VAGUE A BONDS SOLAIRES


VAGUE A BONDS SOLAIRES

Au tant qu’emporte le vent, le bateau ivre, s’entortille la trajectoire

Gens qui pleurent

J’en kiri

L’hume heur enfume sans que rien ne parvienne à devenir une pipe

Imprévisible à s’habiller comme il convient j’en perds ma chemise sans retrouver nues

C’est en 1936 que René Magritte fit ce calligramme ô combien expressif du questionnement philosophique que les revirements de l’homme lui manifestèrent à cette période cruciale

Amis de nombreux philosophes et visionnaire incontestable, il témoigne par cet autoportrait de l’annonce qui nous fut faite et parvient aujourd’hui à terme

La vague versatile de l’an brun nous sombre aux lumières d’un tango Titanic.

Niala-Loisobleu – 27 Novembre 2021

INVECTEUR DE CONSCIENCE


INVECTEUR DE CONSCIENCE

Au stade où en est la France le besoin de regonfler la confiance sonne à larmes l’électorale question

Saint-Denis célèbre pour ses gisants pourra-t-il à ce stade tirer le moribond du fond du lit ?

Un poil à Magritte et je René

Ma foi sur et à liste est capable de transe former le laid qui déborde en beau tant elle jouit d’épreuves

Vaccinateur de naissance j’ai jamais manqué de vaccin c’est là toute la différence…

Niala-Loisobleu – 6 Avril 2021

CECI N’EST PAS UN MASQUE


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CECI N’EST PAS UN MASQUE

La plage qui reste au respect de l’autre

est nulle

pire qu’un club échangiste

on s’y transmet la bête noire

revoilou le Moyen-Âge où

Je te respire en renouvelant mes poils nasaux à ta crinière

c’est mon dessein

à moi Magritte !!!

Niala-Loisobleu – 23 Juillet 2020

INTEMPÉRIES


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INTEMPÉRIES

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(Féerie)

Petits couteaux de gel et de sel

petits tambours de grêle petits tambours d’argent

douce tempête de neige merveilleux mauvais temps

Un grand ramoneur noir

emporté par le vent

tombe dans l’eau de vaisselle du baquet d’un couvent

Enfin quelqu’un de propre

à qui je puis parler

dit l’eau de vaisselle

Mais au lieu de parler voilà qu’elle sanglote

et le ramoneur fait comme elle

Homme compatissant tu comprends ma douleur dit

l’eau
Mais en réalité ce n’est pas à cause d’elle que le

ramoneur sanglote mais à cause de sa marmotte elle aussi enlevée par le

vent du nord

et dans un sens diamétralement opposé à celui du pauvre ramoneur

emporté par le vent du sud comme un pauvre sujet de pendule dépareillé par un déménageur qui met la bergère dans une boîte à savons et le berger dans une
boîte à biscuits sans se soucier le moins du monde s’ils sont des parents des amis

ou d’inséparables amants

Petits couteaux de gel et de sel

petits tambours de grêle petits sifflets de glace petites

trompettes d’argent douce tempête de neige merveilleux mauvais temps

Tu ne peux pas t’imaginer

dit l’eau de vaisselle au ramoneur

Ici c’est tout rempli de filles de triste vie

qui ruminent toute cette vie une haineuse mort

et avec ça toujours à table

Ah mauvais coups du mauvais sort

Et ça s’appelle ma mère et ça s’appelle ma sœur

et ça n’arrête pas de mettre le couvert

et c’est toujours de mauvaise humeur

O mauvais sang et mauvais os

eau grasse chez les ogresses

voilà mon lot…

Elle dormait tout l’hiver elle souriait au printemps et je ne vous mens pas

on aurait dit vraiment

qu’elle éclatait de rire quand arrivait l’été

La plus belle la plus étonnante et la plus charmante

marmotte de la terre et de tous les temps et le premier qui me dit le oontraire…
Et puis sans elle qu’est-ce que je vais foutre maintenant

