La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Tu disposes d’une audience, d’un public, d’une écoute. Tu vis de ton art. Tu l’exerces dans une certaine liberté. Néanmoins, la reconnaissance de ton travail n’est pas à la hauteur attendue. Quelle est ta vision des choses autour de « la réussite », la médiatisation ?
Je crois que tout être,– artiste ou pas –, un jour ou l’autre, souffre d’un manque de reconnaissance. Qu’il soit dans une entreprise, une école, sur une scène ou dans un hôpital, il se sent blessé par l’indifférence ou le mépris. Chacun le prend sur soi avec plus ou moins de bonheur, mais on voit bien que c’est de plus en plus source de conflits, de violences. Il faut être efficace et rentable. Le profit déshumanise les rapports. Dire cela paraît évident. N’empêche que c’est bien là le cœur du malaise ! Aujourd’hui, le peuple n’a pas la place qu’il mérite dans la société. On l’a transformé en clientèle. C’est triste à dire mais les gens sont malheureux parce qu’ils ne peuvent pas dépenser l’argent qu’ils n’ont pas gagné. Quant au monde des Arts et Lettres, il est sous contrôle tacite de l’Université, de l’Édition et du Ministère de la Culture qui n’ont, quoiqu’ils s’en défendent, qu’un vague intérêt – quand ce n’est du mépris – pour la culture populaire, nous en avons déjà beaucoup parlé. Ils l’ont abandonnée aux puissances mercantiles au nom d’une liberté qu’ils appellent « libéralisme ». Aujourd’hui, c’est honteux d’être populaire ! Il y a des glissements sémantiques qui m’affligent. Quand je dis « chanson », par exemple, je ne dis pas « produit », ni « créneau », ni « tube », ni « marchandise » ! Se définir comme « poète » en France, c’est passer pour un pédant, un prétentieux. C’est un signe distinctif. Le conducteur conduit, le boulanger fait du pain, l’enseignant enseigne, mais celui qui écrit toute sa vie des poèmes et qui ne fait que ça, il a honte de se définir comme « poète ».
Tu parles de tous ces artistes non médiatisés, de ces chanteurs pleins de talents en manque de dates. Tu es pour une nouvelle poésie du catalogue ? Une liste de poètes chanteurs ?
Je peux effectivement t’en citer quelques-uns, en vrac, dont j’apprécie le talent ou l’amitié, souvent les deux : Allain Leprest tout d’abord, à tout seigneur tout honneur, avec ses chansons magnifiques, – sans doute le plus brillant d’entre nous – un des êtres aussi les plus adorables qu’il m’ait été donné de rencontrer ; Michèle Bernard et son talent d’orfèvre tous azimuts, l’une des plus grandes chanteuses de notre génération ; Gilbert Laffaille, si grave sous le pastel, si profond sous la dentelle, pudique et drôle, énorme et retenu, chanteur de première classe ; Bernard Joyet, éblouissant de talent, mélangeant l’allégresse, le rire, l’impertinence, l’émotion, la gravité ; Louis Arti, prince de l’art brut, écorché imprévisible, fascinant parfois, que je ne peux m’empêcher d’aimer en bloc ; Michel Arbatz, le fin technicien du vers, dandy de la langue et du poème, jubilatoire ; Gérard Morel, comédien, chanteur, humoriste, un être exceptionnel, un délice, un ami, rien à jeter ; Luis Llach, le catalan inoubliable à qui je dois la plus grande des émotions qu’il m’ait été donné de vivre, à la Halle aux Grains de Toulouse, en juin 1986 avec l’orchestre de Lille sous la direction de Jean-Claude Casadessus ; Môrice Benin, foisonnant, fidèle, prolixe, généreux, présent, engagé, mon vieux frère ; Richard Desjardins, le plus considérable des chanteurs québécois vivants – avec le grand doyen Gilles Vignault que je salue au passage –, à la langue admirable, un interprète et accompagnateur hors norme ; Bernardo Sandoval, mon frère animal qui chante avec ma langue interdite, notre langue intérieure ; les Chansons Plus, le rire absolu, voix de haute précision, trio d’exception, modestes comme ceux qui ont tous les talents ; Ariane Dubillard, la belle de tous les