Tracé


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Tracé

 

Le murmure de ton échine au franchissement

un troupeau de chevaux surveille la route

les paroles du dernier métro gardent le transport en station

en choisissant l’échelle je découvre le secret de ton dessous que le mystère tient nu

dans l’envol des oiseaux un échafaudage de maison suit le plan de tes mains. Odeur de peau au pouls brûlant,  comme un sac cousu à points francs…

 

Niala-Loisobleu – 19/10/18

LES YEUX EN DORMIR


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LES YEUX EN DORMIR

 

Là contre la planche à écrire des symboles vont et viennent sans contrainte particulière, le principal étant le brumeux d’une fatigue pas entièrement sortie du lit.

Le peu dormeux que je suis est bien moins vif au levé d’une trop longue nuit de sommeil.

Les lignes de construction du travail que me demande la création de ma boutique sont nouées trop serré pour que j’y comprenne ce qu’il faut faire. Faut ralentir.

N-L – 1er Octobre 2018

A L’IMMORTELLE


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A L’IMMORTELLE

Confondus en un seul

un nuit et jour

neigent en pluie blanche sur le déchaussé de l’écran

les fougères se teintent de rouille en penchant la tête hors de l’allée forestière

où le cheval a du passer plusieurs fois dans les brancards des ornières.

Le poids du fardeau s’y est enfoncé pour libérer l’appareillage au devant du pays d’épices

senteurs aux aisselles des palmeraies

transes de cordes montant les étages du patio

par les roses d’un fandango à la rauqueur d’un chant flamenco..

A l’appui l’une contre l’autre

les maisons blanches mettent un therme au noir du bassin sec

les robes à poids sont emportées par l’évent

sur la table de ferme les immortelles fraîches attendent les poutres du plafond…

Niala-Loisobleu – 24/09/18

 

 

JE RETOURNE LE TAIRE POUR QUE POUSSE NOTRE JARDIN 3


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JE RETOURNE LE TAIRE POUR QUE POUSSE NOTRE JARDIN 3

 

La tôle frappée des pensées non retenues entraîne les stimuli sensoriels.

Derrière le papier-peint l’espace a le goût du plâtre. La fissure insinue l’air.

Marches-tu sur un fil qu’à peine mus, tes pieds me jettent leurs chansons aux paumes.

Coeruléum les pierres aiguisées au fusil, ont allumées un rai sous ma porte.

J’ai pu lire ta présence l’instant de l’éclair.

Mot à mot.

En courant sur la passerelle de tes voyelles.

Cadnium d’un escabeau jaune levé le premier.

Des rouges remuent aux queues des branches, déplaçant le suc sorti de la motte de tes reins adossés à l’espalier. Une nervure prometteuse à la ligne de la feuille.

 

La chambre dans l’espace

Tel le chant du ramier quand l’averse est prochaine – L’air se poudre de pluie, de soleil revenant –, je m’éveille lavé, je fonds en m’élevant ; je vendange le ciel novice.

Allongé contre toi, je meus ta liberté. Je suis un bloc de terre qui réclame sa fleur.

Est-il gorge menuisée plus radieuse que la tienne ? Demander c’est mourir !

L’aile de ton soupir met un duvet aux feuilles. Le trait de mon amour ferme ton fruit, le boit.

Je suis dans la grâce de ton visage que mes ténèbres couvrent de joie.

Comme il est beau ton cri qui me donne ton silence !

René Char

Les Matinaux, La Parole en archipel, © La Pléiade, p.372

 

Je dirais à tout le Monde comme je t’aime en dehors de lui. A toi je tairais l’artificiel.

Mes mains iront écoper les sueurs de la canopée, pour ranimer les volcans éteints.

Pas besoin d’un silex. Il suffit que tu dégrafes tes bras.

Vas où la virginité indélébile regarde les viols s’autodétruire. J’ai ta robe blanche à nos nuits pures.

Les arbres sont en orée des clairières. J’ai peint.

Pour limer la solitude stérile au ras des barreaux du lit des rivières.

Un rose tyrien émergé de ta poitrine. Pris à pleine bouche.

L’eau pure fait chanter tes battements de pieds.

Ecailles dépeignées tu bruisses aux branchies de mon oui.

