SORTI DU NI


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SORTI DU NI

Guilleret

voyez comme il est

heureux

l’oiseau d’être sorti du ni

Ils se balancent les jumeaux

et le poil en devient bleu

ABSOLU…

Niala-Loisobleu – 29/02/20

L’HOMME QUI CRACHE BLEU


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L’HOMME QUI CRACHE BLEU

 

Il regarde sa montre, je vois 17 h 31, ouah, il aurait pu rater son train me dis-je au moment où la glace renvoie mon image

Je cesse donc de parler avec l’autre

je soliloque à deux

Les pieds dans mes mollards j’aborde une danse rituelle dans mon costume de naissance et reconnais que je pisse d’un bleu qui ne souffre pas d’être rangé dans la chambre froide

Les maisons se sont rangées sous la poussée humaine, tandis que ses seins s’écrasaient sur mon pouls, bâtir à chair humaine ça saigne comme un Soutine calmant sa famine dans les abattoirs de Vaugirard, L’arbre défait de son écorce pour boire la sève à sa fontaine

Puis, comme la vérité, la voilà qui sort d’elle-même s’accouchant au moment où retenir le soleil avant qu’il se noie est tellement convaincant que le coq lâche la poule avec laquelle il se fait régner en basse-cour, pour chanter comme un matin qui vient

J’entends gratter le papier qu’elle écrit, crachant à son tour le Pouvoir de l’Oiseau…

Niala-Loisobleu – 29 Février 2020

OURDIR LE BLEU

Ourdir le bleu

dont on possède l’ombre ou la clarté.

Les savoyards logent dans la maison croquée.
Comme l’étain.

le cuivre est sourd :

cruches et tabatières

en témoignent.
Passe ton chemin.

porteur de coquilles.

Ensemble de tracés, de clameurs.

Les genoux ont des coussins.

La sombre, en son poivre,

est fagot de sureau,

blancheur mourante.

On ne peut que voir

à petit feu.

On ne peut qu’annoncer

la langue et sa manœuvre.

Nerfs dont on ne sait ni le nom, ni le chemin, ni la rivière fluide, nerfs de laine ou de foin, nerfs, je vous appelle.
Vous longez, silencieux la main, la jambe.
C’est le cœur qui vous tient serré dans sa lumière.

Cri mâle ou parole qu’on jette aux ajoncs !
Souvent, le souvenir.
Souvent, la récolte.
Quinquets et sabots sont dérision.

Grondeur intègre et bleu.
Les plantes et les veines emmêlent tiges et cheveux.
J’arrive au sommet du mont : le clocher dressé, la fièvre.
Opaque devin qui me traîne.
Les pirogues ont des mains papelardes et des éboulis muets.
J’élève l’élève, et la langue, en ce moulin moelleux, fait figue, fait flèche.
Et c’est le démêlé très doux qu’on suppose en la cosse.

Vin chantant.
Toupie.
Lave l’œuf à grande eau.
Bonnet de laine ou grain de blé.
Bon sabot plumé.
Ou orge, ou gorge.
Ou orme assouvi.

Maisons de papier, de foin, où vivent ensemble arbres et mulots, voici vos villes, vos étreintes
La poutre et le carreau ont mille raisons de craquer, de fendre toits et portes.
Au jardin, le linge prend feu pâle, capture en vain papillons ou mains.

Tout est bon : le lierre, les murs gris, le feu franc, les lèvres et les jambes.
Nous irions voler, dès qu’aube tombe, chats et bestiaux, femmes sans langue.
Et je marche à travers les souches mates, les sapins, comme endormi, palpé sous la peau, animal sans ombre.

Le doux appareil frotte le linge contre la main.
Et nous sommes sûres de voir muscles et tendons.
Fallait-il amincir la peau fine et les ongles ?

L’œil sans cloison n’étouffe qu’une clarté sans famille.
Me voilà dans l’épaule.
Me voilà dans le talon qui claque ou qui ronronne.
Partout, les mains dorment, frêles et liquides, dans le geste enfermé d’un dormeur bleu.

Touche toutes les armes

l’orange et la chaux,

la douleur très ronde

où l’œil est un puits,

le genou dodu, la châtaigne.

On verra le pays

vivre dans la querelle

du charbon repu.

