UN JARDIN DE CUREE


FAIRE UN JARDIN DE CUREE

Une grosse chaleur en taxe surajoutée

sur la détresse d’un moral dans les chaussettes

ne donne pas le moyen de courir dans les vagues de la plage d’un wek-end prolongé

Depuis mon point de chute

ouvrir l’éventail commencerait à m’aérer la tête

afin de de repomper le coeur et désherber le jardin

« L’ART DE FAIRE »

qu’il appelle ça, le Peintre

pour sortir des médisances que la maladie engraisse

On ne brûle que la générosité dans ce monde qui craint…

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Niala-Loisobleu.

28 Mai 2023

QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE – LOUIS ARAGON


NIALA

QUE LA VIE EN VAUT LA PEINE

LOUIS ARAGON

C’est une chose étrange à la fin que le monde
Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit
Ces moments de bonheur ces midi d’incendie
La nuit immense et noire aux déchirures blondes

Rien n’est si précieux peut-être qu’on le croit
D’autres viennent
Ils ont le cœur que j’ai moi-même
Ils savent toucher l’herbe et dire je vous aime
Et rêver dans le soir où s’éteignent des voix

D’autres qui referont comme moi le voyage
D’autres qui souriront d’un enfant rencontré
Qui se retourneront pour leur nom murmuré
D’autres qui lèveront les yeux vers les nuages

Il y aura toujours un couple frémissant
Pour qui ce matin-là sera l’aube première
Il y aura toujours l’eau le vent la lumière
Rien ne passe après tout si ce n’est le passant

C’est une chose au fond que je ne puis comprendre
Cette peur de mourir que les gens ont en eux
Comme si ce n’était pas assez merveilleux
Que le ciel un moment nous ait paru si tendre

Oui je sais cela peut sembler court un moment
Nous sommes ainsi faits que la joie et la peine
Fuient comme un vin menteur de la coupe trop pleine
Et la mer à nos soifs n’est qu’un commencement

Mais pourtant malgré tout malgré les temps farouches
Le sac lourd à l’échiné et le cœur dévasté
Cet impossible choix d’être et d’avoir été
Et la douleur qui laisse une ride à la bouche

Malgré la guerre et l’injustice et l’insomnie
Où l’on porte rongeant votre cœur ce renard
L’amertume et
Dieu sait si je l’ai pour ma part
Porté comme un enfant volé toute ma vie

Malgré la méchanceté des gens et les rires
Quand on trébuche et les monstrueuses raisons
Qu’on vous oppose pour vous faire une prison
De ce qu’on aime et de ce qu’on croit un martyre

Malgré les jours maudits qui sont des puits sans fond
Malgré ces nuits sans fin à regarder la haine
Malgré les ennemis les compagnons de chaînes
Mon Dieu mon
Dieu qui ne savent pas ce qu’ils font

Malgré l’âge et lorsque soudain le cœur vous flanche
L’entourage prêt à tout croire à donner tort
Indiffèrent à cette chose qui vous mord
Simple histoire de prendre sur vous sa revanche

La cruauté générale et les saloperies
Qu’on vous jette on ne sait trop qui faisant école
Malgré ce qu’on a pensé souffert les idées folles
Sans pouvoir soulager d’une injure ou d’un cri

Cet enfer
Malgré tout cauchemars et blessures
Les séparations les deuils les camouflets
Et tout ce qu’on voulait pourtant ce qu’on voulait
De toute sa croyance imbécile à l’azur

Malgré tout je vous dis que cette vie fut telle
Qu’à qui voudra m’entendre à qui je parle ici
N’ayant plus sur la lèvre un seul mot que merci
Je dirai malgré tout que cette vie fut belle.

Louis Aragon

AU CARREFOUR DES ROUTES PAR PIERRE REVERDY


AU CARREFOUR DES ROUTES

PAR

PIERRE REVERDY

Les bras se levaient vers la croix et la tête restait pendue au flot de ses cheveux, sous la lucarne.

Sur les marches il n’y a plus que l’ombre que le soleil projette et les mains perdues dans les rayons l’empêchent de tomber. Une voix d’en haut sortait de derrière un nuage, mais le
tonnerre, en roulant, l’a brisée.

Et la prière qui montait du fond n’est plus qu’un souffle, une voix de poitrine qui se laisse tomber dans les plis de la robe après être sortie.

A gauche on monte par le chemin du ciel que ne révèle aucune plaque indicatrice.

Pierre Reverdy

lorand gaspar – PATMOS ET AUTRES POEMES


LORAND GASPAR

PATMOS ET AUTRES POEMES

Depuis tant d’années je lave mon regard

dans une fenêtre où ciel et mer

depuis toujours sont sans s’interrompre

où leurs vies sont un, sont innombrables

sont une fois encore dans mon âme

un champ magnétique d’épousailles

une goutte de lumière-oiseau.

Depuis tant d’années je demande

à la première couleur si fraîche

sur les lèvres humides de nuit

d’être la peau et d’être la pierre

où mes doigts rencontrent le secret,

ce savoir qu’ils sont et celui qui est

des tonnes infinies de lumière.

Du plus pâle au tranchant du plus sombre

sans s’interrompre entre sang et pensée

entre feuille pinceau étendue

corps de liquide musique à jamais—

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LORAND GASPAR

Gallimard 2001

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mouvances


PIERRE BONNARD

MOUVANCES

Se sentir pris par la vague

d’un trafic se promenant entre humide et sec

un pied dans l’eau

l’autre au sec

au moment où le ventre projette cette tubérance

d’où sortent les chapiteaux d’une Chanson de Geste exaltée

ce bosquet noir mis derrière

sur le chemin de feu menant à l’embarcadère de la rivière

en laissant bouillonner la source

au bord de la voie espérée.

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Niala-Loisobleu.

23 Mai 2023

au dela des neiges


AU-DELA DES NEIGES

Laisser pousser au franc-soleil

cette fleur qui porte tous les noms de la vie

autour de ses agneaux

en route vers les toiles

sans que l’orage de grêle vienne

casser la pastorale accrochée aux queues des cerises

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Niala-Loisobleu.

22 Mai 2023

Autour du feu de quand


Autour du feu de quand

Du noeud d’où le cerisier attisait le feu des doigts de ma main gauche, montent des envolées au plafond d’un lyrisme plus gitan que domestiqué par l’usage de la ménagerie

La flamme réduite au silence navigue à marée basse sans trouver de silex où fonder l’étincelle habituelle

Cependant qu’alors à la corde de vivre retenant cette vibration, apparaissent des tubes de la m’aime chanson, dans l’intermittence de l’art de peindre l’émotion personnelle…

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Niala-Loisobleu.

21 Mai 2023

RUEE VERS L’HORS


PIERRE BONNARD

RUEE VERS L’HORS

Dans l’axe printanier

la frondaison redessinée partage sa zone libre hors de la pauvreté du devenir

Des gîtes qui apparaissent entre les barreaux des troncs de la forêt

les cerises reviennent s’accrocher aux oreilles tendues de cette foi qui refuse d’abdiquer

On retiendra le moindre indice qui fait palpiter le côté gauche du décolleté

cadencée par le métronome des marées.

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Niala-Loisobleu.

21 Mai 2023