risques qui enchante à chaque présence ; Christian Camerlynk, interprète majeur, d’une grande finesse, tant sur ses choix que dans ses prestations ; Alain Nitchaeff, ou la tendresse violente du comédien écorché ; Philippe Forcioli, archange sifflotant entre les oiseaux et les chansons ; Jehan, interprète géant et rare de l’ivresse amoureuse ; Jofroi, le belge du midi, bel humaniste, enchanteur aussi des enfants ; Martine Caplanne, voix grave et prenante, la servante, – au sens noble –, des poètes ; Jean-Michel Piton, à la puissance fragile qui m’émeut sur le fil ténu de sa vie ; Rémo Gary, ciseleur infatigable à la voix aussi juste que ses mots, pour le meilleur de la chanson majeure ; Al, le nonchalant blessé qui s’excuse presque de rire pour mieux cacher les ébréchures de sa vie ; Romain Didier, virtuose mélodiste à la tendresse élégante, aux chansons légères et séduisantes qui taisent avec pudeur ses abîmes ; France Léa, chroniqueuse drôle et impitoyable de toutes les femmes qui sont en nous ; Pascal Mathieu, grand bretteur d’une langue qui fait souvent mouche ; Serge Utgé-Royo, l’homme debout et précis, le tendre militant, mon camarade ibérique ; Xavier Lacouture, grand duduche aux fêlures sublimes sous son esprit potache ; Évasion, femmes aux voix qui m’émerveillent, m’éblouissent, interprètes fabuleuses, puissantes, chaleureuses, engagées, dansantes aussi ; Christian Paccoud, l’anar qui, de sa voix tragique me touche à chaque fois là où il faut ; l’ogre Juliette, reine du jambon, que j’aime et qui me donne faim, de tous les talents, même celui de devenir célèbre – mais a-t-elle encore sa place dans cette liste ? – ; Yannick Jaulin, chanteur et conteur d’une grâce et d’une inventivité qui m’éblouissent ; Yves Russet, chanteur lunaire et secret que je sais, que je veux, que je sens fidèle sur nos routes cahotantes et solitaires ; Laurent Berger, silhouette magique dessinant un univers séduisant et si particulier ; Sarclo, délicat et grossier, jamais vulgaire, classieux et fouteur de bordel dont j’envie en secret depuis des années la plume légère, vitriolée, impertinente ; Hervé Suhubiette, chanteur impeccable qui suit sa belle route, avec modestie, talent, musicalité ; Michel Bühler, l’une des plus grandes et des plus généreuses voix de l’Helvétie ; Bea Tristan, qui, de sa voix et de son écriture originale et envoûtante s’insinue en nous comme on entre en paysage ; Loïc Lantoine, au verbe d’alcool, fils incontesté de Dimey et de la dive chanson parlée ; Véronique Pestel, belle de ses blessures, puissante et fragile, proche et inaccessible ; André Mainvielle, bidouilleur de génie qui occupe une place si particulière, si originale et si indispensable à la chanson d’aujourd’hui ; Claude Semal, le nouveau roi des Belges après Julos le Magnifique, noblesse du peuple, comédien et chanteur engagé qui me fait tant de bien d’exister ; Éric Lareine, fils du grand Tom Waits, la grâce au couteau, venu du rock expérimental pour fouler souvent avec bonheur et force les voies aventureuses et peu fréquentées de l’improvisation ; Yvan Cujious, nouveau prince toulousain de la chanson jazz et généreuse ; Michel Vivoux, sans doute le chanteur qui, sur scène et dans la vie, m’aura fait le plus rire ; Bacchus, militant des hommes à la fougue attachante, la blessure qui tâche ; Dick Annegarn, l’artisan solitaire et imprévisible, celui qui aura eu le courage de dire non, avec panache, au grand business ; L’immense Clémence Massard, à mon sens, la plus prodigieuse comédienne actuelle de la chanson ; le très regretté Bernard Haillant qui me manque tellement et dont j’envie la foi et cette discrète présence inoubliable ; Jean-Roger Caussimon et Boby Lapointe, pour leurs lampes maîtresses qui auront tenté d’éclairer mes premières chansons ; Jean Vasca, le vieil ami, le grand frère, dont je n’en finirai jamais de célébrer l’œuvre magistrale, admirable et