L’écureuil poursuit jabots ou crécelles.
Claque un cabaret !
Mon timon noir ameute les filles, les femmes.
En chandail jacquard, je fais le jade, franchis l’éventail du coq et du pou.

Chacun des bras, chacun des doigts.
Y compris la cuisse et le genou, la maison, le papier, l’enclume, et l’odeur ovale des arbres, le lait qu’on avale.
Papiers à grandes jambes dans le ruisseau vert.
Repas de grenouilles.
Jambes courtes du sang, jacquemart bleu d’amblève, amande en langue de chat.
J’allonge en vain le cœur jaune: jambe de bois n’ose.

Bourgeons ronds, menus grains

dont l’œil s’emplit.

Et c’est la pluie

dont nous aimons

les liens, les pattes,

les boules de nerfs.

Déjà, plumes et châtaignes

font rouler l’ombre :

on dirait qu’un soleil

meurt noyé,

qu’un enfant court

dans le parfum des aulnes.

Oubli gelé de la sève très blanche, l’hiver.
C’est ici le lieu, la rotonde.
C’est ici le lieu.
Nul ne se cherche un visage : flots de givre en mon ventre, flots d’étoffe, de graines, ou de grains coupés en deux.
Les enfants font des rondes, avalent des poignards.
Mettront-ils à feu et à rêve le home des voleurs ?

Langue avide vers le couloir que défend la herse aux oiseaux froids.
Déluge emplumé des yeux, dédale de doigts très fins.
Dans la maison ronde, l’arc du borgne, touche le cœur.

Nous vivions de laine,

de crayons de couleur,

d’eau fraîche, d’estampes.

Les fenêtres en papier

n’étaient pas des tambours.

Nous aimions le candi, la cannelle,

les femmes sans bras,

les garçons sans regard.

Muscles doux et volés

sous la peau qui caresse

la peau, qui coupe

le souffle.

Court projet des doigts,

des dents à la carie.

Salve de salive !

Donc, tu vis, tu choisis

la maison détruite,

ses poutres, ses mannequins,

l’empire de la main nue.

Péroné rouge, te voici, long sous le gel, outil de longue taille, cassé deux fois, vers midi.
Enfant de petit doigt, nous aimons ta nage et clamons à cris nus : feu logé ! vaste neige !

J’avoue qu’un ouvrier serre le plus grand talon, conserve un outil bleu le plus longtemps possible.
Vive épreuve, action de neuve envergure, où l’arbre est debout dans la bouche du parleur.

La main laisse à la main la paume et les dix doigts, la femme ou l’étendard.
Viens à moi, fileuse, fille sans recours…
L’épaule gauche est la bosse du deuxième cœur.

Coupe en quatre lèvres et cheveux : l’épingle est visitée, le sabot parle bas, le chemin fait le tour de la chambre et du cœur.

Langue à vendre

ou œil sourd

dans un panier d’aveugle…

Et va la veine

au cœur.

Et dort le dormeur

dans le poing, dans l’oiseau.

Le feu volé, je le donne à ce parleur dans une maison vide, à ce marcheur très doux dans une forêt touffue.
Et je coupe les ciseaux.
Je ne tranche pas le cou de la femme que j’aime.

Connais-tu le figuier?
La clarté sans couture vit dans la bouche.
C’est la femme endormie qu’il faut suivre: la rivière l’assouvit, la très pâle enchantée, muscade en son parfum, l’éveillée sans retour.

Jetais cavalcade ou sel pur dans le chemin des veines, le chameau de l’aiguille ; forêt, je salue tes étais, tes papiers fondus. À mamelon entier, je préfère
demi-sabot, quenouille, ou grenouille dans la bouche: c’est soleil, c’est fracas d’eau nourrie de viviers, de vive nuit, de vin clair qu’on a bu dans les fermes, au fond des puits glacés,
claquant dents et scies; marchez vivants, enfants de laine, dont les yeux sont jouets de cerises, et caressez goupils et filles.
Orée des cheveux.
Orée des mains, des chemises.
Mentirai-je sur les doigts?
Je fuis à courte paille au sommet des maisons.

Carcans et châssis font ténèbres.
Chassent la peau, la neige, et j’essaie de retenir bras d’enfants, chenilles, paupières dans cette chambre où, finalement, tout se joue: le vivre à perte d’œil, le nourrir
en son melon, le grossir en cette potiche gardeuse de billes, de pièces de monnaie, de fragments d’ongles de jade !
Exulte le chant très franciscain.
De l’attente enfiévrée, je sors très pâle et seul, près des ciseaux primaires.
Des masses de foin fondent.
On entend les osselets crisser, les drapeaux coudre leurs couleurs.

