du bout du soir


NIALA

DU BOUT DU SOIR

L’accordéon va se faire masser les reins, la nacre, elle, est restée ciselée dans une table-basse, sur le vert renversé d’un tapis de billard l’aqueux tarit, que de nuits dans les mots qui se cherchent

Le cadre du vélo sur lequel monte l’imaginaire balade ce que je pédale librement

mon cheval solitaire rentre se faire un parcours de santé dans sa stalle

Demain j’oublierai pas de dire ma façon de penser à un bout d’étoile

il faut rien se cacher lin à l’autre…

.

Niala-Loisobleu.

2 Avril 2023

INITIATION PAR FERNANDO PESSOA


NIALA

INITIATION

PAR

FERNANDO PESSOA

Tu ne dors pas sous les cyprès
car il n’est de sommeil en ce monde…
Le corps est l’ombre des vêtements
qui dissimulent ton être profond.

Vient cette nuit qu’est la mort,
et l’ombre s’achève sans avoir été.
Tu vas dans la nuit, simple silhouette,
Égal à toi contre ton gré.

Mais à l’Hôtellerie de l’Épouvante
les Anges t’arrachent ton manteau.
Tu poursuis sans manteau sur l’épaule
avec le peu qui te protège.

Lors les Archanges du Chemin
te dépouillent et te laissent nu.
Tu n’as plus ni vêtements ni rien :
tu n’as que ton corps, qui est toi.

Enfin, dans la profonde caverne,
les Dieux te dépouillent plus avant.
Cesse ton corps, âme externe,
Mais en eux tu vois tes égaux.

Le Sort n’a laissé parmi nous
que l’ombre de tes vêtements.
Tu n’es pas mort sous les cyprès.
Néophyte, il n’est point de mort.

Fernando Pessoa

UNE FEMME M’ATTEND PAR WALT WHITMAN


PABLO PICASSO

UNE FEMME M’ATTEND

PAR

WALT WHITMAN

Une femme m’attend, elle contient tout, rien n’y manque;
Mais tout manquerait, si le sexe n’y était pas, et si pas la sève de l’homme qu’il faut.

Le sexe contient tout,
Corps, âmes, Idées, preuves, puretés, délicatesses, fins, diffusions,
Chants, commandements, santé, orgueil, le mystère de la maternité, le lait séminal,
Tous espoirs, bienfaisances, dispensations,
Toutes passions, amours, beautés, délices de la terre,
Tous gouvernements, juges, dieux, conducteurs de la terre,
C’est dans le sexe, comme autant de facultés du sexe, et toutes ses raisons d’être.

Sans douté, l’homme, tel que je l’aime, sait et avoue les délices de son sexe,
Sans doute, la femme, telle que je l’aime, sait et avoue les délices du sien.

Ainsi, je n’ai que faire des femmes insensibles,
Je veux aller avec celle qui m’attend, avec ces femmes qui ont le sang chaud et peuvent me faire face,
Je vois qu’elles me comprennent et ne se détournent pas.
Je vois qu’elles sont dignes de moi. C’est de ces femmes que je veux être le solide époux.

Elles ne sont pas moins que moi, en rien;
Elles ont la face tannée par les soleils radieux et les vents qui passent,
Leur chair a la vieille souplesse divine, le bon vieux ressort divin;
Elles savent nager, ramer, monter à cheval, lutter, chasser, courir, frapper, fuir et attaquer, résister, se défendre.
Elles sont extrêmes dans leur légitimité, – elles sont calmes, limpides, en parfaite possession d’elles-mêmes.

Je t’attire à moi, femme.
Je ne puis te laisser passer, je voudrais te faire un bien;
Je suis pour toi et tu es pour moi, non seulement pour l’amour de nous, mais pour l’amour d’autres encore,
En toi dorment de plus grands héros, de plus grands bardes.
Et ils refusent d’être éveillés par un autre homme que moi.

