SEPT EXTRA PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)


Georges Rouault

SEPT EXTRA PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)

Ils sont deux amis nés le même jour, un 7 juillet.

Ils se sont rencontrés sur les planches et ont joué ensemble, comédiens amateurs de la troupe « Jeunesse et Théâtre », au Mans, plus de quarante représentations de « L’avare » de Molière… « Amant » et « maîtresse » à la scène. Elle, la belle Marianne, lui, Cléante, le fils révolté. Ils avaient vingt ans.
Ils ne se sont jamais perdus de vue. Leurs violons d’Ingres ? Elle peint. Il écrit. En cette année 2007, ils se retrouvent avec leurs conjoints pour deux jours à parcourir à l’île d’Aix : on s’y déplace à pied ou en calèche ! La nature y est reine… Le village fortifié, les forts, le prestigieux passé… Le Musée napoléonien…

Nous sommes justement le 7 juillet…
07-07-07 ! À la table de l’hôtel Napoléon, les bougies sont soufflées, les petits cadeaux échangés. Jean offre à son amie ce petit compliment…

SEPT EXTRA !

C’est extraordinaire !
Extra ou ordinaire ?
Extra !

Elle a l’amour des peintres,
Lui, celui des poètes !
Et leurs muses les ont servis !

Ors et cendres, rubis ou émeraudes,
Ciels et cyans, sangs et soufres,
S’essaient, sur sa palette à d’autres tons mêlés,
À créer, à jaillir, à immortaliser
La passion d’un instant,
L’éclat d’un souvenir,
La fraîcheur d’un printemps,
L’image d’une vie !

Vers libres, mots cadencés,
Rimes pauvres ou triomphantes,
Alexandrins pompeux, onomatopées sèches,
Cris et claques, cliques de mots,
Désordres en hordes, jeux de mots,
Et maux enjoués quand la vie les habille…
Ils sont là et l’habitent…
À moins qu’il s’y abrite !

Ils sont deux vieux amis de plus de quarante ans !
Et en ce jour peu ordinaire, avec leurs conjoints solidaires,
Ils sont venus à quatre amis, en Aix-capade…
Et c’est presque en catimini que ces quelques lignes à la belle Marianne…
Un certain Cléante lui offrit !

7 juillet 2007
Jean Ciphan- «Équipées sereines»

Extrait de: 

 « Oser dire, poèmes et propos vagabonds » (Jean Ciphan)

QUITTER LA NORME.PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)


QUITTER LA NORME PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)

Quitter la norme.

Quitter la norme énorme et sèche,
Fouler le sentier vierge de la création,
Vagabonder au gré de l’imagination,
Respirer le bonheur !

Sublimer la peine en amour,
Le désespoir en délivrance…

Briser le miroir du confort,
Piétiner la quiétude du bien accompli,
Rogner les certitudes des gens établis,
Demeurer simple et fort !

Sublimer la peine en amour,
La solitude en espérance…

Hélas, sont vains ces vœux de fou !

Le fou n’a plus sa place :
La folie dérange, incommode,
Bouleverse les codes,
Les canons et les modes…

Ne serait-il fou que d’être autre,
Apôtre saoul d’amour sur les sentiers perdus,
Équilibriste seul, sur la corde tendue

Aux extrémités de laquelle
Tenaillent et cisaillent
Les tireurs de ficelle,
Les faiseurs de misère,
Les fomenteurs de guerre
Et les spéculateurs de mort ?

Gardons-nous de briser le subtil équilibre…

Si le fil se rompait,
Si s’effaçait le dernier port,
Si s’éloignait le dernier corridor,
Si s’effondrait le dernier pont jeté
Entre ciel et enfer au–dessus des abîmes,
Qui sait ce qu’il en adviendrait ?

Sans doute à tout jamais s’envolerait l’amour
Et fureur et folie atteindraient à leur tour
Les tireurs de ficelle !

Lors,
Ceux-ci,
Tombant de leur échelle,
Mêlant lames et traits,
Par malemort,
Dans leur folie
Produiraient l’ultime étincelle
Qui tout à néant réduirait !

Août 1986

Jean Ciphan


« Chemins d’ailleurs »Extrait de:  « Oser dire, poèmes et propos vagabonds » (Jean Ciphan)

LA MERVEILLE


St_Michel_3etages

LA MERVEILLE

Au Mont-Saint-Michel, les deux bâtiments gigantesques qui s’élèvent au nord et font face à la mer sont depuis leur origine appelés La Merveille. Érigée à partir de 1203, entièrement en granit, la Merveille fut achevée vers 1228, en seulement 25 ans.

La Merveille.

Un quidam va, cheminant,
Foulant les prés salés vert sinople. Espérance ?
Au loin surgit le Mont, sous le soleil couchant…

Le quidam s’en approche,
C’est l’angélus !
Trois fois tinte la cloche…

Son pas soudain s’anime et n’est plus trébuchant !
Sous l’aile archangélique, effaçant peurs et transes,
Le quidam va, rayonnant.

Novembre 2013
« Chemins d’ailleurs »

Extrait de:

« Oser dire, poèmes et propos vagabonds » (Jean Ciphan)

Jean Ciphan