qu’on n’a pas fini, croyez-moi, de découvrir ; Gilles Elbaz, l’oriental de Lorient au charme intense que je n’ai jamais oublié, que je n’oublierai jamais ; Ricet Barrié, l’artisan indispensable, incontournable, le plus beau sourire de la chanson franco-suisse ; Giani Esposito, parti trop tôt, à la présence incandescente, inimitable, inégalée, incarnation de l’élégance ; Jean-Max Brua, le cow-boy de Brive qui nous a laissé des trésors de chansons ; Christian Dente, parti lui aussi, qui nous enchante encore de ses petites histoires chantées ; Jacques Serizier, la cerise gourmande sur mon gâteau rieur, mon premier émerveillement de chanteur sur scène, à huit ans, avec celui de James Ollivier ; Anne Sylvestre, femme essentielle, référence de l’écriture rigoureuse, exacte ; Francesca Solleville, femme debout, belle, à la voix visitée, la simplicité hors norme, que j’aime d’une tendresse infinie ; Gérard Pierron, le cheminot du peuple magnifique qui chemine sur des chemins que je partage ; Claire, la si bien nommée lorsqu’elle chante, la trop rare aussi sur les scènes de France ; Jean Sommer, seigneur discret de Gennevilliers au bout du monde, bluesman des chiens et de Chez Henri ; Hélène Martin, la pionnière, l’éclaireuse, l’élégante, l’amie des grands poètes ; Colette Magny, ma mère symbolique en chant, sauvage et indispensable à mon salutaire déséquilibre et qui, pour moi, ne sera jamais tout à fait morte. Et puis encore et toujours, Jacques Bertin, le plus grand depuis Léo Ferré et Felix Leclerc, et puis toujours et encore Jacques Brel et Georges Brassens, mais là nous sommes sur des cimes. Sans oublier bien sûr l’un des derniers géants vivants de cette chanson qui a toujours accompagné ma vie, Jean Ferrat, maître absolu de la chanson populaire et engagée – à gauche –, sans qui, – je n’ai pas peur de le dire –, Louis Aragon ne serait sans doute pas totalement ce qu’il est dans notre mémoire collective. Et j’en passe et j’en oublie, évidemment, de ces jeunes et vieux chanteurs qui, tous ou presque, continuent de chanter parfois depuis de très nombreuses années, jamais ou presque sur les radios et télévisions nationales, jamais pour la plupart, signés par une major. Qu’ils me pardonnent enfin tous ceux que j’aime et que je ne cite pas ici, qui font un travail honnête et consciencieux, amateurs et professionnels, tous ceux qui se cherchent et qui méritent d’être entendus et aimés, tous ceux qu’il me restent encore à écouter, à voir, à découvrir. Tous ceux qui sont morts et dont on n’oubliera pas les chansons, souvenirs aussi de grands moments de spectacles. Tous ceux aussi qui se sont arrêtés un jour de chanter, par choix ou par nécessité, pour suivre d’autres chemins de création.
C’est tout ?
Non bien sûr. Comme le faisait remarquer Stendhal : « Plus on plaît généralement, moins on plaît profondément ». Tous ces artistes, de ce monde luxuriant, insolite, singulier, au parcours cahotant de trafiquants de mots chantés, scandés, proférés dans l’écrin de la chanson, art du peuple par excellence, ceux sont mes vrais compagnons de route. Dans une société qui abolirait la dictature commerciale, ils seraient autres. Il suffirait de donner plus de facilité à ceux qui veulent cultiver cette curiosité, arme absolue contre la bêtise. Voilà tout.
Bruno Ruiz, entretien avec François André extrait de Le miroir et la vitre, pages 217/223, Editions Ithaque, 2008
Midi dormant. Trembleur, voici les écoutilles, les bâts, la rivière au long cou dont je touche l’embellie, la pierre-fendre ou le lit. Voici repos carré, bonne entente. Rêvons de muscles ou de leviers, de jardins tués, de grenouilles, d’attelles, de piliers du cœur. Pâle, ô parle ou fais parler ceux qui nous caressent, excitateur savant des tempes, grand chemin que la foudre mord, malmène, détruit. Blanche, la secousse assaille le bref délire, le doigt creux, le sommeil soudain, la camarde.
