La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Je me souviens d’un air qu’on ne pouvait entendre Sans que le coeur battît et le sang fût en feu Sans que le feu reprît comme un coeur sous la cendre Et l’on savait enfin pourquoi le ciel est bleu
Je me souviens d’un air pareil à l’air du large D’un air pareil au cri des oiseaux migrateurs Un air dont le sanglot semble porter en marge La revanche de sel des mers sur leurs dompteurs
Je me souviens d’un air que l’on sifflait dans l’ombre Dans les temps sans soleils ni chevaliers errants Quand l’enfance pleurait et dans les catacombes Rêvait un peuple pur à la mort des tyrans
Il portait dans son nom les épines sacrées Qui font au front d’un dieu ses larmes de couleur Et le chant dans la chair comme une barque ancrée Ravivait sa blessure et rouvrait sa douleur
Personne n’eût osé lui donner des paroles A cet air fredonnant tous les mots interdits Univers ravagé d’anciennes véroles Il était ton espoir et tes quatre jeudis
Je cherche vainement ses phrases déchirantes Mais la terre n’a plus que des pleurs d’opéra Il manque au souvenir de ses eaux murmurantes L’appel de source en source au soir des ténoras
O Sainte Epine ô Sainte Epine recommence On t’écoutait debout jadis t’en souviens-tu Qui saurait aujourd’hui rénover ta romance Rendre la voix aux bois chanteurs qui se sont tus
Je veux croire qu’il est encore des musiques Au coeur mystérieux du pays que voilà Les muets parleront et les paralytiques
Marcheront un beau jour au son de la cobla
Et l’on verra tomber du front du Fils de l’Homme La couronne de sang symbole du malheur Et l’Homme chantera tout haut cette fois comme Si la vie était belle et l’aubépine en fleurs
Tous ceux qui parlent des merveilles Leurs fables cachent des sanglots Et les couleurs de leur oreille Toujours à des plaintes pareilles Donnent leurs larmes pour de l’eau
Le peintre assis devant sa toile A-t-il jamais peint ce qu’il voit Ce qu’il voit son histoire voile Et ses ténèbres sont étoiles Comme chanter change la voix
Ses secrets partout qu’il expose Ce sont des oiseaux déguisés Son regard embellit les choses Et les gens prennent pour des roses La douleur dont il est brisé
Ma vie au loin mon étrangère Ce que je fus je l’ai quitté Et les teintes d’aimer changèrent Comme roussit dans les fougères Le songe d’une nuit d’été
Automne automne long automne Comme le cri du vitrier De rue en rue et je chantonne Un air dont lentement s’étonne Celui qui ne sait plus prier.
Je change ici de mètre pour dissiper en moi l’amertume Les choses sont comme elles sont le détail n’est pas l’important L’homme apprendra c’est sûr à faire à jamais régner le beau temps
Mais ne suis-je pas le maître de mes mots Qu’est-ce que j’attends Pour en chasser ce qui n’est pas cet immense bonheur posthume
Il fait un soleil si grand que de tous les côtés aujourd’hui Le lavis semble tout déteint dans les vents parlés d’un mah-jong Et la route n’est qu’un bourdon le ciel l’ébranlement d’un gong Il me plaît que mon vers se mette à la taille des chaises longues Et le cheval prenne ce pas où son cavalier le réduit
Il me plaît d’entendre un bras d’homme frapper sur le bois ou la pierre
Qui fabrique des pieux peut-être ou c’est quelque chose qu’il cloue
Il me plaît que le chien dans la colline aboie et que la roue Au fond du chemin bas grince et que les toits soient roux Que les serres sur les coteaux fassent poudroyer la lumière
Il y a des jarres de couleur au pied des hauts bouquets de joncs Des palissades que le jour rend aussi roses que le sol
Des demeures négligemment qui tiennent leur pin parasol Et sur la musique des murs étages do ré mi fa sol Dans le désordre végétal l’envol gris perle des pigeons
La mer la mer au loin dans les vallons où le regard s’enfonce Par les sentes là-bas vers des romans qu’on n’aura jamais lus L’automne a jalonné l’effacement des pas dans les talus Passants légers amants furtifs que rien ne dénoncera plus Une fois l’escalier de la maison recouvert par les ronces
Puis par les brumes des monts bleus que perce un regard d’éper-vier
On voit dans le feu blanc se soulever une épaule de glaces Tout au fond du paysage où la nue et la terre s’enlacent Et d’ici je contemple l’Alpc et sur mes cheveux ma main passe Car c’est la saison qu’à l’envers montre ses feuilles l’olivier
