DEPUIS LES JARDINS D’ESTRAN


DEPUIS LES JARDINS D’ESTRAN

Rivages réunis, la coquille est profonde

depuis les sables clairs des mers du monde et les cailloux des Anglos-Normandes

souviens-toi mon Capitaine

comme on regardait loin du haut du belvédère de Victor-Hugo

L’exil nargue la vie à l’ombre du soleil sous ses couvercles de granit

Toi tu as choisi de laisser voguer tes cendres dans le terrain de jeu des anémones

Je te fais en corps face

au bord de mon tour de rejoindre le bleu du lin éternel

et le coq que je fais chanter au chevalet depuis ce matin se fait gardien du tant qui reste

Les nuits neuves ont des étoiles en buée sur leur voûte

les chiens en lèvent plus que la patte

tellement ça les inspirent de suivre les chaleurs qui sortent des canines femelles

C’est que la vie, l’amour

Ma main gauche persiste et signe, toujours le long du trottoir.

Niala-Loisobleu.

3 Janvier 2023

DE NULLE PART ET PAR TOUT


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REFLETS D’ESTRANS 4

(Remis à marée le 27 Janvier 2022)


J’aurai du mettre l’air en flacon
peut-être que le sel aurait gardé la chanson de marin
sur l’A de l’embarcadère

A l’encre se tend l’orin
les haubans cliquètent
en suivant des yeux
le tourbillon des mouettes
.
Sur les pavés que la pluie fait briller
des sépias sont restés sous les casiers
qu’en sortira-t-il
un corps mort où le n°5 ?

Voilà le coefficient qui monte
jours de grandes marées annoncés
les estrans remonteront la jupe des vagues
jusqu’au haut des cuisses du rivage

A découvert l’enfoui en faisant surface
dira la vraie couleur du fond
sans l’habillage des mots qui dissimulent la vérité
le silence jauge l’exacte profondeur de l’expression orale

La plage étend tout son corps à la rencontre de l’horizon en question…

Niala-Loisobleu
19 Janvier 2015

On est d’ici et nulle part. Tu te souviens Mon Capitaine ? Petit-Frère est-ce pour ça que tu es parti devant avec tes dix-ans de moins ? Un rivage que t’as gardé de côté à l’anneau a du finir par te retenir au mauvais moment que l’amour t’avait fait. L’Homme peut pas vivre sans et il arrive pratiquement jamais à le garder à partir du premier. Faut repartir. Voilà comme quoi je pense que pour assurer faut amarrer sans descendre à quai. La poésie n’en pâtira pas. Comme je disais à Ana, la Philosophe ce matin ce qu’elle dit elle, est la vérité, mais la vérité à dire est pas toujours bonne. Alors on fait appel au poète pour soigner avec des mots menteurs le côté cruel de la vie. Faut qu’on sache prendre soin de nous comme des autres.

Du coup j’ai eu besoin d’une promenade avec toi Mon Capitaine

Dis-moi dans les abysses ça va comment , ça change aussi ?

Si tu remontes faire un tour viens aux Récollets…

Niala-Loisobleu – 27 Janvier 2022

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OBOLE A LA VEUVE


OBOLE A LA VEUVE

De leurs rangs les vagues de larmes rangent la mer aux pieds des bans

Cette écume mise au pistil du bénitier pour laver le doigt du pêché

Apnée des plongées dans les marées où mon âme entre deux os se masse le do

In Mémoriam

Tenus du bout d’un couteau chaque bord tangue, ivre et fantôme, tour à tour

Chalut qui râcle les fonds des épaves

De la voûte renversée les coques en ont fait des tours de Terre Neuva à la morue

Moby Dick battant l’harpon de la queue pour pousser l’accordéon jusqu’au rivage d’un clandé

Et là dans la fumée du coquillage où s’éteignent les dernières goulées, la boule du plafond me remonte à la gorge ces je t’aime écrits au déboîté d’un dernier tango

Mon Capitaine je respire la surface du large dans tes roses jaunes.

Niala-Loisobleu – 10 Novembre 2011

A LA FIN


A LA FIN

Au fil de l’âme se coupent en tranchant et l’oeuf et le pouls des îles de Paques

éteinte la vague absente enhardie les méduses à sortir de l’ô

le petit-baigneur est couvert de boutons qui détachent du bon pour devenir purulents

Anémone a quitté Marvaud en avant-première avec quelques intimes de peur d’être tachée

manquerait plus que les hippocampes vomissent à leur tour

Dernier jour qui démonte

j’ai le coeur trop grand

l’ultra-son de mon Capitaine m’appelle.

