ENTRE TIEN EMOI 53
Cerise céréalière mise sur tige aux trous d’asphalte, coquelicot de ton chemin là comme un feu dans le gris atlantique d’un vendredi matin. La classe devance le congé répétitif. Les deux mômes sortis du lit t’occupent à jouer jusqu’à la sortie. Mon cerf-volant te soulève. J’ai fait gonfler ta poitrine aéronef, tellement envie de prendre le petit tortillard qui passe en chemin vicinal ferroviaire. Le tander plein de rires à vapeurs. Le rideau d’arbres avec ses troncs en colombage annonce la maison blanche et son torchis, paille et bouse meuh à la louche, comme les pis d’un seigle à peint qui sent déjà son fournil.
ROME, LE MYSTÈRE (71) : Tiens-moi bien et je me transformerai en merveille

[ TIENS-MOI BIEN ET JE ME TRANSFORMERAI EN MERVEILLE ]
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Tiens-moi bien
et je me transformerai en merveille,
entre tes mains,
à la chaleur,
cette chaleur qui la nuit
fait croître le grain.
Emporte
le corps aimé,
comme une vie secrète –
préservée –
sous l’épaisse glace
de la mémoire.
Tiens-moi bien
comme une coquille de noix
dans le poing
une brèche entre les mondes.
Il y a du silence entre toi et moi
il y a perle.
Je te tiens.
Chandra Livia Candiani (Milan, 1952)
In La bambina pugile ovvero La precisione dell’amore, Torino, Einaudi, 2014
Traduit de l’italien par Odile d’Harnois
Ton adolescence entre deux zoos flotte en sel de bain, odoriférante mousse d’un âge à apprendre le manuel de la langue, pour laver le dessus taché d’un canapé défoncé en balancelle. Là reste la voix blanche d’une corde vocale au fond de la gorge. La banquette de bois du petit train glisse en serpentant dans la rosée de fin de semaine, le vendredi c’est à noter comme un bruit de traverse se remettant au tempo de la vie. Le cheval que je suis et concours hippique, saut de haine, saut de rivière, saut tout court, nouvelle merveille je te tiens en selle.
Ma, fontaine Médicis, je jette toutes mes pièces.
Niala-Loisobleu – 05/04/19
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