A LA GLACIERE
Quand j’avais ni poils ni tétés
Tous les soirs, l’hiver comm’ l’été,
Je travaillais dans les pissotières
A la Glacière.
Avec un p’ti sourir’ vicieux
J’r’troussais d’vant les vieux messieurs
Mon tablier noir d’écolière
A la Glacière.
Comm’ mon pucelage il était loin,
On m’enfilait dans les p’tits coins
Mais fallait que j’mont’ sur un’ pierre
A la Glacière.
Et pis j’m’en allais sans m’laver
En sentant ma monich’ baver
Tout l’long d’ma cuiss’ dans ma jarr’tière
A la Glacière.
A part ça, j’savais bien sucer,
Mêm’ les vieux qui n’pouvaient plus pisser,
J’avalais ça comm’ de la bière
A la Glacière.
J’avais aussi un aut’ métier,
J’bouffais tout’s les gouss’s du quartier,
La blanchisseuse et l’épicière
A la Glacière.
Quand j’faisais un’ gougnott’ miché
Qui m’enfilait au godmiché,
J’disais toujours : « T’es la première ! »
A la Glacière.
C’est l’jour d’ma premièr’ cummunion
Que j’ai gagné le plus de pognon
Par la bouche et par le derrière
A la Glacière.
Mais jamais d’ma vi’ j’ai tant ri
Qu’en suçant l’membre du jury
Qui m’avait couronné’ rosière
A la Glacière.
Pierre Louys
1905
(parodie de la chanson de Bruant du même titre)
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