Et les platanes avec qui dans les feuilles jouent-ils aux cartes Est-ce avec vous beaux amoureux sur les bancs assis les premiers Le froid vers cinq heures qui vient fait-il moins que vous vous aimiez
De quoi peuvent bien vous parler dans l’ombre tout bas les palmiers
Et quels chiffres nous dit la vigne avec ses doigts nus qu’elle écarte
J’ai vu ce couple au déclin du jour je ne sais dans quel quartier Nous avions fait un détour au-dessus de Nice avec la voiture La ville mauve en bas allumait peu à peu ses devantures Ces enfants se tenaient par la main comme sur une peinture Histoire de les regarder je me serais arrêté volontiers
Il n’y avait dans ce spectacle rien que de très ordinaire
Ils étaient seuls ils ne se parlaient pas ne bougeaient pas rêvant
Ils écoutaient leur cœur à distance et n’allaient point au-devant
La place était vide autour d’eux il n’y remuait que le vent Et l’auto n’a pas ralenti Les phares sur les murs tournèrent
Tout le pêle-mêle de la Côte et les femmes qui parlent haut Les motos dans la rue étroite et les œillets chez les fleuristes Les postes blancs d’essence au bord des routes remplaçant les Christs
L’agence immobilière avec son triste assortiment lettriste Dans le va-et-vient le tohu-bohu le boucan le chaos
Les fruits confits et les tea-rooms les autocars les antiquaires
Des gens d’ici des gens d’ailleurs qu’escomptent-ils qu’est-ce qu’ils croient
Ces trop beaux garçons des trottoirs ont l’œil rond des oiseaux de proie
Qu’a fui ce gros homme blafard qu’il ait toujours l’air d’avoir froid
Ô modernes Robert Macaire entre Rotterdam et Le Caire
Miramars et Bellavistas ce langage au goût des putains Palais Louis Quinze Immeubles peints Balcons d’azur à colon-nettes
Beau monde où si tout est à vendre à des conditions honnêtes C’est toujours service compris pour cet univers à sonnettes Il suffit de deux enfants rencontrés et tout cela s’éteint
S’éteint s’efface et perd avec la nuit son semblant d’insolence Il ne reste à mes yeux que ce lieu banal que cette avenue Ce banc près des maisons blanches au soir tombant Deux inconnus
Il ne reste à mon cœur que l’entrelacs de ces mains ingénues
Ces deux mains nues II ne reste à ma lèvre enfin que ce silence
Derrière les murs dans la rue, que se passe-t-il, quel vacarme Quels travaux, quels cris, quelles larmes ou rien, la vie, un linge écru Sèche au jardin sur une corde, c’est le soir, cela sent le thym Un bruit de charrette s’éteint, une guitare au loin s’accordeLa la la…Il fait jour longtemps dans la nuit, un zeste de lune un nuage Que l’arbre salue au passage et le cœur n’entend plus que lui Ne bouge pas, c’est si fragile, si précaire, si hasardeux Cet instant d’ombre pour nous deux, dans le silence de la ville
La poésie dans la poussée des reins me donne la joie de vivre que ton soleil éclaire. Je l’ai dans la pierre, tenant de Vénus toute la rime de croire et d’espérer
Aragon, à qui je prête ma voix, te le dis
Je vais ce matin me recueillir au Couvent de toute ma ferveur personnelle.
Bonjour Ma…
Niala-Loisobleu – 27 Juillet 2021
ELSA ENTEE DANS LE POÈMEPAR LOUIS ARAGON
Entre assieds-toi soleil et qu’à tes pieds se couche Le lion des fureurs qui sortait de ma bouche
Que je n’entende plus qu’en moi ce cœur dompté Assieds-toi c’est le soir et souris c’est l’été
Musique de ma vie ô mon parfum ma femme Empare-toi de moi jusqu’au profond de l’âme
Entre dans mon poème unique passion Qu’il soit uniquement ta respiration
Immobile sans toi désert de ton absence
Qu’il prenne enfin de toi son sens et sa puissance
Il sera ce frémissement de ta venue
Le bonheur de mon bras touché de ta main nue
Il sera comme à l’aube un lieu de long labour Quand l’hiver se dissipe et l’herbe sort au jour
Entre amour c’est ici l’effrayante forêt
Où la nuit ne tient pas du ciel ses yeux secrets
Entre dans mon poème où les mots qui t’accueillent Ont le pa^pitement obscur et doux des feuilles
Où t’entourent la fuite et l’ombre des oiseaux Et le cheminement invisible des eaux
Tout t’appartient Je suis tout entier ton domaine Ma mémoire est à toi Toi seule t’y promènes
Toi seule vas foulant mes sentiers effacés Mes songes et mes cerfs t’y regardent passer
Tu marches sur les fleurs d’enfer de mon Ardenne Mon enfance t’y suit comme un lointain éden
