L’ANTI-TOI


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L’ANTI-TOI

A l’état de mante et dans son beau corps de corbeau et de tatou, l’homme hume et allume

 un pâle tourment nid, nid infini.

Mille tatous tatouages, mille tatouages couvrent d’un beau manteau d’ours et de loup, d’un beau manteau de velours lourd, sa serre, sa cervelle frêle et sauvage, mille tatouages mentaux
couvrent son cerveau de vautour :

l’étrange anneau d’une nourriture qui le noue et le mange, l’effroi du ‘ froid et du chaud qui le chasse et l’effrite, la poussière qui le pousse, qui le ronge, qui le hante, l’effort
de tourner vite, nu, inné et dément, de tourner inutilement dans un trou qui le songe et partage, et puis il y a l’efficace qui l’épuisé et l’efface devant l’absurde et
l’absence de toute essence paire, rixe instable, impaire, impérissable, de toute essence impérissable, sable mouvant, vent, or, or, rage nuancée, le muet et toi, et toi, toile
étoilée, sourde-muette» boîte vide, boiteuse, filante, lente et rapide sur l’écran de mon crâne tatoué à l’haleine de ma mère tatouée et
tuée à l’intérieur de mon dedans, mot dent, mordant mordu et tordu dans mes cris mentaux, dans mon crime mental, creux creuse creusé dans la peau de mon cerveau, en pleine
plaie terre, terreur et vertige de l’or, de l’or, de l’horreur de vie, de vivre comme les poux, comme l’époux de l’épouvante, en pleine mort vivante du mot, du monde mortel tel que la
vie de ce monde vide et immonde nous l’inflige.

Avec ses maux de tête, de traître, avec les maux, les mauvais coups qu’elle joue quelquefois au couple capital, la vie coupe une fois pour toutes, pour toujours, en petits maux, en
petits mots, en tous petits morceaux le corps fondamental du couple, cette mante démente du moi sous-souple et total et en fer, enferme le beau, le beau corps, le beau corbeau fondamental
mental du moi dans une cage métallique, lit métaphysique qui le rend fou, froid, prisme, prisonnier et mère, père périssable.

Mais les tatous qui sonnent, les tatous qui sont tous tâtés aux os par moi, les tatouages mentaux d’un zoo qui pousse dans mon anticerveau à moi, ce faux dément en rage
contre les maux, contre les mobiles qui me séparent de mon toi, qui se parent de ma bile à moi, qui se partagent abus abusif abusivement le moi et le toi à moi, rampent, plissent
et remplissent en moi la panse, la pensée dé déjà pensée et labile du toi et la remplacent par une pensée pensante, saillante, saignante, qui à son tour est
repensée dans une sorte d’autopensée errante, erratique, erotique et vie viol violemment absente.

Ainsi l’an, l’anti, l’antinomie mythe et vie écrit vite sur l’épée son nom d’épave qui sait, qui roule, qui s’écroule dans la vie, car les deux terres, les deux termes
de l’antinomie jouissent mais d’ici, dissimulant l’anti-anti, le trois, qui à son tour les simule en deçà ou d’ici, distançant ainsi encore plus la distance entre l’un,
elle, elle et l’autre.

Elle lance et contourne un évanouissement contractile tactile, contradictoirement tourné vers l’autre, et contre-balance un épanouissement expansif autour d’un front à
distance, rond, pensif, content, plat, actif et contemplatif.

Capturant l’essence du moi à ses vices, à ses viscères qui puisent tout, qui puisent toute leur haine, or, or et orme, toute leur énorme puissance d’un rêve
mâché par l’écho d’une bouche errante mais puissamment atta-quée-attachée au cordon d’ombre ombilical comme une bille qui glisse dans un beau bocal vide ou sombre, la
tour du moi tourne comme une bille, elle tourne tout doux douce doucement dans le tourbillon du ventre mental.

Et c’est à l’or du mot, hors, hors du monde dévot dévorant que la mante, c’est alors que la mante mord le corbeau dans son centre.

Avec émoi dans le cœur et la crainte solitaire de se taire à jamais derrière sa tête, le moi casse et anime le toi qui l’aimait et qui étale ainsi, étoile
éteinte et lointaine, toute une astronomie animale sur l’étreinte.

Au nom de l’antinomie frénétique et exquise, l’anti-toi est un tatou schizophrène et unique.

Ghérasim Luca

DE L’ALPHABET AU BÉTABET


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DE L’ALPHABET AU BÉTABET

De l’A au
B

Laobé tire la langue

(de pendue)

Dakar en «
Lumières de
Montagne »*

couteau* suspendu au-dessus de sa tête

Supérieur
Inconnu

La
Belle
Anonyme tire (la langue)

à l’arc (sans-cible)

Au cœur de «
Dakar »

Monsieur
K

vaque à ses affres

 

Ghérasim Luca

LA FIN DU MONDE


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LA FIN DU MONDE

prendre corps

Je te flore tu me faune

Je te peau je te porte et te fenêtre tu m’os tu m’océan tu m’audace tu me météorite

Je te clef d’or je t’extraordinaire tu me paroxysme

Tu me paroxysme

et me paradoxe

je te clavecin

tu me silencieusement

tu me miroir

je te montre

Tu me mirage tu m’oasis tu m’oiseau tu m’insecte tu me cataracte

Je te lune tu me nuage tu me marée haute
Je te transparente tu me pénombre tu me translucide tu me château vide et me labyrinthe
Tu me paralaxe et me parabole tu me debout et couché tu m’oblique