J’aurais préféré geler de froid

dans la cruche cassée d’une prison

et même grelotter de fièvre dans la gorge du prisonnier

dit l’eau de vaisselle

qui n’a prêté aucune attention aux confidences du ramoneur

J’aurais mieux aimé faire tourner les moulins

j’aurais mieux aimé me lever de bonne heure le dimanche matin

et dans les grands bains douches asperger les enfants

Et j’aurais tant aimé laver de jeunes corps amoureux

dans les maisons de rendez-vous de la rue des
Petits-Champs

J’aurais tant aimé me marier avec le vin rouge

j’aurais tant aimé me marier avec le vin blanc

j’aurais tant aimé…

Mais le ramoneur l’interrompt

sans même se rendre compte que c’est là faire preuve

d’un manque total d’éducation
Or ça ne vaut plus la peine de respirer pour vivre autant crever la gueule ouverte

comme le chien qu’on empoisonne

avec un vieux morceau d’épongé grillée

Quand je pense que je la réveillais au milieu de l’hiver

pour lui raconter mes rêves

et qu’elle m’écoutait les yeux grands ouverts

absolument comme une personne

Et maintenant où est-elle je vous le demande

ma petite clé des songes

Peut-être avec un rémouleur un cocher de fiacre ou bien un vitrier

Ou bien qu’elle est tombée du ciel comme ça sans crier gare chez des gens affamés à jeun mal élevés et puis qu’ils l’ont fait cuire sur un réchaud à gaz
et qu’ils l’ont tuée sans même lui dire au revoir

qu’ils l’ont mangée sans même savoir qui c’est

Et dire qu’on appelle ça le monde qu’on appelle ça la société

Oh je voudrais être les quatre fers du cheval

dans la gueule du cocher

ou dans le dos du rémouleur

son dernier couteau affûté

et morceau de verre brisé dans l’œil du vitrier

Et il aura bonne mine avec son œil de verre

pour faire sa tournée

le vitrier

Et à tous ça leur fera les pieds

ils avaient qu’à pas la toucher

Maintenant je suis foutu le sel est renversé

mon petit monde heureux a cessé de tourner

8an8 elle je suis plus seul

que trente-six veuves de guerre

plus désolé qu’un rat tout neuf dans une sale vieille ratière rouillée

Petits couteaux du rêve petits violons du sang
Petites trompettes de glace petits ciseaux du vent
Radieuse tourmente de neige magnifique mauvais temps

Et avec cela

comme si
Dieu lui-même en bon directeur du
Théâtre de la
Nature avait décidé débonnai rement d’offrir à ses fidèles abonnés une attraction supplémentaire et de qualité voilà qu’un corbillard de
première avec tous ses pompons arrive à toutes pompes funèbres et franchit la grille du couvent le cocher sur le siège les chevaux harnachés le mors d’argent aux
dents

Mais toute réflexion faite

aucun miracle de la sorte

simplement la mère supérieure qui est morte

Et voilà toutes les sœurs sur le seuil de la porte en grande tenue de cimetière et en rangs d’oignons pour pleurer et la famille qui s’avance à son tour dans ses plus beaux
atours crêpés

avec un certain nombre de personnalités et puis les petites gens la domesticité avec les chrysanthèmes les croix de porcelaine et les couronnes perlées

Et l’évêque à son tour sous le porche apparaît soutenu par un lieutenant de garde mobile avec un long profil de mouton arriéré et une si énorme croupe qu’on
le dirait à cheval alors qu’il est à pied

Et l’évêque ne pleure qu’une seule larme mais d’une telle qualité que l’on comprend alors qu’en créant la vallée des larmes
Dieu qui n’est point une bête
Bavait ce qu’il faisait mais en même temps qu’il verse cette larme unique le très digne prélat tout en donnant le ton à l’affliction générale contemple à la
dérobée d’un voluptueux regard de chèvre humide la croupe mouvementée de son garde du corps sanglé dans sa tunique et il avance innocemment une main frémissante
avec le geste machinal et familier qu’on a pour chasser la poussière du vêtement de quelqu’un qu’on connaît
Ouais

dit à voix très basse comme on fait à la messe une dame patronnesse à une autre lui parlant comme on parle à confesse
La poussière a bon dos surtout qu’il pleut comme mérinos qui pisse un vrai scandale je vous dis et de la pire espèce et comme toute question mérite une réponse si vous
voulez savoir ce qui se passe je vous dis qu’ils en pincent et je vous dis comme je le pense ils ont de mauvaises mœurs c’est des efféminés des équivoques des hors nature
des
Henri m des statues de sel des sodomes et des zigomars un vrai petit ménage de cape et d’épée et même qu’ils font les statues équestres dans le grand salon de
l’évêché sans seulement se donner la peine de fermer la fenêtre l’été et dans le costume d’Adam complètement s’il vous plaît sauf le beau lieutenant qui
garde ses éperons et c’est pas par pudeur mais pour corser le califourchon et l’autre l’appelle mon petit
Lucifer à cheval mais lui l’évêque dans la maison tout le monde l’appelle
Monseigneur
Canasson

