La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Les amantes, pareilles aux amants, demandent si à tout hasard, sait-on jamais, à défaut d’être premier, unique ou meilleur coup est-elle, est-il, le dernier
Avec des mots, je ne sais rien, avec un derme un souffle, tout me revient d’un coup je revis, je revois leurs gestes premiers, les manières de l’enfance, la saveur de vanille et la panique de maman qui ne reviendra plus mais qui revient chaque soir et toujours la panique et le drame avorté
Avec des mots, je ne dis rien avec les mains, la cuisse accueillante, le gigot qui gigote, l’œil ouvert, je donne ce que j’ai à donner, je répare, j’absous comme le font les très vieux enfants puis je dors comme un loir dans mon corps qui pèse un drame
Vu depuis le chien-assis de l’étage, rien ne semblait interdire dans l’aperçu que laissait entrevoir ce jardin
à part que
vouloir y entrer à l’écart du passage public sur le trottoir me sembla relever de ma dernière utopie
Et pas la meilleure
Je m’use le moignon qui me reste à sucer mon pousse à croire que seule une liaison amoureuse serait de nature à remettre le monde dans le sens de la marche
Les regards s’ils ne sont pas de travers, sont bien dotés de strabisme. Ce qui fait qu’en fin de conte tout louche
Le cheval revenu d’une inspection matinale m’a dit , j’ai rien vu mais j’ai senti que tu devrais voir si sur le toi il y a besoin de tuiles
Le petit-chemin qui sent la luzerne c’était du temps de Mireille, quand tu devais te former au mirage des femmes pour ne pas succomber à l’illusion première
Même en plein désert les serpents ont le don de trouver les pommes
C’est dur d’en arriver à plus croire en rien pour un peintre de mots-peints
Vessie pleine le chien n’en pouvant plus a mangé la chatière pour arriver à sortir. Ses maîtres pris du sommeil général profitant du jour de grève, dormaient à poings fermés. Il est revenu après avoir retourné quelques poubelles en s’imaginant pouvoir trouver un bout d’os égaré. Ne me parlez pas de la lune nouvelle comme de l’aubaine qui va dégraisser la vaisselle d’un évier plein à ras bord. Hier j’avais changé les serviettes, ça valait vraiment pas le cou. Mes attentes sont toujours bloquées dans le tunnel de l’oreille abordée. N’en déplaise à l’inertie à part monter le coup de la vie, rendre heureux est hors de prix. Des mots de réforme passent en sentinelles, c’est une ronde dans laquelle les enfants ont les mains sur la tête comme dans la mise au coin. Heureusement que l’usage de la drogue gagne la campagne, je me demandais qui pourrait bien être élu dans ce système d’expédients. Je ne rentre pas le chien des fois qu’il reniflerait une chaleur passant par là.
Si c’était à recommencer? Si je devais refaire ma vie? Je voudrais naître en Italie? Au mois de mai? Je voudrais être ce gamin? Qui courait pieds nus au soleil ?Parmi les chèvres et les abeilles Ne changez rien
Si c’était à recommencer Dans un monde à feu et à sang Je voudrais être l’émigrant Que j’ai été J’aim’rais repasser la frontière Et sans capuche ni manteau Redébarquer à Yvetot Un soir d’hiver
Si c’était à recommencer J’aim’rais un jour avoir vingt ans Etre con et perdre mon temps Dans les cafés J’aimerais traîner mes illusions Dans des décors de cinéma Même s’il faut avoir l’estomac Dans les talons
Si c’était à recommencer J’aim’rais revoir tous mes amis Même celui qui m’a trahi C’est oublié Je voudrais revivre ces heures D’espérance et de désespoir Ces nuits blanches et ces matins noirs Un vrai bonheur
Si c’était à recommencer J’aim’rais aimer les mêmes femmes Je ne veux pas saouler mon âme D’autres baisers Je voudrais qu’il ne manque pas Une larme, une déchirure Au revers de mes aventures Mea culpa
Si c’était à recommencer J’aim’rais habiter le Midi Y passer dix ans de ma vie À tes côtés Je voudrais avoir cinq enfants Pas un de plus, pas un de moins Et les revoir tous un à un Prendre le vent