Blanc d’œuf. Luge.
Bon caillot léger du coude.
L’épicier dort dans l’œil
d’un borgne à court d’haleine.
L’épervier pille le cœur
d’un dormeur qui nage.
Et les doigts touchent
l’obscur pays
des sabots wallons,
le miroir exsangue, la châtaigne.
Femme au lever des bras :
la main descend près du visage.
Nous nous parlons. Cheveux.
Noyaux. Jardins qui tombent.
Âne très blanc de ton corps,
qui est un corps de femme,
un corps qui vint ici,
qui n’est que salive,
et sueur, et eau.
Pouce au doigt sans engeance.
Grand parc de poudre aux yeux.
Jubilation du sommeil
entre les jambes.
Cheville de verre: longue sarbacane où vit le maigre voleur de sable qui dort dans mes cheveux. J’appelle à l’aide: roule ta bosse, tambour; petites femmes sans chaussures, fermez les yeux du mort.
La marche est légère : je donne à mes doigts le feu des cerises. Le savon, dans la cruche, pierre de patience, douceur d’eau douce, a le ventre moins rond qu’une fille rieuse. Une échelle de voleur sort du puits sans vacarme.
La langue est dans la langue
un mot qu’on ne dit plus :
la main touche la main
la plus blanche ou la plus gelée.
Tu vis dans le fourreau
d’une chambre étroite.
Et le frère et le voleur savent
les objets que tu veux :
le poing tout près du cœur,
l’aiguille dans la paille,
l’étui moussu du feu,
le gouvernail contre la jambe.
Les jambes dans l’herbe, serrent les jambes et les jambes. Je volais ta langue, tes doigts et tes toupies, voleur couvert de froid dans le village du dimanche, dans la chambre du tambour. Tu mords la laine ou le feu, tu aimes ce que tu aimes : l’animal cousu, la pierre trouvée, le doux venin de l’œil, le givre allongé de l’arbre.
À respirer l’ail. Toupie crie crécelle. À respirer la craie. Le cri déchire l’œil. À respirer la menthe. Doux feu l’endort. À respirer ma propre haleine.
… et me dit que j’arrache
poutres et balivernes.
Et que je cesse d’être
domicile de sable
ou serre sans chaleur.
C’était écrit quelque part :
c’était ce peu de peau
qu’on cherche et qu’on caresse.
On respire l’odeur
des maisons qu’on détruit.
Le bon chemin dort dans la loutre. (Est-ce un animal ?) Le venin rond, le pouce affûtent le fil de l’œil. J’embrasse la crosse d’une arme vaine dont je trouve le nom sous l’écorce peinte de tel arbre debout.
Je dirai septembre de sangliers dont on meurt ; glacis des châtaignes dans chaque poing, chaque doigt, chaque phalange. Et nos villages traversés d’enfants. Nos oursins gonflés de jaunes d’œufs. Mais rien n’est gelé dans l’œil: la petite pupille rétrécit. Le levain dort dans l’avoine à coudre. On enveloppe de laine chaque regard qui vit sa propre vie. Déjà, l’on dit déjà; l’on refait le mouvement du bras gauche qu’on croyait perdu. Vents et marées sont vents et marées.
Sous l’escalier, le front de taille étouffe les mineurs allongés, qui ont dans le front cent lampes de papier bleu. Nous voici montant vers la colline, calvaire, cal, carcan sans soleil. Avec des enfants creux et légers.
Vingt élèves dorment la tête dans le foin, les membres immobiles, les yeux sous les paupières comme de minuscules collines cachant des mines d’or. Et les nerfs sont dans la jambe. Et les doigts serrent les caresses: fourrages, prunes, œillets, pierres sans odeur, grains fructueux, tout se tait. (Les grands enfants n’ont qu’un poing endormi !) Je n’ai jamais connu la moindre chose: ni les chemins pointus ni les étangs trouvés ni les langues arrachées. Voici que vient le paysan patient sur les épaules d’un promeneur de laine. On crie dans la bouche. On vit dans le bras gauche. Les ongles sont des faux. Les onguents apparaissent à travers la peau: sang toujours plus rouge qu’on ne croit, fouillis de fibrilles, lait qui fait le sourd bonheur du sein. Et l’on voyage comme un passeur d’eau. On coupe le papier. On écrit le poème.