Tu as aboli le temps. Empalant la pendule sur les aiguilles d’un maquis corse.

Ils seront aucun. Nous serons deux à comprendre l’autodafé

Ma mer cobalt rejoint les ocres où les coraux se reproduisent. A pas lents d’une course océane.

Je l’aime partout

Nage ma Muse dans la transparence de ton rayon.

Je t’aime à la force du souffle que ton existence met à l’énergie créatrice de mes doigts !

 

Niala-Loisobleu – 19/09/18

PAR LE CHEMIN DE PEINDRE


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PAR LE CHEMIN DE PEINDRE

Peindre

donner à son âme

le droit de représentation

en tous endroits

en toutes circonstances

d’acte et de pensée

par rapport au froid et au chaud de son poil

par le lien que la sensibilité capte, rapport émotionnel

par la spontanéité du geste mu des stimuli reçus

de l’heur de son horloge interne

Devenir siamois du pigment

étreint du pinceau

buvant le médium

qui nargue le couteau

d’un désir d’empâtement

qui peut se faire vapeur d’eau pour pierre

Matière de soi

née du quelque part d’autres

Sensualité affichée

par l’érection d’une forme

donnant l’orgasme à la composition

Peintre montre-toi nu

plus déshabillé que ton modèle

Dis ton combat pour trouver

ce que ton humilité doit taire

Couleur

tu es le teint du tant

dans l’humeur de ta souffrance du peu

Peindre avec l’alphabet de son écriture

du A comme je t’aime aujourd’hui

au Z comme en corps hier à deux mains

La peur unique au ventre

la peur qui crée

la peur qui stimule d’une poussée animale

la peur qui fait surmonter sa peur inadéquate

la peur qui veut que tu la lises espoir

contre l’arrêt brutal de courant pot au noir

désarroi

un rond à remplir de jaune

souligné de bleu vertical

Miroir du ressenti

de la présence

Rien ne se délie du touché ressenti

du vent porteur la vague peut tourner soudain en dérive

changement de direction

une onde passant d’un milieu dans un autre entraîne la réfraction qui dévie…

Niala-Loisobleu – 06/09/18

MA MAISON BLEUE


MA MAISON BLEUE - NIALA 2010 - Acrylique sur toile 61x50 001.jpg

MA MAISON BLEUE – NIALA 2010 – Acrylique s/toile 61 x 50

MA MAISON BLEUE

 

 

Posée nulle part où tout se lotit, partout où les mauvaises herbes sont si hautes que les routes détournent le viol de la nature, où les rus qui sifflent entre les pierres se font crues torrentielles au premier bruit des chaînes des usines et de leurs vikings galères, elle se fait pré, buisson, carré d’avoine, luzerne dans un orchestre de garenne, assemblée d’abeilles, meules à aiguiser le sentiment, et toutes idées saugrenues, primesautières n’ayant d’autre but que celui de l’isoler des agressions de la société.

Elle s’est faite des quatre éléments, pour ne s’ancrer en aucun lieu d’idée sédentaire. A la fois radeau, cerf-volant, cheval, semelles de vents, oiseau, elle habite où bon lui semble, en dehors des impasses, au sein du libre-arbitre.

De fleurs boutonnées aux patères des aveux

De tiges de botte en couverture

De draps moirés du reflet des frissons

De confiture aux bords des ourlets de l’écuyère

Du roulis du cheval qui ouvre ses sillons

De senteurs boisées sur coulis de dos d’âne

De tomettes vertes à l’escabèche

De marches du palais à la luette

De caves en saoul pente

D’étages sans as censeurs

De meules et de regains en chambres

De greniers sans mal dedans

De fenêtres courant au-devant de l’horizon

De couloirs en coursives autours des océans

De lézardes aux murs d’enceintes

De pont-levis sur les eaux fortes

D’intentions inavouées mises aux glaces des armoires

De fantasmes accomplis dans le faire forgé des volcans impatients

L’arbre étend ses branches du levé au couchant, et les feuilles s’orientent aux quatre cardinaux.Elle porte tous les fruits et transporte les graines de l’amour de l’autre, au potager qui ne sait rien du produit conditionné. Planches aromatiques fuyant l’encens. Il n’y a pas de serrures aux portes, juste des échelles pour entrer.