Si c’était à recommencer Je suivrais le même chemin Je manquerais les mêmes trains Sans un regret Je voudrais ne rien effacer De mes joies, de mes solitudes Qu’on n’oublie pas une virgule À mon passé…
Entendre l’histoire monter sur la rampe donne à voir de quoi réfléchir
Je ne me rappelle pas être allé à un rendez-vous avec ma vie en arrivant en retard
aujourd’hui devant l’esplanade d’une cène qui réunit sa foi dans une optique mécréante du sacré
transcende au faîte de la non-gloire
la force d’y croire en dépit de tous les contraires mis en travers du chemin
C’est pariétal
tremblant comme un sol de charge animale
une érosion salvatrice
une crue nourricière
qui portera trace pour relayer
la morale en toute dispense d’hypocrites leçons
Remettre l’énergie de mon passé culturel dans le présent en vertu de l’avenir à regarder dans les yeux en prenant pour tremplin ce lieu d’union où le mariage célèbre le fondamental de cette thématique qui fut la mienne
Aujourd’hui 6 Février 2023, l’entreprise vient d’être mise à l’eau par
La mer en prenant le large suit en ovin ce qui pousse à sombrer
émoi au coeur de cette lucidité
je trouve
tes seins qui s’échappent pour me tirer d’eux-mêmes à la surface
comme le refus du soleil à reconnaître le gel des floraisons du corps
Est-ce pour ça que tu t’appelles Bianca mon rêve ?
je le crois comme
j’ai appris qu’à part l’impossible on ne peut plus rien attendre aujourd’hui des besoins nécessaires à la vie
et là au long des raidissements des heures sans demander pourquoi, je t’ouvre chaque minute de plus
sentant gigoter l’enfoui qui ne demande qu’à s’évader des questionnements pour saillir
Le Bleu Passage
est demandé par la fente terrestre que ton ventre possède pour franchir le non-dit
que ce qui reste ne tombe pas à côté de l’absolu tel que je le conçois sans recours au système de survie.
.
Niala-Loisobleu.
5 Février 2023
FAUT VIVRE – MOULOUDJI
Malgré les grands yeux du néant c’est pour mieux nous manger enfant et les silences et les boucans… faut vivre
Et bien qu’aveugles sur fond de nuit entre les gouffres infinis des milliards d’étoiles qui rient… faut vivre…
Malgré qu’on soit pas toujours beau et que l’on ait plus ses seize ans et sur l’espoir un chèque en blanc faut vivre…
Malgré le coeur qui perd le nord au vent d’amour qui souffle encore et qui parfois encore nous grise faut vivre…
Malgré qu’on ait pas de génie n’est pas Rimbaud qui peut pardi et qu’on se cherche un alibi malgré tous nos morts en goguette qui errent dans les rues de nos têtes faut vivre…
Malgré qu’on soit brave et salaud qu’on ait des complexes à gogo et qu’on les aime c’est ça le pire faut vivre…
Malgré l’idéal du jeune temps qui s’est usé au nerf du temps et par d’autres repris en chantant faut vivre…
Malgré qu’en s’tournant vers l’passé on est effrayé de s’avouer qu’on a tout de même un peu changé faut vivre… malgré qu’on soit du même voyage qu’on vive en fou, qu’on vive en sage tout finira dans un naufrage faut vivre…
Malgré qu’au ciel de nos poitrines en nous sentinelle endormie dans un bruit d’usine gémit le coeur aveugle qui funambule sur le fil du présent qui fuit faut vivre…
Malgré qu’en nous un enfant mort parfois si peu sourit encore comme un vieux rêve qui agonise faut vivre…
Malgré qu’on soit dans l’engrenage des notaires et des héritages ou le coeur s’écoeure et s’enlise faut vivre…
Malgré qu’on fasse de l’humour noir sur l’amour qui nous en fera voir jusqu’à ce qu’il nous dise au-revoir faut vivre…
Malgré qu’à tous les horizons comme un point d’interrogation la mort nous regarde d’un oeil ivre faut vivre…
Malgré tous nos serments d’amour tous nos mensonges jour après jour et bien que l’on ait qu’une vie une seule pour l’éternité malgré qu’on la sache ratée….
