La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Cri perçant du cacatoès dont l’aile blanche éclate au premier plan ; la porte expulse Kane ; le visage, la voussure, comme un poing, fermés sur Rosebud.
En même temps, là-bas, au fond, bien au-dessous
La calme commissure d’écume de la mer ; colère de l’oiseau, paix de la vague, entre elles passe Kanc où s’apaise la colère ; il unifie la mer et l’oiseau.
Trace de vision, vestige du passage vertigineux du présent, le poème ne serait-il pas scénario d’une manière essentielle ? A côté du poème il appartient au cinéaste d’inventer, dans la trouée ouverte par celui-ci, la vision amie du texte, capable de l’escorter de son battement d’ailes. Le cinéaste lâchera les oiseaux qui conviennent. Il faut et il suffit que de pures visions se succèdent, déconcertant à la recherche d’un concert plus secret. La main du cinéaste imitera celle de l’aveugle inventant sa roule, dont l’imprévoyance se fraie doucement passage dans son espace au-dedans de l’espace. 11 ne contemple aucun repère, et tâtonnant s’oriente sur l’obscur pressentiment qui le guide.
Très tôt l’enfant va au cinéma ; il entre dans la chambre noire, seul avec cent solitaires, et suit comme avec les yeux intérieurs une sorte de rêverie aux tons funèbres. Il retourne voir Heathcliff pousser éperdûment son cheval sur les murs bas des moors, et parmi la bruyère venteuse promettre au visage aigu de Merle Obé-ron son amour lâche et parfait.
C’est un travail de poésie. Il y apprend à voir : les dialogues violents et maladroits ; le désordre qui se change en destin ; le regard investi dans son paysage partiel ; la présence perpétuelle du corps ; le chant de la profondeur ; tout ce qu’il faut délaisser pour agir; l’étran-geté du héros à sa propre histoire ; le bruit et la fureur étouffant le sens qui se cherche ; la précession de la parole sur la pensée ; le silence insolite des choses pendant la gestation d’on ne sait quoi ; profusion qui ne comble pas la soif qu’elle creuse…
Le film correspond à notre besoin de contemplation ; il peut nous offrir ce que le regard désire contempler mais n’y parvient presque jamais sans l’œuvre. En nous un pouvoir d’attention que rien de discursif ne peut combler, mais seul l’excès de l’alcntour. L’intuition réclame sa part.
Frustré de rien rencontrer pour ce regard l’homme laborieux s’ennuie incessamment ; béante en nous toujours la soif de béatitude, elle attend son plein de déception.
Lieu : la terre.
Acteurs : l’humanité, c’est-à-dire à chaque fois la foule innombrable, lyncheuse et suicidaire.
Intrigue : ce qui se trame contre l’homme. « Le mouvement en profondeur de l’ébranlement mondial que nous vivons heure par heure. »
A Paris, des chirurgiens ruisselants et masqués élargissent des aortes d’un mouvement d’ongle parfaitement mécanique et parfaitement intelligent ; dans le froid de la nuit, l’observatoire du Mont-Wilson entrouvre sa coquille et des savants emmitouflés scrutent à des milliers d’années-lumière l’explosion des mondes ; dans la forêt panaméenne, le shaman accroupi sous le hamac où geint la femme cuna exhorte la déesse muu et ses filles à libérer la parturiante ; en plein Aurès, le jeune factionnaire frissonnant guette parmi le cailloutis l’ombre du fellegh, rêvant aux rues de son village où son enfant lui prend la main…
Attention : il ne conviendrait pas de travestir simplement nos postures sous un nouveau plumage de printemps à porter au compte d’une ultime fantaisie de la nature, d’une mue inévitable « étant données les conditions historiques ». Il s’agit de dérouter tout entomologiste, tout sociologue. Dérouter, c’est célébrer l’arrêt sur la route, un lieu-halte hors de tout le processus — un seul lieu tel : l’art. Et si le savoir ne sait qu’épingler le présent dans le fichier des causes, il faudra s’en méfier, confier l’esprit à la distraction.
Il y aurait à imaginer de grandes ruptures, un langage surprenant qui sème le soupçon, propice à la liberté.