Une brume de moi bleuit au haut des monts Où le cheval Bayard porta les fils Aymon
Ô mes enchantements dissipés ô marelle Des mares d’autrefois ô miroirs sous la grêle
Viens-t’en dans cette chasse énorme qui fut moi Ainsi que Montessor entre Meuse et Semoy
Prends le couvert des bois où quand s’en vint Pétrarque Toute biche était Laure et des mains tombait l’arc
Parmi les chênes nains dont la tête dit non Si le vent se souvient des rouvres d’Avignon
Du jardin que les murs de tous côtés endiguent Où l’ombre a la senteur violente des figues
Mais déjà c’est ta lèvre et ce couple c’est nous C’est toi le clair de lune où je tombe à genoux
Et la terrasse y tremble et la pierre se trouble Étoiles dans ma nuit ma violette double
Ce sont tes yeux ouverts sur les temps désunis Jusque dans mon sommeil Eisa mon insomnie
II
Il est sept heures dix une tasse de menthe À côté de la pendule en cuir refroidit
Je suis seul au matin dont les cendres dormantes Blanchissent sans pouvoir oublier l’incendie
Je parle à haute voix le langage des vers Comme si je faisais l’essai de ma folie
D’où me vient-il ce goût puéril et pervers D’où me viennent les mots que je lie et délie
Qu’est-ce que ce plaisir morose et monotone Ce passe-temps verbal et qui donc s’y complaît
C’est bien moi je m’entends m’interromps et m’étonne Et de mes doigts mentaux tombent les osselets
C’est un jour machinal aujourd’hui qui se lève
Je n’attends que le temps dans la chambre où je suis
Le temps s’arrête en moi comme un sang qui fait grève Et je deviens pour moi comme un mot qui me fuit
III
Comme avec le soleil l’arbre immobile engage Dans le tourner du jour un discours de rameaux Mes bras vers toi se font invention des mots Quand je te touche enfin je comprends le langage
J’ai peur d’être un miroir où tout s’évanouit Toute ma chair vers toi crie un enfantement Paroles de mes mains métaphoriquement Vers l’autre vous frayez une route inouïe
Comment faire tomber cette feinte couleur Des vocables fixés aux lèvres des humains Ce qui deux fois se dit insulte au lendemain Et tout ce rouge mis se fane avec les fleurs
La vie en mouvement quels doigts l’ont-ils saisie Quel lexique y a-t-il pour le vent et le sable Il faut substituer 6 cœur inconnaissable À l’ancien alphabet le radar poésie
Je vois sans yeux je suis une clameur sans bouche Je suis le phare obscur qu’on appelle pensée J’ai fait de mon désir une force insensée Le mystère à mes pieds terre à terre se couche
Je ne compare pas les choses Je démens Leurs rapports J’établis d’autres lois de nature J’ouvre sans la toucher la porte et m’aventure Où rien n’obéit plus qu’à mon commandement
Tout d’un coup je comprends la chose qui m’habite Et qui n’est qu’une forme étrange de raison Une physique de l’amour de Toi Disons Mieux Une possession sans fin ni limite
Oui je suis possédé de toi Si les enfants Le rire et les cailloux me chassent peu m’importe Qu’on m’arrache le cœur et que le sang me sorte C’est toi mon être encore où mon être se fend
Oui possédé de toi jusqu’au fil de ma trame De part en part de fond en comble possédé Mort je n’éveillerai jamais que ton idée Car ma poussière aura le parfum de ton âme
Je te donne la flamme et la cendre du feu Je te donne le chant dément qui me traverse
Je te donne le vent tantôt qui me disperse Je te donne le ciel qui fait nos veines bleues
O pauvreté de moi qui m’en viens faux Roi Mage Te porter des présents misérables et vains Et comme sa couleur le verre doit au vin Je m’onivre en peignant ma vie à ton image
Je vais formant des vers plus forts que les baisers Je vis comme un marin dans l’écume des proues Éclaboussé du chant de la mer à la roue Réinventant le jour dans les vagues brisées
Ce qui de moi s’arrache au-delà de moi-même Cet appel résumant ce que je suis Ce cri Par quoi les hommes font l’aveu du plaisir pris Cotte façon que j’ai de dire que je t’aime
Et de dire cela seulement sans jamais Desserrer un instant ma volonté d’étreinte Sans remarquer le temps les étoiles éteintes Et de dire je t’aime ainsi que je t’aimais
Voilà voilà pourquoi je suis né ma victoire Rien rien ne pourra plus faire qu’elle ne fût Même sans bras sans tôte et debout sur son fût De pierre et Samothrace au loin morte à l’Histoire.
