DE HORS


DE HORS

Aux contraires persistants d’un temps allant vers rien

la fatigue s’en pare

Trop d’une peinture qui n’arrive plus à sortir la joie qui

et se tait pour ne pas servir à rien dire

le mois qui commencera demain me posera à l’arrêt du désintérêt que je suscite

2019 se rappelle comme d’avoir cru être

Bonsoir.

Niala-Loisobleu – 30 Juin 2021

Bang Bang Boom Boom par Beth Hart



Bang Bang Boom Boom par Beth Hart

La route est large, le ciel est noir
Road is wide, sky is black

Serpent à sonnettes qui coule dans ton dos
Rattle snake running down your back

Hurlements du désert, lune du menteur
Desert howls, liar’s moon

Bang bang bang boum boum boum boum
Bang bang bang boom boom boom boom

Je veux ton amour, je veux ton amour
I want your love, I want your love

Je veux ton poison dans ma tasse
I want your poison in my cup

Le soleil du matin se lève bientôt
Morning sun rises soon

Bang bang bang boum boum boum boum
Bang bang bang boom boom boom boom

Bang bang, dans un anneau de feu
Bang bang, in ring of fire

Bang bang, mon doux désir
Bang bang, my sweet desire

Bang bang, mon amour est vrai
Bang bang, my love is true

Bang bang, je meurs pour toi
Bang bang, I die for you

Bang bang bang boum boum boum boum
Bang bang bang boom boom boom boom

Compte à rebours de dix à un
Count it down from ten to one

Coeur fou, pistolet porte-bonheur
Crazy heart, lucky gun

Nous sommes nés, mauvais sang et os
We were born, bad blood and bone

Tu es les bâtons, je suis les pierres
You’re the sticks, I am the stones

Bang bang, dans un anneau de feu
Bang bang, in ring of fire

Bang bang, mon doux désir
Bang bang, my sweet desire

Bang bang, mon amour est vrai
Bang bang, my love is true

Bang bang, je mourrais pour toi
Bang bang, I’d die for you

Bang bang bang boum boum boum boum
Bang bang bang boom boom boom boom

Je serai Bonnie, tu seras Clyde
I’ll be Bonnie, you’ll be Clyde

Le suicide rock and roll
Rock and roll suicide

Rendez-vous de l’autre côté
Meet you on the other side

Balles fabriquées à partir de cuillères en argent
Bullets made from silver spoons

Je les ai bébé juste pour toi
I got em’ baby just for you

Allez-y et faites votre mouvement
Go ahead and make your move

Et le faire bientôt
And do it soon

Bang bang, dans un anneau de feu
Bang bang, in ring of fire

Bang bang, mon doux désir
Bang bang, my sweet desire

Bang bang, mon amour est vrai
Bang bang, my love is true

Bang bang, je mourrais pour toi
Bang bang, I’d die for you

Bang bang bang boum boum boum boum
Bang bang bang boom boom boom boom

Et le dernier bang bang peut être pour toi
And the last bang bang may be for you

LE SCENARIO PAR MICHEL DEGUY


LE SCENARIO PAR MICHEL DEGUY

Cri perçant du cacatoès dont l’aile blanche éclate au premier plan ; la porte expulse Kane ; le visage, la voussure, comme un poing, fermés sur Rosebud.

En même temps, là-bas, au fond, bien au-dessous

La calme commissure d’écume de la mer ; colère de l’oiseau, paix de la vague, entre elles passe Kanc où s’apaise la colère ; il unifie la mer et l’oiseau.

Trace de vision, vestige du passage vertigineux du présent, le poème ne serait-il pas scénario d’une manière essentielle ? A côté du poème il appartient au
cinéaste d’inventer, dans la trouée ouverte par celui-ci, la vision amie du texte, capable de l’escorter de son battement d’ailes. Le cinéaste lâchera les oiseaux qui
conviennent. Il faut et il suffit que de pures visions se succèdent, déconcertant à la recherche d’un concert plus secret. La main du cinéaste imitera celle de l’aveugle
inventant sa roule, dont l’imprévoyance se fraie doucement passage dans son espace au-dedans de l’espace. 11 ne contemple aucun repère, et tâtonnant s’oriente sur l’obscur
pressentiment qui le guide.

Très tôt l’enfant va au cinéma ; il entre dans la chambre noire, seul avec cent solitaires, et suit comme avec les yeux intérieurs une sorte de rêverie aux tons
funèbres. Il retourne voir Heathcliff pousser éperdûment son cheval sur les murs bas des moors, et parmi la bruyère venteuse promettre au visage aigu de Merle Obé-ron
son amour lâche et parfait.

