Sans alcool, ni moquette mes chers parents je vole…


QUEENOFCLUBS

Sans alcool, ni moquette

mes chers parents je vole…

Le Bleu, Bleu-Bleu, en corps plus BLEU

je l’as tiré de l’armoire de toilette

 

Sur l’étable à repasser

dans la paille l’âne couve le boeuf qui embouche le cornet d’une jamsession

sans que ça fasse un pli

 

Quand l’Oiso  refait son peint quotidien, le bleu-défense-passive des carreaux fait place à ceux de la nappe

du déjeuner sur l’herbe

le p’tit-vin-blanc attrape le doux Jésus par l’oesophage et que j’te pelle de ma langue camembert confisquée à l’oestre

pourquoi on marcherait dans notre ombre dans un pareil soleil qui n’attend pas minuit pour le ben si on s’foutait à poil

Oui, je laisse pleurer mes doigts dans la couleur….je vole en poisson !

 

Niala-Loisobleu – 30 Janvier 2018

HUMAN


HUMAN

Maybe I’m foolish, maybe I’m blind
Peut-être suis-je idiot, peut-être suis-je aveugle
Thinking I can see through this and see what’s behind
De penser que je peux voir à travers tout ça et voir ce qu’il y a derrière
Got no way to prove it so maybe I’m lying
Pas moyen de le prouver alors peut-être que je mens

But I’m only human after all, I’m only human after all
Mais je ne suis qu’un être humain, je ne suis qu’un être humain après tout
Don’t put your blame on me (x2)
Ne me rejetez pas votre faute

Take a look in the mirror and what do you see
Jetez un œil dans le miroir et que voyez-vous
Do you see it clearer or are you deceived, in what you believe
Est-ce plus clair ou êtes-vous leurré, par ce que vous croyez

Cos I’m only human after all, you’re only human after all
Parce que je ne suis qu’un être humain après tout, vous n’êtes qu’humains après tout
Don’t put the blame on me
Ne me faites pas endosser la responsabilité
Don’t put your blame on me
Ne me rejetez pas votre faute

Some people got the real problems
Certaines personnes ont de vrais problèmes
Some people out of luck
Certaines personnes n’ont pas de chance
Some people think I can solve them
Certains pensent que je peux les résoudre
Lord heavens above
Seigneur des cieux
I’m only human after all, I’m only human after all
Je ne suis qu’un être humain après tout, je ne suis qu’un être humain
Don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas la faute
Don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas la faute

Don’t ask my opinion, don’t ask me to lie
Ne me demandez pas mon avis, ne me demandez pas de mentir
Then beg for forgiveness for making you cry, making you cry
Puis implorer pardon de vous faire pleurer, vous faire pleurer

Cos I’m only human after all, I’m only human after all
Parce que je ne suis qu’un être humain après tout, je ne suis qu’un être humain
Don’t put your blame on me, don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas votre faute, ne me faites pas endosser la responsabilité

Some people got the real problems
Certaines personnes ont de vrais problèmes
Some people out of luck
Certaines personnes n’ont pas de chance
Some people think I can solve them
Certains pensent que je peux les résoudre
Lord heaven’s above
Seigneur le ciel est là-haut
I’m only human after all, I’m only human after all
Je ne suis qu’un être humain, je ne suis qu’un être humain après tout
Don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas la faute
Don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas la faute
I’m only human I make mistakes
Je ne suis qu’un être humain, je fais des erreurs
I’m only human that’s all it takes to put the blame on me
Je ne suis qu’un être humain voilà tout ce qu’il faut pour me rejeter la faute
Don’t put your blame on me
Ne me rejetez pas votre faute

I’m no prophet or messiah
Je n’ai rien d’un prophète, ou d’un messie
Should go looking somewhere higher
Vous devriez chercher quelque part plus haut

I’m only human after all, I’m only human after all
Je ne suis qu’un être humain après tout, je ne suis qu’un être humain après tout
Don’t put your blame on me, don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas votre faute, ne me rejetez pas la faute
I’m only human I do what I can
Je ne suis qu’un être humain je fais ce que je peux
I’m just a man, I do what I can
Je suis juste un homme, je fais ce que je peux
Don’t put the blame on me
Ne me rejetez pas la faute
Don’t put your blame on me
Ne me rejetez pas votre faute

La Fenêtre


La Fenêtre

De tellement de vents contraires, un jour de belle au bois dormant, quand tout se déglingue à vous lâcher, la fenêtre se mit en rideau.

Ceci n’est pas un conte d’auteur

En navigation c’est le pot noir qu’on appelle ça.