Je t’équinoxe

je te poète

tu me danse

je te particulier

tu me perpendiculaire

et soupente

Tu me visible tu me silhouette tu m’infiniment tu m’indivisible tu m’ironie

Je te fragile

je t’ardente

je te phonétiquement

tu me hiéroglyphe

Tu m’espace

tu me cascade

je te cascade

à mon tour mais toi

tu me fluide

tu m’étoile filante

tu me volcanique

nous nous pulvérisable

Nous nous scandaleusement

jour et nuit

nous nous aujourd’hui même

tu me tangente

je te concentrique

Tu me soluble tu m’insoluble tu m’asphyxiant et me libératrice tu me pulsatrice

Tu me vertige

tu m’extase

tu me passionnément

tu m’absolu

je t’absente

tu m’absurde

Je te narine je te chevelure

je te hanche

tu me hantes

je te poitrine

je buste ta poitrine puis te visage

je te corsage

tu m’odeur tu me vertige

tu glisses

je te cuisse je te caresse

je te frissonne

tu m’enjambes

tu m’insuportable

je t’amazone

je te gorge je te ventre

je te jupe

je te jarretelle je te bas je te
Bach

oui je te
Bach pour clavecin sein et

je te tremblante

tu me séduis tu m’absorbes

je te dispute

je te risque je te grimpe

tu me frôles

je te nage

mais toi tu me tourbillonnes

tu m’effleures tu me cernes

tu me chair cuir peau et morsure

tu me slip noir

tu me ballerines rouges

et quand tu ne haut-talon pas mes sens

tu les crocodiles

tu les phoques tu les fascines

tu me couvres

je te découvre je t’invente

parfois tu te livres

tu me lèvres humides

je te délivre je te délire

tu me délires et passionnes

je t’épaule je te vertèbre je te cheville

je te cils et pupilles

et si je n’omoplate pas avant mes poumons

même à distance tu m’aisselles

je te respire

jour et nuit je te respire

je te bouche

je te palais je te dents je te griffe

je te vulve je te paupières

je te haleine

je t’aine

je te sang je te cou

je te mollets je te certitude

je te joues et te veines

je te mains

je te sueur

je te langue

je te nuque

je te navigue

je t’ombre je te corps et te fantôme

je te rétine dans mon souffle

tu t’iris

 

Ghérasim Luca

L’ÉCHO DU CORPS


L’ÉCHO DU CORPS

Ghérasim Luca

 

 

prête-moi ta cervelle

cède-moi ton cerceau

ta cédille ta certitude

cette cerise

cède-moi cette cerise

ou à peu près une autre

cerne-moi de tes cernes

précipite-toi

dans le centre de mon être

sois le cercle de ce centre

le triangle de ce cercle

la quadrature de mes ongles

sois ceci ou cela ou à peu près

un autre

mais suis-moi précède-moi

séduction

entre la nuit de ton nu et le jour de tes joues entre la vie de ton visage et la pie de tes pieds entre le temps de tes tempes et l’espace de

ton esprit entre la fronde de ton front et les pierres de

tes paupières entre le bas de tes bras et le haut de tes os

entre le do de ton dos et le la de ta langue entre les raies de ta rétine et le riz de ton iris entre le thé de ta tête et les verres de tes

vertèbres entre le vent de ton ventre et les nuages de

ton nu entre le nu de ta nuque et la vue de ta vulve entre la scie de tes cils et le bois de tes doigts • entre le bout de tes doigts et le bout de ta

bouche entre le pois de tes poils et la poix de ta poitrine entre le point de tes poings et la ligne de tes

ligaments entre les pôles de tes épaules et le sud-est de

ta sueur entre le cou de tes coudes et le coucou de ton

cou entre le nez de tes nerfs et les fées de tes fesses entre l’air de ta chair et les lames de ton âme entre l’eau de ta peau et le seau de tes os entre la terre de tes artères
et le feu de ton

souffle entre le seing de tes seins et les seins de tes

mains entre les villes de ta cheville et la nacelle de

tes aisselles entre la source de tes sourcils et le but de ton

buste entre le musc de tes muscles et le nard de tes

narines

entre la muse de tes muscles et la méduse de

ton médius entre le manteau de ton menton et le tulle de

ta rotule entre le tain de ton talon et le ton de ton

menton entre l’œil de ta taille et les dents de ton sang entre la pulpe de ta pupille et la serre de tes

cernes entre les oreilles de tes orteils et le cervelet de

ton cerveau entre l’oreiller de tes oreilles et la taie de ta tête entre le lévrier de tes lèvres et le poids de tes

poignets entre les frontières de ton front et le visa de

ton visage entre le pouls de tes poumons et le pouls de

ton pouce entre le lait de tes mollets et le pot de ta

paume entre les pommes de tes pommettes et le plat

de tes omoplates entre les plantes de tes plantes et le palais de

ton palais entre les roues de tes joues et les lombes de tes

jambes entre le moi de ta voix et la soie de tes

doigts entre le han de tes hanches et le halo de ton

haleine

entre la haine de ton aine et les aines de tes

veines entre les cuisses de tes caresses et l’odeur de

ton cœur entre le génie de tes genoux et le nom du

nombre du nombril de ton ombre

 

Ghérasim Luca

LE COUP DE J’ARNAQUE


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LE COUP DE J’ARNAQUE

 

La vilaine bête noire, pattes plus velues qu’un mol est lâche s’acharne à te distribuer ses lettres anonymes. au nom d’une vengeance obsessionnelle qui le rend criminel

Accusé d’être le don Juan, Casanova de WordPress par ce corbeau, je me retrouve dans son confessionnal sordide affublé de copies d’articles que j’ai fait paraître, en particulier en 2016, qui seraient l’identique de ceux que je rédige aujourd’hui à ton adresse, Ma.

