
AUBE
Au touché du coq
mon rêve poursuit son vol
et se glisse entre les herbes
luisant comme un vers
Il pleut de ton corps
le bain où je nage
odorant de bleu-nuit qui se lève en rose.
Niala-Loisobleu – 19 Juin 2021
AUBE
Au touché du coq
mon rêve poursuit son vol
et se glisse entre les herbes
luisant comme un vers
Il pleut de ton corps
le bain où je nage
odorant de bleu-nuit qui se lève en rose.
Niala-Loisobleu – 19 Juin 2021
Du Profane au Camino del indio – Atahulpa Yupanqui & Niala
Se cacher habillé ou s’apparaître nu ?
Déformer ou se reconnaître ?
Le profane initiera le choix d’être ou de ne pas
La montagne est fête de sa glissade ou de son escalade…
Niala-Loisobleu – 21 Juin 2021
CAMINO DEL INDIO
Sentier de Colla
Sendero colla
Semer des pierres
Sembrao de piedras
Caminito del Indio
Caminito del indio
Qui rejoint la vallée avec les étoiles
Que junta el valle con las estrellasPetit chemin qui marchait
Caminito que anduvo
Du sud au nord
De sur a norte
Mon ancienne race
Mi raza vieja
Avant dans la montagne
Antes que en la montaña
La pachamama était obscurcie
La pachamama se ensombrecieraChanter sur la colline
Cantando en el cerro
Pleurer dans la rivière
Llorando en el río
Il s’agrandit dans la nuit
Se agranda en la noche
Le chagrin de l’Indien
La pena del indioLe soleil et la lune
El sol y la luna
Et cette chanson à moi
Y este canto mío
Ils ont embrassé tes pierres
Besaron tus piedras
façon indienne
Camino del indioDans la nuit de la montagne
En la noche serrana
La quena pleure sa profonde nostalgie
Llora la quena su honda nostalgia
Et la petite route sait
Y el caminito sabe
Qui est le chola
Quién es la chola
Que l’indien appelle
Que el indio llamaMonte sur la colline
Se levanta en el cerro
La voix douloureuse du baguala
La voz doliente de la baguala
Et la route regrette
Y el camino lamenta
Être à blâmer
Ser el culpable
De la distance
De la distanciaChanter sur la colline
Cantando en el cerro
Pleurer dans la rivière
Llorando en el río
Il s’agrandit dans la nuit
Se agranda en la noche
Le chagrin de l’Indien
La pena del indioLe soleil et la lune
El sol y la luna
Et cette chanson à moi
Y este canto mío
Ils ont embrassé tes pierres
Besaron tus piedras
façon indienne
Camino del indio
Atahualpa Yupanqui
LE VOYAGE DE PLUME DOIGTS
Des stances transparentes traversent les pas perdus
Propre qui sale l’eau douce d’un frottis sorti d’art-re du coquillage
la coquille étape et gîte le chemin de St-Jacques
On voit plus loin du haut des tours
quand la main d’un signe écrit de ses lèvres le noir regard bleu de ses yeux
sous la voile être
Saxifrace au bec l’oiseau rocaille le rempart..
Niala-Loisobleu – 13 Juin 2021
Jacques Bertin – Un voyage
J’ai retrouvé dans la coque la vieille fêlure
L’humidité qui suinte comme l’éternel poison
Et j’ai pleuré, assis la tête contre la cloison
De l’autre côté le moteur battait son chant profond
Celui qui vient de l’enfance
Et dont les basses fréquences
Toujours ont raison
Où tu vas poser ton sac
Fais un lit avec tes larmes
Il flottait dans cet endroit une odeur de goudron et d’urine
Gravé dans le travers de la blessure on distinguait un nom
Une illusion ou un message ou une marque de fabrique
Le monde passait contre les hublots lentement comme un monde
Les façades prétentieuses croulaient dans les angles morts
On voyait des visages de femmes glacées et pensives
Marquant la brume comme d’immatures soleils d’hiver
Je ne sais pourquoi je me bats le bateau me conduit dans l’aube
Ah vers la haute mer, bien sûr, comme chaque matin
Je me retrouve faisant mon méchant trafic dans un port incertain
Il faut payer cash, en devises fortes et avec le sourire
Je ne sais pourquoi je me bats. J’ai pleuré dans la chaleur torride
Le monde est beau! Les femmes se donnent avec des airs de s’oublier!
Nos victoires sont devant nous qui nous tendent la main!
Où tu vas poser ton sac
Fais un lit avec tes larmes
MAUVAIS SIGNE ?