Niala-Loisobleu – 7 Août 2021

GRANDS-FONDS 8


GRANDS-FONDS 8

Proches les unes des autres

les amphores

gisent près des restes de l’épave en tenant le vin infusé à la résine de pin, le retsina millénaire

les anémones d’un rose tendre qui s’y sont fixées n’ont pas déclaré d’adresse, l’endroit est inconnu des chasseurs de trésor

intime secret

que le sel conserve

même pas un crabe

mais des bancs multicolores de poissons frais qui nagent autour

Je nagerai là à mon tour avec mon Capitaine, bercé par cette lyre du grand silence de la mer

d’immortelles roses jaunes quelque part à la surface.

Niala-Loisobleu – 15 Novembre 2020

A CAUSE DES PLANCHES


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A CAUSE DES PLANCHES

 

Marchepied des quais comme un tremblement d’os

d’une mémoire disjointe reste toujours la marche à l’amour

peut-être trop de carreaux qui ont reçu des pierres

que la porte en fut clouée

la pluie a tant passé au travers

que la rivière en débordant y tira la mer

En plein labour que de chevaux tués

qu’un pouls lin remis à l’étrier

Sol secs et arides des journaux guettant avec espoir

le retour d’enfants prodigalement peu enclins

laissant la gueule cassée d’une sale guerre

 

Une grange

Peut-être, à travers les chansons
Comme à travers les trous du toit
De la vieille grange effondrée
Appelant la fraîcheur des doigts
De l’orage ou l’amour, on voit
Peut-être ma vie qui appelle
Ô vous savez qu’elle était belle
Anciens compagnons de ma joie
Puisque c’est vrai, tout est image
Nous sommes l’image de nous
Et dans les paumes du message
Vous voyez la trace des clous
Ô les feux allumés de l’âge!
Ne va pas prendre mal, surtout
Et reviens, sèche-toi, sois sage
Il tombe de la mort partout
Chevaux tués, ombres des désastres
Avenirs aux jambes brisées
Éternités tombées des astres
Aux formes de lampions brûlés
Ô les bombes sur l’abbatiale!
Ô l’incendie dans le verger!
La terre est ce tablier sale
Et les couleurs se sont vengées
Puisque c’est vrai, tout est
Puisque c’est vrai que l’iceberg cache la plus grande partie
tu plonges pour y voir
ô le Capitaine est sur ce bord là à garder la part en commun
ça rassure sur la fiabilité du sentiment
l’éternité du pouvoir de l’amour confirmée
devant la beauté de ton tablier
tendu à recevoir les fruits lourds de ton plus bel arbre à toi
Puisque c’est qu’à cause des planches la cabane est sacrée
les buissons églantinent à foison…
Niala-Loisobleu – 12/12/19

PASSAGE


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PASSAGE

 

La toile éteinte en corps tremblant de l’épopée tapisse la clameur vivante

entre deux rives un tourbillon défie la traversée

Le chemin par la route est plus long mais il ne raccourcit pas l’arrivée.

 

Niala-Loisobleu – 8 Septembre 2019

 

FAIRE A N’OEUF


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FAIRE A N’OEUF

Ce bord  d’Iroise aux herbes de chemins beaux se tient noué au carrefour d’un anglo et d’un normand , libre d’ancrage à l’enseigne hypermarché, quelques mètres retiennent la barque au sec, les yeux écoutent en rassemblant ce qui leur reste de liquide pour flotter  hors de la retenue.

– Tiens un Minquier !

– Cest quoi, dis Monsieur un Minquier ?

– Un morceau d’archipel, profond tas de cailloux, plus grand qu’une table chevalière, qu’un autel, un dolmen, une pyramide, un lieu sacré entre deux éléments, recouvert de transparence liquide, un bateau démâté d’hélice et tout en voiles hissées, un peu comme un radeau démédusé, le regard sans ombre, le cap espérant de ceux qui savent que conter pour laver le noir, un coin de hauts-fonds remué par le courant qui s’accroche. Cette cabane éventrée, verdoiement du souffle, matin de pause avant  qui mimétise pour échapper au prédateur du jour

– Dis donc Monsieur, tu crois que ton histoire peut tenir debout, d’où tu sais des choses qui remuent comme ça ?