Odieux montage que le fiel et la rage d’un mal dont j’ignore les faits provoque dans un art maîtrisé de l’hypocrisie criminelle.

La règle de l’anonymat couvrant la fourberie j’ignore évidemment d’où et de qui le poignard au curare provient.

Se pourrait-il qu’un pays frontalier dont un autochtone me piste régulièrement soit l’auteur ? Pourquoi pas l’acte étant  celui d’un  schizophrène avéré (e) il y en a partout dans le monde, alors pourquoi pas en Suisse ? La neutralité est la couverture préférée des assaillants.

Je m’oppose à cette vilainie, non pas parce j’ai le principe actuel qui veut que tout menteur s’insurge comme les hauts-dignitaires de l’Etat le font. Non c’est plus idiot que ça, simplement parce que c’est faux.

Il serait trop compliqué de faire comprendre ce que je suis vis à vis des femmes depuis ma plus tendre enfance. Au nom d’une égalité chronique je n’ai jamais pu trouver la moindre différence dans le domaine des droits entre elles et les hommes. Ce concept m’a naturellement amené à posséder une notion d l’amour qui est très au-dessus de la ceinture. Mon combat passe alors très au-dessus des t^tes des censeurs. Etant réputé carré, me traiter d’imposteur menteur, montre à quel point le corbac est aveuglé par son crabe qui le bouffe du dedans.

Aussi, sait-on jamais, je peux le débusquer, soit une invite à se retirer rapidos du circuit postal.

A bon entendeur salut…

 

Niala-Loisobleu – 5 Août 2019

Ghérasim Luca

 

L’ANTI-TOI

 

A l’état de mante et dans son beau corps de corbeau et de tatou, l’homme hume et allume un pâle tourment nid, nid infini.

Mille tatous tatouages, mille tatouages couvrent d’un beau manteau d’ours et de loup, d’un beau manteau de velours lourd, sa serre, sa cervelle frêle et sauvage, mille tatouages mentaux
couvrent son cerveau de vautour :

l’étrange anneau d’une nourriture qui le noue et le mange, l’effroi du ‘ froid et du chaud qui le chasse et l’effrite, la poussière qui le pousse, qui le ronge, qui le hante, l’effort
de tourner vite, nu, inné et dément, de tourner inutilement dans un trou qui le songe et partage, et puis il y a l’efficace qui l’épuisé et l’efface devant l’absurde et
l’absence de toute essence paire, rixe instable, impaire, impérissable, de toute essence impérissable, sable mouvant, vent, or, or, rage nuancée, le muet et toi, et toi, toile
étoilée, sourde-muette» boîte vide, boiteuse, filante, lente et rapide sur l’écran de mon crâne tatoué à l’haleine de ma mère tatouée et
tuée à l’intérieur de mon dedans, mot dent, mordant mordu et tordu dans mes cris mentaux, dans mon crime mental, creux creuse creusé dans la peau de mon cerveau, en pleine
plaie terre, terreur et vertige de l’or, de l’or, de l’horreur de vie, de vivre comme les poux, comme l’époux de l’épouvante, en pleine mort vivante du mot, du monde mortel tel que la
vie de ce monde vide et immonde nous l’inflige.

Avec ses maux de tête, de traître, avec les maux, les mauvais coups qu’elle joue quelquefois au couple capital, la vie coupe une fois pour toutes, pour toujours, en petits maux, en
petits mots, en tous petits morceaux le corps fondamental du couple, cette mante démente du moi sous-souple et total et en fer, enferme le beau, le beau corps, le beau corbeau fondamental
mental du moi dans une cage métallique, lit métaphysique qui le rend fou, froid, prisme, prisonnier et mère, père périssable.

Mais les tatous qui sonnent, les tatous qui sont tous tâtés aux os par moi, les tatouages mentaux d’un zoo qui pousse dans mon anticerveau à moi, ce faux dément en rage
contre les maux, contre les mobiles qui me séparent de mon toi, qui se parent de ma bile à moi, qui se partagent abus abusif abusivement le moi et le toi à moi, rampent, plissent
et remplissent en moi la panse, la pensée dé déjà pensée et labile du toi et la remplacent par une pensée pensante, saillante, saignante, qui à son tour est
repensée dans une sorte d’autopensée errante, erratique, erotique et vie viol violemment absente.

Ainsi l’an, l’anti, l’antinomie mythe et vie écrit vite sur l’épée son nom d’épave qui sait, qui roule, qui s’écroule dans la vie, car les deux terres, les deux termes
de l’antinomie jouissent mais d’ici, dissimulant l’anti-anti, le trois, qui à son tour les simule en deçà ou d’ici, distançant ainsi encore plus la distance entre l’un,
elle, elle et l’autre.

Elle lance et contourne un évanouissement contractile tactile, contradictoirement tourné vers l’autre, et contre-balance un épanouissement expansif autour d’un front à
distance, rond, pensif, content, plat, actif et contemplatif.