L’art, pour couver l’éclosion d’un être dressé à la lisière du jour, docile aux lois du séjour, mais étonné de l’énigme, et plus fort à cause d’elle que toute violence, apte à briser en lui la haine, à écarter pour son frère la pesanteur.
situer. Je retrouve dans sa plénitude ce que je n’osais plus
envisager, même par une petite lucarne, toute la pampa étendue à mes pieds comme il y a
sept ans. O mort! me voici revenu. J’avais pourtant compris que tu ne me laisserai
pas revoir ces terres, une voix me l’avait dit qui ressemblait à la tienne
et tu ne ressembles qu’à toi-même. Et aujourd’hui, je suis comme ce hennissement qui
ne sait pas que tu existes, je trouve comique d’avoir tant douté de moi et c’est
de toi que je doute, ô surfaite, même quand mon cheval enjambe les os d’un bœuf
proprement blanchis par les vautours et par les
aigles, ou qu’une odeur de bête fraîchement écorchée, me
tord le nez quand je passe.
Je lais corps avec la pampa qui ne connaît pas la mythologie,
avec le désert orgueilleux d’être le désert depuis les temps les plus abstraits,
il ignore les Dieux de l’Olympe qui rythment encore le vieux monde.
Je m’enfonce dans la plaine qui n’a pas d’histoire et tend de tous côtés sa peau dure de vache qui a toujours couché dehors
et n’a pour toute végétation que quelques talas, ceibos, pitas,
qui ne connaissent le grec ni le latin,
mais savent résister au vent affamé du pôle,
de toute leur ruse barbare
en lui opposant la croupe concentrée de leur branchage grouillant d’épines et leurs feuilles en coup de hache.
Je me mêle à une terre qui ne rend de comptes à personne et se défend de ressembler à ces paysages manufacturés d’Europe, saignés par les souvenirs,
à cette nature exténuée et poussive qui n’a plus que des quintes de lumière,
et, repentante, efface, l’hiver, ce qu’elle fît pendant l’été.
J’avance sous un soleil qui ne craint pas les intempéries,
et se sert sans lésiner de ses pots de couleur locale toute fraîche
pour des ciels de plein vent qui vont d’une fusée jusqu’au zénith,
et il saisit dans ses rayons, comme au lasso, un gaucho monté, tout vif.
Les nuages ne sont pas pour lui des prétextes à une
mélancolie distinguée, mais de rudes amis d’une autre race, ayant d’autres
habitudes, avec lesquels on peut causer, et les orages courts sont de brusques fêtes communes où ciel, soleil et nuages y vont de bon cœur et tirent jouissance de leur propre
plaisir et de celui des autres, où la pampa roule ivre-morte dans la boue polluante où chavirent
les lointains, jusqu’à l’heure des hirondelles et des derniers nuages, le dos rond dans le vent du
sud, quand la terre, sur tout le pourtour de l’horizon
bien accroché, sèche ses flaques, son bétail et ses oiseaux au ciel retentissant des jurons du soleil qui cherche à
J’entends encore l’onde sensuelle De ta bouche sur la mienne
C’était si fort, c’était si beau La philosophie de ton souffle entre des mots
Les plumes volent encerclées par tes ondes Mes habits collent, faut que je m’inonde Mais je n’sais plus où donner du crâne Ça n’répond plus, j’attends la panne Comment t’atteindre?
Mais comment t’atteindre, onde sensuelle? Toi qui me donnes des ailes Pourrai-je te rendre, un jour, éternelle? Pour nous lier jusqu’au ciel
Oh-oh-oh Oh Oh-oh-oh Oh
Tes doubles sens si romantiques M’ont troublé, onde magique Y a-t-il un sens à ta venue? As-tu un nom? Moi non plus Mais comment t’atteindre? Ouais
Mais comment t’atteindre, onde sensuelle? Toi qui me donnes des ailes Pourrai-je te rendre, un jour, éternelle? Pour nous lier jusqu’au ciel
Oh-oh-oh Oh Oh-oh-oh Oh
Mais comment t’atteindre, onde sensuelle? Toi qui me donnes des ailes Comment t’atteindre, onde sensuelle? Toi qui me donnes des ailes
Rien que pour toi, racine, pour toi, cyclone fourvoyé dans cette strate du langage, le poète a favorisé I’épaississement limoneux du sommeil où tu té ramifies. Le livre dont il est l’otage et le garant, le livre incompulsé, le livre intermittent, tourne sans hâte sur ses gonds dans la terre, et chaque page à ton attouchement prend feu, et sa substance se confond avec, le surcroît de ta sève, avec le progrès de son sang.