Makache, plus de zef, t’es mis dans la quarantaine des improductifs possibles de contaminer les z’autres. A parler gringue comme d’une MST,  tu fous les boules et pas les bonnes, celles qui font tilt

Tu te prends furieusement à rêver des 40 rugissants à force d’être au bout de ton index à fantasmer  sur les sites Port-Nous, les laissés pour compte. Que tu t’en remets pas la gueule d’être passé pour un non-reconnaissable. M’aime la psychée (qui tu vas) quand tu passes devant elle te tire la langue.

Pis paf, la mer morte se réveille et d’un coup de clair on y va, l’amer meurt.

Pas question de faire quérir Charles, on va pas chialer c’te Mamma là. Merde une mauvaise mère que c’était à vouloir imposer ses diktats. Non, s’abaissant la culotte, la cravate, la chemise et le chapeau d’épines, on descend de la croix au rouge pendant qu’on a encore les ah tributs proches-parents.

On sort du lit vaseux

Pour un autre marécage que la nature lui a mis au lotus. C’est une vraie femme, là, qui fait du rideau une baie libre.

Tout s’enchante, l’haleine se tire des mous tons, c’est chaud d’aimer, c’est bon d’aimer, c’est vivre que de faire l’amour

Aile Emoi, nous voici étendue, vaste large, sortant de l’estuaire, l’horizon debout à la verticale, les corps-morts laissés aux épaves du cimetière marin. « Vive l’Amour ! »qu’ont ses cris reconnaissants.

Niala-Loisobleu – 29 Janvier 2017

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Encre de Niala- « La Fenêtre » -Canson Vidalon 300g 24×32 – 29/01/2017

GERALD BLONCOURT


EXTRAITS

La colère
est en moi
je hume l’existence
je me heurte
aux fils de fer barbelés
de la désespérance
je franchis les ruisseaux
boueux de l’inquiétude
Martissant, Carreour-feuille,
Bizoton, Jérémie, Jacmel,
Pétionville, Port-au-prince,
l‘Ile de la Gonave,
bruissants de misère
L’azur est en folie
Tout se mêle
S’entrecroise
Et se noue
Je sonde l’espace séculaire
Ce brassage de peuples
Qui fil sonner le glas
Du sordide esclavage

Je dis à la jeunesse
Aux yeux-diamants
luisants d’espoir
Aux cohortes affamées
des bidonvilles
aux créateurs
peintres
poètes
écrivains
L‘heure est venue
De dire NON
aux imbroglios
des politiciens véreux
aux corrompus
aux assassins

Le jour se lève
en ma mémoire
Les « CINQ GLORIEUSES » de Janvier 1946
Ont offert au Monde
Un sursaut salutaire

Haiti d’infortune
des tremblements de terre
tes enfants sont là
Kampé ! Debout !
Je crois en tes vertus
En vous
Nouvelle générations
Je crois en ce renouveau cosmique
De Liberté, d’Égalité et de Fraternité

Je dis Merde à l’Espace
Je crie mon mot d’ordre
« Kembe fèm ! pa lagé ! »

Salut à vous
mes racines profondes
mon doux parlé créole
mes cassaves, boborits
rapadou, mes rorolis,
mes pisquettes grillées
mon choux palmiste

Salut à vous Furcy
Kenscoff, le Morne Bourrette
Le Massif de la Selle

Salut à vous
Dessalines, Toussaint Louverture,
Héros de l’Indépendance

Salut à vous Jacques Roumain, Jacques Stephen Alexis,
Gérard Chenet, René Depestre
Et tous les autres

Je m’incruste dans les rues démembrées
Je soude espoir et certitude
pour bannir l’obscurité.

 Gérald Bloncourt

29 novembre 2016

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Gérald Bloncourt

bloncourtblog.net

L’Autre Rivage


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L’Autre Rivage

Fort courant

ascensionnelle

plongée dans le feu

Le cheval d’art son

entre les cuisses

Elle mêle ses eaux intimes

à la semence du cheval marin

où sentant venir la tempête d’une autre rive

elle s’est mise à l’encre

La flamme de leurs mots

crépite de bois vert

de leurs deux mains

 Trois petits poissons les regardent

chacun faisant de son Signe

un s’aima fort Bleu

menant au lointain

Niala-Loisobleu – 11 Septembre 2016

 

Seins Phonie


Seins Phonie

Restée accrochée pour quelques heures encore, la fraîcheur de la nuit tient les dernières étoiles aux rames de son jardin. Un morceau de lune se courbe dans le virage imminent. Là-bas les rues résonnent du pas tremblant de quelques noctambules en conflit avec le diurne passage.