C’est un travail de poésie. Il y apprend à voir : les dialogues violents et maladroits ; le désordre qui se change en destin ; le regard investi dans son paysage partiel ; la
présence perpétuelle du corps ; le chant de la profondeur ; tout ce qu’il faut délaisser pour agir; l’étran-geté du héros à sa propre histoire ; le bruit et
la fureur étouffant le sens qui se cherche ; la précession de la parole sur la pensée ; le silence insolite des choses pendant la gestation d’on ne sait quoi ; profusion qui ne
comble pas la soif qu’elle creuse…

Le film correspond à notre besoin de contemplation ; il peut nous offrir ce que le regard désire contempler mais n’y parvient presque jamais sans l’œuvre. En nous un pouvoir
d’attention que rien de discursif ne peut combler, mais seul l’excès de l’alcntour. L’intuition réclame sa part.

Frustré de rien rencontrer pour ce regard l’homme laborieux s’ennuie incessamment ; béante en nous toujours la soif de béatitude, elle attend son plein de déception.

Lieu : la terre.

Acteurs : l’humanité, c’est-à-dire à chaque fois la foule innombrable, lyncheuse et suicidaire.

Intrigue : ce qui se trame contre l’homme. « Le mouvement en profondeur de l’ébranlement mondial que nous vivons heure par heure. »

A Paris, des chirurgiens ruisselants et masqués élargissent des aortes d’un mouvement d’ongle parfaitement mécanique et parfaitement intelligent ; dans le froid de la nuit,
l’observatoire du Mont-Wilson entrouvre sa coquille et des savants emmitouflés scrutent à des milliers d’années-lumière l’explosion des mondes ; dans la forêt
panaméenne, le shaman accroupi sous le hamac où geint la femme cuna exhorte la déesse muu et ses filles à libérer la parturiante ; en plein Aurès, le jeune
factionnaire frissonnant guette parmi le cailloutis l’ombre du fellegh, rêvant aux rues de son village où son enfant lui prend la main…

Attention : il ne conviendrait pas de travestir simplement nos postures sous un nouveau plumage de printemps à porter au compte d’une ultime fantaisie de la nature, d’une mue
inévitable « étant données les conditions historiques ». Il s’agit de dérouter tout entomologiste, tout sociologue. Dérouter, c’est célébrer
l’arrêt sur la route, un lieu-halte hors de tout le processus — un seul lieu tel : l’art. Et si le savoir ne sait qu’épingler le présent dans le fichier des causes, il
faudra s’en méfier, confier l’esprit à la distraction.

Il y aurait à imaginer de grandes ruptures, un langage surprenant qui sème le soupçon, propice à la liberté.

L’art, pour couver l’éclosion d’un être dressé à la lisière du jour, docile aux lois du séjour, mais étonné de l’énigme, et plus fort à cause
d’elle que toute violence, apte à briser en lui la haine, à écarter pour son frère la pesanteur.

Michel Deguy

RETOUR A L’ESTANCIA PAR JULES SUPERVIELLE


RETOUR A L’ESTANCIA PAR JULES SUPERVIELLE

Le petit trot des gauchos me façonne,

les oreilles fixes de mon cheval m’aident à me

situer.
Je retrouve dans sa plénitude ce que je n’osais plus

envisager, même par une petite lucarne, toute la pampa étendue à mes pieds comme il y a

sept ans.
O mort! me voici revenu.
J’avais pourtant compris que tu ne me laisserai

pas revoir ces terres, une voix me l’avait dit qui ressemblait à la tienne

et tu ne ressembles qu’à toi-même.
Et aujourd’hui, je suis comme ce hennissement qui

ne sait pas que tu existes, je trouve comique d’avoir tant douté de moi et c’est

de toi que je doute, ô surfaite, même quand mon cheval enjambe les os d’un bœuf

proprement blanchis par les vautours et par les

aigles, ou qu’une odeur de bête fraîchement écorchée, me

tord le nez quand je passe.

Je lais corps avec la pampa qui ne connaît pas la mythologie,

avec le désert orgueilleux d’être le désert depuis les temps les plus abstraits,

il ignore les
Dieux de l’Olympe qui rythment encore le vieux monde.

Je m’enfonce dans la plaine qui n’a pas d’histoire et tend de tous côtés sa peau dure de vache qui a toujours couché dehors

et n’a pour toute végétation que quelques talas, ceibos, pitas,

qui ne connaissent le grec ni le latin,

mais savent résister au vent affamé du pôle,

de toute leur ruse barbare

en lui opposant la croupe concentrée de leur branchage grouillant d’épines et leurs feuilles en coup de hache.