Entre le soleil et la lune un arc-en-ciel arrose l’espace des eaux de la lumière. On dirait un tableau d’ailleurs. L’oeuvre d’un fou d’amour, d’un fou de vie, qui aurait recouvert la laideur des jours d’une couche de peinture aux pouvoirs magiques. Pellicule d’un glacis, croûte d’une pâte épaisse que les caresses des pinceaux, les lissages des couteaux appliquent en transparences ou enduits.

Elle est la verticale. Le yin et le yang ont posé leur cercle sur la diagonale.

Elévation symbolique qui réunit la Terre au Ciel, dans le passage purificateur du bleu. Les innocents gardent les mains plaines.

Niala-Loisobleu – 1er Janvier 2011

 

 

MAISON-MER


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MAISON-MER

Les falaises d’ardoise craient au mépris des conventions, elles suivent la voie du coeur

Comme le plumeau de mes doigts se fout de la poussière ménagère je dessine les appels qui me viennent

Aux étoiles les araignées tissent des fils pour les pensées trapézistes, on est au-dessus du vide qui tisse sans nous interroger, la vie est un refus de donner tout est , à commencer par le peu, à gagner sur soi

Combien de sentes avons-nous roulé, des charrettes plaines d’herbe fraîche

Des meules de nuages liées par des moissons d’étreintes

Des odeurs de savon au sortir des tubs de l’été

A la douche, rincés des pliures des draps de nos horizontalités chaotiques

Rouges tatouages des poulpes aux tentaculaires jeux

Jaunes mûrissements céréaliers dans la plaie d’un cri ouvert

Mauves glissements de chanvre au bas de ta nuque

Ocres des roussilles des pisées aux marches des espaliers

Blancheurs de riz flamandées du rose écornant le noir du toro

Là où les tissus volent toutes les musiques pour faire chanter les chemises

A l’écart des poules hurlant danger les gitans rodent

N’éteins pas mon rêve, il t’écrit mon Coeur !

J’ai vu des cerceaux de couleurs courir à l’assaut des buttes

Par bonds et rebonds de montgolfières qui se laissent ascendées

Des gosses mal débarbouillés les embrassant de fraise et de mûres aux coing des gelées

La barbarie terrassée par un orgue, se tenant à l’ombre sous l’olivier

Les traînées des tortures maculeront toujours les poteaux aux yeux bandés

La souffrance est comme le cierge qui est toujours remplacé

Lueur pour s’orienter dans ses ténèbres

Lueur pour poursuivre dans ses doutes

Lueur pour armer l’espérance, sur les parvis

Lueur pour se souvenir qu’il faut vivre et franchir la porte basse

La forêt en colonnade jette ses troncs par la rosace dans l’envol d’une harmonie

Descendons au plus enfoui pour trouver l’utopie

Et remontons la jeter comme on jette une passerelle entre deux rives

On s’en balance du vide, nos bras sont ouverts

N’éteins pas mon rêve, il t’écrit mon Coeur !

Tu te souviens du jour où tu m’as tendu ton creux pour que j’y jette mon encre

La route n’a pas été mise à péage, mais ça ne l’a pas empêché de nous coûter cher

De larmes de joie et de souffrance nous avons rempli ses fossés

Le temps grenouille se la faisant vilain crapaud sans le moindre scrupule

Ne donnant pas que les bons coups à nos reins, mais aussi les courbatures de tous les manques

La frustration ordinaire au prix fort de la sublimation c’est le choix difficile de la sélection

Des écrans gazeux flottent entre les pages, comme une étamine filtrante

Faisant des greniers en étages, comme une ruche au coeur d’un lieu mystérieux

Un lieu très secret que nous tenons à l’écart des autres

La grotte, la caverne, l’antre, le ventre de notre absolue intimité

Où je t’écris des toiles, des tableaux, des histoires folles sans queue ni tête

Ponctuées d’incessants je t’aime en bleu jour et en nuits bleues

Un jardin suspendu aux courbes d’un arc-en-ciel, qui va de toi à moi en cerf-volant

La ficelle vagabonde, libre, dans une mutuelle tolérance ouverte à nos mains jointes