Le bleu qui m’a jailli du ventre n’a pas péri en mer depuis hier

il est resté tout humide

La toile en est toujours tendue – on entend toujours le bucheron – taper han  forêt

Profitant de ce qu’il faisait noir dehors, j’ai répandu le jaune à grands renforts

Le couteau glissant sa lame de flux au bord de l’écume, qui n’avait pas quitté la partie douce de l’intérieur de tes cuisses, a bordé ta plaie congénitale. Belle ô Belle, ce que tu peux savoir être femme. Pareille aux larges touffes de ces fougères faisant cortège au chemin, tu canalises la vie  par tige. A ce moment là, entrant dans l’atelier, un vent léger a fait onduler tes mèches pour dégager tes seins de leur lourdeur horizontale. J’ai tout de suite pensé à ce champ matinal où sous la flamme qui lève, les montgolfières se gonflent pour l’envol. C’était vraiment un oiseau rouge de sang qui battit des ailes à la porte.

Laisses-moi chair ouverte que je pose la suite des notes de Nous en partition.

Niala-Loisobleu – 10/09/16

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Pose le bon regard chui là qu’est sans complaisance pour Toi, j’te garde sourde aux cancans ma Pénélope !


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Pose le bon regard

chui là qu’est sans complaisance

pour Toi,

j’te garde sourde aux cancans ma Pénélope !

Les yeux coupés par des bris de coquilles, qu’une rouille d’herbes levait à l’encre, j’allais les jambes de fonte, échine en naufrage, tout au bord du chenal sans plus rien voir des cris des rieuses tournoyant dans un ciel dont la couleur en m’indifférant montrait d’une certaine manière, que je piquais du nez bien plus qu’elles.

Quand ça marche à shooter la gamelle, tu voûtes au diable les appareillages

mal rasé du mental

tu piques des ongles comme un squat de ronces au beau milieu d’un quartier de lune mâle femmée.

Le premier verre qui t’accroche tu le traies d’un coup, sans le moindre regard d’affection pour le pianiste à bretelles, qu’hier encore tu lui disais t’as de beaux nichons dedans ton clavier.

La rue tu la vois plus qu’en deuil, c’est injuste que tout le monde y pleurerait de joie d’y vivre, alors
t’envoies un glaviot bien gras dans la vitrine du marchand de miroirs.
La mer à force de périr des braves, a sait quand se taire en dit plus long qu’un triste cire à nos pompes.

Les grandes douleurs ça donne pas sur la cour, ça prend pied au fond de son jardin. Rien à voir avec les pleureuses et les grands convois mafieux du Parrain.

L’eau qui avait accompagnée la scène en disant rien,
attrape l’image toujours en la fermant, en plein milieu du cadre ambiant.

Les pilotis envoient de toutes les couleurs, le nerf de leurs bois, que ça remonte jusqu’à la forêt d’où provient l’arbre qui les a fait.

C’est sismique, le sensible.

En l’absence de frime faut voir ce que ça remous sans ménages,  genre vague de fond remettant en question.

Un courant plus show que le Golf String où t’envoie la balle et le tee en plein milieu du trou
que le manche du drap peau en branle
comme un des seins animé de bonnes intentions.

L’eau, revenons un instant sur nos pas

affiche la silhouette de la cause

en un grand reflet super gonflé par un nuage

Ben, oui, putain qu’elle est belle et qu’est-ce que tu l’aimes la Vie !

Pousses à la baille l’armada de sales cons qui sans rien connaître de ton malheur, était déjà en constitution de groupe de soutien des couilles et autres accidents de la circulation avec le matériel ad hoc pour servir à rien, la grande échelle et les sirènes…

ah oui les sirènes,

enfin ça y est, ça te rappelle

le cinoche à Ulysse, le truc qui de deux fait Troie, genre promesses d’ô land,

et pis et pis

pipi

Tu te la sors et tu te la lâches

pisses lui à l’arrêt et barre

ça repart !

Le chemin on en sait pas la longueur, mais l’a venir on est seul à en choisir la teneur.

Tout peu s’apprendre à condition de savoir discerner

faut aléser l’oreille à la taille des maux

et pas rétrécir l’artère pour en faire une voie détournée de ses responsabilités

Te goures pas Mec
Te goures pas Fillette ….

Pose le bon regard chui là qu’est sans complaisance pour Toi j’te garde sourde aux cancans ma Pénélope !

Niala -Loisobleu – 8 Septembre 2016


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..