Car si je scie le doigt, je scie le feu, la flamme femelle du corbeau: anis, cannelle, pépins, levain, radis, poivre, voilà plus qu’il n’en faut pour survivre en ce cocon
touffu.
Tout fait farine à
Iveldingen.
Je me souviens: j’essuyais les cheveux, les vitres, les carreaux, les verres laissés à terre, que les bafouilleurs avaient oubliés.
Et nos enfants juteux marmonnaient maints embrouillaminis; lève un seul sabot: la houe rouille.
Fourre de papier le mannequin que tu portes sur le dos, tel un nain tatoué, un frelon nu qu’on châtre sous le préau.
Allonge un long membre dans la maison des doigts: lave le va-et-vient qui meurt dans la mort.

Coquin vêtu de vert, je t’embrasse en tes balafres, et te crie: scie les mains et les sabots, et cherche en ton chien les plumes ennuagées.
Viens avec moi: la peau tire les genoux vers les yeux ; je tue le feu, le linge où vit le plat papillon du front, les charbons délavés des veines, les pupilles mates des bambins
qui vont à l’école.
Et je me dresse, et je hurle à la hâte les indistincts mots du pus noir.
Voile, voile l’orage, l’organisation des pas du sable et du bois.
Rêveur chaud que la menthe assouvit, vis ici parmi les encres et les chiffons et les fragments de peau; pulpes, verrières, plantes grasses, émaux n’étoufferont pas la petite
femme dans la savonnette.

Opaque lointain.
Montagne en neige.
Le papier noyé boit les mots où la femme en lèvres fend le cuir dont tu sais les tendons, les mortes frondaisons.
Mirabelles dans des paniers de lin; fleur d’amandier dans l’œil.
De quel époux se séparer?
Je touche outre.
Au-delà des doigts, l’orfraie ou la haie fïleuse et ses chemins poudrés ou pointus, qui vont vers les étangs piles, les miroirs gredins, les puits vengeurs, d’où
sortent des brassées d’enfants minuscules.
Ah!
Sommet de nos centaines de vitres, de nos moleskines, de nos trajets coupés en huit.
Février est un homme court.
Les doigts pendus aimaient les doux vernis d’Isabelle en gris, les cœurs de jade ou de
Jacques.

Ma campagne passe par l’œil dont tu cousais l’étoffe, la blancheur canaille, la prunelle.
Et les cloutiers rêvaient.
Et les dormeurs, appuyés aux échelles, aha-naient.
Fruits duvetés des pommiers, la coque est pleine.
Hors d’ici, voleurs de filles; qui secondera les bras courageux de l’hyène et les efforts du grand cheval bleu?

Pourvu que j’écrive «froidure» ou «demi-sentier» ou «carcasse» ; haute givrée, la voici onglée sous l’œil jeune et je ne sais lui parler,
mangeant les mots qu’elle donne, hurlant «scalpel» , matins ouverts dans une maison, dans un oursin, dans une espagne à l’envers, où le nalôn se sert de mes mots.
Je juge un juste espoir.
Je pends le papier à l’aide d’un croc.
La main prend peur si le fruit rapetisse ou gagne le grenier vrai des filles qu’on engrosse, qu’on veut toucher demain dans la dent, toujours à l’intérieur.

Puisque claques font ténèbres, jeu de peuple en naufrage.
Ouvrier de bonne menthe, je sais que tu m’aimes.
Eclate.
Suis la poutre et saute à travers l’œil glacé de la poule ou fais semblant de l’enivrer, lucide.
Je suis l’odeur de mon odeur, corps déraciné qui naquit de mon ombre, dans la foulée d’un incendie qui marche à pas de sang dans mes membres, et mes vertèbres, et mes
épaules fragiles.

Et voici l’astuce, le terrain mou des yeux, des regards de glu sous la table.
Hésitez, soyez plus noir que l’horloge éventrée dans des jardins engloutis.
Je marche et suis vieillard.
Je marche dans le parleur orange, dans l’oreille immense d’un parc de vitres, où chaque plante sort d’un œuf.
Hurle ou ne hurle, tu verras des maisons sur le flanc, des enfants d’orge, qui viennent voir leur mère dans le ventre de ta mère.

