LE COMPLOT – ANDREE CHEDID


LE COMPLOT

ANDREE CHEDID

Accours de tous tes membres aux fenêtres du large
Reçois à face ouverte le sel après les nuits

Dans le goulot des villes invente les marées
Derrière chaque prunelle dépiste le voyage

Écarte les portes rêches
Escorte celui qui sombre
Dénonce les mots de plomb
Bouleverse les guêpiers

Épèle dans l’argile les syllabes du rêve

Partout

Brise le complot

C’est
Aimer qui importe!

Andrée Chedid

DES SOLEILS ENCORE VERTS PAR ANDRÉE CHEDID


DES SOLEILS ENCORE VERTS PAR ANDRÉE CHEDID

Plus loin plus loin que nous
Forgés d’autres mythes
Se hisseront des soleils
A face insoupçonnée!

Saignant de toutes nos plaies
Gonflés de nos racines
Se lèveront d’autres soleils

Des
Soleils encore verts!

Andrée Chédid

« EN JAUGE » – NIALA 2021 – ACRYLIQUE S/TOILE 46X38


« EN JAUGE » – NIALA 2021 –

ACRYLIQUE S/TOILE 46X38

DEDANS

Porté par les fonds

Les anneaux se desserrent

La jauge bascule

Les morsures se gomment

Les étendards du quotidien ont pâli

Ma rétine s’inverse
Je dérive et je glane :

irruptions fabuleuses poumons d’images floraison de graines refusées paysages sans filiation inventaire jamais dévidé grange jamais tarie

Continents figures tribus qui me peuplent fermentent et cristallisent

Porté par les fonds
Je deviens multitudes

J’ai l’œil plus vaste que regards
Je marche plus loin que mes pas

le toucher des choses

2

Il arrive qu’à paupières closes

Je surplombe ce corps sans volume s’élevant dans l’air fertile

glissant à ras du sol dans le toucher des choses

au monde parallèle de la mort

3

D’autres fois

Toute image consommée
Toute pensée dissoute

Je cède à corps perdu

au monde parallèle de la mort

le sang stagne

4

Dans les cordages du sommeil
Je me bats en champs clos

J’esquive de tous côtés

Le gant des terreurs

me frappe au creux du ventre

Calamités et chagrin me saisissent

Le sol se fissure

Les dangers talonnent

Je lutte je tremble
Je cherche l’issue

La terre capte mes chevilles
Des nasses entravent mes genoux

Dans ma chair immobile le sang stagne

5

Parfois une lucarne injectée d’aube crible le carcan des ombres

Alors je me sais en sommeil

Je nomme « cauchemar » ce cauchemar

Adossé au pilier de la mémoire
Me retenant aux racines de l’être
J’attends l’hémisphère des jours

Je me fie au matin proche
Je patiente.

Andrée Chedid

Enfoncée plus loin que la démesure alors que je chantais sur les morceaux d’une bataille pour vivre

j’ai refusé de perdre la tête au fond du seau de l’infâme

pour lui garder sa vraie place au bord de la marque d’élan pur

Déchirant l’éau sale d’une claque sur la croupe à monter l’écume.

Niala-Loisobleu – 22 Avril 2021

L’ÉCLAIR ME TIENT


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L’ÉCLAIR ME TIENT

Je me déchiffre dans les marées le va-et-vient des ombres

Je me nomme du nom des noyés

Tout s’écarte
Les sables rongent

Puis d’un signe
Je me délie

Je suis lauriers et certitude

Le chant plane
L’éclair me tient.

Andrée Chedid

UN AUTRE SANG


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UN AUTRE SANG

Le corps des fleuves sommeille

Plus déserte que l’os

la branche s’est engourdie

Le cadavre de l’été a plombé son pelage
Nos mémoires dilapident le cadavre des humains

Indifférence des actes du ciel

Et de nos mondes couvant trop de plaies!

Morte morte terre
Sous l’aveugle neige un autre sang mûrit-il?

Je le savais jadis je le saurai plus loin

Sous sa gangue d’argile la vie toujours s’explore et se retaille
Vie.

 

Andrée Chedid

 

La balançoire en franchissant le semis a raciné un bond de géant

et poussée l’haleine à lice – ô mer veille – la  mue venimeuse en épuration

L’enfant mort-née par le manque jamais comblé, ne vit pas le geste de sorcière d’une image courant après sa réalité. Et succombant au charme s’étourdit

Morte morte terre

Regarde et demeure ta transplantation actuelle

La double-personnalité est le train qui masque toujours l’autre et recul.

 

Niala-Loisobleu – 17 Mai 2020