N’éteins pas mon rêve, les apparences et la foi sont paradoxales, le sable à lapin où les fondations craignent sont la tumeur maligne qui cherche à miner l’espoir de ce qui ne fut pas révélé par le hasard, rien de tout ce qui  veut détruire ne brise mon désir de construire la maison-flottante du bord d’ô…

Niala-Loisobleu – 3 Septembre 2018

 

CES BÛCHERONS DE SOUS LA TERRE


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CES BÛCHERONS DE SOUS LA TERRE

 

On

courait des journées entières dans les bois.
On enjambait la mer et le vent.
Comme fait

l’enfant

dont l’histoire est celle des plus vieilles pierres, le prince des chouettes qui, le soir venu,

range, dans son cartable, les chuintements de son peuple

et ses propres traces de pas.

On livrait des guerres sans merci

à des armées d’ombres dans les bois, dans les livres.

Nos prisonniers étaient jetés dans des cellules de feuillages ;

ils n’en sortiraient qu’à l’automne, dès l’annonce par les corbeaux

de l’arrivée massive des décombres.

Souvent, au temps

des brouissures, on était dehors avant que le jour ne soit sorti de sa chrysalide, et l’on se prenait les pieds dans le fil de soie de l’horizon.

Au-delà commençaient des pays de grottes, les territoires de chasse des orages, disait-on. où se lisaient dans la pierre îles histoires d’animaux fabuleux.
Le soleil y brûlait des torchons sur nos têtes.

On enjambait parfois, dès l’aube, le long fil blanc de l’horizon,

pour aller rejoindre les anciens chasseurs de lueurs, les vieux dompteurs de foudre.


Alors, assis auprès des grands troupeaux

d’étoiles,

nous partagions le feu de leurs serpes,

et gravions dans la pierre, à côté des leurs,

nos exploits de dénicheurs d’autour et de busaigle.

Je parle d’un pays

de dénicheurs de feu au centre de la terre,

de conjurations

de pioches et de chevaux aveugles dans la terre.

Je parle de porcs condamnés à la potence

par des tribunaux de quinze août.
Je parle de

grillades de grands chemins, d’hommes vêtus d’éteule

et d’arrière-saisons,

de rafales d’enfants sur l’eau des mares.

Les canards,

cous coupés, perdaient la tête en vol, et l’on courbait les arbres

au-dessus des rivières, et l’on ouvrait des précipices aux pieds du plus commun des mots.

C’était temps de jeunesse et de folle énergie.
Il faut ensuite se frotter à la parcimonie, apprendre, avec la mer,

à compter ses moutons.

On courait toute la journée parmi de hautes herbes où bruissait le silence, et l’on y débusquait le vent.

Tout nous était proche et lointain.
On lançait à l’assaut des arbres une jeunesse de sacs et de cordes.
On rouvrait dans la terre les plaies de vieilles guerres de religion.

On délimitait, tout près des étangs, des places de
Grève où les crapauds, chaque matin,

étaient sommés de s’assembler,

pour s’entendre lire, indéfiniment, leur arrêt de mort par lapidation.

On arbitrait parfois des joutes d’ormes et de buses.
D’autres fois,

on sonnait des hallalis de hannetons.
Comme fait l’enfant dont l’histoire est celle du vent, le prince des hautes herbes qui, le soir venu, franchit les horizons

sous la paupière d’une gazelle…

La vie, cependant,

plantait ses clôtures, alentour des prairies, et postait ses guetteurs…
La traque, le gibier, la vie…

La chasse à l’homme.

Je vous parle d’un âge entier.
C’était temps d’abordages.
On coulait des bateaux en plein cœur des forêts,

avec leurs cargaisons de bêtes fauves.

Armés de pain

blanc et de bois mort, on se lançait à l’assaut de remparts,

de bourrasques.
Les lions sortaient de sous les arbres, et on foulait aux pieds le terreau de leurs crinières.

J’évoque ici un âge flamboyant

où les plus beaux vitraux composaient

des feuillages au-dessus de nos têtes.
Les soirs d’été

étaient des cathédrales,

vouées à la lune et aux loups.
On avait, dans la tête, des musiques et des hurlements…

Musiques d’étoiles.

musiques de très hautes brumes.
Et les loups, les loups, dans les cheminées…

Plus tard, chevauchant à cru.

venait l’orage ; mais il nous trouvait prêts à ferrailler.