En ce temps-lâ, il y avait un roi qu’on appelait Dieu 1″ ou Dieu le seul et qui régnait sur le ciel d’Abraham et de Jacob.
Et Dieu I » fut fâcheusement surpris en apprenant oraculairement et de source sûre que, s’il n’y mettait bon ordre, Jésus, son fils unique, qui venait de naître, le tuerait un jour, et, un autre jour du plus tard, épouserait sa mère la Reine Lilith, sœur de Satan, lequel assumait les plus hautes fonctions à la Cour.
Cette nouvelle n’était pas réjouissante et Dieu I » entra en grande complexité morose et silencieuse puis, décision prise, il appela un de ses plus dévoués serviteurs, lui confia le nouveau-né en lui donnant l’ordre de l’emmener sur la Terre, une de ses plus lointaines colonies, et là, de le suspendre par les pieds à la branche d’un arbre en attendant que, dans les plus brefs délais possibles, une providentielle bête féroce ne fasse de l’enfant qu’une bouchée.
Le serviteur fit de son mieux mais Jésus l’enfant n’excita l’appétit d’aucune bête sauvage.
Elles passaient, s’arrêtaient, le regardaient et s’en allaient. Elles ne pouvaient peut-être pas le sentir. le serviteur dit : « Dieu le veut, c’est affaire entendue mais les animaux n’en veulent pas, alors je ne peux tout de même pas le manger! »
Et comme il n’avait pas reçu ordre de le tuer, il détacha l’enfant, l’abandonna dans la forêt, retourna à la Cour et, pour ne pas avoir d’ennuis, dit au Roi que la chose avait été accomplie.
Dieu le seul versa une larme et poussa en même temps un grand soupir de soulagement.
Et Satan, très intrigué par cette larme et ce soupir, obtint en le menaçant terriblement tout en lui promettant le silence, les confidences du pauvre et dévoué serviteur.
Il pensa que Jésus l’enfant était peut-être encore de ce monde qu’on appelait la Terre.
Il n’avait pas tort.
Mais Jésus l’enfant qui avait d’abord vécu dans la forêt où une bête sauvage, une louve ou un éléphant, est-ce qu’on sait, lui avait donné le sein, grandit en grâce et en sagesse derrière Dieu le Grand et bientôt devant les hommes, et il entreprit de nombreux voyages sur la terre.
C’est au cours d’un de ces voyages qu’un jour il se trouva en présence d’un sphinx.
Cette bête astucieuse, cruelle et redoutable, proposait charades et devinettes aux voyageurs égarés et comme personne ne trouvait de réponse, tout ce pauvre petit monde était illico dévoré.
Et le sphinx dit à Jésus : Mon premier est un peau-rouge mon deuxième n’est pas un peau-rouge mon troisième est un indigène d’Océanie mon quatrième n’est pas un indigène d’Océanie
Et le sphinx répéta plusieurs fois son énumération et conclut ainsi :
Et mon tout fera beaucoup de bruit dans le monde, qu’est-ce que c’est?
Et Jésus répondit:
Sioux, pas Sioux
Papou, pas Papou
Sioux, pas Sioux
Papou, pas Papou
Sioux, pas Sioux
Papou, pas Papou…
Et ainsi de suite, c’est la locomotive à vapeur!
Vous pouvez passer, dit le sphinx, car vous devez avoir réponse à tout.
Et Jésus passa, mais le sphinx le rappela et lui dit : Je sais lire dans les astres sur le tableau noir de la nuit et si j’ai un conseil à vous donner, c’est de ne jamais remettre les pieds dans votre pays.
Et Jésus répondit :
Mais je n’ai pas de pays.
le sphinx sourit :
Vous l’avez perdu, peut-être, mais si jamais vous le retrouvez, vous tuerez votre père et vous épouserez votre mère, c’est votre destinée.
Alors Jésus entra en grande colère et tua le sphinx, puis fut immédiatement porté en triomphe par la population de la petite, mais prospère principauté où le fort méchant animal exerçait son droit de péage.
Il devint prince.
Cependant qu’au royaume des Cieux, Dieu I », se promenant dans les jardins du Paradis Céleste qui entouraient le Palais Royal, avait le regard sombre et le sourcil froncé.