Quelle misère dit l’eau de vaisselle

Si belle tellement belle

répond le ramoneur

et quelquefois en rêve je me croyais heureux

Mais le singe du malheur s’est accroupi sur mon épaule

et il m’a planté dans le cœur la manivelle du souvenir

et je tourne ma ritournelle

la déchirante mélodie de l’ennui et de la douleur

Ça ne sert à rien dit l’eau de vaisselle

qui commence à en avoir assez

ça ne sert à rien ramoneur

de se faire du mal exprès

et puisque tu parles du malheur

regarde un peu ce que c’est

Regarde
Ramoneur

si tu as encore des yeux pour voir au lieu de pour

pleurer
Regarde de tous tes yeux
Ramoneur des
Cheminées homme de sueur et de suie de rires et de lueurs
Regarde le malheur avec ses invités
Le
Destin a tiré la sonnette d’alarme et chacun a quitté

le train-train de la vie ordinaire pour aller tous en

chœur rendre visite à la
Mort
Regarde la famille en pleurs avec son long visage de

parapluie retourné

Regarde le capucin avec ses pieds terribles et l’admirable parent pauvre en demi-loques fier comme un paon poussant dans son horrible voiturette l’ar-rière-grand-père en miettes et la
tête en breloque
Regarde l’Héréditaire avec tous ses pieds bots
Regarde l’Héritière avec ses lécheurs de museau
Regarde le
Salutaire avec tous ses grands coups de

chapeau
Regarde
Ramoneur homme de tout et de rien

et vois la grande douleur de ces hommes de bien
Regarde l’Inspecteur avec le
Receleur regarde le
Donneur avec le
Receveur regarde le
Surineur avec sa croix d’Honneur regarde le
Lésineur avec sa lessiveuse regarde la
Blanchisseuse avec ses
Salis-seurs le
Professeur de
Vive la
France et le
Grand
Fronceur de sourcils le
Sauveur d’apparences et le
Gardeur de
Sérieux
Regarde le
Péticheur le
Confesseur le
Marchand de
Douleurs le
Grand
Directeur d’inconscience le
Grand
Vivisecteur de
Dieu
Regarde le
Géniteur avec sa
Séquestrée et la
Demi-portion avecque sa
Moitié et le
Grand
Cul-de-jatte de
Chasse vingt et une fois palmé et l’Ancienne
Sous-Maîtresse du grand 7 avec son fils à
Stanislas sa fille à
Bouffémont et son édredon en vison et sa pauvre petite bonne en cloque de son vieux maquereau en mou de veau
Regarde
Ramoneur

debout dans la gadoue tout près du
Procureur rÉquarrisseur

Regarde comme il caresse du doux coup d’œil du connaisseur

le plus gras des chevaux de la voiture à morts

Et s’il hoche la tête avec attendrissement c’est parce qu’en lui-même

il pense tout bonnement

Si la bête par bonheur tout à l’heure en glissant se cassait gentiment une bonne patte du devant j’en connais un qui n’attendrait pas longtemps pour enlever l’affaire illico
sur-le-champ

Et soupirant d’aise il s’imagine la ohose s’accomplis-sant d’elle-même

le plus simplement du monde

la bête qui glisse qui bute qui culbute et qui tombe et lui au téléphone sans perdre une minute et son camion qu’arrive en trombe et la bête abattue sans perdre une seconde
le palan qui la hisse le camion qui démarre en quatrième vitesse et le retour à la maison les compliments de l’entourage et puis la belle ouvrage l’ébouillantage le
fignolage et puisque tout est cuit passons au dépeçage proprement dit

Mais le
Procureur l’entendant soupirer lui frappe sur l’épaule

pour le réconforter croyant qu’il a la mort dans l’âme à cause des fins dernières de l’homme

Allons voyons ne vous laissez pas abattre

Tout le monde y passe un jour ou l’autre mon bon ami qu’est-ce que vous voulez c’est la vie