Et des hommes mouraient dans des tempêtes sous la terre,

la cendre de leurs regards, roulée dans le drap rouge du vent, étant alors portée jusqu’au bas des collines.

Ces hommes avaient volé

à la roche le secret du feu, ils avaient libéré l’épervier de la pierre.

Ils avaient dégagé des épaves de leur gangue de tourbe, pour en faire leurs tombes, leurs maisons,

leur façon de parler, leur façon de se taire…

On les regardait passer, sur les hauteurs du vent, lestés par le poids de leurs mains.
Et toute la terre dans leurs yeux, étincelante et blanche…

On les regardait passer, mâchonnant leurs silences comme on fourgonne un feu qu’on ne veut pas aisser s’éteindre tout à fait.

Des hommes mouraient,

et la foudre roulait dans leurs veines.
Une immense chaleur dans leurs veines, comme s’ils avaient défié les volcans.

Ces hommes avaient

défriché des forêts dans la terre, abattu des arbres de houille, ils avaient creusé les soutes de grands bateaux,

avec leurs tirants d’air, leurs tirants de terre, leurs tirants d’eau.

Et nous

grimpions aux hunes de ces bateaux pour assister, au loin, à des courses d’aurochs…

Nous présidions parfois à des sacrifices de dents de lait, à des danses rituelles pour la pluie.
D’autres fois, ayant gagné la passerelle du plus haut chant de l’alouette, nous commandions à des appareillages de froments.


Or nous voyions

de grands loups blancs chasser dans les yeux de ces hommes,

ces bûcherons de sous la terre.

Et nous participions aux éléments comme marins aux déhalages.


La terre, telle exactement qu’on la voit depuis les hautes tours du vent,

étincelante et blanche.

Nous parcourions des horizons auxquels aucun dormeur n’a jamais accosté.
Nous traversions, sous la lune,

des contrées de fièvres, et nos torches étaient de pain blanc.

Nous allions dévaster — ce n’était que question de temps — ces cités efflanquées

où la misère avait planté ses symétries.

Nos cachettes

étaient sous l’écorce des arbres, comme des souvenirs de pluie, et nous lancions des grappins de bois mort

à l’abordage des grandes verdures.

C’était temps de jeunesse et d’immense irrespect.
Notre mémoire était comme l’eau de la terre,

et nous étions aux vents ce qu’est le lierre à la muraille.

Des hommes passaient, que nous connaissions,

et nous les regardions vieillir, comme s’ils n’avaient vécu que pour le mois de mai — ô leurs chevaux endimanchés ! —,

comme si rien n’avait jamais prolongé leurs gestes que quelques projections de sable

ou quelques aboiements, au loin, de chiens errants.

Nous connaissions ces hommes, et nous les regardions passer,

lestés par le poids d’ombre

de leurs paupières.
Et dans leurs mains toute la terre, au grand galop.

 

Jean-Loup Fontaine

EPURE POUR UN SEOIR


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EPURE POUR UN SEOIR

Des pierres remontent les sentes que les pieds-nus chaussent

en bout à bout de cailloux transparents où l’image d’une table de ferme attend au pied du lit que le peint cuise aux remous des marches d’escaliers de ce cours d’ô

Ne gardant que selles du rêve roulant d’un bord à l’autre de la croupe chevaline

Le tilleul tourne sa cuillère dans la cour des miracles d’une histoire avancée

mais la menthe monte fraîche et forte dans l’arborescence du schéma que ne feront pas les rideaux aux fenêtres des fleurs roses

Percées grimpantes que l’herbe aux gueux accroche au treillage de notre rêve luttant contre la médiocrité du laid tourné.

Niala-Loisobleu – 31/07/18

FRAÎCHE PEAU 


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FRAÎCHE PEAU

 

Epaisse chaleur

pâte air noces t’air

notre paire est aux c’yeux

et ne prie que pour nouer

 

Ventile

 

La mer déborde le rivage se fait sauvage

les peints marinent

chenal où tes seins sculptent des perchoirs pour l’écume

je me figure de proue

 

Aère

 

Là où rien à dire

l’herminette taille

de nef à l’un dit nie à las

pour son autre…

 

Pose ton empreinte

 

N-L – 20/06/18