
VOIX DE BICYCLETTE
Des godasses lacées aux quat’coins des touffes d’herbes, me regardent sans fatigue
plus crottées qu’un lustre de faux-semblant
elles ont des marnes qui collent à la betterave
des macadams fumeux comme un bitume de fourneau de pipe
sans omettre les vis de tous ces escaliers de service qu’elles ont tant de fois tournées à l’envers comme à l’endroit
plaines de craies des vignes tordues que le calcaire entartre aux fossiles
petits chemins planqués à l’abri d’une frise de mûres
couvert d’un pré haut dans une cour de communale
où les osselets des évasions dansent point macabres
de temps à autre en plein chant au pupitre
école des filles et colles des garçons
une petite gare plantée au travers d’une vague d’épis
rouge bleuet bleu coquelicot
folle avoine
voies secondaires
roulis d’un boulonnais ouvrant le ventre de la terre d’un coup de soc être
chaussettes en accordéon dans la tête ailleurs
des boutons de culotte dans les batailles
puis moins ludiques ces jeux d’adultes comme y disent
où que les grenades sont séparées des arbres en vergers
et des frères par un côté blanc et un côté rouge
une tranchée au beau milieu d’un assaut de mites railleuses
qui ne laisse que des alignements de croix blanches
souvent anonymes comme une flamme qu’on doit rallumer tous les matins
et en corps qui s’en souvient
de quoi ça à pu servir de donner sa vie
les grandes forêts où mon grand-père puis mon père
vivaient insoumis en francs-tireurs pour pas perdre leur image d’hommes
c’est qu’on y tenait à sa dignité d’exister
quand le ventre refuse
y donne des ruades sans savoir lire verboten
mais dans mes godasses y a plein d’espadrilles qui font les moissons
pendant les grandes vacances où que les dunes dressent leurs oyats
face à la mer et à toute la famille
tout au long des côtes sauvages à bronzer intégral
pieds nus
la p’tite Zézette et le Titoeuf sans culottes
j’aime pas les bottes
elles ont un bruit qui explose dans mon coeur
en écrasant toujours le sang à renfort de wagons dans les plis des chemises noires
qui arrachent les enfants comme de la mauvaise herbe
lessivent au gaz
bouillent l’innocence dans des crématoires
laissant les habits à rayures sécher au bout d’une corde
mais voilà les galoches qui sentent bon le bois
elles faisaient un somme dans les toiles d’araignées du grenier où j’habite
avec ma boîte à couleurs
mes plumes
mon encre
mon bateau en papier
les bassins du Luxembourg et des Tuileries
et sur le pont mon Capitaine
qui se tient sur la grand roue d’un vélo dépassé par les événements
Au revoir cabane, bonjour le Nouveau Jour
Niala-Loisobleu – 18 Mai 2018
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