A sombre venue, je lisse la chambre et suis organe de noir massage à travers maints ouvriers les pieds cassés, les moignons bien vivants dans des guêpes et des encriers nus, dont
j’étais le sauveur.
Perpétue la trace et le fol enjeu, damne et cloue, laitier bébé que je tatoue, que je traverse d’une masse argileuse, avec mes aigrefins, mes vautours pointus, mes cadenas
enveloppés de laine. À qui dirai-je que j’écris pour écrire un seul mot qui me tient à jambe?

Arrache à foudre sans demain le glas poilu de l’œil: déjà tu te sers des mâchoires pour avaler l’œuf premier, puis la langue, et des milliers d’amandes, dont le
goût te traverse, hors du toucher rêche.
Prunelles ou baies par tombereaux, assaillez-moi !
Pitié, poux ou arbres de noir rejet, vierges carnages !
Je dirai demain que je pars vers vos étraves, prêt à déchirer les jutes, les ganglions, les estomacs, les tissus somptueux des jaunes d’œuf, dans le dédale sec du
palais d’os que ma main possède.
Et je suis ici dans chaque cri qui coupe en deux la nourriture.
Ave.

Village dont on se sait brisé ou gourmand.
Je lance à bonne vitesse un flacon d’orange et je dors dans le village de mes épaules, dans le village de mes jambes, dans le village de mes yeux, dans le village de mes cheveux, dans
le village de mes ongles que je regarde souvent.
Ongles sans
Pyrénées, sans vains parloirs : êtes-vous là, étiez-vous là sans histoire, quand on me demandait d’entrer dans la prison
Saint-Léonard, poupée bouffie de son ?

Bois à goulée le citron, la neige, le thé.
Je n’écris pas, je mange à poings perdus dans ma vie effilée, fil tendu de l’ongle, où des cerfs lèchent un peu de bon sang pendu.
Je m’insurge à chaque rondeur du corps où mes mains inondent une douleur de grenade, un bon sens évidé: luxe ou taillis, réminiscence, plan d’eau vaine, plan de
verveine à chaque étage.
Au grenier, je nage entre les os norvégiens des enfants.
Je saute et diminue de clarté, car le tambour que j’ai aimé m’engrange et m’endors roulé dans un grain de sel.

Petits souliers mous, je vous aime, puisque je vis à
Halbachermuhle, dans un moulin creux, qui croît le long des aulnes, à
Amblève, où sont mes blancs parents, de longs chemins enroulés dans les jambes.
Quatre caisses de bois craquent, et mon cœur, mon corps allègent le feu qui palpe une dernière fois les hanches des branches, les landaus muets de quelque châtelain
cru.
Navigateur béni, crois-moi, je tiens à courts bras l’orfraie dont les plumes poissent le col ; ma femme plie le linge enneigé, les plies, les soles, dans l’armoire en
noyer.
Incestueux promeneur, mange ton ombre et grave, ce mardi, ton nom et le mien dans le cuir peureux, dans l’écorce mate.
Mille phalènes sont dans les yeux ; les fourmis, dans les jambes, ont des genoux minuscules, et nous économisons notre regard en ne le posant qu’où nos lèvres se posent, sur
le chemin chevelu de
Meyerode.

Glotte où petits oiseaux me font mourir de cris.
Sont, sont ainsi longs doigts de pied ou jouets de couleur pour de nègres oranges.
L’étouffement de la paume a permis le voyage : le voyeur est caché dans la dernière phalange et casse tout : les yeux qu’on gardait pour le bon regard, les pieds bots
empalés.
Ah! juristes sans vérité, que faire?
J’oins les parties de mon corps de liquide douceâtre et de miel et suce enfin arbres et robinets.
Passe, garde à cheval, et ne me crois pas.
Je vis le remous à l’intérieur du cœur et ne suis ici qu’en demi-voyageur.

Bête à bête.
On dit bien qu’on ira battre une panse à pleines mains, cacher dans la fontaine un gigot de velours, voler le cœur gonflé d’un garçon très noir, dont les muscles en
sommeil n’ont pas de nom, n’ont que fièvre sans foudre, ou jardin épais.
Je suis joyeux ; ceci me donne un remontoir de papier, puisque je vais à la campagne faire mûrir les tambours, récolter les rivières ou lécher l’eau pure, compter les
grains moussus, les cerises cerise.