Et il ajoute parce que c’est sa phrase préférée en pareille occasion

Mais il faut bien reconnaître qu’hélas

c’est le plus souvent les mauvais qui restent et les bons

qui s’en vont
Il n’y a pas de mauvais restes répond l’Équarrisseur quand la bête est bonne tout est bon et idem pour la carne et pour la bête à cornes
Mais reconnaissant dans l’assistance une personne de la plus haute importance il se précipite pour les condoléances
Regarde
Ramoneur dit l’eau de vaisselle cette personne importante

avec sa gabardine de deuil et sa boutonnière en ruban c’est un homme supérieur
Il s’appelle
Monsieur
Bran

Un homme supérieur indéniablement et qui a de qui tenir puisque petit-neveu de la défunte
Mère
Supérieure née
Scaferlati et sœur cadette de feu le lieutenant-colonel
Alexis
Scaferlati
Supérieur également du couvent de
Saint-Sauveur-les-Hurlu par
Berlue
Haute-Loire-Supérieure et nettoyeur de tranchées à ses derniers moments perdus pendant la grande conflagration de quatorze dix-huit bon vivant avec ça pas bigot pour un sou
se mettant en quatre pour ses hommes et coupé hélas en deux en dix-sept par un obus de soixante-quinze au mois de novembre le onze funeste erreur de balistique juste un an avant
l’armistice
Et un homme qui s’est fait lui-même gros bagage universitaire ce qui ne gâte rien un novateur un homme qui voit de l’avant et qui va loin et naturellement comme tous les novateurs
jalousé et envié critiqué attaqué diffamé et la proie d’odieuses manœuvres politiques bassement démagogiques ses détraoteurs l’accusant notamment d’avoir
réalisé une fortune scandaleuse avec ses bétonneuses pendant l’occupation mais sorti la tête haute blanc comme neige du jugement

Ayant lui-même présenté sa défense avec une telle hauteur de pensée jointe à une telle élévation de sentiment qu’une interminable ovation en salua la
péroraison


Messieurs déjà avant la guerre j’étais dans le sucre dans les aciers dans les pétroles les cuirs et peaux et laines et cotons mais également et surtout j’étais
dans le béton et la guerre déclarée j’ai fait comme
Mac-Mahon la brèche étant ouverte messieurs j’y suis resté et à ceux qui ont le triste courage de ramasser aujourd’hui les pierres de la calomnie sur le chantier
dévasté de notre sol national et héréditaire à peine cicatrisé des blessures de cette guerre affreuse et nécessaire pour oser les jeter avec une aigre
frénésie contre le mur inattaquable de ma vie privée j’oppose paraphrasant si j’ose dire un homme au-dessus de tout éloge un vrai symbole vivant j’ai nommé avec le plus
grand respect et entre parenthèses le général de
Brabalant j’oppose disais-je un mépris de bétonnière et de tôle ondulée mais pour ceux qui comprennent parce qu’ils sont les héritiers d’une culture
millénaire et non pas les ilotes d’une idéologie machinatoire et simiesque autant qu’utilitaire je me contenterai d’évoquer ici également respectueusement la présence
historique et symbolique d’un homme qui fut comme moi toute proportion nonobstant gardée attaqué vilipendé dénigré bassement lui aussi en son temps
Je veux parler de
Monsieur
Thiers et rappeler très simplement les très simples paroles prononcées par ce grand homme d’État alors qu’il posait lui-même en personne et en soixante et onze la
première pierre du
Mur des
Fédérés
Paris ne se détruit pas en huit jours quand le
Bâtiment va tout va et quand il ne va pas il faut le faire aller
Voilà mon crime
Messieurs quand aux heures sombres de la défaite beaucoup d’entre nous et parmi les meilleurs car je n’incrimine personne se laissaient envahir par les fallacieuses lames de fond de
l’invasion et de l’adversité j’ai oompris du fond du cœur que le
Bâtiment était en danger alors
Fluctuât messieurs et
Nec mergitur j’ai pris la barre en main et je l’ai fait aller et j’ajouterai pour répondre à mes dénigrateurs qu’on ne bâtit pas un mur avec des préjugés surtout
au bord de l’Atlantique face à face avec les éléments déchaînés…
Porté en triomphe sur-le-champ radiodiffusé aux flambeaux monté en exemple et montré en épingle aux actualités nommé par la suite grand
Bétonnier du bord de la mer honoraire et développant chaque jour le vaste réseau de ses prodigieuses activités balnéaires industrielles synthétiques et fiduciaires
il est aujourd’hui à la tête du
Bran
Trust qui porte son nom et qui groupe dans ie monde entier toutes les entreprises de
Merde
Préfabriquée destinée à remplacer dans le plus bref délai les ersatz de poussière de sciure de simili contreplaqué et les culs et tessons de bouteille piles
entrant jusqu’alors avec les poudres de raclures de guano façon maïs dévitalisé et les viscères de chien contingentés et désodorisés dans la composition
des
Phospharines d’après-guerre employées rationnellement dans la fabrication du
Pain

