LA PEAU DU FANTÔME
Je traîne mon espoir avec mon sac de clous, je traîne mon espoir étranglé à tes pieds, toi qui n’es pas encore, et moi qui ne suis plus.
Je traîne un sac de clous sur la grève de feu
en chantant tous les noms que je te donnerai
et ceux que je n’ai plus.
Dans la baraque, elle pourrit, la loque
où ma vie palpitait jadis ;
toutes les planches furent clouées,
il est pourri sur sa paillasse
avec ses yeux qui ne pouvaient te voir,
ses oreilles sourdes à ta voix,
sa peau trop lourde pour te sentir
quand tu le frôlais,
quand tu passais en vent de maladie.
Et maintenant j’ai dépouillé la pourriture, et tout blanc je viens en toi, ma peau nouvelle de fantôme frissonne déjà dans ton air.
René Daumal
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