C’est moi, femme, je vois mon chemin;
Je suis austère, âpre, immense, inébranlable, mais je t’aime;
Allons, je ne te blesse pas plus qu’il ne te faut,
Je verse l’essence qui engendrera des garçons et des filles dignes de ces Etats-Unis; j’y vais d’un muscle rude et attentionné,
Et je m’enlace bien efficacement, et je n’écoute nulles supplications,
Et je ne puis me retirer avant d’avoir déposé ce qui s’est accumulé si longuement en moi.

A travers toi je lâche les fleuves endigués de mon être,
En toi je dépose un millier d’ans en avant,
Sur toi je greffe le plus cher de moi et de l’Amérique,
Les gouttes que je distille en toi grandiront en chaudes et puissantes filles, en artistes de demain, musiciens, bardes;
Les enfants que j’engendre en toi engendreront à leur tour,
Je demande que des hommes parfaits, des femmes parfaites sortent de mes frais amoureux;
Je les attends, qu’ils s’accouplent un jour avec d’autres, comme nous accouplons à cette heure,
Je compte sur les fruits de leurs arrosements jaillissants, comme je compte sur les fruits des arrosements jaillissants que je donne en cette heure.
Et je surveillerai les moissons d’amour, naissance, vie, mort, immortalité, que je sème en cette heure, si amoureusement.

Walt Whitman

Extrait de: 

 Feuilles d’Herbes, traduit par Jules Laforgue

CAUSALITE


ALBIN BURNOVSKY

CAUSALITE

Des morceaux échoués

des cris sur le sable

un projet de château espagnol en fausse-couche

ah quand les méduses racolent au rivage

la plage fait le trottoir…

Niala-Loisobleu – 26 Juillet 2022

C’EST COMMENT QU’ON FREINE – ALAIN BASHUNG et LOISOBLEU


C’EST COMMENT QU’ON FREINE – ALAIN BASHUNG et LOISOBLEU

Las

devant mon journal éteint

pour ne pas quitter la certitude de ta main

j’écrase le poste de mon vaque sain

Oh non

pas être comme un pair Ok qui dit bon jour à chaque fosse nouvelle.

Niala-Loisobleu – 26 Janvier 2021

Pousse ton genou, j’passe la troisième
Ça fait jamais qu’une borne que tu m’aimes
Je sais pas si je veux te connaître plus loin


Arrête de me dire que je vais pas bien
C’est comment qu’on freine
Je voudrais descendre de là
C’est comment qu’on freineCascadeur sous Ponce-Pilate
J’cherche un circuit pour que j’m’éclate
L’allume-cigare je peux contrôler
Les vitesses c’est déjà plus calé
C’est comment qu’on freineTous ces cosaques me rayent le canon
Je nage dans le goulag je rêve d’évasion
Caractériel je sais pas dire oui
Dans ma pauvre cervelle carton bouilli
C’est comment qu’on freineJe m’acolyte trop avec moi-même
Je me colle au pare-brise ça me gêne
Ça sent le cramé sous les projos
Regarde où j’en suis je tringle aux rideaux
C’est qu’on freine
Je voudrais descendre de là