PAR DEVANT


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PAR DEVANT

Devant la roue avant de mon vélo

un coup de pédale en filant ses chaussettes

se disait voilà un bon jour pour faire que de l’amour

Je vais d’abord me rincer l’oeil d’un cou de torchon matinal

l’oreiller est resté chaud des rondeurs de ses rêves

Partir à traversin

me semble plus sain

qu’enfourcher le ballet de la sorcière

et ses petits rats

Les paroles d’un chant de lin vont à l’autre

en se tenant par la main

tout au long d’un chemin d’école

A la vérité si je mens

je laisse aux autres les sarments pour mettre mes javelles dans l’âtre

Elle est chaude ma pierre.sans que les mauvaises ô ne l’éteignent

Un point

un trait

c’est tout

à la ligne ce que tes yeux me disent..bien rentrée

emporte-moi bien plus loin qu’un projet de décret de raie forme

Viens

nous allons raccourcir la distance de nos langues

par le traducteur instantané de nos lèvres.

un

deux

trois

ça y est les voilà qu’elles nagent.dans la gorge du vert don

de nôtre commune soif !

Niala-Loisobleu – 31 Août 2016

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Que de Toi le Matin s’avance


Que de Toi le Matin s’avance

Entre braise et fumée reste l’ocre clair de la pierre à feu

mon vélo ne s’est jamais senti de changer de braquet

plutôt que de tomber

j’ai monté à pieds le long du minéral couloir de sève

et du murmure lointain de ta gorge

me suis réhydraté à ta langue

Le barrage qu’un cas tort avait tenté dans les méandres

n’avait pu résister au fil de nôtre amour

L’écluse qui a son chemin de peupliers

a d’abord su qu’il fallait apprendre à nager au canal

avant de construire les premières marches des échelles à poissons

contre toute logique les petits rhésus essaiment les images de communion perdues d’avance

priez pour rien

fête pour tous

Aujourd’hui je n’ai rien fait.

Mais beaucoup de choses se sont faites en moi.

Des oiseaux qui n’existent pas

ont trouvé leur nid.

Des ombres qui peut-être existent

ont rencontré leur corps.

Des paroles qui existent

ont recouvré leur silence.

Ne rien faire

sauve parfois l’équilibre du monde,

en obtenant que quelque chose aussi

pèse sur le plateau vide de la balance.

Roberto Juarroz

Au matin d’un rêve poursuivi

la corde à linge n’a pas pris la robe blanche au collet

elle flotte bien au devant de l’haveneau qui ratisse la première vague

le plancton de service les deux bras tendus à Jonas

ne baleine pas la poitrine de l’air libre

laissant chaque pli de l’accordéon danser au bout de chaque téton durci

L’enfant-Lumière de la hune de son grand arbre sent venir l’amour

sans livre de bord

sans notice de montage

hors d’emploi du temps

en toute absence de tant de cuisson

Sa force vient du vide

mémoire du silence

où les marteaux forgent la roue primordiale du Centre du Cercle

Aujourd’hui je n’ai rien fait

mais tu m’es apparue de tant de bras noués

qu’à mes racines des bourgeons sont sortis

Niala-Loisobleu – 26 Août 2016

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Lettre d’Albert Camus à René Char: « On parle de la douleur de vivre. Mais ce n’est pas vrai, c’est la douleur de ne pas vivre qu’il faut dire »


Lettre d’Albert Camus à René Char: « On parle de la douleur de vivre. Mais ce n’est pas vrai, c’est la douleur de ne pas vivre qu’il faut dire »

Tout ce qui reste des nuits de douleurs s’évapore en ce nouveau matin, où ton écriture d’hier n’annonce que lendemains. Je jette dans la corbeille le linge sale et l’abandonne à la lessive d’un recentrage. Trop de doutes inopportuns en se glissant perfidement dans nôtre clarté, ont profité des faiblesses d’un quotidien pervers. La bonté avance trop souvent l’étalon au sinistre couteau d’Achille.
Nôtre histoire tient toute sa gloire dans l’anormalité qui la distingue. Elle ne peut passer outre la souffrance du fait m’aime qu’elle est Amour.
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Albert Camus, restera comme une figure singulière dans la culture et l’histoire : immense écrivain, penseur à la fois engagé et en rupture avec son époque et, fait rare, homme d’exception, à la hauteur d’une oeuvre lumineuse et nécessaire. Son chemin aura croisé l’aventure d’un autre homme d’exception, René Char, poète sibyllin et résistant. Après la publication de L’homme révolté, attaqué de toutes parts, c’est dans cette amitié que Camus se réfugie, comme en témoigne cette lettre magnifique.