Un immense printemps des eaux une débâcle Qui va dans tous les sens s’égare et se confond Reprend sa route on ne sait trop par quel miracle Puis s’arrête à nouveau dans les terrains profonds
Ils coulent de partout ces ruissellements d’hommes Des hauts-plateaux du bas-pays et des névés Il en sourd des marais des fondrières comme Du mâchefer des cours du tuf ou des pavés
Ils charrient avec eux leur terre d’origine Alluvions de la nuit qui s’amasse et croupit L’ardoise et le mica le schiste des ravines Les superstitions l’erreur et l’utopie
Les déchets de la ville ou l’humus des pâtures Alourdissent leur cours de nouveaux sédiments Tout veut les détourner et tout les dénature Tout les capte et les perd Le ciel même leur ment
Ils coulent de partout roulant avec leurs songes Le pêle-mêle ancien des sables et des boues Ils coulent de partout et les plus beaux mensonges De partout débordés n’en viendront pas à bout
Ils coulent de partout dans le bruit des querelles Et des divisions que l’on croit infinies Ils prennent le chemin de la mer naturelle Où l’eau claire à la fin se rassemble et s’unit
Qu’importent les retours les doutes les attentes Les lacis les refus les craintes les faux pas Rien ne peut arrêter ni les herbes flottantes Cette marche à la mer ni les joncs du delta
Qui saura dire un jour l’aimant Cette attirance Dont déjà si longtemps on avait dans l’idée Qu’elle triomphera Dont tu sais par avance Que tu l’as pour destin Qu’il t’y faudra céder
Mais devant ce danger de sève sous l’écorce Cette insurrection du cœur et des pensées Un monde en toi battait le rappel de ses forces Tout un monde saisi d’une peur dépassée
Tout ce que tu portais en toi du fond des âges Ce recommencement d’hier par aujourd’hui Et la règle établie et le pli des usages Et dans les pas anciens les nouveaux reconduits
Ou bien c’était perdant le sens et la mesure
Cet esprit de révolte à qui rien ne suffit
Qui tout comme au château s’en prend à la masure
Échafaudant le paradoxe et le défi
Tu te trompais facilement au tintamarre Que l’ennemi déchaîne avec les mots abstraits T’imaginais briser toi-même tes amarres Et choisir les récifs qui pourtant t’éventraient
La chenille au moment de la métamorphose Ignorant l’aile et l’air médit du firmament Il t’arrivait d’écrire à la hâte des choses Que tu liras plus tard avec étonnement
Peut-être aveuglément naufrageur de toi-même Te voulais-tu fermer tout devenir humain Disant l’impardonnable et faisant du blasphème Une brûlante boue à te jeter demain
Jeune homme à ma semblance ô pâle créature Chenille de moi-même avant d’avoir été Elle a bien fonctionné ta machine à torture Va tu peux t’en vanter toi qui sus l’inventer
Tu n’avais pourtant pas imaginé possible Signalé comme un feu par la fumée du toit A chacun de servir aussi longtemps de cible Pour l’homme que je suis devenu malgré toi
Vois-tu j’ai tout de même pris la grande route Où j’ai souvent eu mal où j’ai souvent crié Où j’ai réglé mon pas pour que ceux qui m’écoutent En scandent la chanson sur le pas ouvrier
Rien ne t’arrête plus quand s’en lève le jour
Le matin pour chacun peut être différent
Une grève un chômage ou le Riff ou la Ruhr
Mais si pour tout de bon tout d’un coup ça vous prend
Si se met à rougir cette aube d’évidence Si l’on entend son cœur battre du même bruit Dans le malheur commun d’une même cadence Dont bat le cœur d’autrui
C’est à la mer enfin la mer qu’il faut qu’on aille Ëclaboussé d’écume et de sel et d’oiseaux Ah c’est l’humanité dans son cri de bataille Qui t’emporte au large des eaux
Même si bien longtemps une fois communiste On va rester pareil au champ mangé d’orties Que c’est faucher en vain quand la racine existe Obscurément dans le Parti
L’essentiel n’est pas ce que traînent de brume Et de confusion les hommes après eux Car le soleil pour nous et devant nous s’allume Il est mon Parti lumineux
Il faudrait que chacun racontât son histoire Comment il est venu comment il varia Comment l’eau devint claire et tous y purent boire Un avenir sans parias
Comment fut le bon grain trié vaille que vaille L’or séparé du sable et les cailloux polis Comment l’événement l’étude et le travail Ont trois fois sarclé nos folies
Comment notre Parti c’est demain face à face Et l’université marchante où se marient Dans le laboratoire énorme de la classe La pratique et la théorie