Au bord de l’eau, tournant la tête à la rivière
il s’exclut du miroir
L’alouette qui chante met l’accent sur la déconvenue
Cette chaleur écrasante brûle de lave
Un échassier des Landes au-dessus des moutons, traverse du regard l’interdictio de se baigner
Gare à la baïne en embuscade au plus innocent de la plage
Rose comme lune être ne corrige en dioptrie que dans le choix des montures
Il rêve de monter un cheval qui serait de cette couleur pour finir le tour des Tours.
Niala-Loisobleu – 11 Juin 2021
PORTE PLUMES
Je crie au vent
la droiture de ta diagonale
avec les demains appuyés au plus noueux du tronc
Et j’en chante ventriloque la saveur gardée sur la langue
Avec l’enfant qui dit non
je fais oui sans opiner
Tenons bon
Je roule à plus de 80
vie rage à la corde
armée à la fourche de mon lance-pierre
pour rester le voleur d’ô qu’on range pas en dehors des panières ibériques, en pinçant les herbes de rousses heurs du champ de ma guitare
Pour te voir danser comme la mer.
Niala-Loisobleu – 8 Juin 2021
Devant cet arbre immense et calme
Tellement sûr de son amour
Devant cet homme qui regarde
Ses mains voltiger tout autour
De sa maison et de sa femme
Devant la mer et ses calèches
Devant le ciel épaule nue
Devant le mur devant l’affiche
Devant cette tombe encor fraîche
Devant tous ceux qui se réveillent
Devant tous ceux qui vont mourir
Devant la porte grande ouverte
A la lumière et à la peur
Devant Dieu et devant les hommes
A chaque vie d’être vécue.
MINE DE RIEN
Mine de rien et une allure de faux pâtre-grec proposant du fruit rouge d’hameçonnage pour trouver crédit
le bâton n’est pas la canne de Compagnon
on ne peut confondre la mer et la Mère d’une Cayenne qui libère au lieu de faire de vous un forçat d’un ancien bagne
Le camouflage est de mode
comme le temps tout sourit jusqu’à la grimace de l’heure suivante
Il a une gueule d’ange, méfies-toi de l’intelligence artificielle
c’est peut-être un parachutiste hacker qui vient s’approvisionner chez toi…
Niala-Loisobleu – 2 Juin 2021
nous allons nuages parmi les esquimaux
embellir la convalescence de nos pensées botaniques
sous les crépuscules tordus
ordure verdie vibrante
blanc
j’ai rangé mes promesses confiserie hôtelier dans sa boutique
paulownias définitives
l’éloignement se déroule glacial et coupant comme une diligence éloignement pluvieux
adolescent
ailleurs sonore
piéton fiévreux et pourri et
rompu et broderies réparables
je pensais à quelque chose de très scabreux
calendrier automnal dans chaque arbre
mon organe amoureux est bleu je suis mortel monsieur bleubleu
et du cadavre monte un pays étrange
monte monte vers les autres astronomies.
Tristan Tzara
dimanche lourd couvercle sur le bouillonnement du sang
hebdomadaire poids accroupi sur ses muscles
tombé à l’intérieur de soi-même retrouvé
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous nous réjouirons au bruit des chaînes
que nous ferons sonner en nous avec les cloches
quel est ce langage qui nous fouette nous sursautons dans la lumière
nos nerfs sont des fouets entre les mains du temps
et le doute vient avec une seule aile incolore
se vissant se comprimant s’écrasant en nous
comme le papier froissé de l’emballage défait
cadeau d’un autre âge aux glissements des poissons d’amertume
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les yeux des fruits nous regardent attentivement
et toutes nos actions sont contrôlées il n’y a rien de caché
l’eau de la rivière a tant lavé son lit
elle emporte les doux fils des regards qui ont traîné
aux pieds des murs dans les bars léché des vies
alléché les faibles lié des tentations tari des extases
creusé au fond des vieilles variantes
et délié les sources des larmes prisonnières
les sources servies aux quotidiens étouffements
les regards qui prennent avec des mains desséchées
le clair produit du jour ou l’ombrageuse apparition
qui donnent la soucieuse richesse du sourire
vissée comme une fleur à la boutonnière du matin
ceux qui demandent le repos ou la volupté
les touchers d’électriques vibrations les sursauts
les aventures le feu la certitude ou l’esclavage
les regards qui ont rampé le long des discrètes tourmentes
usés les pavés des villes et expié maintes bassesses dans les aumônes
se suivent serrés autour des rubans d’eau
et coulent vers les mers en emportant sur leur passage
les humaines ordures et leurs mirages
l’eau de la rivière a tant lavé son lit
que même la lumière glisse sur l’onde lisse