Capturant l’essence du moi à ses vices, à ses viscères qui puisent tout, qui puisent toute leur haine, or, or et orme, toute leur énorme puissance d’un rêve
mâché par l’écho d’une bouche errante mais puissamment atta-quée-attachée au cordon d’ombre ombilical comme une bille qui glisse dans un beau bocal vide ou sombre, la
tour du moi tourne comme une bille, elle tourne tout doux douce doucement dans le tourbillon du ventre mental.

Et c’est à l’or du mot, hors, hors du monde dévot dévorant que la mante, c’est alors que la mante mord le corbeau dans son centre.

Avec émoi dans le cœur et la crainte solitaire de se taire à jamais derrière sa tête, le moi casse et anime le toi qui l’aimait et qui étale ainsi, étoile
éteinte et lointaine, toute une astronomie animale sur l’étreinte.

Au nom de l’antinomie frénétique et exquise, l’anti-toi est un tatou schizophrène et unique.

Ghérasim Luca

POÉSIE ÉLÉMENTAIRE


Life-is-Elsewhere-Michael-Bilotta

POÉSIE ÉLÉMENTAIRE

l’eau qui a l’air d’allumer

le feu sur la terre

l’air d’allumer l’air sur le feu

l’air d’allumer sur l’eau ce qui a l’air de s’éteindre sur terre

l’air d’allumer et d’étreindre

l’eau et le feu en l’air :

le cancer tu

questionne la santé bavarde depuis quand sers-tu

dans la maison de sourds? de puits en puits de vérité :

O vide en exil
A mer suave

I mage
E toile renversée

U topique

Ghérasim Luca

PASSIONNEMENT / GHERASIM LUCA


PASSIONNEMENT / GHERASIM LUCA

pas pas paspaspas pas
pasppas ppas pas paspas
le pas pas le faux pas le pas
paspaspas le pas le mau
le mauve le mauvais pas
paspas pas le pas le papa
le mauvais papa le mauve le pas
paspas passe paspaspasse
passe passe il passe il pas pas
il passe le pas du pas du pape
du pape sur le pape du pas du passe
passepasse passi le sur le
le pas le passi passi passi pissez sur

le pape sur papa sur le sur la sur
la pipe du papa du pape pissez en masse
passe passe passi passepassi la passe
la basse passi passepassi la
passio passiobasson le bas
le pas passion le basson et
et pas le basso do pas
paspas do passe passiopassion do
ne do ne domi ne passi ne dominez pas
ne dominez pas vos passions passives ne
ne domino vos passio vos vos
ssis vos passio ne dodo vos
vos dominos d’or

c’est domdommage do dodor
do pas pas ne domi
pas paspasse passio
vos pas ne do ne do ne dominez pas
vos passes passions vos pas vos
vos pas dévo dévorants ne do
ne dominez pas vos rats
pas vos rats
ne do dévorants ne do ne dominez pas
vos rats vos rations vos rats rations ne ne
ne dominez pas vos passions rations vos
ne dominez pas vos ne vos ne do do
minez minez vos nations mi mais do

minez ne do ne mi pas pas vos rats
vos passionnantes rations de rats de pas
pas passe passio minez pas
minez pas vos passions vos
vos rationnants ragoûts de rats dévo
dévorez-les dévo dédo do domi
dominez pas cet a cet avant-goût
de ragoût de pas de passe de
passi de pasigraphie gra phiphie
graphie phie de phie
phiphie phéna phénakiki
phénakisti coco
phénakisticope phiphie

phopho phiphie photo do do
dominez do photo mimez phiphie
photomicrographiez vos goûts
ces poux chorégraphiques phiphie
de vos dégoûts de vos dégâts pas
pas ça passio passion de ga
coco kistico ga les dégâts pas
les pas pas passiopas passion
passion passioné né né
il est né de la né
de la néga ga de la néga
de la négation passion gra cra
crachez cra crachez sur vos nations cra

de la neige il est né
passioné né il est né
à la nage à la rage il
est né à la né à la nécronage cra rage il
il est né de la né de la néga
néga ga cra crachez de la né
de la ga pas néga négation passion
passionné nez passionném je
je t’ai je t’aime je
je je jet je t’ai jetez
je t’aime passioném t’aime
je t’aime je je jeu passion j’aime
passionné éé ém émer

émerger aimer je je j’aime
émer émerger é é pas
passi passi éééé ém
éme émersion passion
passionné é je
je t’ai je taime je t’aime
passe passio ô passio
passio ô ma gr
ma gra cra crachez sur les rations
ma grande ma gra ma té
ma té ma gra
ma grande ma té
ma terrible passion passionnée

je t’ai je terri terrible passio je
je je t’aime
je t’aime je t’ai je
t’aime aime aime je t’aime
passionné é aime je
t’aime passionném
je t’aime
passionnément aimante je
t’aime je t’aime passionnément
je t’ai je t’aime passionné né
je t’aime passionné
je t’aime passionnément je t’aime
je t’aime passio passionnément

Ghérasim Luca

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Ghérasim Luca -Passionnément in Héros-Limite / 1953

LA MORT MORTE


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LA MORT MORTE

C’est avec une extrême volupté mentale et dans un état d’excitation affective et physique ininterrompu que je poursuis en moi et hors de moi ce numéro d’acrobatie
infinie