– De les Marines, d’un air  du péri avec lequel il arrive qu’on se demande pourquoi n’âger qu’en refusant son total de naissance c’est tout couver à n’oeuf.

Archipel mouillage de mes pores d’attaches, fais-moi marcher flots tant…

Niala-Loisobleu – 11/09/18

MARINE IN


MARINE IN

 

Les vases gagnent sur le sable, amarrées, le ber atteint de mal de dos penche à noyer la coque, on cherche le bout de l’amarre à la remontée de la câle. La plage pâlit, l’encre bleue a pris froid  au bord du cimetière marin, elle violace de suspension. Pourquoi mauvaise pêche le soleil ne brûle plus les écailles, les appeaux sont repartis vers leur résidence principale. Un requin a fait fuir le drapeau vert de la baignade, à l’intérieur pourtant le grand-pardon n’aurait pas du annuler sa représentation, ça décoiffe et chapeaux ronds. Vas savoir pourquoi les roses jaunes du jeté de tes cendres Petit-Frère, me galopent le douanier du chemin, ce coin Chausey médite tout haut, chante feu de bois avant de crier face au large. Les ocres se sont fondus aux grisés des hautes-herbes, quelques oyats violaceront avant l’hiver si les goudrons ne débarquent pas leur cargaison criminelle. Une maison-flottante me trotte dans les jambes.

-Comment ça va au fond, est-ce mieux qu’en surface ? Dis-moi, je veux savoir,  j’en ai besoin pour sortir le sextant le point d’amer me semble nécessaire

N-L – 02/09/18

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*

MARINE 1

Grotesques faciès

Gargouilles et rincements de bouche

Au tapis granulé du lapidaire le temps s’oublie

Les tonneaux d’antiques traversées flottent sur l’épopée

Que les sirènes de police assurent multirisques

Ils sont partis à la morue pêcher le St-Pierre

Espadon

Qui couleuvre sur le tertre du rétable à l’ossuaire

Non petit c’est mon frère qui va à son terme prendre les eaux

En chemin des rhumatismes

Des épaves articulent aux échouages

Les poux lient aux étrilles

Astor étire Valparaiso dans la faille du Pacifique

Aux boutons des nacres du bandonéon

Entre les cuisses d’Inès dans la Baie des Cochons

Le petit Manuel s’émancipe au passage du Tropic

A la jetée des conquistadors andes à loups

Pas loin d’un bordel de Macao

Une chemise sans pan jaunit

Ondine à quelle heure

Demande un poisson lune toujours ailleurs

Les rochers roses

Se mettent en travers du gris

Quelques pompons rouges se sont décoiffés au Cap de Bonne-Espérance

Dédicace à mon marin qui nage en Iroise

Niala-Loisobleu

14 Juin 2011

 

LA BOÎTE A L’ÊTRE 36


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LA BOÎTE A L’ÊTRE 36

Dédicace à mon P’tit-Frère Hervé qui dort en Iroise

Le temps qui coule de tes lèvres
Conte ses grains entre les doigts des palisses
Vient toujours a marée ce souvenir de toi P’tit-Frère
Pendant que la  plume trace son cap au ciel
L’anémomètre rose de vent trace l’aiguille directionnelle
Dessine-lui un mouton me rappelle Antoine
Des pommiers de Bricqueville au Cap Vert
Il a gardé sa préférence pour la bolée
Plongeant entre les anglo-normandes son rideau de brume
Le corps-mort s’agrippe au fond granitique
Attendant, pendant que tu navigues au jardin océanique de mes idées
Que tu rentres au bord de nos salines lacrimales
La crique ouverte toujours fidèle
Pavillon haut
Un mulet suit le banc de sable entre deux bars de la Côte d’Armor
Au grand galop St-Michel se sèche au feu du dragon
Avant que la Mère Poulard allume ses poêles, les oeufs brouillés d’embruns
Varechs emmêlés aux mâts qui dorment engloutis depuis déjà sept ans
Les algues caressent chacun de tes pas en remuant sans cesse ma pensée vers toi.
Niala-Loisobleu

 

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Marine 2 – (Dédicace à Hervé) – 2011 – Niala – Acrylique s/toile 55×46

Collection Niala