Perfectibilité du vide, racine de l’amour. Cette équation, je l’ai vaincue avec un océan de terre ameublie par mon souffle.
Je n’connais qu’une fille qui se nomme Mona Lisa Klaxon Elle vit dans une île entourée de crocodiles et de fantômes Noire comme l’ébène, souveraine, elle joue du trombone Personne ne m’appelle aussi quand le téléphone sonneJe sais que c’est Mona Lisa Klaxon Allô, ça va Oh Mona Lisa Klaxon, ha, comme ça Mona Lisa Klaxon, et toi Oh, Mona Lisa Klaxon je n’en peux plus Danse, danse, remue pour moi au téléphoneMona Lisa Klaxon Oh, Mona Lisa Klaxon Oh, Mona Lisa Klaxon Oh Mona Lisa, Mona, Mona, Mona, Mona, MonaLes soirs où Mona Lisa Klaxon a le cafard Elle s’enferme dans sa cuisine avec son grand léopard Tandis qu’elle entre en transe tout en lui mordillant l’échine De la jungle en démence monte cette incatation divine Ô divineMona Lisa Klaxon Joue du trombone Mona Lisa Klaxon Sors ton trombone Ô Mona Lisa Klaxon Trombone Mona Lisa Klaxon, je n’en peux plus Je suis fou, fou, fou de toi, de la danse de tes pasOh, Mona Lisa Klaxon Oh, Mona Lisa Klaxon Oh, Mona Lisa Klaxon Oh Mona Lisa Klaxon Oh, Mona Lisa KlaxonQuand soudain derrière elle surgit le célèbre King-Kong Il a la bave aux lèvres et la banane comme un canon Dans les yeux fous du monstre passe une étrange lueur Esclave de la danse, Mona ne l’a pas senti venir Il va pour se resaisirOh, Mona Lisa Klaxon De ton trombone Oh, Mona Lisa Klaxon Planque ton trombone Oh, Mona Lisa Klaxon Trombone Oh, Mona Lisa Klaxon Et moi, qui reste là, pendu au téléphoneOh ne coupez pas Ne coupez pas Oh ne coupez pas
Parmi les choses de la terre comme dans le fond d’une journée Tiennent quelque part, loin, derrière les collines assomées de l’été, On est soi même la pomme et le blé, l’odeur du foin coupé On est dans une ride du sourire de la Terre On est sur le palier de l’éternité, on va frapper.
Ceci est votre domaine de joie Ceci est votre domaine où chante l’oiseau
Ceux qui sont morts pour rien, pour la justice ou pour rien Les pierres sont lisses sur leur tombe, elles servent à marquer les prés, A marquer le grand pré du monde à ces quatre points cardinaux Et vous voilà, écartelé, ouvrant les bras, une chanson plantée dans les épaules
Entendez vous ce que j’entends dans les feuilles d’herbes, dans le vent immense Entendez vous ce que j’entends, Cette parole impitoyable qui mène mes oreilles et qui dit : Camarade à cause de notre commune solitude Ceci est votre domaine de joie
Réveillez vous, Il y a des terres en friches, Votre visage à irriguer, C’est aujourd’hui que tout commence, il faut apprendre à aimer, Réveillez vous, Du silence effrayant, l’amour est né. Il faut descendre dans la rue, Il faut chanter, La révolte a vaincu le silence L’amour est né Ecoute les feuilles des arbres dans ta tête Ceci est ton domaine de joie Tu ne fais qu’un avec ta vie, tu t’assieds Et dans une ride du sourire de la Terre Tu les a même … l’éternité.
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