Paris 26 octobre 1951

Mon cher René,

Je suppose que vous avez maintenant reçu L’Homme révolté. La sortie en a été un peu retardée par des embarras d’imprimerie. Naturellement, je réserve pour votre retour un autre exemplaire, qui sera le bon. Bien avant que le livre soit sorti, les pages sur Lautréamont, parues dans les Cahiers du Sud, ont suscité une réaction particulièrement sotte et naïve, et qui se voulait méchante de Breton. Décidément, il n’en finira jamais avec le collège. J’ai répondu, sur un autre ton, et seulement parce que les affirmations gratuites de Breton risquaient de faire passer le livre pour ce qu’il n’était pas. Ceci pour vous tenir au courant de l’actualité bien parisienne, toujours aussi frivole et lassante, comme vous le voyez.

Je le ressens de plus en plus, malheureusement. D’avoir expulsé ce livre m’a laissé tout vide, et dans un curieux état de dépression « aérienne ». Et puis une certaine solitude… Mais ce n’est pas à vous que je peux apprendre cela. J’ai beaucoup pensé à notre dernière conversation, à vous, à mon désir de vous aider. Mais il y a en vous de quoi soulever le monde. Simplement, vous recherchez, nous recherchons le point d’appui. Vous savez du moins que vous n’êtes pas seul dans cette recherche. Ce que vous savez peut-être mal c’est à quel point vous êtes un besoin pour ceux qui vous aiment et, qui sans vous, ne vaudraient plus grand chose. Je parle d’abord pour moi qui ne me suis jamais résigné à voir la vie perdre de son sens, et de son sang. A vrai dire, c’est le seul visage que j’aie jamais connu à la souffrance. On parle de la douleur de vivre. Mais ce n’est pas vrai, c’est la douleur de ne pas vivre qu’il faut dire. Et comment vivre dans ce monde d’ombres ? Sans vous, sans deux ou trois êtres que je respecte et chéris, une épaisseur manquerait définitivement aux choses. Peut-être ne vous ai-je pas assez dit cela, mais ce n’est pas au moment où je vous sens un peu désemparé que je veux manquer à vous le dire. Il y a si peu d’occasions d’amitié vraie aujourd’hui que les hommes en sont devenus trop pudiques, parfois. Et puis chacun estime l’autre plus fort qu’il n’est, notre force est ailleurs, dans la fidélité. C’est dire qu’elle est aussi dans nos amis et qu’elle nous manque en partie s’ils viennent à nous manquer. C’est pourquoi aussi, mon cher René, vous ne devez pas douter de vous, ni de votre œuvre incomparable : ce serait douter de nous aussi et de tout ce qui nous élève. Cette lutte qui n’en finit plus, cet équilibre harassant (et à quel point j’en sens parfois l’épuisement !) nous unissent, quelques-uns, aujourd’hui. La pire chose après tout serait de mourir seul, et plein de mépris. Et tout ce que vous êtes, ou faites, se trouve au-delà du mépris.

Revenez bien vite, en tous cas. Je vous envie l’automne de Lagnes, et la Sorgue, et la terre des Atrides. L’hiver est déjà là et le ciel de Paris a déjà sa gueule de cancer. Faites provisions de soleil et partagez avec nous.

Très affectueusement à vous

A.C.

Amitiés aux Mathieu, aux Roux, à tous.

solitudered

 

Tant de bateaux  déraillent des gares pour se lancer à l’escalade de montagnes en papier, qu’ils se fourvoient et les fans de croisière prennent un Annibal domestique en croyant se distraire à l’ennui de vivre. L’abandon prend racine au bout de la laisse du tout tout devenu inutile.Sur son perchoir Machiavel enclenche sa boîte à musique en déposant une mouche sur la joue du laid. Le sourire d’Aurore, la petite fille de l’ascenseur, est imprimé dans ma pensée. Sa main qui me fait signe dans le couloir de l’amor, perce le tympan de cette église d’illuminés qui voudrait boucher la lumière en abandonnant ses seringues dans les escaliers. Sa mère dépérit derrière son masque de bienséance jésuite. J’ai failli ne pas me relever des détresses lancées par la voie des sirènes. Ton désarroi réel a su me montrer la réalité de ta force. Je ne m’excuserais pas d’avoir douté. Je ne veux pas entrer au confessionnal qui encense la lâcheté en la prolongeant par l’absoute.

Nous souffrirons jusqu’au bout la grandeur de Nôtre Amour puisque nous tenons à le VIVRE sans lui ôter l’épreuve au bénéfice du plaisir. N’oublies jamais que je tiendrai le voeu que j’ai fait de t’engrosser de l’enfance qu’on t’a avortée

Niala-Loisobleu – 25 Août 2016

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