PARTIR


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PARTIR

Partir

S’il vient sauras-tu le prendre le navire annoncé par les

cinq océans

Sauras-tu éviter les vagues qui viennent mordre le rivage

L’écume dans la gueule blanche à faire reculer la nuit

Pour que le jour ne s’achève jamais

Pour que tu ne te reposes plus

Il y a tant à faire sous le soleil

S’il vient sauras-tu l’ennoblir ce bateau

Décroche un croissant de lune

Et voici une coque longue et fine comme une goélette

Taille quelques rayons de soleil

Et voilà un fier trois-mâts qui relève la tête

Saisis une étoile filante en vol

Et tiens bon la barre aux cinq épines de lumière

Déchire la queue d’une comète

Et mets toutes voiles de feu dehors

Vers le
Nord

Au pays des couleurs bleues où la neige est blanche

Où les troupeaux de rennes traversent les vallées qui

descendent dans les fjords

Nous donnant la mer à la bouche

Vers le
Nord où vagabondent les poésies

Qui nous entraînent dans les pays du beau et du bon

Pars comme se baladait le nain sur l’oie sauvage

Tu prendras le premier oiseau qui dépliera ses ailes devant

ta maison

Ses plumes racontent que dans le froid il y a une odeur de

cheminée

Une main qui désire la tienne

Des moufles en laine de toutes les couleurs qui galopent

sur la prairie

Écoute le chant des bâtisseurs de cathédrales

Leurs voix maçonnent des fenêtres dans nos cœurs

Leurs mains nous montrent les épaves des châteaux de

sable

S’agenouillant à la marée

Implorant la princesse à la robe d’écume

Pour qu’elle revienne du nouveau monde

Nous raconter des histoires à dormir debout contre la vie

 

Yvon Le Men

ENTRE TIEN EMOI 116


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ENTRE TIEN EMOI 116

 

Celui-ci se glisse quelque peu transi dans le chaos. Sans fermer les doigts. L’élan présent de l’oiseau accroché au revêtement des branches départementales. La nature de l’arbre tient au flottage dont on fait la coque. Avec le cerisier à gain, les voiles s’accrochent aux oreilles comme une chanson qui se tient de printemps dans l’absence de saison propre. A force d’eau l’almanach est juste bon à faire du papier mâché. Un pont qui prendrait l’eau en matière de construction navale c’est de l’aberration chromatique qui ne fait que des effets d’optique en décomposant la couleur en bandes au point de se retrouver noyé. Le sauvetage en appelle à remettre les choses ordre. Une eau douce au creux de l’épaule. Pour aller remplir la cavité de l’aisselle. Tendre rosée dans laquelle bougent des images pileuses. Arrivée  au moulin des seins, au bief central l’adduction motrice ne lâche rien de la marche en noria. Le convoi équin amenant le blé est en route. Allongée sur le dos à m’aime le sol. Un nuage ouateux attrape les mots qui ne servent à rien, la trémie refoule le granulat bâtard, le reblog voit son fil séparé de l’hameçon et les dents de chameaux des likes sont retenus dans la marge à ne pas franchir. Ton ventre en reprenant son bombé sait quand la tripe en se coiffant d’astrakan pour l’hiver n’a pu à se méfier des écobuages. Dans le noir où se repose l’atelier les tubes ne sont pas désallumés. La joue contre la têtière ils suivent la voie nuptiale

Il faut du silence
aux mots
pour ne pas rayer le chagrin

il faut du silence
autour des morts
pour entendre leur vie

Yvon Le Men

Au bord de l’endroit sec accouchant des Eaux-Neuves des offrandes s’élèvent en papillons.

Niala-Loisobleu – 12 Novembre 2019