ALAIN BASHUNG – VENUS


ALAIN BASHUNG – VENUS

Alain Bashung

Là un dard venimeux
Là un socle trompeur
Plus loin
Une souche à demi-trempée
Dans un liquide saumâtre
Plein de décoctions d’acide…
Qui vous rongerait les os
Et puis…
L’inévitable clairière amie
Vaste, accueillante
Les fruits à portée de main
Et les délices divers
Dissimulés dans les entrailles d’une canopée
Plus haut que les nues…Elle est née des caprices
Elle est née des caprices
Pommes d’or, peches de diamant
Pommes d’or, peches de diamant
Des cerises qui rosissaient ou grossissaient
Lorsque deux doigts s’en emparaient
Et leurs feuilles enveloppantes
La pluie et la rosée
La pluie et la roséeToutes ces choses avec lesquelles
Il était bon d’aller
Guidé par une étoile
Peut-etre celle-là
Première à éclairer la nuit
Première à éclairer la nuit
Première à éclairer la nuit
Vénus
Vénus
VénusLà un dard venimeux
Là un socle trompeur
Plus loinUne souche à demi-trempée
Dans un liquide saumâtre et d’acide…
Probablement qui vous rongerait les os
Et puis les fruits à portée de main
Et les délices divers
Dissimulés dans les entrailles d’une canopéeElle est née des caprices
Elle est née des caprices
Pommes d’or, peches de diamant
Pommes d’or, peches de diamant
Et ces cerises qui grossissaient lorsque…La pluie et la rosée
Toutes ces choses
Guidées par une étoile
Guidées par une étoile
Première à éclairer la nuit
Vénus
Vénus
Vénus
VénusElle est née des caprices
Elle est née des caprices
Pommes d’or, peches de diamant
Pommes d’or, peches de diamant
Et ces cerises qui grossissaient lorsque…La pluie et la rosée
Toutes ces choses
Guidées par une étoile
Guidées par une étoile
Première à éclairer la nuit
Vénus
Vénus
Vénus
Vénus

S.O.S. AMOR – ALAIN BASHUNG


S.O.S. AMOR – ALAIN BASHUNG

J’ai des faims de toi difficiles
des jours ça veut pas rentrer
T’as fouillé mon baise-en-ville
Ca je peux pas saquer
En voulant nettoyer mon fouet
Bêtement le coup est parti

Ton cri était presque parfait (Bis)

J’ai des faims de loop de loop
De shalala chaloupés
Quant à la péniciline
Je m’arrête quand je veux
Tous ces hommes qui te turlupinent
Et moi qui vis au milieu
De quoi perdre son self-control (Bis)

S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

J’ai des faims de lune de miel
A Los Angeles-sur-Yvette
T’as des faims de moi après l’after beat
Quatre et quatre ça fait coït S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

J’ai des faims de toi difficiles
Des jours ça veut pas rentrer
Quant à ma prochaine victime
Elle est sous ton nez
Toutes ces femmes qui se turlupinent
Et moi qui baragouinais
De quoi perdre son self-control (Bis)

S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
S.O.S. Amor
Tu m’as conquis j’t’adore
Tu m’as conquis j’t’adore

 

 

 

 

 

D’UNE SEULE BOUCHE


Quadri-ArmandSimon-ST-1947

 

D’UNE SEULE BOUCHE

 

Ce cri décadenassé de l’estuaire un soir mouliné à marées loin de Rance

seins malle ô

le corps serre délassé en danseuse

l’écaille et la plume, le velours et l’aimerie, le cristal de vers anneau

du noyau à la pulpe au moment, pendant et après

laisse déborder l’eau des nouilles, sommes de dents

Seul

le tant qui conte

se déshabille des circonstances défavorables à une nudité de peaux fumantes.

 

Niala-Loisobleu – 22 Juillet 2020

 

 

 

 

A PERTE DE VUE – ALAIN BASHUNG


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A PERTE DE VUE – ALAIN BASHUNG

À perte de vue
Des lacs gelés
Qu’un jour j’ai juré d’enjamber
À perte de vue
Des défilés
Des filles à lever
Des défis à relever
Des prix décernés dans tes yeux
À perte de vue
Dodelinent des grues
Les pieds dans la boue
Qui eût cru
Qu’un jour nos amours
Déborderaient
Fassent oublier aux ajusteurs
La clé
Plus de boulons
Pour réparer la brute épaisse
Ma pute à cœur ouvert
Trop de cuirassés
Pas assez d’écrevisses
Pour une fricassée
Donnez-moi des nouvelles données
Donnez-moi des nouvelles données
Donnez-moi des nouvelles données
Donnez-moi des nouvelles données
Donnez-moi des nouvelles données
Donnez-moi des nouvelles données
À perte de vue
Du déjà vu
Du déjà vécu
Se précipitent
A mes trousses
Qu’en dit le héron
Il en sait long
Qu’en dit l’éolienne
Elle me fait hello
Voie d’eau…