LA RUMEUR DU NEANT – GABRIELLE ALTHEN


EGON SCHIELE

La Rumeur du Néant

Gabrielle Althen

Rien, rien, rien, la litanie du rien, mais le néant ne veut pas commencer et l’air brille.
Je n’étais pas concernée, bien que je sache que je manque de chic, puisque je manque de néant. Du reste, ma terreur, qui n’est pas du néant, s’assortissait d’épines.
On se parlait. C’est toujours la vie qui parle à la vie. Les oiseaux et le vent le savent, qui lui bredouillent en leur langue un amen.
Et l’on cajolait l’ennui et trouvait intelligent de le porter sur soi. Je répondais parfois, mais c’était sans avoir beaucoup à dire, parce que je m’appliquais surtout à continuer de marcher en collectant des miettes, dans les faubourgs qu’il me fallait traverser.

Gabrielle Althen

PAUVRE RUTEBEUF – LEO FERRE


PAUVRE RUTEBEUF

LEO FERRE

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Avec le temps qu’arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n’aille à terre
Avec pauvreté qui m’atterre
Qui de partout me fait la guerre
L’amour est morte
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à hote
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L’amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m’était à venir
M’est avenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M’a Dieu donné le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit sur moi quand bise vente
Le vent me vient, le vent m’évente
L’amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
Les emporta

TERRAIN DE BON GRAIN


TERRAIN DE BON GRAIN

Dans l’été présent l’orge dresse son ballet, l’oiseau vient deviner ce que pourrait devenir la suite

Comme au passage à niveau s’est soulevée la nuisette d’une chaleur qui s’est annoncée

La rivière s’apprête à dissiper les confusions

Et à la fourche où la petite culotte saute à l’élastique le pont de singe grise au-dessus du vide

Vous entendez claquer les portes des voyeuses sorties précipitamment cracher leur fiel

Ce n’est qu’après la 3eme vague que je plonge sans tuba…

Niala-Loisobleu – 12 Août 2021

COULEURS AU BLANC PÂLE DU MUR


COULEURS

AU BLANC PÂLE DU MUR

Sentir la raideur quitter les bras pour le membre tirant la tête hors du seau

Cet instant du flot sans gain qui donne aux grelots ce glissement riche du jour

Le pouls cogne au fond de la caverne et grave la course fauve des animals sur la roche utérine

Quand les yeux remontent le cri du fond de l’univers

lâchant les toiles filantes

pour que les pointes de Tes seins lourds viennent boire

au Centre de l’Axe

Alors nous marcherons sur les bruyères du sel de ce chemin douanier de granit rose

de l’amour à la plante à ne rompre que l’airain d’étreintes…

Niala-Loisobleu – 11 Août 2021

LA BOUTURE


LA BOUTURE

Incendies , inondations, débordements climatiques de la terre qui craque. Le glacier va remonter l’océan pour rayer les paillotes construites parmi les infractions de l’homme

Dans le balancement du hamac de mes souvenirs passe un petit-navire qui avait des jambes, chantait ma mer pour m’endormir et me laisser pénétrer mon rêve

C’était quand ce conte à rebours ?

Tout près d’ici, l’énergie déployée pour détruire la nature à les moyens de faire parler le mal

Egon d’un trait affûté, a joint ton corps au mien pour l’à venir

Cette image que mon idée garde pourrait passer pour un entêtement argentique maintenant qu’avec le numérique, l’artificiel se croît intelligent. Tant pis, je reste au sentiment qu’un gros sein naturel nourrit mieux la vie qu’un greffon synthétique

La peau de soie contre l’autre qui rit dans l’herbe haute de l’estuaire, c’est le France qui traverse en chantant du Havre à l’autre côté de l’Atlantique jusqu’aux aisselles fournies d’un rêve américain

Plus que mettre tout en ordre pour finir de rendre l’Atelier opérationnel dans sa version 2021…on voit déjà la grande bleue remontée en Seine, de mon Paname aux rivages des ÎLES ETAIENT UNE FOI

Avec la nudité plaine de femme en figure de proue.

Niala-Loisobleu – 11 Août 2021

NU DANS SES RAYURES


NU DANS SES RAYURES

Le ventre à table de son rêve

l’homme se tourne à bon escient avant l’embuscade possible

La forêt est vaste, reste à trouver la branche pour oiseau et éviter le mouvant des mauvais sables

la dernière cigogne aperçue est un bon indice pour ne pas craindre de voir le reptile sortir de la pierre

Le sel est à portée des pylônes que choisissent les grands nids comme pour maintenir Brouage en mer

sur le carreau du marais-salant il m’est possible de tenir debout en sauvant mon attribut

raide comme une saillie généreuse

que les chiens se transmettent pour mordre sans qu’il faille faire venir Pasteur

et rentrer au troupeau l’aqueux entre les jambes.

Niala-Loisobleu – 5 Juillet 2021

CE BONJOUR D’EGON


CE BONJOUR D’EGON

La chambre garde tout contre elle une chaleur de vivre que le corps porte sur lui

Plus qu’un rêve la nuit a joué avec les étoiles sans jamais faire tilt

D’un crayon souple le trait court

Rond comme une vrille il s’accroche aux treilles

Quand l’oiseau est venu au-dessus il avait rien dessous qui inquiète

Pourtant le ciel est tout chiffonné comme une bouche mal rincée, un bain de siège lui redonnerait sourire.

Niala-Loisobleu – 3 Juillet 2021

FAIRE ET NE PAS


FAIRE ET NE PAS

Puisque j’écris ce que je peins

Normal que s’effacent les toiles qui sont restées sans franchir l’ourlet

Ce qui me porte s’adresse en partage

Sinon à quoi bon

Un décollage qui capote en rase-motte sans en ramasser le grain ne monte nulle part

Tout le fruit mis dans cette femme qui saute du chevalet, chante pulpe et jus de suc comme une naissance renouvelée

Anémone tendre et profonde, allongée.

Niala-Loisobleu – 2 Juillet 2021

J’ENTENDS LE CHEVAL QUE JE LAVE HENNIR


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J’ENTENDS LE CHEVAL QUE JE LAVE HENNIR

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J’entends le cheval que je lave hennir
Pensé-je car la brosse le dérange
Et si ce cri me paraît si étrange
Je puis alors douter de l’avenir

Hier matin j’ai rangé dans la grange
Du foin qui au cheval va convenir
Et j’aimerais le faire parvenir
Plus bel avec au front un crin en frange

Je n’entends pas qu’il me fasse un reproche
Puisqu’il est doux comme un âne d’un an
Mais si avec ma brosse je m’approche

Il hennit et me dit va-t-en manant
Le foin c’est bien quand

Jean-Michel Bollet