Et comment le Parti c’est le constant partage Entre les fleurs à naître et les neiges d’antan Et la neuve critique et le vieil héritage Dans leur équilibre constant
Comment c’est avant tout le trésor de science Né du peuple et sans cesse au peuple confronté Qui soude à tout jamais la finale alliance Du rêve et des réalités
Il est le pionnier sous l’essaim des insectes Arrachant les roseaux d’un sol qui se mourait Il est le médecin qui dissipe la secte
Comme une fièvre des marais
L’agronome qui sait si la terre est acide Et quel jour dans les prés faire voler la faux Le pilote enseignant aux matelots qu’il guide La passe et la voile qu’il faut
Dans la guerre que fait au peuple ce qui meurt Il est l’état-major de l’avenir II est Comme sur les sillons le geste du semeur Le stratège de ce qui naît
Entre tous les partis il est seul de sa sorte Qui s’assigne pour but tout remettre à l’endroit En posséder la carte à personne n’apporte Que des devoirs et non des droits
Il est le négateur éclatant du système Qui veut qu’un peuple en soi trouve son pain tout Apprendre organiser se corriger lui-même Voilà voilà sa force à lui
Au sens originel comme au sens militaire Il est lorsqu’il surgit au cœur du campement D’insolence que font les Césars sur nos terres L’éclaireur magnifiquement
C’est en vain qu’on le traque en vain qu’on le bâillonne Il respire le jour au milieu de ses liens Et Danielle ou Péri notre Parti rayonne Le fusiller ne sert de rien
Il est le feu profond qui renaît de ses cendres Il est la vie ailleurs éteinte et qui reprend Le soleil renaissant qu’on vit au soir descendre Car il est le bien conquérant
Il est le bien des travailleurs et non du temple Notre perpétuelle illumination Notre Parti qui joint la parole et l’exemple Aux couleurs de la Nation
De sa bouche ouvrière il ranime les braises Alésia Roncevaux Bouvines ou Valmy Il porte la leçon de Maurice Thorez Parmi les frères ennemis
Il dit la France indépendante quand Kléber Ralliera Jeanne d’Arc et Bertrand Duguesclin Et que l’humanité comme elle se libère
Sans faire aucun peuple orphelin
Il dit le principal à cette heure où les armes Lèvent comme un regain sur le sol allemand Que c’est assez de sang que c’est assez de larmes Qu’aider cela serait dément
Que la grande amitié possible qu’imaginent Deux peuples mitoyens las de s’entretuer N’est pas mise en commun d’hommes et de machines Pour servir à d’autres ruées
Qu’elle ne se pourrait fonder sous la menace Qui fait sur l’orient comme sur le couchant Aux pays d’outre-Oder comme aux coteaux d’Alsace Tourner l’é pee a deux tranchants
Qu’où Liebknecht balaya devant sa propre porte C’est la paix qu’aux Français Grotewohl déclara Non les accords de Bonn qui sur la peste morte Refait le geste de Clara
Mais vous pour qui la France est une marchandise Monnayant l’avenir l’honneur et le passé Vous dont les fins de mois s’arrangent par traîtrise Il vous dit que c’en est assez
Assez mettre à l’encan la robe de la France A la bourse d’Europe entre des maquignons Escompter ses enfants leur force et leurs souffrances Dont Mère avec toi nous saignons
Il dit qu’avec les feux truqués d’une légende On égare un soldat fût-il intelligent Et ses fils ne font pas une nation grande A massacrer chez eux les gens
Que naguère ce fut nous-mêmes qui donnâmes L’exemple que suivront les peuples indomptés Et qu’on ne peut couvrir cette guerre au Viet-Nam Du drapeau de la liberté
Qu’il nous faut un peu plus que des larmes amères Que ça ne suffit pas si notre cœur se fend A voir aux bras des mères d’au delà des mers La mort de leurs petits enfants
Que ça ne suffit pas les regrets et le deuil Et qu’en plus de la honte et du crime et du sang Il y a dans nos ports ces terribles cercueils Qu’une corde lente descend
Il dit que la jeunesse a bien assez à faire Au pays que voici comme un champ passager Que pour trente deniers des Judas ont offert Aux manoeuvres de l’étranger
Il dit qu’il n’est pas vrai que ces gens-là ne viennent Que par amour de nous occuper Orléans Que tous ont leur demeure et le G. I. la sienne Sur l’autre bord de l’Océan
Il dit que devant nous agiter des fantômes Nous menacer du feu qui brûla nos bourreaux Ne saurait de nos murs effacer les Go Home Ni l’exemple de nos héros
Il dit que les Français ne sont pas solitaires Eux qu’on n’a jamais vus se lever en chantant Sans que cela ne fît aussitôt sur la terre Les avalanches d’un printemps