Je me mêle à une terre qui ne rend de comptes à personne et se défend de ressembler à ces paysages manufacturés d’Europe, saignés par les souvenirs,

à cette nature exténuée et poussive qui n’a plus que des quintes de lumière,

et, repentante, efface, l’hiver, ce qu’elle fît pendant l’été.

J’avance sous un soleil qui ne craint pas les intempéries,

et se sert sans lésiner de ses pots de couleur locale toute fraîche

pour des ciels de plein vent qui vont d’une fusée jusqu’au zénith,

et il saisit dans ses rayons, comme au lasso, un gaucho monté, tout vif.

Les nuages ne sont pas pour lui des prétextes à une

mélancolie distinguée, mais de rudes amis d’une autre race, ayant d’autres

habitudes, avec lesquels on peut causer, et les orages courts sont de brusques fêtes communes où ciel, soleil et nuages y vont de bon cœur et tirent jouissance de leur
propre

plaisir et de celui des autres, où la pampa roule ivre-morte dans la boue polluante où chavirent

les lointains, jusqu’à l’heure des hirondelles et des derniers nuages, le dos rond dans le vent du

sud, quand la terre, sur tout le pourtour de l’horizon

bien accroché, sèche ses flaques, son bétail et ses oiseaux au ciel retentissant des jurons du soleil qui cherche à

rassembler ses rayons dispersés.

Jules Supervielle

ONDE SENSUELLE PAR MATTHIEU CHEDID


ONDE SENSUELLE PAR MATTHIEU CHEDID

Oh-oh-oh Oh
Oh-oh-oh Oh

J’entends encore l’onde sensuelle
De ta bouche sur la mienne

C’était si fort, c’était si beau
La philosophie de ton souffle entre des mots

Les plumes volent encerclées par tes ondes
Mes habits collent, faut que je m’inonde
Mais je n’sais plus où donner du crâne
Ça n’répond plus, j’attends la panne
Comment t’atteindre?

Mais comment t’atteindre, onde sensuelle?
Toi qui me donnes des ailes
Pourrai-je te rendre, un jour, éternelle?
Pour nous lier jusqu’au ciel

Oh-oh-oh Oh
Oh-oh-oh Oh

Tes doubles sens si romantiques
M’ont troublé, onde magique
Y a-t-il un sens à ta venue?
As-tu un nom? Moi non plus
Mais comment t’atteindre? Ouais

Mais comment t’atteindre, onde sensuelle?
Toi qui me donnes des ailes
Pourrai-je te rendre, un jour, éternelle?
Pour nous lier jusqu’au ciel

Oh-oh-oh Oh
Oh-oh-oh Oh

Mais comment t’atteindre, onde sensuelle?
Toi qui me donnes des ailes
Comment t’atteindre, onde sensuelle?
Toi qui me donnes des ailes

LA LUMIÈRE N’EST PAS CONÇUE PAR JACQUES DUPIN


LA LUMIÈRE N’EST PAS CONÇUE PAR JACQUES DUPIN

Rien que pour toi, racine, pour toi, cyclone fourvoyé dans cette strate du langage, le poète a favorisé I’épaississement limoneux du sommeil où tu té ramifies. Le
livre dont il est l’otage et le garant, le livre incompulsé, le livre intermittent, tourne sans hâte sur ses gonds dans la terre, et chaque page à ton attouchement prend feu, et
sa substance se confond avec, le surcroît de ta sève, avec le progrès de son sang.

Perfectibilité du vide, racine de l’amour. Cette équation, je l’ai vaincue avec un océan de terre ameublie par mon souffle.

Jacques Dupin

ME VOILA QUI MONA LISE…AH !!!


ME VOILA QUI MONA LISE…AH !!!