et tombe au fond avec le lourd éclat des pierres
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
les soucis que nous portons avec nous
qui sont nos vêtements intérieurs
que nous mettons tous les matins
que la nuit défait avec des mains de rêve
ornés d’inutiles rébus métalliques
purifiés dans le bain des paysages circulaires
dans les villes préparées au carnage au sacrifice
près des mers aux balayements de perspectives
sur les montagnes aux inquiètes sévérités
dans les villages aux douloureuses nonchalances
la main pesante sur la tête
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous partons avec les départs arrivons avec les arrivées
partons avec les arrivées arrivons quand les autres partent
sans raison un peu secs un peu durs sévères
pain nourriture plus de pain qui accompagne
la chanson savoureuse sur la gamme de la langue
les couleurs déposent leur poids et pensent
et pensent ou crient et restent et se nourrissent
de fruits légers comme la fumée planent
qui pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu’on appelle nous
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
nous marchons pour échapper au fourmillement des routes
avec un flacon de paysage une maladie une seule
une seule maladie que nous cultivons la mort
je sais que je porte la mélodie en moi et n’en ai pas peur
je porte la mort et si je meurs c’est la mort
qui me portera dans ses bras imperceptibles
fins et légers comme l’odeur de l’herbe maigre
fins et légers comme le départ sans cause
sans amertume sans dettes sans regret sans
les cloches sonnent sans raison et nous aussi
pourquoi chercher le bout de la chaîne qui nous relie à la chaîne
sonnez cloches sans raison et nous aussi
nous ferons sonner en nous les verres cassés
les monnaies d’argent mêlées aux fausses monnaies
les débris des fêtes éclatées en rire et en tempête
aux portes desquelles pourraient s’ouvrir les gouffres
les tombes d’air les moulins broyant les os arctiques
ces fêtes qui nous portent les têtes au ciel
et crachent sur nos muscles la nuit du plomb fondu
je parle de qui parle qui parle je suis seul
je ne suis qu’un petit bruit j’ai plusieurs bruit en moi
un bruit glacé froissé au carrefour jeté sur le trottoir humide
aux pieds des hommes pressés courant avec leur morts autour de la mort qui étend ses bras
sur le cadran de l’heure seule vivante au soleil
le souffle obscur de la nuit s’épaissit
et le long des veines chantent les flûtes marines
transposées sur les octaves des couches de diverses existences
les vies se répètent à l’infini jusqu’à la maigreur atomique
et en haut si haut que nous ne pouvons pas voir avec ces vies à côtés que nous ne voyons pas
l’utltra-violet de tant de voies parallèles
celles qui nous aurions pu prendre
celles par lesquelles nous aurions pu ne pas venir au monde
ou en être déjà partis depuis longtemps si longtemps
qu’on aurait oublié et l’époque et la terre qui nous aurait sucé la chair
sels et métaux liquides limpides au fond des puits
je pense à la chaleur que tisse la parole
autour de son noyau le rêve qu’on appelle nous.
Tristan Tzara
René Guy Cadou
« La nuit ! la nuit surtout… »
La nuit ! La nuit surtout je ne rêve pas je vois
J’entends je marche au bord du trou
J’entends gronder
Ce sont les pierres qui se détachent des années
La nuit nul ne prend garde
C’est tout un pan de l’avenir qui se lézarde
Et rien ne vivra plus en moi
Comme un moulin qui tourne à vide
L’éternité
De grandes belles filles qui ne sont pas nées
Se donneront pour rien dans les bois
Des hommes que je ne connaîtrai jamais
Battront les cartes sous la lampe un soir de gel
Qu’est-ce que j’aurai gagné à être éternel?
Les lunes et les siècles passeront
Un million d’années ce n’est rien
Mais ne plus avoir ce tremblement de la main
Qui se dispose à cueillir les oeufs dans la haie
Plus d’envie plus d’orgueil tout l’être satisfait
Et toujours la même heure imbécile à la montre
Plus de départs à jeun pour d’obscures rencontres
Je me dresse comme un ressort tout neuf dans mon lit
Je suis debout dans la nuit noire et je m’agrippe
A des lampions à des fantômes pas solides
Où la lucarne ? Je veux fuir ! Où l’écoutille ?
Et je m’attache à cette étoile qui scintille
Comme un silex en pointe dans le flanc
Ivrogne de la vie qui conjugue au présent
Le liseron du jour et le fer de la grille
René Guy Cadou
Le diable et son train
Chez l’auteur, 1949
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