Et regarde
Ramoneur de mon coeur comme cet homme n’est pas fier et surtout c’est quelqu’un qui entre déjà tout vivant dans l’Histoire grâce à son impérissable slogan

Bon comme le
Bon
Pain
Bran

Vois comme il ne dédaigne pas de mettre lui-même la main à la pâte et comme il profite de la circonstance pour s’assurer de nouveaux débouchés parmi les nombreuses
familles et personnalités venues aux funérailles de la femme au grand cœur morte en odeur de sainteté glissant avec une discrète insistance des petits sachets
d’échantillon de
Bran sélectionné dans la main moite de la
Condoléance venue pour le condoléer

Et chaque sachet est enveloppé dans une feuille volante et ronéotypée reproduisant les principaux passages de sa fameuse allocution au grand
Congrès
International du
Bran
Trust chez
Dupont de
Nemours dans la grande salle du fond là où le grand
Dupont accoudé sans façon à son comptoir d’acier reçoit son aimable et fidèle clientèle avec une inlassable générosité.

Un canon c’est ma tournée

une
Tournée générale une grande
Tournée mondiale

encore un canon pour un général

encore un canon pour un amiral

encore un canon pour la
Société…

Mais le ramoneur de tout cela s’en fout éperdument

Il est arrivé là au beau milieu de cet enterrement

comme un cheveu de folle sur la soupe d’un mourant

Petits tambours de gTêle petits sifflets d’argent petites épines de glace de la
Rose des
Vents

Et bientôt le voilà errant dans la
Ville
Lumière et dirigeant ses pas vers la
Porte des
Lilas

Elle est peut-être derrière cette porte au nom si joli celle qu’il appelait
Printemps de l’Hiver de ma vie

Rue de la
Roquette

Là où il y un square collé au mur d’une prison et fusillé chaque jour par la mélancolie

Une fillette le regarde passer et lui sourit

Les ramoneurs portent bonheur toute petite on me l’a dit

Trop ébloui pour dire merci

la fleur de ce sourire il l’emporte avec lui

et longeant une rue longeant elle aussi la prison il lève

machinalement la tête pour connaître son nom
Cette rue s’appelle la rue
Merlin et comme ce nom ne lui dit rien

il ne répond rien à ce nom

Et c’est pourtant celui de l’enchanteur
Merlin qui donna son nom à la
Merline ce petit orgue portatif qui serinait jadis aux merles par trop rustiques les plus difficultueux accords du délicat système métrique de la musique académique

et qui généreusement plus tard fit gracieusement don aux tueurs des abattoirs du
Merlin son marteau magique

Et comme le ramoneur poursuit son chemin avec entre les lèvres la fleur de la jeunesse couleur de cri du cœur il ne peut voir derrière lui l’ombre de l’enchanteur qui pas à
pas le suit ulcérée et déçue de n’avoir réveillé aucun souvenir notoire glorieux ou exaltant dans l’ingrate mémoire de ce passant indifférent

En sourdine la
Merline de l’ombre a l’air de jouer un petit air de soleil et de fête

Le ramoneur ralentit le pas

Ingénument il croit que c’est la fillette de la
Petite-Roquette qui court après lui et qui lui pose doucement sur l’oreille sur son oreille tout endeuillée de chagrin et de suie

les cerises du printemps

signe d’espoir tout neuf

signe de gai oubli

Mais l’ombre de l’enchanteur rompant le charme enfantin file un grand coup de merlin sur la tête du passant frappé à l’endroit même où sa peine d’amour s’endormait en
rêvant comme un chagrin d’enfant s’enfuit en chantonnant

