Par les carreaux de la communale,
fleurissent les odeurs de bois saignés,
persiste la cire des pupitres où les petits encriers blancs se tenaient à l’encre des embarcadères en attendant de partir au loin.
Mes premières traversées de Verneuil et St-Benoît,
ports transocéaniques menant aux Beaux-Arts.
Elles attendaient au coude à coude, dans leurs bassins respectifs,
réunis dans un mouchoir de poches, mes écoles de voile.
Du vaurien au transatlantique.
Mon Père en prenant ma main, me fit faire les premiers bâtons.
La craie courant aux pavés des rues
mit des flèches dans les cases du damier
Elles crient toutes voiles dehors
les charrettes des quatre-saisons
cernées parfois de grands draps noirs
aux portes-cochères
Les métiers se rejoignent par quartiers
l’ô range les pécuniaires motivations au fond des chaussures qui ne marchent pas ailleurs que dans leurs boîtes.
A qui pouvoir faire croire que l’amour du travail faisait l’unanimité, au point que la permanence des différences ne pourrissait pas l’ambition.
Accompagnés par un rabot qui cisèle un chant de haut-bois
des doigts cousent la dentelle d’une cathédrale
taillée dans la pierre de l’art de bâtir
venu de la mer avec un long cortège d’oiseaux blancs
Le savoir-faire traverse les déserts en caravanes
ouvrant de larges sillons d’un soc brisant la stérilité
les grains qui s’éparpillent n’ont pas encore mutés
ils savent la douleur des tranchées
l’enlisement des boues aux cratères du feu des obus
Dis l’Oiso arrêtes
tu dors debout
tes contes sont à refaire
réveilles-toi on est plus d’hier
regarde t’as jusqu’à ce soir pour vivre
demain c’est quoi
à quoi ça pourrait servir demain ?
On fait plus d’enfants pour écrire l’histoire
L’encre a appris à lire sans porte-plume
elle a balbutié ses premiers mots
en se trempant l’empreinte dans l’encrier de la pierre
C’est comme ça qu’en écrivant « racines »
elle a fait des phrases de forêts tout en ignorant le Jean scéniste des Plaideurs
pour l’apprentissage de la greffe et de l’ente indélébile
qui ont fait des tomes d’oiseaux
que les ailes ont confiées au vent
qui les ont parsemés d’embruns
qui d’alluvions en torrents ont descendus des lacs
aux puits des oasis
Tu parles comme une couleur dénommée Amour
C’est pas un tantinet ringard ?
J’ai jamais j’té mes culottes courtes
en fouillant mes poches des craies me sont tombées
la bleue c’est la plus grande
pourtant c’est celle qu’à fait le plus de marelles
et alors
tu t’imagines qu’elle va devenir sèche comme une ancre
qui immobilise les bateaux au cimetière ?
Faut pas croire que j’ignore qu’on me prend pour un jobard
ça sert toujours d’avoir un illuminé d’amour dans sa proximité
surtout les jours de cafard
L’idiot qui encre en haut des pages
le fada qui encre en soulignant qu’on lui ment
le gogo qui encre dans le rêve des maux
le naïf qui encre tard bercer une nuit d’espoir
Ils sont à eux tous seuls la boîte de toutes les couleurs grand teint
m’aime si les ânées passent et que Buridan demeure…
Niala-Loisobleu
12 Décembre 2012/21 Mars 20i
http://www.niala-artiste-peintre.com/
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