La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
s’annonce comme ce qu’il faut savoir et surtout distinguer entre le fond et l’apparence
Me voici visible à l’Ecluse
mis à niveau pour le passage
Ce monde à plusieurs faces est un épouvantail redoutant l’oiseau par-dessus tout
aussi il affute son hypocrisie pour le tromper
Par la voie du silence les jours sont baladés en émettant leurs fumées
ruses d’indiens égarant de la seule destination
La poussée du volet libérant la lumière individuelle
Celle d’un Grindel, m’est parvenue au début de l’adolescence
Le matin en quittant la ruche Verneuil, mes pas allaient à sa poésie sans retenue
Visionnaire il m’initia au Surréalisme
Seule ouverture sans limite sur la Muse
Découverte de l’Absolu
De quoi ôter au voeu son machiavélique usage
Et ouvrir sans rien vouloir dénaturer, au mystique dans toute la force de la vérité
L’amour intègre passe par l’inévitable corruption du quotidien
Je peins pour dire autrement
Elle m’entend
Barbara a toujours su la racine
le dernier tableau lui est entièrement dédié
Je lui donne en bonne année comme pour lui dire, je suis là, je tiens sans me retenir autrement qu’au chevalet, La Chaume fertile, la couleur poétique, cet enfant silencieux là, ce sein de sel, plus loin que l’infinité du chien noir, l’Autre-Monde bien réel à la plume de ses vers.
Nous voulions voir clair dans les yeux des autres Leurs nuits d’amour épuisées
Ils ne rêvent que de mourir Leurs belles chairs s’oublient Pavanes en tournecœur Abeilles prises dans leur miel Ils ignorent la vie
Et nous en avons mal partout
Toits rouges fondez sous la langue
Canicule dans les lits pleins
Viens vider tes sacs de sang frais
Il y a encore une ombre ici
Un morceau d’imbécile là
Au vent leurs masques leurs défroques
Dans du plomb leurs pièges leurs chaînes
Et leurs gestes prudents d’aveugles
II y a du feu sous roche
Pour qui éteint le feu
Prenez-y garde nous avons Malgré la nuit qu’il couve Plus de force que le ventre De vos sœurs et de vos femmes Et nous nous reproduirons Sans elles mais à coups de hache Dans vos prisons
Torrents de pierre labours d’écume
Où flottent des yeux sans rancune
Des yeux justes sans espoir
Qui vous connaissent
Et que vous auriez dû crever
Plutôt que de les ignorer
D’un hameçon plus habile que vos potences Nous prendrons notre bien où nous voulons qu’il soit.
aujourd’hui très informe quand tous feux éteints s’éboulent les paysages sur les bancs de sable les plus lointains les sirènes des bateaux-phares sifflent depuis deux nuits
Paul ELUARD est mort
toi qui fus le dit de l’innocence
qui rendis science aux sources
étendard de la fragile graine dans les combats
du vent plus forte que le hasard
ELUARD
ni tu ne gis
ni tu n’accèdes à terre plus pure
que de ces paupières
que de ces simples gens
que de ces larmes
dans lesquelles écartant
les plus fines herbes du brouillard
tu te promènes très clair
ressoudant les mains croisant des routes
récusant la parole violette des naufrageurs de l’aube grimpés sur le soleil
Il est quand même par trop saisissant de t’entendre
remonter la grande rosace du temps
on ne t’a jamais vu si net et proche
que dans cette effervescence
du pain de la neige qui lève quand une échéance autorise
dans le fin fond fumant de l’engrais de l’orage
un abîme de silex
ELUARD
cavalier des yeux des hommes pour qui luit
véridique le point d’eau à brouter du mirage
doux sévère intègre dur
quand de proche en proche tu mettais pied à terre
pour surprendre confondus
la mort de l’impossible et le mot du printemps
Capitaine de la bonté du pain
il a passé sous les ciels combattant
de sa voix traversée de la fleur inflexible du fléau méridien
et son pas des grands-routes
panifiant l’avenir
d’un tremblement de monstres vomi par les narines
insiste que dans l’oreillette gauche de chaque prisonnier
s’enflamment
d’un même cœur
tout le bois mort du monde et la forêt qui chante
Ecoute
déchiffreur sous tes paupières tu ne fais jamais nuit ayant pour mieux voir jour et nuit jeté aux feux-croisés des remous du pavé le faux feu que chasse le sacre des pierreries
Arpenteur mesureur du plus large horizon guetteur sous les caves d’un feu sous les évents sur les mers grises salueur des plus subtils flocons
ô temps par ta langue opulent
à cette heure l’eau brille l’homme comme l’eau des prairies brillera
le voilà qui vers lui siffle la docilité d’une saison feuillue
Regarde basilic
le briseur de regards aujourd’hui te regarde
qu’un soir impur de banquises dans ses doigts réchauffa
comme le secret de l’été
Raison
quelles surprises
de racines t’enlaceront
ce soir ou le torrent
descendrais-tu déjà
l’autre face du partage une surdité épaissit en vain la veille sans miracle de ses yeux crevés le roc sort ses oiseaux
ô meute capricorne
les mots leurs pouls battent on les sait fabuleux allaités hors temps par une main volière les paroles tombées
ramassées les saisons pliées arrondies comme des portes saisons saisons pour lui cochères