Ces sauts contemplatifs actifs et lubriques

que j’exécute

simultanément allongé et debout

jusque dans ma façon déroutante

ou ignoble ou profondément aphrodisiaque

ou parfaitement inintelligible

de saluer de loin mes semblables

de toucher ou de déplacer

avec une indifférence feinte

un couteau, un fruit

ou la chevelure d’une femme

ces sauts convulsifs que je provoque à l’intérieur de mon être convulsivement intégré â la grandiose convulsion universelle

et dont la dialectique dominante m’était toujours accessible même si je n’en saisissais que les rapports travestis

ont commencé ces derniers temps

à m’opposer leur figure impénétrable

comme si

tout à la tentation de rencontrer

plus que moi-même

sur la surface d’un miroir

j’en grattais impatiemment le tain

pour assister

stupéfait

à ma propre disparition

Il ne s’agit pas ici d’une maladresse

sur le plan de la connaissance

ni de la pieuse manœuvre de l’homme

qui avoue orgueilleusement son ignorance

Je ne me connais aucune curiosité intellectuelle

et supporte sans le moindre scrupule mon peu d’intérêt

pour les quelques questions fondamentales que se posent mes semblables

Je pourrais mourir mille fois

sans qu’un problème fondamental

comme celui de la mort

se pose à moi

dans sa dimension philosophique

cette manière de se laisser inquiéter

par le mystère qui nous entoure

m’a toujours paru relever

d’un idéalisme implicite

que l’approche soit matérialiste ou non

La mort en tant qu’obstacle oppression, tyrannie, limite angoisse universelle

en tant qu’ennemie réelle, quotidienne

insupportable, inadmissible et inintelligible

doit, pour devenir vraiment vulnérable

et, partant, soluble

m’apparaître dans les relations dialectiques

minuscules et gigantesques

que j’entretiens continuellement avec elle

indépendamment de la place qu’elle occupe

sur la ridicule échelle des valeurs

En regard de la mort

un parapluie trouvé dans la rue

me semble aussi inquiétant

que le sombre diagnostic d’un médecin

Dans mes rapports avec la mort

(avec les gants, le feu, le destin

les battements de cœur, les fleurs…)

prononcer fortuitement

le mot moribonde

au lieu de bien-aimée

suffit pour alarmer ma médiumnité

et le danger de mort

qui menace ma bien-aimée

et dont je prends connaissance

par ce lapsus de prémonition subjective

(je désire sa mort)

et objective (elle est en danger de mort)

m’inspire une contre-attaque

d’envoûtement subjectif

(je ne désire pas sa mort

– ambivalence intérieure, culpabilité)

et objectif (elle n’est pas en danger de mort

– ambivalence extérieures, hasard favorable)

Je fabrique un talisman-simulacre

d’après un procédé automatique

de mon invention (l’Œil magnétique)

la fabrication de ce talisman intégrée aux autres surdéterminantes prémonitoires, angoissantes, accidentelles

nécessaires, mécaniques et erotiques

qui délimitent ensemble

un comportement envers la mort

étant la seule expression praticable

d’un contact dialectique avec la mort

la seule à poser réellement

le problème de la mort

en vue de sa solution (de sa dissolution)

L’état de désolation-panique

et de catalepsie morale

auquel m’a réduit la récente incompréhension

de mes propres sauts dialectiques

n’a aucun rapport avec une attitude

intellectuelle

devant le problème de la connaissance

Le fait que ces trente derniers jours aient été plus obscurs que jamais aurait pu me troubler comme un existant inconnu comme un nouveau dérèglement

D’ailleurs, c’est systématiquement

que j’entretiens autour de moi

un climat de brume continuelle

de mystères puérils, simulés, insolubles

intentionnellement et voluptueusement

déroutantes

On sait que l’analyse

comme n’importe quelle autre méthode

d’interprétation rationnelle ou irrationnelle

n’est qu’une possibilité partielle

de dévoiler le mystère

dans la mesure où chaque vérité découverte

ne fait que le voiler davantage

et lui confère une attraction théorique

à la manière de ces femmes irrésistibles

et hystérisantes du début du siècle

que l’amour couvrait de plusieurs enveloppes

de dentelles, de parfum et de vertige

Ce n’est donc pas l’échec de mes interprétations au cours de ces trente derniers jours qui me fait désespérer

Ce qui provoque mon désespoir, ma perplexité

le chaos de ma pensée et une douleur atroce

au creux de ma poitrine

c’est l’échec de ma singulière

apparition au monde au début de cette année

menacée de se dissoudre

d’une manière lamentable

c’est la grande, la monstrueuse déception

que me cause mon propre personnage

drogué à l’idée d’évoluer

avec une agilité jamais atteinte

à la frontière de la veille et du sommeil

entre le oui et le non

le possible et l’impossible

pour se trouver soudain

devant l’envers du décor

dans un monde d’illusions

et d’erreurs fondamentales

qui ne pardonnent pas et qui transforment

mon inégalable et inimaginable existence

en blessure

Dans ce monde latéral où je me sens jeté sans savoir quelle erreur j’ai commise

(même sur le plan précaire de la culpabilité) sans savoir ce qui m’est arrivé, ni pourquoi je ne ressens que les effets catastrophiques de l’erreur, l’avalanche d’agressions
et de cruautés, probablement nécessaire que le monde extérieur déclenche contre moi

Toutes les personnes qui m’entourent me trahissent, sans exception

Tous les objets, toutes les femmes

et tous les amis, le climat, les chats

le paysage, la misère, absolument

tout ce qui me guette avec amour ou haine

profite de mon immense faiblesse

(conséquence d’une erreur théorique

qui m’échappe)

pour me frapper de plein fouet

avec une lâcheté dégoûtante

mais sans doute d’autant plus nécessaire

D’un coup, je me trouve dans une chambre

glacée, affamé, seul, sale

la trahison oedipienne tapie

dans toutes mes ombres malade, oublié, misérable tremblant de froid et de peur dans des draps mouillés de fièvre et de larmes