Jacques Izoard

 

LE POUVOIR DE L’OISEAU 2


 

 

LE POUVOIR DE L’OISEAU 2

 

La sorcière glissée dans la rame bondée d’un transport en commun jette son dévolu sur l’enfant attablée dans le cerisier du jardin. Débouclant son plan de démolition, elle se colle au bruit de ferraille coulant dans le tunnel. Horrible accident. La petite est transe percée en Frida. A l’arrêt l’oiseau prend la main de l’enfant en lui disant:

-Ma petite Chérie c’est bien tu t’es pas gourée de station, te voilà grande…

Niala-Loisobleu – 29/02/20

 

LE POUVOIR DE L’OISEAU 1


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LE POUVOIR DE L’OISEAU 1

 

Des casseroles mises aux arbres en mobile, Calder lui-même ne pouvait arriver à faire croire qu’il n’était pour rien dans ce remugle. On le menaça des pires représailles s’il ne débarrassait pas le bois pour le remettre en clairière. Quand l’innocent se voit accusé il arrive qu’il tende son briquet pour en finir au bûcher. Je connais du marabout dont la ficelle fait autant de tort que le garrot. Enfant souviens-toi de Cendrillon qui conte l’injustice autour de Misérables sans scrupules. J’ai du feu dans mon creuset et l’airain amateur de socle statuaire, sans avoir le moindre goût pour les Gorgones qui médusent dans le miroir-piège qu’elles tendent au bord de la route. Sel que j’aime bat des ailes un abri  sur la tête et des oeufs dans le nid de son ventre dont elle se coiffe quand la tempête prend de mauvaises habitudes. Moi l’oiseau, sale type et peintre comme si c’était pas suffisant, le pouvoir que j’ai c’est de sortir la bonne couleur de la boîte magique pour que la voile claque en Elle. Oh c’est pas sorcier, c’est chamanique comme l’amour…

Niala-Loisobleu – 29 Février 2020

L’ESPRIT DE POÉSIE


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L’ESPRIT DE POÉSIE

Toute figure est figure de pensée… Une figure est celle du dieu de poésie Qui se glisse dans la forme de cette figure En ressemblant à s’y méprendre à cet hôte
qui l’accueille Pour y féconder Alcmène la poésie

L’esprit de poésie : un défieur de dieux qui invoque : « qu’est-ce que vous attendez ? ! » Cette durée ne peut pas durer ! Il faut que l’interminable soit ponctué
; qu’il y ait de l’interruption, du contour, de l’apparition, de la finition ! Venez. J’expose la peau ocellée d’Argus, une cotte de synonymes : Protée, montre-toi que je te
reconnaisse multiple, que je t’épèle à grande vitesse !

L’esprit de poésie compare l’ogre égarant ses enfants à la «forêt obscure» où Dante commençait par se perdre; il perd les «significations
admises», tout ce qui s’énonçait vite, ne demandait qu’à être identifié (et sans doute vaudrait-il mieux être égaré par une puissance que prendre
les devants par jeu, mais enfin il faut bien que quelqu’un commence) ; l’affaire ordinaire, le patent, l’envoyé loyal, le message escompté, il s’en impatiente ! Le trompeur
authentique, le déguisé, le fourbe de comédie, celui que le public a démasqué d’entrée de jeu ne lui suffit pas. Mais où est le dieu ? Dans les
tragédies, le dieu ? Celui qui est autre qu’on croit, non par férocité mais parce qu’on ne pourrait l’accueillir, l’excessif, qui éclipserait. Ou alors il y aurait deux
dissimulations, et la première, sympathique et remédiable, pour nous préparer à l’autre, « tragique » ? Celui qui est et n’est pas — ce qu’il est.

Et les dieux ont appris aux hommes par les arts à recevoir, à pouvoir recevoir, toute chose comme un dieu, pour ce qu’elle est en étant autre (en excès, en
à-côté), autre que ce que c’est qui la comporte, dans quoi elle vient; en étant comme cela qui s’annonce, c’est-à-dire irréductible à cela qu’elle paraît
masqué par son apparaître, par son être-vrai même. L’artiste apprend à ménager, d’un rapport indirect, le « dieu inconnu » en tout. Le dieu est ce qui
remplit la forme humaine, parfois trop humble comme Déméter, en retrait dans le visible, pour suggérer l’inégalité de la visibilité à l’être, la «
différence de l’être et de l’étant » ?