ELUARD
pour conserver ton corps
grimpeur de nul rituel
sur le jade de tes propres mots que l’on t’étende simple
conjuré par la chaleur de la vie triomphante selon la bouche operculée de ton silence et l’amnistie haute des coquillages
La hache la façon de tenir un verre brisé La négation d’une fausse note les clous les fards Le sens commun les algues les ravins l’éloge tout ou rien La pourriture astrale et le reflet de son délire La lune de rosée et beaucoup d’animaux gaillards Dans cette ville disparue dans cette ville camarade L’orage vagabond ses prunelles éclatée son feu virtuel Le brassage des graines des germes et des cendres Coin des Acacias masqué d’odeurs le sable fait la moue.Lune la feuille fleur le sein et les paupières lourdes Les longs baisers de la balafrée aux cheveux pâles Qui m’accompagne toujours qui n’est jamais seule Qui m’oppose le flots des non quand les oui ne pleuvent pas Elle a pour elle sa faiblesse machinale Les gémissements incessants de l’amour L’introuvable gorgée d’eau vive La décevante gorgée d’eau neuve Elle a pour elle les premières et les dernières fumées Légères les fourrures mortes de chaleur Le sang des crimes qui défait les statues négatives Elle est pâle et blessée et taciturne Elle est d’une grande simplicité artificielle Velours insondable vitrine éblouie Poudre impalpable au seuil des brises du matin Toutes les images obscures Perdues dans l’étendue de sa chevelure diurne
De l’enfant que l’appel a outillé au vieillard à la main-gauche toujours verte
la veine d’un canal creusée du bec
a mis l’oeuf d’oiseau au monde, foin d’un Pâques
L’île était proche
Moêze-Oléron, Front-Populaire, Congés-Payés avant d’aller en guerre de 39 à 45 apprendre à être un homme sur le lé par le sel à travers ses marais
Paris pour temple au rendez-vous des Grands-Hommes
Grindel en étang d’art et Georges Rouault pour Maître
Passé les tourments des Colonies Françaises, leurs privilèges et esclavagismes extrêmes orientaux-africains-magrhebains forcer l’écluse à gagner l’estuaire
par les échelles de Jacob et à poissons trois fils volatilisés dans l’indigence humaine
C’est loin Compostelle ?
Plus loin que le Roman en Saintonge
l’ambre des vignes et les méandres de la Charente
sans que ça coupe l’Ibère des jambes et les quat’coins du monde ouvert
avant que le feu passe le fleuve que de maisons j’aurai construit en villages et en ponts,
d’anémones mis à flot, chantier naval pour herminette, levier du soleil, fil à plomb de lune
sans faillir à l’amour végétal dans ses genres, nichons pleins, tripes au ventre et teinte du poil…
Est-elle sortie Elle est chez elle Sa maison est ouverte Jusqu’à leur abolition naturelle Il y a des différences plus séduisantes Entre un poing et une cloche Entre une pierre et une rose Entre la prison et l’air libre Qu’entre le poisson et la mer Le cerf et le vent L’homme et la femme Mon élément malgré les charmes du dehors J’entre tout s’assombrit Buisson des métamorphoses Le lit teinté d’étoiles s’étend Comme un automne de brebis Descendant vers les brumes de ma solitude J’ai toujours eu peur du silence Il y naît des rires sans raison Machines machinales aux roseaux de cambouis aux frissons figés L’écœurant métal doux Plus stérile que la cendre Face aux rideaux apprêtés Le lit défait vivant et nu Redoutable oriflamme Son vol tranchant Éteint les jours franchit les nuits Redoutable oriflamme Contrée presque déserte Presque Car taillée de toutes pièces pour le sommeil et l’amour Tu es debout auprès du lit Je t’aime et je dors avec toi Écoute-moi.
Sans grande cérémonie à terre Près de ceux qui gardent leur équilibre Sur cette misère de tout repos Tout près de la bonne voie Dans la poussière du sérieux J’établis des rapports entre l’homme et la femme Entre les fontes du soleil et le sac à bourdons Entre les grottes enchantées et l’avalanche Entre les yeux cernés et le rire aux abois Entre la merlette héraldique et l’étoile de l’ail Entre le fil à plomb et le bruit du vent Entre la fontaine aux fourmis et la culture des framboises Entre le fer à cheval et le bout des doigts Entre la calcédoine et l’hiver en épingles Entre l’arbre à prunelles et le mimétisme constaté Entre la carotide et le spectre du sel Entre l’araucaria et la tête d’un nain Entre les rails aux embranchements et la colombe rousse Entre l’homme et la femme Entre ma solitude et toi. Paul Eluard
Araucaria ou désespoir des singes, je reverdis la tête d’un géant au promontoire des terres brûlées
par un simple passage venu de très loin
en apprenant qu’à partir de dire à un enfant à propos du cheval qu’il venait de dessiner
et qu’il craignait de devoir le peindre en brun
« le cheval est toujours de la couleur qu’on lui donne, mets la tienne sans aucune autre »
L’amour est pareil d’une couleur si sienne que rien des orages et vents contraires ne saurait lui imposer de disparaître quelque soit le motif
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.