DANS LA SAIGNEE DU COUDE


DANS LA SAIGNEE DU COUDE

Où les pierres en se tressant s’en viennent à recueillir mes pas, ton sein double sa fuite de l’aisselle jusqu’à choir au pli du coude

Les hanches empoignent le ventru callipyge autour des fesses dressant un couple d’arbre où plus d’oiseaux font chanter la clôture de cette prairie gorgée d’herbe épinglée devant

Cambré le chemin se fait le toboggan de mes coups de reins pour porter la vague aux embruns tout autour des falaises.

Niala-Loisobleu – 23 Août 2022

DES GUIRLANDES OCEANIQUES


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DES GUIRLANDES OCEANIQUES

 

Les roseurs de voile que le couchant pose sur le dessus de ce qui avance

le son odorant de ta langue qui me court à l’oreille

ce soyeux qui accroche mes doigts quand je lis les mouvements que tes épaules donnent à tes seins

une sensation identique à celle que l’atelier tient prête quand j’y entre et transporte à mon départ

les raisins lourds d’une treille quand les tonneaux quittent le chai, tu vois, imagent le bruit du verre qui rejoint l’autre, quelque chose d’un feu qui crépite, le chien dans les pieds et les heures d’un sale quart-d’heure à la poubelle

Je sais plus ce qu’est Noël, le voilier glisse, je crois que j’ai planté un sapin en haute-mer, la vache est couleur de taureau et l’âne a du trait la carrure du cheval, ceux qui m’ont laissé nous réunissent dans le creux du Je-Nous cette cavité native

je tiens bon la barre…

Niala-Loisobleu – 23 Décembre 2019

 

LA PEAU DU FANTÔME


 

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LA PEAU DU FANTÔME

Je traîne mon espoir avec mon sac de clous, je traîne mon espoir étranglé à tes pieds, toi qui n’es pas encore, et moi qui ne suis plus.

Je traîne un sac de clous sur la grève de feu

en chantant tous les noms que je te donnerai

et ceux que je n’ai plus.

Dans la baraque, elle pourrit, la loque

où ma vie palpitait jadis ;

toutes les planches furent clouées,

il est pourri sur sa paillasse

avec ses yeux qui ne pouvaient te voir,

ses oreilles sourdes à ta voix,

sa peau trop lourde pour te sentir

quand tu le frôlais,

quand tu passais en vent de maladie.

Et maintenant j’ai dépouillé la pourriture, et tout blanc je viens en toi, ma peau nouvelle de fantôme frissonne déjà dans ton air.

 

René Daumal

 

Le carreau de givre de mon marais comme celui tout sale de la cabane, comment pourraient-ils attraper le moindre son dans l’instant d’oubli du monde ? L’un et l’autre ne pouvaient que devenir sourds au bruit de présence comme à l’image d’existence dans un rapport qui ignore l’humain. Toi, je t’ai dans le caillou, Blanche, il est vrai comme l’esprit d’escalier qui se faufile dans tous les terrains plats. Mais mieux vaut se faire fantôme de ce que l’on est, que d’être lambda de ce qui n’offre que de l’inexistant. Ouais, je sais, je vois les épaules des fardiers versant dès la première ornière. Est-ce ma faute à moi, s’ils sont creux au point de ne toujours tomber qu’au fond d’eux-mêmes ? Les morsures de la séparation, je sais le mal que ça fait. Les dents rouillées c’est un piège à ours, mortel. Raison pour laquelle, je nidifie,  toujours dans l’Arbre à Médecine. Le ruisseau laisse toujours son clavier ouvert pour que les doigts du courant appellent aussi l’archet pour jouer ses sonates.

Niala-Loisobleu – 22 Janvier 2018