Ici montèrent cagoules et essieux. Arbres surplombent et le nom de pierreuse évoque tombereaux d’oursins, de cailloux lisses. Haleine très lente de quelques alpinistes. Soutènement du cœur, dont l’aorte bat. Carré de soleil de quatre mètres sur trois, qui annonce l’ère de ce qui est, de ce qui vit autour de nous.
Pâle escalier où coule à coulée claire un soleil d’octobre. Le raidillon déguerpit vers les terrils anciens, où vivent les cœurs noirs des mineurs, à la bonne franquette du charbon.
Le tissu nerveux, l’eau-de-vie fêtent la campagne et les monts quant à moi, je marche et marche, et serre osselets ou marrons, billes. Dès que l’odeur blanche envahit les tilleuls, je dors avec des femmes. Je nourris mon sommeil de jambes ou de lèvres. Un chat mange la main d’un dormeur endormi.
Mont de l’épaule,
écart bleu de l’œil à l’œil,
chemin d’une seule veine
qui fait le tour du corps…
La carcasse te protège
des pics, des aiguilles;
ma maison très petite
est dans ma bouche,
y entre qui veut,
vêtu, dévêtu, libre
d’aller et de venir
avec des doigts ou des corolles
La tempe du sabot dort dans le poing de l’œil. Quelle cruche alléchée fait sourde panse? Qui tue le sommeil dont le bon grain nous comble ? Affût pur des oiseaux que la main libère.
Je tourne en rond dans l’œil d’un voyeur du dimanche. Union des fées et des sabots Épave, écharde, étrave… Basse amitié des morses, passe d’armes et de ciguës. Je vole ta langue, ma double voix déchire mon frère le plus pur.
Ceci explique l’hiver, la maisonnée: pots de tabac, maillets, voix de bébés, noisettes. L’escalier de laine offre aux visiteurs barres de cuivre, tapis de cent ans. Le bon tonneau cache les vêtements du mort
Ville de mille chambres:
les grands chameaux, le brouillard
l’enjambent, la dissimulent.
Cafés bleus du Carré.
Bon tabac doré de Meuse.
Pêle-mêle ou mêle-pêle,
enfants pâles et pierreux :
voici les teinturiers
de bon teint, de grand teint,
de petit teint, les tisserands
tissant l’escalier de laine.
Ville de mille aiguilles
sous la peau, la pluie.
Coupe la main du lecteur: Judas, dans la laine, tisse le tissu. Je vécus dix heures dans la peau d’un autre. Peux-tu bouger la langue dans la bouche du voisin ? Les intrus ont l’air d’être sourds et aveugles.
Kick starter de la machine. Moto pâle, moto pâle. Le venin de la vitesse, le bon venin du nord, te mord ou te dorlote, te pétrifie, te coud d’acier. Est-ce le chahut des tubes qui casse en mille tessons le fracas des mitrailles? Roulons vers Vottem. Baisons lèvres et pneus.
Sur les patères du vestiaire je ne trouve plus les habits des chemins librement choisis
surtout ceux qui, quoi qu’il se passe, qui étaient naturellement d’office prioritaires
le mode de vie se soumet à la nouvelle règle du virus
où l’ignorance majoritairement présente fait dire n’importe quoi
On attend par réflexe
SANS SAVOIR QUOI
Nous voilà POSITIFS sans l’avoir médicalement parlant
Alors comme tout le monde je promène sans sortir de la maison, un ensemble de choses cousues les unes aux autres comme un petit enfant a besoin de son ninnin pour chasser la peur
Corrélation et causalité s’emparent de tout, faisant des collages avec des situations vécues, faute de pouvoir en faire avec celle dans laquelle on est totalement inhibé
Moralité le bébé n’est pas dans le landau
Ce sont des souvenirs hybrides qu’on promène pour se nourrir avant que les psys soient exigés dans la nourriture en condiment universel
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