Il dit que nous avons de par le vaste monde Tant d’amis qu’il faudrait plus d’yeux pour les compter Que les astres du ciel et leurs reflets dans l’onde Par une belle nuit d’été
Il dit que le chemin de notre indépendance Mène à la grande paix de tout le genre humain Il dit que cette paix tout à l’heure commence Qui ne connaîtra pas de fin
Qu’il dépend de nous tous que l’histoire culbute Les cycles infernaux du moderne Ixion Et les peuples unis renversent dans leur lutte Le poids des malédictions
Il dit et se sentant maîtres de la nature
Ceux qu’à travers la nuit atteint au loin sa voix
Se mettent à rêver à des choses futures
Comme un rossignol dans les bois
Dans ce rêve où la vie aux vivants est remise Voici l’homme et la femme et les enfants Voici Cette tranquillité de vieillir qu’organise A jamais la démocratie
Et c’est parce qu’ils voient dans le Parti l’image De ces temps sans retour leur crainte et leur courroux Que ceux qui de la mort font leur courant usage Le veulent jeter sous les roues
Mais tuer le Parti cela ne peut plus être A ce point conscient où l’homme est parvenu Sans que la guerre alors ne lui fasse connaître Son atroce visage à nu
Pour tuer le Parti c’est l’homme dans sa chair Que vous atteindriez Monstres aux jours nouveaux Lui faisant étouffer tout ce qui lui est cher Piétiner son propre flambeau
Quoi de ses propres mains il faudrait qu’il déchire Sa croyance en lui-même et ses espoirs anciens Irrémédiablement pour asseoir votre empire Rivant nos fers river les siens
Parce que par vos soins une nuit volcanique Empoisonne la mer où le stronthium pleut Vous croyez prendre au piège un univers panique Où meurt la vie à petit feu
Et comme les bandits perdus à qui ne restent Que les jours de la surenchère et c’est fini Il vous faut ajouter au napalm à la peste L’évangile de Bikini
L’homme ce cauchemar de partout vous enserre Et de partout les feux par vos mains allumés Dans ce monde où partout cherchant des janissaires Vous appelez la croix gammée
Et l’homme s’il respire et l’homme s’il existe C’est donc qu’il vous résiste il doit être abattu Et vous avez raison Vers le ciel communiste Il se tourne quand on le tue
Salut à toi Parti qu’il faut bien qu’on choisisse Quand toute chose est claire et patent le danger 0 puits qui fais la vie et fais à l’oasis Entre tous le pain partagé
Salut à toi qui dis au coureur dans sa course Le message à porter où lui-même s’instruit Salut à toi sagesse à toi fraîcheur des sources Arbre géant de tous les fruits
Salut à toi Parti qui nias la misère Et montras l’homme frère à ses frères armés Parti que les bourreaux en vain martyrisèrent Sans te prendre le grain semé
Salut à toi phénix immortel de nos rêves Salut à toi couleur du cœur force du vin Parfum lorsque le vent du peuple enfin se lève Envahissant la vie enfin
Salut enfant du feu que les flammes enfantent Marin qui pris l’amour de la paix pour sextant Toi monteur-ajusteur des idées triomphantes O capitaine du printemps
Salut à toi Parti ma famille nouvelle Salut à toi Parti mon père désormais J’entre dans ta demeure où la lumière est belle Comme un matin de Premier Mai
Mon Dieu, mon Dieu, cela ne s’éteint pas Toute ma forêt, je suis là qui brûle J’avais pris ce feu pour le crépuscule Je croyais mon cœur à son dernier pas. J’attendais toujours le jour d’être cendre Je lisais vieillir où brise l’osier Je guettais l’instant d’après le brasier J’écoutais le chant des cendres, descendre.
J’étais du couteau, de l’âge égorgé Je portais mes doigts où vivre me saigne Mesurant ainsi la fin de mon règne Le peu qu’il me reste et le rien que j’ai. Mais puisqu’il faut bien que douleur s’achève Parfois j’y prenais mon contentement Pariant sur l’ombre et sur le moment Où la porte ouvrant, déchire le rêve.
Mais j’ai beau vouloir en avoir fini Chercher dans ce corps l’alarme et l’alerte L’absence et la nuit, l’abîme et la perte J’en porte dans moi le profond déni. Il s’y lève un vent qui tient du prodige L’approche de toi qui me fait printemps Je n’ai jamais eu de ma vie autant Même entre tes bras, aujourd’hui vertige. Le souffrir d’aimer flamme perpétue En moi l’incendie étend ses ravages A rien n’a servi, ni le temps, ni l’âge Mon âme, mon âme, où m’entraînes-tu ? Où m’entraînes-tu ?
