Catégorie : Ludovic Janvier
LUNDI DE PENTE CÔTE
LUNDI DE PENTE CÔTE
(L’Epoque 2019/27 – Niala – Acrylique sur toile 46×33)
Vent sur lui-même
Une concrétion surgie brise le tain du ciel
les pontons comme des bers qui chôment sont en pause
L’Île St-Louis écumée la fondation de Notre-Dame demeure
sauf la justice et le chêne
Rive-Gauche
l’Ecluse garde Barbara vivante comme cette marguerite qui tient l’effeuillage passionnément dans l’égarement d’Aragon pris entre deux genres sexuels et une politique sacrilège de foi abusive
À CHAQUE »PAS
À »chaque »pas »lent »hors »des »pas
hors »des »pas »hors »du »paysage
on »tire »à »chaque »pas »trop »lent
hors »de »soi »toute »l’image
pour »aller »vers »le »souvenir
voyageur »qui »recule »en »avant
sans »bouger »de »l’énorme »instant
dont »chaque »pas »à »chaque »pas »nous »sépare
Ludovic Janvier
Paris gisant, la pierre granite sa rosace anale à l’horizontale d’un roi dément
J’ai la main gauche bisexuelle de l’Androgyne et les deux pieds dans L’Epoque 2019 pour un 27ème à deux en solo
Le dos en taire battu de la cathédrale enfouie sous la mer de Porto-Cristo, village natal de Rafael Nadal
Obstination insoumise et irrévérencieuse du cheval qui laboure en vers et contre tout un lundi de congé.
Niala-Loisobleu – 10 Juin 2019
IN MEMORIAM LUDOVIC JANVIER
IN MEMORIAM LUDOVIC JANVIER
Le poète Ludovic Janvier vient de disparaître, ce 20 janvier 2016.
On peut lire plusieurs extraits de ses œuvres dans Poezibao, ici repris partiellement (pour les lire en entier cliquer sur le lien) et augmentés de deux nouveaux textes.
extrait 1 :
Neige dehors neige dedans
neige lente sur les frissons
neige noire à crever les yeux
extrait 2 :
il y a la Manse et il y a l’Amance
émincés d’aube au rythme du sang
il y a la Sombre il y a la Sambre
tranchées de jour où la nuit fait fleur
il y a Dourdon il y a Dordogne
où le clair enfoui sonne caverne
il y a la Glane et il y a la Grane
où l’eau simple est gravière d’éclats
extrait 3 :
Ramuz écrit que la pensée remonte les fleuves. Qui les descend, c’est la rêverie.
Sans doute quelque part un gourmand de rivière et de langue aura-t-il déjà dit que rivière et rêverie (presque anagramme et mieux qu’anagramme) sont comme les deux faces opposées d’un bruit semblable et qu’on aurait accolées pour jouer avec. Mises en regard pour se laisser descendre au fil du rêve.
extrait 4 :
on est fendu par la frontière
entre balance et suspens
le secret s’avance d’un pas
le jour se lève sur parler
ext. 5 :
La Loue à Quingey, La Loue à Ornans
claire et noire en même temps
gorgée de silence et gorgée d’herbe
ext. 6 :
Pont du Nord ou pont de Nantes ou pont d’Avignon, le bal dessus la mort dessous, c’est la fête à l’aplomb du noir qui passe, être puni pour ça, tomber, tomber à l’eau, la rivière est un lit pour les pucelles et les rieuses, celles qui dansent et celles qui chantent sans écouter la loi qui range ni sans entendre la fin venir.
Voyez le matin comme il me prépare
et l’herbe du pré si elle m’attend
voyez l’eau du lac comme elle me pense
et le bleu du ciel s’il donne à vouloir
voyez le chemin comme il part de moi
si l’eau du ruisseau promène ma soif
voyez comme l’ombre a choisi mes mots
et si le caillou me ramène au temps
voyez l’horizon comme il me rattache
si les vols d’oiseaux m’apprennent partir
voyez la forêt comme elle m’écoute
et si le silence est fait de ma voix
Ludovic Janvier, Une Poignée de monde, Gallimard, 2006, p. 22
4.
A moins qu’en tout dernier lieu je me renverse
– est-ce qu’il va s’arrêter choisir – me renverse
dans le lac en regardant les montagnes bleuir
disant Après tout non c’est plutôt là
calmement sur le dos que je vais attendre
le coup de grâce en faisant quoi la planche
l’œil au ciel et sinon l’œil au ciel
du moins l’œil au plafond son ersatz
toi qui rêvais de pardon en écoutant Mozart
plus de Mozart rien que le bruit du sang
accompagnant le bruit du sang rien que le clapotis
du lac bleu qui vous vide en douceur
Annecy le monde et la vie à venir
disparus tout là-bas de la mémoire enfin légère.
Ludovic Janvier, La Mer à boire, Poésie/Gallimard, 2006, p. 76.
Source Poezibao
A SUPPOSER
A SUPPOSER
«À supposer que les oiseaux se taisent
toujours une branche craque au bord de l’écoute
à supposer que le bois ne s’étire pas
toujours on y devine une rumeur de vent
à supposer qu’on n’entende plus le moindre souffle
dans le calme il y a toujours un bruit qui se prépare
à supposer que l’imminent demeure imperceptible
il y a ce bruit de voix que fait la pensée
à supposer que la pensée elle aussi renonce
il reste ce murmure en moi parce que je t’attends
à supposer qu’un jour je renonce à t’attendre
le silence écoutera toujours venir la fin d’attendre»
Ludovic Janvier
Ainsi en poste serai-je sur ton chemin, Ma.
N-L – 07/05/19
COMME RIEN QUE LE JOUR BLEU
COMME RIEN QUE LE JOUR BLEU
Le fenestron perce le mur un jardin entre ah quels flots
nous étions sur la peinture fraîche du banc plus collés que copiés
insensibles à l’automate qui vantait ses qualités d’avenir dans la vitrine grammaticale
le convoi funéraire passé le muguet sortit de taire sans manifester outre mesure
c’est alors que pris d’un élan se passant d’explication l’agrafe de ton soutien-gorge éclata de rire
imagine
la tête du maintien quand tomba cette générosité qui te caractérise
ceux qui disaient on sait la mer on sait les marées on sait la lune en furent pour leurs frais
en fait de savoir à part les mots dépourvus du geste les phrases creuses les cuirs les diarrhées verbales pour trouver du sel dans leur belle mer impossible que du fade
en premier mot tu dis Ludovic Janvier
plus bleu tu meurs
le mot réinventé rebondit ricoche vit te sort des doigts conventionnés
oui oui oui
Ma
tu m’as réveillé bien…
Niala-Loisobleu – 03/05/19
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