Ainsi est-ce l’épreuve par tout : reconnaître le dieu. Il s’agit de ce qui excéderait la vie dans la vie, le dieu amour, « promis à tous », en tout cas à toi,
à toi, à toi… C’est ton tour. Et si tu ne l’accueilles pas en quelque mode, tant pis pour toi, « tu auras vécu en vain ».

Même la comédie murmure «c’est votre affaire», de le reconnaître dans ce valet, ce double, cette erreur, cette coquette. Il n’est pas réservé aux Princes de
la tragédie ; il ne s’agit pas que de mourir.

 

Michel Deguy

A 16 H 55


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A 16 H 55

 

Alentour la couleur stagne entre deux larmes

Dedans le bouche à bouche lève le tapis

Je sens battre les poings contre ma poitrine

Par la plaie la nature s’exprime

Dis sa souffrance

Rugis

Tempête

On ne peut pas voir apparaître les habitants

Il est trop tôt

Cependant ils collent au serein

La place de leur âme est  dans la nappe

La vie n’accepte pas de se suspendre elle est en voix

Niala-Loisobleu – 28 Février 2020

LA SCENE DU CRIME


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LA SCENE DU CRIME

La lumière gît

découpée en morceaux

jetés par les fenêtres

D’un pas anonyme

l’intime

pensée

et le couteau vont

En posant les scellés

sur l’apporte coincé

le commissaire a dit

adjugé

Niala-Loisobleu – 28 Février 2020

SI, NON, JE…


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SI, NON, JE..

 

Si là c’est gris comme méchant

à l’aimerie de mes brosses

je frotterai jusqu’à trouver le damier où j’avance rose d’un jaune de meules à affûter la morsure du coupé

et au regain pris pour reconnu je léguerai mon chant aux oiseaux en partant…

 

Niala-Loisobleu – 28 Février 2020

 

MONSIEUR CRABE, CET HOMME CADENAS


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MONSIEUR CRABE, CET HOMME CADENAS

Merci j’éternue du sol le plus creux d’où les os les pleurs les oiseaux de la peur montent et sautent à la corde des puits de feu de la nuit de la fin des mondes et des lieux il
semble que parfois et toujours si l’on vient préviens-moi je serai sur mes gardes et la peur qui s’enfuit par les fentes des nuits les failles de la mémoire les courbures du ciel et
les hanches des marbres aplatira tout court il demeure évident pour quelques-uns dont l’âne que l’heure est grave et la moisson sempiternelle des comètes et des coccinelles ne
laisse rien prévoir du prochain déluge qui attend debout derrière la porte de l’occident des grandes eaux l’espace diminue à vue d’œil et prend la forme d’une oreille
à laquelle on ne peut plus s’habituer malgré la sincérité désespérée des efforts dérisoires tant il est dur de se faire à l’oreille lorsqu’on a
vécu d’espérance depuis la plus tendre enfance à fond de cale et faction dont les phénomènes particulièrement pointus furent rendus roulants par
l’éminent
Bœuf s’il peut agir de lui dans ce cas éclairant occupez-vous plutôt des scies du ciel et des offrandes je dis j’offre et je prends de ma main rapace et pourrissante ce que je
donne en retenant entre les dents des éboulis de cris à m’en boucher la bouche flambons ensemble enfant trop belle flambons en flamme à l’unisson brisante amante dans la
sécheresse éperdue des cendres chaudes et des manchots rôtis dont les jambes sont déjà loin disparaissent derrière la courtine de l’horizon qui court en rond
l’anneau du ciel qui tourne parce que c’est là son rôle le plus vain mais le plus vénéneux il ne reste plus rien dans cette coupe creuse que l’écho mort et renaissant
tous les mille ans de l’antique appel dont le son déchirant a pénétré la première nuit de l’intérieur de l’homme de cette grande horreur que l’on a dit panique
alors qu’elle est sans nom tais-toi au premier tournoiement des frondes la voie lactée se décroche et se noue en écharpe autour de la statue en forme de poire élevée
à la mémoire des morts de rire étouffant fin tragique

Roger Gilbert-Lecomte