Demande le temps au baromètre

ne frappe pae chez l’horloger

autant demander au mouchard

l’heure du plaisir pour le routier

Sur notre pauvre cadran salaire

l’ombre du profit s’est vautrée

mais elle n’a pas les moyens de rêver

Le vrai bien-être n’a rien à voir

avec le somptueux mal-avoir

Et le
Tout-Paris ohaque soir

tire la chaîne sur le
Tout-à-1’égout

Chaque nuit la chanson de chacun est jetée aux

ordures de la chanson de tous
La baguette du chiffonnier dirige l’opéra du matin et les gens du monde font encadrer les bas-reliefs de leur festin
Nous autres économiquement faibles notre joie c’est de dépenser notre force c’est de partager
N’ajoute pas d’heures supplémentaires au mauvais turbin du chagrin
Mets-lui au cou tes derniers sous et noie-le dans le vin 8i tu n’as plus tes derniers sous prends les miens
Le travail comme le vin a besoin de se reposer et quand le vin est reposé il recommence à travailler

Et le vin du
Château-Tremblant monte à la tête du rêveur et lui ramone les idées

Fastueux comme un touriste qui découvre la capitale il

fait le tour de la salle et poursuit son rêve comme on suit une femme levant de temps en temps son verre à la santé de celle

qu’il aime et des amis de l’instant même
Et je vous invite à la noce vous serez mes garçons d’honneur nous aurons un petit marmot et vous boirez à son bonheur

Laissez-le poursuivre sa complainte dit l’égoutier aux débardeurs laissons-le dévider son cocon
Sur la petite échelle de soie qu’il déroule dans sa chanson il s’évade de sa prison
La marotte du fou c’est le spectre du roi et sa marotte à lui c’est celle de l’amour le seul roi de la vie
Ma petite reine de cœur ma petite sœur de lit

Le ramoneur parle de sa belle

chacun l’écoute tous sourient aucun ne rit de lui

Je suis son œillet

elle est ma boutonnière

Je suis son saisonnier elle est ma saisonnière
Elle est ma cloche folle et je suis son battant
Elle est mon piège roux je suis son oiseau fou
Elle est mon cœur je suis son sang mêlé
Je suis son arbre elle est mon cœur gravé
Je suis son tenon elle est ma mortaise
Je suis son âne elle est mon chardon ardent
Elle est ma salamandre je suis son feu de cheminée
Elle est ma chaleur d’hiver je suis son glaçon dans son verre l’été
Je suis son ours elle son anneau dans mon nez

Je suis le cheveu que les couturières cachaient autrefois dans l’ourlet de la robe de mariée pour se marier elles aussi dans l’année

Petits tambours de grêle petits violons du sang petits cris de détresse petits sanglots du vent petite pluie de caresses petits rires du printemps

Bientôt les bougies de la lune sont soufflées par le vent du matin c’est l’anniversaire du jour

L’eau de vaisselle s’en va vers la mer le rêveur poursuit son rêve l’amoureux poursuit son amour et le ramoneur son chemin.

 

Jacques Prévert

MAGRITTE


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MAGRITTE

Marches de l’œil

A travers les barreaux des formes

Un escalier perpétuel

Le repos qui n’existe pas

Une des marches est cachée par un nuage

Une autre par un grand couteau

Une autre par un arbre qui se déroule

Comme un tapis

Sans gestes

Toutes les marches sont cachées

On a semé les feuilles vertes
Champs immenses forêts déduites
Au coucher des rampes de plomb
Au niveau des clairières
Dans le lait léger du matin

Le sable abreuve de rayons
Les silhouettes des miroirs

Leurs épaules pâles et froides
Leurs sourires décoratifs

L’arbre est teinté de fruits invulnérables.

Paul Eluard

SORTIE DE BEN SURREALISTE


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SORTIE DE BEN SURREALISTE

En corps ruisselante

c’est l’instant où les sels vous sortent de l’évanouissement

le poil se dresse en même temps que l’arc se bande droit  vers la flèche

la petite mord

nom de diou peau lisse secoure le petit chat du ben

Le pompier de service en sortant de l’échelle a dit j’insiste ceci est une vraie pipe

René ne le contredit pas et signe la toile…

Niala-Loisobleu – 7 Mars 2020

D’UNE PEINTRESSE DE BONNE AVENTURE


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D’UNE PEINTRESSE DE BONNE AVENTURE

 

