CROIRE EN CORPS
Le jour traîne à se lever, trop écrasé qu’il est dans la grisaille. Les premiers jours de Juillet sont couleur Novembre et la température oblige à rallumer les radiateurs. La cabane est à marée, la pluie la mise en flottaison. Il y a une absence dans le mouvement de la nature, le grand chêne qui borde la terrasse est en crise de voix des pigeons, plus loin le coucou matinal ne provoque personne. A croire que la pluie devient eau lourde. J’sais pas, sauf pour le dernier mot, il n’y a pas de miracle à en attendre. La météo dit que que dans les prochaines 24h on va passer de 20 à 32°. Alors on fermera le chauffage et on allumera la clim.
Les petites allées du bois sont des éponges. Gavées d’eau, elles n’avalent plus les flaques. Les arbustes reniflent et toute la végétation toussote, top d’humidité ramène les problèmes respiratoires à se nourrir de kleenex. La colonie de papillons qui loge dans mon lilas d’Espagne virevolte moins légèrement. Les jaunes et les bleus ont un lest d’eau à sortir de leurs ailes. Obligé de rester dedans, fait remplir les heures de pensées liées au mouvement statique. Que les faits du quotidien alimentent sans efforts. La vie est à l’amarre dans une baie où la mort monte en surface. Exprimant par des événements sa tristesse par un sentiment affectif profond, ou terrifiant par sa dramaturgie avec l’inconséquence humaine mise dans ses démonstrations de barbarie pendant qu’on s »ébaudie sur les rapprochements des trains à grande vitesse (gouffre sans fond d’une situation sans le sou qui devra payer quoi qu’il arrive) L’algorithme y pourvoira un plus.
Tout le week-end, je n’ai pu sortir de mon quartier d’enfance. Allant, par les petites rues délaissant les boulevards St-Germain et St-Michel rejoindre le Panthéon. La voix d’outre-tombe d’André Malraux installée dans les kiosques à musique du limonaire Jardin du Luxembourg. L’éternel vivant des Grands-Hommes, couvre le morbide de leur société. Je ne fréquente les cimetières qu’en absence de chrysanthème conventionnel. Farfadet que je suis des lieux de pierres où l’esprit séparé du corps joue constamment en surface. Les traboules des passages d’occupation barbare, sont à mon passage clandestin, d’un grand secours. Jean Moulin tu es à mes yeux le plus proche parent de Simone Veil. Vous avez fait une exceptionnelle opposition à l’aliénation physique et mentale de l’être humain. Vous êtes du même temps dans un semblable tant. Voilà ce qui guidaient mes pas dans les rues de mon Paname ce Dimanche.
En rentant Camus m’attendait pour un dernier verre avec Char. Veillée du vivant avec la mort vue d’une autre manière que celle de rester passif à l’attendre tout en l’ayant jamais sortie de son vivant.
Niala-Loisobleu – 3 Juillet 2017
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.