A la lumière

de ces agressions atroces et subites

(véritables signaux d’alarme)

les étreintes suaves qui les accompagnent

me paraissent tout à coup suspectes

et j’éprouve la nécessité brûlante

de créer autour de moi un vide correspondant

au vide théorique qui paralyse

toute mon activité mentale

écartant par cette projection

pour insupportable qu’elle soit

le mélange douceâtre de bien et de mal

que le monde extérieur m’impose

image du double oedipien

et masque le plus sinistre de l’erreur

Après ce coup inattendu

je ne supporte pas la pensée

de chercher refuge dans les bras de l’aimée

en vertu d’un instinct

de conservation machinal

les bras de l’aimée

participent, eux aussi, à cette violence

et leur complicité invisible jusqu’ici

apparaît nettement si nous y cherchons refuge

si nous commettons l’erreur impardonnable

de réduire la réalité objective de l’amour

aux réalités les plus apparentes

et confusionnelles du monde extérieur

Pour éviter cette fuite

dans une illusion consolante

je préfère démasquer la complicité partielle

de l’aimée que d’idéaliser

ses charmes compensateurs

je préfère pousser mon désespoir

jusqu’à sa dernière conséquence

(qui doit comporter

une issue dialectique favorable)

plutôt que de chercher un abri

où faire panser mes blessures et nettoyer

mes plaies, à moins que par un adorable lapsus

l’aimée ne confonde avec candeur

le flacon de poison avec la teinture d’iode

Il me suffit de bouger dans une pièce obscure à la recherche d’une photo ou d’un mouchoir et de me cogner ou de me piquer à une aiguille pour engager dans le mystère de
cette goutte de sang au bout de mon doigt les causalités erotiques les plus lointaines et les conjonctions astrales, sociales et universelles les plus invraisemblables

Je sais dans quelle mesure

mon désespoir projeté sur la totalité

des personnes qui m’entourent

est susceptible de suggérer

la manie de la persécution

dans sa phase aiguë, mais cet aspect

de mon comportement ne saurait abolir

la signification objective

que j’attribue à la paranoïa

d’autant que pour dénoncer les gens que j’aime

je dispose d’un matériel analytique

convaincant par lui-même

sans qu’il soit besoin

de l’appui maniaque de ma personne

D’ailleurs, peu importe que mes accusations soient légitimes ou non

Ce qui m’intéresse, ce que je ressens comme une nécessité irrésistible c’est de soutenir par mes actes jusque dans leurs conséquences les plus absurdes le vide
théorique qui me remplit indépendamment de la douleur passagère que je m’inflige et de la catégorie masochiste dans laquelle apparemment je tombe

Pour moi, le seul plaisir objectivement désirable, celui qui n’a jamais été éprouvé, ne peut être suscité que par une euphorie mentale concomitante jamais
imaginée, jamais pensée

Les erreurs théoriques que j’ai dû commettre

et qui m’ont rendu ces derniers temps

si vulnérable au sadisme permanent

du monde extérieur

ne peuvent trouver d’issue

que si je me maintiens dans l’équilibre

instable de la négation

et de la négation de la négation

seule façon d’être toujours en accord

avec soi-même

Le vide théorique que je ressens

comme si je vivais jour et nuit

sous une machine pneumatique

m’oblige à envoyer à tous les gens qui m’aiment

des lettres de rupture où je dénonce leur haine

leur amour ayant pour moi tous les caractères

latents de la haine générale

L’éloignement physique de ces personnes est non seulement une mise en pratique de mon vide théorique mais aussi une élémentaire mesure de sécurité

Depuis quelques jours

je ne vois plus personne

et si l’absence de la femme aimée

de la voix et de la chaleur humaine

me cause parfois une peur assez excitante

par contre ma solitude forcée, systématique

cynégétique, aggrave au-delà de toute limite

mon immense, mon incommensurable désespoir

Je ne sais plus quoi faire

Après avoir tout fait

pour être d’accord avec moi-même

(comme est d’accord la balle

avec le sang qu’elle répand)

après avoir évité tous les pièges douillets

que me tendait le monde extérieur

pour compenser, dans sa perfidie œdipienne

le mal immense qu’il me faisait

après avoir réfléchi mon vide théorique comme dans le miroir d’un miroir

ur ma vie déserte, sur mes gestes interrompus r mes insomnies torturantes et prolongées

ur mon agonie perpétuelle

je ne vois pas ce que je pourrais faire

de mon personnage pétrifié par tant de désespoir

sinon le mettre face à face avec la mort

car seule la mort peut exprimer

dans son langage obscurantiste et fatal

la mort réelle qui me consume

me traverse et m’obscurcit

jusqu’à l’anéantissement

En me dirigeant vers la mort

comme vers la conclusion presque logique

de ma négation

je bute contre un obstacle quantitatif

dans lequel je reconnais

comme dans les viscères pourris d’un porc

toute la trivialité du
Créateur

son imagination élémentaire

utilitaire et ignoble

Cette mort grossière, naturelle, traumatique encore plus castrante que la naissance qu’elle réfléchit et complète me paraît insupportable non seulement parce qu’elle
pousse l’idée de castration

jusqu’au monstrueux anéantissement physique mais parce que cette mort unidimensionnelle ne correspond pas aux sauts dialectiques qui nous y mènent

son opposition fixe, mécanique, absolue rend impossible l’expression libre des nécessités, là où les causes et les effets sont empêchés d’échanger leurs
destins