Relevant du coq

se prit le clocher dans la mire

C’est la bonne distance pour lever

dit-aile

et de son pinceau agile tira l’oiseau du chapeau

sans le lapin

sur son perchoir de trapèze-volant

sans filet

Châssis à clef de fenêtre

soulage sans majuscule

Il est vrai qu’en foncé dans le bleu

c’est rien des zoos noirs du peintre en sous-tanne

Je crache et ça tombe

Beau ris cape le bateau

J’ai du poil au né

ce qui fait d’un faux-belge une vraie pipe…

 

Niala-Loisobleu

27 Janvier 2020

COUP L’HEUR DE 18H53


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COUP L’HEUR  DE 18H53

Penchée d’une écriture  soudaine, l’italique fait quiproquo, sous le maroquin du bureau le tiroir coince, l’encrier rapporté d’une chine en vide-grenier, réservoir double, union de couleur pour l’équité fâche le rapport, en hausse du ton qui monte de la plume du sergent-major. Le nounours laissé sur le canapé sent sa gorge se coincer, les serins eux  ne peuvent rien dire on a pas d’oiseaux en cage. En revanche par la fenêtre fermée des bruits qui raclent la gorge des moulures entrent plus vindicatifs que la cause le justifie. Il devient sensiblement lisible que l’émotion s’est trompée d’aiguillage dans la ligne droite. On peut se détourner ou l’être, c’est selon le mode-réception choisi ou mis par défaut. Sur une station de c’qui compte le remonte-siège va tranquille, l’avalanche est pas dans le morceau accompagnateur. Quand même en quelque part Eole a reçu un avis de tempête. Ô mon Toi tiens, l’antenne à genoux supplie ne me quitte pas. Du besoin de reconnaissance légitime s’impose un changement de non en en vie de oui. Monte-moi en l’air, m’aime nom en passeport, les côtes du lointain à toucher. Cet inutile monde montre son besoin de faire. Comme si bâtir avait ce fond d’Art initial que les barres de banlieue ont piétiné. Sur ce ban remontent des paroles du soir où la lune promettait

-De ma poitrine tu extrais le granulat qui bétonne le liant d’une construction dans l’âme. Près  de ce bord de mer qui nous porte à découvrir, lentement  nous sommes partis ramassant les coquillages comme sentant une différence égale à les tenir en main, chaque coquille vide sous le morceau de bois flotté échoué là, refoulant l’idée de hasard au profit du signe révélateur, toute cette vibration ça ne peut pas venir d’autre chose que d’une naissance future. Tu voudrais ?

-Oh oui justement rien que ce que j’ai refusé.

-Alors cette lourdeur en constant développement de ta poitrine ça serait…

La vue dans son changement soudain mit le volume dans la couleur de sa perspective. La mer se fit anse. Le flot transparent. Le vent porteur. Les mouches passèrent sur un autre fromage, comme si la pâte en sortant de sous la cloche construisait des mains jointes.

Cette lourdeur de jambes montre la réalité d’une injustice désavouée.

La lune se prépare à changer de robe.

Elle n’est pas menteuse

Le ban du seoir maintient l’assise, à quai le bateau chauffe la voile, sur le pont les deux rives sont jointes. Sur les docks , l’estuaire ouvre sur l’océan, détachés de leurs vergers les fruits lourds de la vie gardent leurs aléas, comme un noyau qui porte à planter dans les rides, paumes jointes, pour la bolée.

Niala-Loisobleu – 4 Mars 2019

Fille ou Garçon ?


Fille ou Garçon ?

Juste un équilibre de brise tient la respiration de la jupe active. Elle sait que derrière la couleur je la regarde à l’intérieur. Matière à aimer, écrasant du poil au tour. Par exemple, la honte : suivre le Vermot au chevet pour s’instruire.

La torpeur que l’addiction du déodorant développe est visible au détachement des seins. Tous à genoux…oh non ! Le dernier bastion de résistance de la feuille de vigne . J’en ai vu qui ne permettaient plus de distinguer le genre. L’homo lave tellement. Mais que celui qui croirait que je suis omophobe se la batte au lavoir. Seulement un racé, je ne mélange pas la fiotte dans mon vers en vain. L’homosexualité devenue un dérivé de mode, est une déviance organisée par la politique du démembrement Tobira.

Laissez causer la nature, comme elle est dans sa profondeur, ne faites pas du bio dans le jardin de l’usine des colorants.

Niala-Loisobleu – 9 Septembre 2017

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