Higelin est-île responsable ,

ça c’est serre teint

à voir comme j’ai peint

y me donne la banane le Frère Jacques

un vrai jardin

avec des fleurs au sein des odeurs de couleur

Cette femme-là mon Cousin

c’est le trottoir au soleil qui racole pas

twoo qui donne

La grande toile m’hisse au-delà de France

vide

en galaxie assemblage des toiles

klaxon mon ah

comme à me refaire d’jeune…

Niala-Loisobleu – 29 Juin 2021

Mona Lisa Klaxon

Jacques Higelin

Je n’connais qu’une fille qui se nomme Mona Lisa Klaxon
Elle vit dans une île entourée de crocodiles et de fantômes
Noire comme l’ébène, souveraine, elle joue du trombone
Personne ne m’appelle aussi quand le téléphone sonneJe sais que c’est Mona Lisa Klaxon
Allô, ça va
Oh Mona Lisa Klaxon, ha, comme ça
Mona Lisa Klaxon, et toi
Oh, Mona Lisa Klaxon je n’en peux plus
Danse, danse, remue pour moi au téléphoneMona Lisa Klaxon
Oh, Mona Lisa Klaxon
Oh, Mona Lisa Klaxon
Oh Mona Lisa, Mona, Mona, Mona, Mona, MonaLes soirs où Mona Lisa Klaxon a le cafard
Elle s’enferme dans sa cuisine avec son grand léopard
Tandis qu’elle entre en transe tout en lui mordillant l’échine
De la jungle en démence monte cette incatation divine
Ô divineMona Lisa Klaxon
Joue du trombone
Mona Lisa Klaxon
Sors ton trombone
Ô Mona Lisa Klaxon
Trombone
Mona Lisa Klaxon, je n’en peux plus
Je suis fou, fou, fou de toi, de la danse de tes pasOh, Mona Lisa Klaxon
Oh, Mona Lisa Klaxon
Oh, Mona Lisa Klaxon
Oh Mona Lisa Klaxon
Oh, Mona Lisa KlaxonQuand soudain derrière elle surgit le célèbre King-Kong
Il a la bave aux lèvres et la banane comme un canon
Dans les yeux fous du monstre passe une étrange lueur
Esclave de la danse, Mona ne l’a pas senti venir
Il va pour se resaisirOh, Mona Lisa Klaxon
De ton trombone
Oh, Mona Lisa Klaxon
Planque ton trombone
Oh, Mona Lisa Klaxon
Trombone
Oh, Mona Lisa Klaxon
Et moi, qui reste là, pendu au téléphoneOh ne coupez pas
Ne coupez pas
Oh ne coupez pas

DOMAINE DE JOIE / JACQUES BERTIN


DOMAINE DE JOIE / JACQUES BERTIN

Parmi les choses de la terre comme dans le fond d’une journée
Tiennent quelque part, loin, derrière les collines assomées de l’été,
On est soi même la pomme et le blé, l’odeur du foin coupé
On est dans une ride du sourire de la Terre
On est sur le palier de l’éternité, on va frapper.

Ceci est votre domaine de joie
Ceci est votre domaine où chante l’oiseau

Ceux qui sont morts pour rien, pour la justice ou pour rien
Les pierres sont lisses sur leur tombe, elles servent à marquer les prés,
A marquer le grand pré du monde à ces quatre points cardinaux
Et vous voilà, écartelé, ouvrant les bras, une chanson plantée dans les épaules

Entendez vous ce que j’entends dans les feuilles d’herbes, dans le vent immense
Entendez vous ce que j’entends,
Cette parole impitoyable qui mène mes oreilles et qui dit :
Camarade à cause de notre commune solitude
Ceci est votre domaine de joie

Réveillez vous,
Il y a des terres en friches,
Votre visage à irriguer,
C’est aujourd’hui que tout commence, il faut apprendre à aimer,
Réveillez vous,
Du silence effrayant, l’amour est né.
Il faut descendre dans la rue,
Il faut chanter,
La révolte a vaincu le silence
L’amour est né
Ecoute les feuilles des arbres dans ta tête
Ceci est ton domaine de joie
Tu ne fais qu’un avec ta vie, tu t’assieds
Et dans une ride du sourire de la Terre
Tu les a même … l’éternité.

FOND


FOND

Se laisser libre-cours sans tenir en laisse la pulsion créative qui domine

Au contraire de l’absence de ce qui inspire

L’amour se tait

Je le parle à mots-peints

Est-ce la préscience de ma fin proche qui exprimerait la nécessité d’exprimer mes volontés ?

Possible

Pourquoi pas ?

L’incompréhension environnementale peut amener à dénoncer le faux en résurgence pour rétablir le vrai

L’entêtement de l’être à vouloir paraître l’écarte au point de perdre conscience de ce qu’il estime

L’amoureux que je suis refuse d’être éconduit par des allégations contraires a son concept de l’amour

Il me faut peindre ce sentiment pour rétablir la vérité

Niala-Loisobleu – 29 Juin 2021

LA RÉPÉTITION PAR JACQUES DUPIN


LA RÉPÉTITION PAR JACQUES DUPIN

Cela qui dans la parole scintille et se tait,
La nuit roule sur cet essieu,

Singulièrement la présence

Et la distance de cela qui nous rive

A sa quelconque effigie frauduleuse

Et s’exaspère dans les fleurs
Loin des piliers et des trombes…

A peine une leçon de choses obscures
Un viatique de poussières
Et sa dissipation…

Jacques Dupin