La présence permanente de la mort

dans la nuit funéraire de mon être

ne prendra jamais, en tant que nécessité

les aspects paralysants de la mort

inventée par le
Créateur

cette mort (cette vie) structurellement

religieuse disparaîtra avec la dernière

répression

La mort que je contiens comme une nécessité comme la soupape du désespoir comme une réplique de l’amour et de la haine comme un prolongement de mon être

à l’intérieur de ses propres contradictions

cette mort, je la reconnais

dans certains aspects angoissants

et lubriques du rêve, dans la toxicomanie

dans la catalepsie, dans l’automatisme

ambulatoire

toujours à l’intersection de l’homme et de l’ombre de l’ombre et de la flamme

je la reconnais dans ma nécrophiiie masquée quand j’oblige mon aimée à garder pendant l’amour une passivité de glace

je la reconnais même dans l’acte mécanique du sommeil, dans l’évanouissement ou l’épilepsie

mais je ne reconnaîtrai jamais même dans mes rêveries les plus auto-flagellantes

l’objectivité de ce phénomène sinistre

qui nous monotonise

nous répète et nous extermine

comme si nous étions la victime

mille fois millénaire

d’un monomane sénile et cynique

Le prolongement de cette mort nécessaire

qui ne s’opposerait plus traumatiquement

à la vie et qui la résoudrait

dans le sens d’une négation ininterrompue

où soient perpétuellement possibles

la réciprocité et l’inversion causale

le prolongement de cette mort objective

comme une réplique à ma vie objective

à travers laquelle passe

à une tension toujours extrême

l’objectivité incandescente de mes amours

m’oblige aujourd’hui

dans un état de désolation panique

sans limite, de catalepsie morale

poussée jusqu’au vide théorique

et de désespoir insoluble, macabre

et symptomatiquement révolutionnaire

à aggraver cet état d’irritation aiguë en l’exaspérant jusqu’à sa négation impossible, et jusqu’à la négation exaspérante de l’impossible là
où la mort

pour être dévorée comme une femme quitte ses quantités traumatiques et s’embrase qualitativement thaumaturgiquement et adorablement dans l’humour

En utilisant les signes chiffrés

de notre tatouage intérieur

en faisant de nouveau appel

à l’Irrespirable
Triangle de l’artifice

à la
Femme aux mille
Fourrures

de l’automatisme

au
Cœur
Double du somnambulisme provoqué

et à la
Grande, à l’Inégalable
Baleine

du simulacre

Je fais plusieurs jours de suite des tentatives de suicide qui ne sont pas seulement

une conséquence logique

de mes déceptions, de ma saturation

et de mon désespoir subjectif

mais la première victoire réelle

et virtuelle

sur ce
Paralytique
Général
Absolu

qu’est la mort.

Ghérasim Luca

 

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Collages de Max Ernst

L A «TERREUR»


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L A «TERREUR»

Comme l’erreur sur terre ce « tronc » de cul-de-jatte décapité

dont l’anagramme sonne « contr’ » et l’apostrophe être en filigrane

v’i sous le couperet avec la femme sans tête

Rêve et
Réel d’usurpateur mâle (l’Androgyne et le
Monde) s’ombrent

à perte

de « 100 » pour « sans »

Ce n’ombre acéphale résonne hors mesure

La quête sans queue ni tête en dérive

« en dérive » chose et « en dérive » verbe

En tête à tête sous la guillotine

pendant la révolution quotidienne

tirant hors tarot et de la bouche du pendu

la langue des oiseaux mouche, langue adversaire

Gynandre s’embarque sans barque

 

Ghérasim Luca

LA VOIE LACTÉE


Moonlit Meeting by KatePfeilschiefter

LA VOIE LACTÉE

L’atome, la tomate, une simple tomate sur une tige en rage atomique et on peut, si, on le peut si cela vaut vraiment la peine debout, de bouger une bougie dans la bouche de l’homme et la paix,
la peine de mettre le feu au bout, un tout, un tout petit peu et on peut de nouveau bru brûler au vol, au volcan où le père, perpétuellement à l’affût d’une canne,
fut à jamais tué d’un coup d’aile, ainsi que la colle, l’acolyte du bourreau, son accolade, mais tout cela délimiterait un peu trop les trois héros de la boue natale et le
mythe de la proie et de la pomme.

On sait que la pomme n’est rien, n’est rien d’autre qu’un sein, un symbole du lâchez-pas la chair de la chimère, une chaise atmosphérique et sa chaîne, bol de lait qui
traîne saoul sous la peau, nuée noyée dans la braise centrale, cent plats portés sur un plateau platonique tonique à la portée d’un manque d’haleine, plateau de
seins sphériques féeriques, éther, éternellement plantés dans la plaie de l’homme.

Elle est la fronde tirée sur tout et surtout la frontière de tout, de tout ce qui tousse et tout étouffe, elle bouche l’issue du goût, du gouffre, borne la forme du corps et
sans fer s’enferme, sue, suce et suffoque.

Sa chair est sue, sucrée, elle effraie, elle est fraîche, et au contact tact de la tiède, de la tienne, c’est comme une tache dans l’air que ta chair celée se laisse toucher
par la sienne.