Où faut-il qu’on aille Pour changer de paille Si l’on est le feu
À moins qu’il ne faille Si l’on est la paille Fuir avec le feu
La paille est si tendre Mais vouloir l’étendre Étendra le feu Qu’on tente d’étreindre
Or il faut l’éteindre
Le long pour l’un pour l’autre est court II y a deux sortes de gens L’une est pour l’eau comme un barrage et l’autre fuit comme l’argent
Le mot-à-mot du mot amour à quoi bon courir à sa suite Il est resté dans la Dordogne avec le bruit prompt de la truite Au détour des arbres profonds devant une maison perchée Nous avions rêvé tout un jour d’une vie au bord d’un rocher
La barque à l’amarre Dort au mort des mares Dans l’ombre qui mue
Feuillards et ramures La fraîcheur murmure Et rien ne remue
Sauf qu’une main lasse Un instant déplace Un instant pas plus
La rame qui glisse
Sur les cailloux lisses Comme un roman lu
Si jamais plus tard tu reviens par ce pays jonché de pierres Si jamais tu revois un soir les îles que fait la rivière Si tu retrouves dans l’été les bras noirs qu’ont ici les nuits Et si tu n’es pas seule alors dis-lui de s’écarter dis-lui De s’é-car-ter le temps de renouer ce vieux songe illusoire Puis fais porter le mot amour et le reste au brisoir
On a beau changer d’horizon Le cœur garde ses désaccords Des gens des gens des gens encore De toute cette déraison Il n’est resté que les décors
Elle amenait à la maison Des paltoquets et des pécores Je feignais lire YInprekor Comme un jour fuit une saison Il n’est resté que les décors
On a beau changer de poison Tous les breuvages s’édulcorent Toutes les larmes s’évaporent Des fièvres et des guérisons Il n’est resté que les décors
On a beau changer de prison On traîne son âme et son corps Les mois passent marquant le score
De tant d’atroces trahisons II n’est resté que les décors
Le cœur ce pain que nous brisons Que les sansonnets le picorent J’aurais dû partir j’avais tort Aux lueurs des derniers tisons Il n’est resté que les décors
À chaque gare de poussière les buffles de cuir bouilli
Les gardes qui font un remuement d’armes et bottes noires
Devant les buffets de piments et d’orgeat
Des femmes sur leurs ballots sombres
Yeux d’olive visages d’huile
Quel est donc ce pays de soif et de bucrânes
Nous roulons sur la terre cuite. Où sommes-nous
Il n’y a sur la toile énorme qu’un âne et qu’un homme
Une cruche d’ombre un pain bis un oignon
Et le vallonnement uniforme où nous nous éloignons
Le train s’en va comme un caniche Sous le couchant drapeau de Catalogne
Primo de Rivera
En ce temps-là dans les hôtels les domestiques
Surveillaient les voyageurs par le trou de la serrure
Afin que tout fût bien selon l’Église
Dans les premiers froids de Madrid J’habitais la Puerta del Sol Cette place comme un grand vide Attendait quelque nouveau Cid Dont le manteau jonchât le sol Et recouvrît ces gueux sordides Qu’on jette aux mendiants l’obole Montrez-moi le peuple espagnol
Primo de Rivera
Il y avait au Prado ce qui ne se montrait pas dans J’ai reconnu le garçon d’hôtel espionnant à la porte Dans un dessin de Goya
Ce peintre apprend mieux que personne L’Espagne et son colin-maillard Mais par-dessus tout il m’étonne Me serre le cœur et lui donne Le secret de ce cauchemar Par cette épouvante d’automne
Dans un tableau fait sur le tard Le grand goudron de Gibraltar
Primo de Rivera
J’ai parcouru les sierras Où la procession des villes se lamente Tolède Ségovie Avila Salamanque Alcala de Henarès
Passant les bourgs de terre cuite Les labours perchés dans les airs Sur un chemin qui fait des huit Comme aux doigts maigres des jésuites Leur interminable rosaire Le vent qui met les rois en fuite Fouette un bourricot de misère Vers l’Escorial-au-Désert
Primo de Rivera
Une halte de chemin de fer à mi-route entre l’hiver et l’été
Entre la Castille et l’Andalousie
À l’échiné des monts à la charnière sarrasine
Un jeune aveugle a chanté
D’où se peut-il qu’un enfant tire Ce terrible et long crescendo C’est la plainte qu’on ne peut dire Qui des entrailles doit sortir La nuit arrachant son bandeau C’est le cri du peuple martyr Qui vous enfonce dans le dos Le poignard du cante jondo
Primo de Rivera Primo de Rivera Primo de Rivera
ô bruit des wagons dans la montagne bruit des roues Et tout à coup c’est le mois d’août Un souffle sort on ne sait d’où L’odeur douce des fleurs d’orange
Le grand soir maure de Cordoue
Qu’au son des guitares nomades La gitane mime l’amour Les cheveux bleuis de pommade L’œil fendu de Schéhérazade Et le pied de Boudroulboudour
Il se fait soudain dans Grenade Que saoule une nuit de vin lourd Un silence profond et sourd
Primo de Rivera
Le verre est par terre Un sang coule coule Dommage le vin Du bon vin Lorca Lorquito Lorca c’était du vin rouge Du bon vin gitan
Qui vivra verra le temps roule roule Qui vivra verra quel sang coulera Quand il sera temps Sans parler du verre Qui vivra verra
Il se fait soudain dans Grenade Que saoule une nuit de sang lourd Une terrible promenade
Il se fait soudain dans Grenade Un grand silence de tambours
Louis Aragon