Il se sentait vieillir, et comme il n’avait pas d’âge, ça l’inquiétait.
Lilith, sa femme, au contraire, paraissait de jour en jour plus jeune, plus belle, et Satan son frère, gardait toujours un inquiétant sourire.
Dieu I » ne voyait pas cela d’un bon œil.
À cette époque, l’amour fraternel était souvent équivoque et trouble et Dieu le père, ayant appris par ailleurs que Satan, afin de s’emparer du trône, était en train de fomenter un coup d’État, envoya son beau-frère en exil sur la terre.
Satan, toujours souriant, fit ses bagages mais Lilith demanda au roi en pleurant la faveur de faire un petit bout de chemin avec Satan.
Dieu, pour Lilith, était la faiblesse même, il n’osa refuser.
Mais le petit bout de chemin s’allongeant à n’en plus finir, Dieu I » qui trouvait le temps long et même interminable, fut saisi de grande inquiétude et la jalousie, la luxure royale, se mêlant à la colère divine, flanqué de sa garde blanche, il descendit à son tour sur la terre ‘•
Satan, qui connaissait cette terre comme sa poche, n’avait pas eu de mal à retrouver Jésus qui, paisiblement, régnait sur sa petite principauté.
Et il lui présenta Lilith et Jésus fut à l’instant même émerveillé.
Alors éclata un orage, Jésus ferma les yeux, mais quand il les ouvrit, il se rendit compte que ce n’était pas la foudre mais Lilith qui l’avait ébloui.
Et Satan fut content.
Il emmena Jésus sur la montagne, et là, il lui parla longuement, astucieusement, scabreusement de la beauté de sa sœur et de ses charmes les plus secrets.
Et Jésus fut tenté.
Et comme il descendait vers la ville, ils se trouvèrent en présence de Dieu I », incognito qui, par hasard, chance, ou prémonition, avait réussi à retrouver la trace de Satan et avant même de le blâmer pour son singulier comportement, il lui demanda des nouvelles de Lilith.
En entendant ce nom, Jésus fut pris de soudaine jalousie et il ressentit pour cet homme une sourde animo-sité. Alors Satan entraîna son roi à l’écart et lui révéla l’identité de ce mystérieux jeune homme.
« Jésus, mon fils », dit Dieu le père, « mon fils vivant, mon fils qui doit me tuer ».
Alors, afin d’écarter tout danger immédiat – est-ce qu’on sait – il eut l’idée de se faire prendre pour un autre et, racontant qu’il venait de très loin où il avait appris beaucoup de choses, il dit le plus grand mal de soi-même, c’est-à-dire du Dieu du ciel dont Jésus avait entendu parler.
« Qui êtes-vous, homme de sans doute peu d’importance et qui vous permettez d’insulter un grand roi? » Et comme Dieu Ier persistait dans ses abominables calomnies, Jésus le tua.
Puis il connut Lilith.
Et Satan les guidant, ils rejoignirent tous trois le royaume du ciel, d’Abraham et de Jacob…
…et de Dieu I », mystérieusement disparu…
Et Jésus épousa lilith et s’assit sur le trône céleste de son père et puis, un beau jour, oraculairement comme son père c’est-à-dire par un habile stratagème de Satan, il apprit la vérité. Et il dit : « J’ai tué mon père, j’ai épousé ma mère, tout cela est d’une grande complexité, j’aurais dû voir clair ça crevait les yeux! mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Tout ça c’est ma faute, ma très grande faute. J’aurais dû épargner ce sphinx, qui après tout, et avant le reste n’était pas une mauvaise bête. Le malheur est sur moi, derrière moi, devant moi, je ne veux plus le voir. »
Et il s’énucléa et puis s’en alla sans demander son chemin à personne.
Alors un jour qu’il était fatigué, une très belle prostituée lui lava les pieds. Elle s’appelait Marie-Madeleine.
Et Satan prit Lilith sur ses genoux et s’assit sur le trône. Les noces furent merveilleuses, ils vécurent très heureux mais n’eurent qu’un enfant, Merdezuth. Merde-zuth, démonologiste, tua son père et épousa Lilith qui depuis longtemps rajeunissait de jour en jour.
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.