L’homme et le monde partagent entre eux le ver qui ronge le cœur de la pomme et comme une éponge aux yeux ouverts bien au delà du miel et du mal, le malheur absorbe l’absurde
surtout sur toute la longueur de sa courbe qui naît, qui naît ailleurs et qui n’est d’ailleurs qu’une formule.

Et la vie n’est rien, n’est rien en dehors de cette langue, de cette langueur des bornes courbées sous le poids d’une formule.

Ayant à remplir d’abord la forme d’un sein en chaleur, c’est comme la vipère dans la vie du père que la courbe rampe à la recherche d’une bouche mais celle-ci étant
privée de dents, son ascendant est la balle, la balance, ainsi le sein est bien obligé de verser son lait dans une autre version de la hantise qui est innée à sa
néantisation.

Entourée de sel qui livre sa rage à une salive d’absinthe, entourée de ses lèvres rouges mais absentes, la bouche sans dents boit, lave, voile l’acte de téter, elle
boit la Voie Lactée comme on lèche ou comme un chien qui aboie.

L’acte de suer dessus, l’acte d’être déçu au-dessous de soi-même et le sein, le simple fait de vouer, de vouloir ex ex exciter et exercer la succion sur un monde à
excréter ex à exécrer aidé dé dé et déjà créé, crève le rêve du vampire et le sue, le suce en retour, se retourne souvent contre le
vampire même, qui expie, expire, essaie et sec et ce qui qui étant, qui est encore pire, ce qui empire encore plus le pis, le pire, c’est qu’en expirant le corps secrète, il
secrète le secret des mots et des mobiles, le secret de sa mobilité.

Et c’est dans le noyau du feu foetal, dans le noyau foetal et focal d’une pêche immobile que l’homme noie à jamais le sec, le secret de son péché figé, fixé et
pétri pétrifié à jamais.

Ses jambes perdent pied entre la pêche et la pomme et il tombe raide dans un de ces rien du tout, dans un de ces aériens tombeaux du beau où le laid n’est qu’un bien, un but, un
sein, un simple attribut du mal, du malheur d’être.

Naître dans son propre tombeau sévit, vire et crève, c’est vivre la vie d’un décapité qui rêve.

Sa captivité constitue tue à l’aise les œufs qui palpent des pépins et des tétins qui palpitent, les seules thèses qui palpitent dans une tête perdue,
eperdument suspendue et pendue entre les deux pôles d’une vie subie subite, entre les deux épaules de la victime.

Dans le même centre excentré excentrique où la vie n’est que l’excès expansif d’une plaie morte, entre les deux tempes d’une tempête viol viol biologique, la tête
tragique de l’homme loge en même temps deux antithèses tactiques, constantes et amantes, constamment prêtes à centrer leurs tics lubriques sur un sein, à s’entretuer
sur le sein d’une synthèse réelle et luisante,-réalisant ainsi une sorte d’extase infirme-infinie, seule prothèse coupable capable dessous, de soulager sa panique, sa rage
logique et sa tourmente.

Tout état, tout, tout est à tout étage âme, tout est à jamais corps coordonné, donné, ordonné dans un corps et une âme emmurés à jamais
dans un tout mou et muet, noué, ficelé, scellé à jamais à la roue des torts, des tortures où tout est mutuellement mutilé, déterminé, terminé,
miné, état, état établi et obstrué, délimité, réglé, bouché et de toutes parts encerclé clef.

Et pas de clef à la serrure de ce porc, de cette porte, pas de clef et pas de serrure, et si nos sens, si l’innocence tire à faux sur le vide qui l’absorbe, si pour sortir de
l’absurde on doit d’abord l’aborder et dégorger, égorger l’essence d’une vie qui noue, qui nous borne et nous tente, et forcer les ondes qui ouvrent et qui ferment une porte
existante, ne pas oublier que les pores, que les portes de prix, de prison, par dix ou par mille parmi nous, dissimulent partout une cour intérieure qui les entoure et les voile comme une
loi qui se voit et qui se dévoile simultanément à la mort, à la morgue, orgue en orgasme dans tous les organes de lait de l’être, et que celui-ci se complaît dans
son complexe complet où plaie, plèbe, blé et blessure réfléchissent l’être qui lèche ainsi sa morsure et qui fléchit sous la flèche qui le
reflète.

Où où ouvrir les prisons sur la scène du nouveau-né ou sur rien ne veut rien dire sinon défi, défilé creusé dans les cimes, dans les cimetières qui
sont des berceaux, des os, des seaux de lait enterrés dans la matière d’une matrice d’où on déterre tous les jours le même ver de lait de l’être fou, fourré
dans ce rien qui est tout, dans ce rien qui s’entoure de toutes parts par lui-même et qui sape, qui s’appelle pomme ou prison.

Une prison c’est l’être lui-même cloîtré derrière sa clef et son cercle, et comme une louve au rire acre mais fier, l’ouvrir s’aime mieux à l’écart, c’est
mieux écarter la rupture entre le cri sacré du moi et les griffes de l’autre, c’est à dire un moi, un moyen de sacrifier la créature à quelque chose d’autre, massacrer
le créateur dans sa créature, et avec les os de l’écho du chaos et dans une sorte de coma de combat entre l’homme et l’atome, la tomate, l’automate, recréer le
créé et être ainsi par rapt, par rapport à lui, la parade d’un para-être qui surgit et s’insurge à l’intérieur de soi-même comme le coma, comme une
comète en coma dans le ventre de la terre.

Ghérasim Luca