EL MUNDO AMPLIO POR LOUIS ARAGON
A donde vamos Para cambiar la pajita Si somos fuego
A menos que haya una necesidad Si somos la paja Huye con fuego
La pajita es tan tierna Pero querer esparcirlo esparcirá el fuego Que intentamos abrazar
Pero debe estar apagado
El largo el uno para el otro es corto Hay dos tipos de personas Uno es para agua como una presa y el otro gotea como dinero
La palabra por palabra de la palabra amor, ¿de qué sirve correr tras ella? Se quedó en el Dordoña con el rápido sonido de la trucha Alrededor de los árboles profundos frente a una casa encaramada Habíamos soñado todo un día con una vida al borde de una roca
El barco en el amarre Duerme en la muerte de los estanques En la sombra que cambia
Correas y astas La frescura susurra Y nada se mueve
Excepto que una mano cansada Un momento se mueve Un momento no mas
El remo que se desliza
Sobre guijarros lisos Como una novela leída
Si alguna vez más tarde vuelves por esta tierra sembrada de piedras Si alguna vez vuelves a ver las islas que el río hace una noche Si encuentras en verano los brazos negros que aquí tienen las noches Y si no estás solo, dile que se haga a un lado, dile Para tomarse el tiempo para renovar este viejo sueño ilusorio Entonces lleva la palabra amor y el resto al breaker
Podemos cambiar nuestro horizonte El corazón guarda sus desacuerdos Gente, gente, gente, todavía De toda esta sinrazón Solo quedaron las decoraciones
Ella trajo a casa Paltoquets y pecores Fingí leer YInprekor Como un día huye de una estación Solo quedaron las decoraciones
Podemos cambiar el veneno Todas las bebidas están endulzadas. Todas las lagrimas se evaporan Fiebres y curas Solo quedaron las decoraciones
Podemos cambiar las cárceles Arrastramos nuestra alma y nuestro cuerpo Pasan los meses anotando el puntaje
De tantas traiciones atroces Solo quedaron las decoraciones
El corazón este pan que partimos Que le picoteen los estorninos Debí haberme ido, estaba equivocado A la luz de las últimas brasas Solo quedaron las decoraciones
Búfalos de cuero hervidos en cada estación de polvo
Los guardias que mueven brazos y botas negras
Frente a los bufés de chile y cebada
Mujeres en sus bultos oscuros
Rostros de aceite de ojos de oliva
¿Qué es este país de sed y bucrânes?
Estamos rodando sobre terracota. Dónde estamos
Solo hay un burro y un hombre en el enorme lienzo
Una jarra de sombra, un pan moreno y una cebolla.
Y el uniforme ondulando donde nos alejamos
El tren va como un caniche Bajo la bandera del atardecer de Cataluña
Primero de Rivera
A esa hora en los hoteles los criados
Viajeros observados a través del ojo de la cerradura
Para que todo salga bien según la Iglesia
En el primer resfriado de Madrid Yo viví ahí Puerta del Suelo Este lugar como un gran vacío Estaba esperando algo nuevo Cid Cuyo manto esparcido por el suelo Y cubrió a estos sórdidos mendigos Que arrojamos a los mendigos el obol Muéstrame a los españoles
Primero de Rivera
Había en Prado lo que no se mostró en Reconocí al chico del hotel espiando en la puerta En un dibujo de Goya
Este pintor aprende mejor que nadie España y su encuesta de ciegos Pero sobre todo me asombra Sostén mi corazón y dalo El secreto de esta pesadilla Por este terror de otoño
En una pintura hecha tarde El gran alquitrán de Gibraltar
Primero de Rivera
He recorrido las sierras Donde la procesión de las ciudades llora Toledo Segovia Ávila Salamanca Alcalá de Henares
Pasando los pueblos de terracota Arando encaramado en el aire En un camino que hace ocho Como los delgados dedos de los jesuitas Su rosario interminable El viento que hace volar a los reyes Batir un burro de la miseria Hacia Escorial-au-Désert
Primero de Rivera
Una parada de tren a medio camino entre el invierno y el verano.
Entre aquí Castilla y andalucía
En la parte posterior de las montañas en la bisagra sarracena
Un joven ciego cantó
¿De dónde puede sacar un niño? Este terrible y largo crescendo Esta es la denuncia que no se puede decir Quien de las entrañas debe salir La noche se arranca la venda de los ojos Es el grito del pueblo martirizado Que te empuja por la espalda La daga del cante jondo
Primero de Rivera Primero de Rivera Primero de Rivera
oh sonido de los carros en la montaña sonido de las ruedas Y de repente es agosto Un aliento sale de quien sabe de donde El dulce olor de los azahares
La gran velada morisca de Córdoba
Que al son de las guitarras nómadas La gitana imita el amor Cabello azulado con pomada El ojo de hendidura de Scheherazade Y el pie de Boudroulboudour
De repente sucede en Granada Que bebió una noche de vino pesado Un silencio profundo y amortiguado
Primero de Rivera
El vaso esta en el piso La sangre esta fluyendo Que mal el vino Buen vino Lorca Lorquito Lorca era vino tinto Buen vino gitano
Quién vivirá verá rollos de tiempo Quién vivirá verá qué sangre fluirá Cuando es el momento Sin mencionar el vaso El tiempo lo dirá
De repente sucede en Granada Ese borracho una noche
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.