La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Comme de chaque nuit traversée se lève chaque jour le feu:
Et comme à droite de l’avion, sur l’aile, les falaises roses du soleil, et l’arche ouverte dans l’ébène. et les premières tables de la mer — hors des ravins hantés par les profanations;
Et comme de Marrakech, à l’aube, les hautes neiges dans le sacre frappant les remparts d’ocre;
Et la prophétie des herbages: et l’avènement de la transhumance ; et la certitude du lait ;
Ah! la mort ôtée à la mort, et les ténèbres descellées, et toute la terre dans le matin de menthe et d’orange:
La pierre rompue, il y a maintenant un Dieu dans le monde, comme un cèdre blanc, cl avec lui le pouvoir exact je v ivre !
Et il est temps en moi d’user de ce pouvoir; Et il est temps en nous de sortir du tombeau, avant qu’il soit midi, pour marcher vers les sources; Car voici que chaque homme est désormais ici convoqué à
la joie ;
Et qu’il faut, sous le sang et sous la solitude, durables jusqu’aux puits, qu’il applique pourtant le poids de la puissance, en lui. qui se tient prête à la paix, à l’alliance;
Et que tout fatigué, tout crucifié, tout pétrifié qu’il soit :
Aveugle et nu et vide et sourd ;
Et sans espoir et déjà lié à la cendre comme une femme à son enfant mort ;
Il aille encore — avec Qui habite son absence, et se met à sa taille, et se règle à son pas pour qu’un pas de plus soit possible vers le fleuve offert et fidèle là même où il n’y a plus rien ;
Et y trouve l’œuvre de sa marche ;
Et en constitue son sel et son exorcisme :
Et de ce qui lui reste de colère contre l’injustice et la haine il bâtisse aussi son combat;
Et par cet acte en lui de Pâque, que la fable se désenvoûte, ainsi le chavirement des monts au bout de l’empennage:
Et que la métamorphose commence : la coupe sous les pinceaux bleus de Safi, la laine royale aux teintures;
El qu’il atteigne la transparence;
Et comme sous le fuselage de soie les constellations inverses, les promptes plantations de poulpes, de crustacés, d’insectes élincelants parmi les encres de la Chine, et la lune même sur les glaciers d’ouest mobile.
Qu’il voie l’incandescence de l’homme dans l’homme;
Et la main et la bouche et l’œil et l’oreille vivants sous
tes calcaires ;
Et la purification prodiguée — le miel des genèses, des planètes, dans la ruche noire de l’espace;
Et toutes choses baptisées dans la résurrection du Christ qui est l’ouverture de l’être;
Et toutes choses lavées de leurs suints, la face nette, et Ici plaies propres, et la longue douleur amere mais comme lel asperges sauvages, il en sache aussi la lumière;
El il sache le sens véritable dans les signes déjà qui croi vers l’accomplissement de l’été;
El la chair belle dans la chair el sainte et mûre pour le| fêles comme un pré couvert par l’Espril :
Et la contradiction soumise jusque dans la coniradielion :
El la venue des oiseaux frais, avec les rites du poisson e de l’orge, dans les îles intérieures!
III
Ah ! qu’il soit proclamé que rien, depuis dimanche, n’esi plus jamais dans l’homme ni tout à fait désert ni tout à fait perdu;
El que celui-là même qui n’est avec personne — étranger aux fontaines comme étranger à soi — peut encore accéder à sa propre présence et entrer en partage avec tout ce qui est s’il se tient libre encore pour l’attentif amour qui incante et qui lie;
El libre pour son nom ;
Et libre dès cetle heure pour répondre — en tuant ce qu’il lui faut tuer — à la vie qui l’invite;
Et comme la surrection du vol, la nuit d’or soudain dans la nuit, il soit maintenani assuré que pcul commencer le bonheur;
Et qu’il ne commence pas seulement conire la mort mais le péché contre l’Espril, et cela d’ombre qui est plus terrible à l’âme que l’équilibre indifférent du seau sur la poutre des citernes taries;
Et qu’il a pouvoir de germer pour que ce qui est ici s’avance vers ce qui est ailleurs, et que ce qui est ailleurs s’avance vers ce qui est ici, et que l’un par l’autre le fruit se prépare;
Et l’homme à la mesure de l’Homme, et le monde à celle du Monde, et l’un et l’autre à la mesure de Dieu;
Et que la Création s’ordonne dans la délivrance, comme la main qui ne se détourne pas des pauvres, pour le don de la plénitude!
IV
Car rien au centre que l’Amour, — rien à l’origine et au terme, ni dans l’éclatement du silence, que le mystère de l’Amour;
El rien que sa présence ouverte et rien que Lui avec ses paumes sur la mort comme la seule parole essentielle pour que l’homme surgisse et vive ;
Et qu’il lui devienne semblable;
Et qu’il nomme à son tour Celui qui l’a nommé;
Et de Qui l’a fondé forme aussi ce qu’il fonde ;
Et que puisse déjà, dans le consentement à l’unification, prendre racine l’arbre qu’ils désirent ensemble.
Et naître de leurs noces l’homme fait dans le Dieu et le Dieu fait dans l’homme !
Et qu’ainsi l’olivier et l’argile, comme la marqueterie de Mogador entre les nuages du sud, paraisse d’au milieu des pays brûlés un peuple pourtant qui capte les sèves;
Un peuple arraché au goût du malheur, au goût de l’enfer, au goût du néant ;
Et malgré sur lui le sceau de la mort, qui construit contre elle dans les prés vivants ;
Et malgré les ruines y plante ses blés contre la violence et conire l’horreur;
Et porte le pain véritable et simple contre toute absence, et contre l’exil et conire l’orgueil des fausses moissons et des fausses faims ;
El dans l’homme mêlé jusqu’au bout comme la figue rouge au sol sec sur le figuier de Barbarie, promeut cependant peu à peu. avec la patience des humbles, l’homme nouveau et vrai !
V
O rivière! La lerre est verte de toute verdure spirituelle — et la charité la transmue.
Et je dis qu’un corps, dans la Pentecôte, peut être à présent la force qui l’instaure cl la fertilise ;
Et qu’un corps est là, rassemblant ses os, et qui peut s’accroître pour la sanctifier, s’il cesse de préférer l’hiver;
El qu’une ville de joie attend dans les villes : la semence et l’éclosion de la joie dans la matière même du monde;
El dans l’approche des étoiles et dans le granit et l’acier et dans les grandes années humaines la grandeur possible de la joie !
Une espérance unique, ainsi qu’au repos des roues sur la piste l’événement des choses neuves et leur gage, s’est propo-sée à l’homme pour qu’il n’hésite plus :
Et qu’il connaisse dans l’amour et qu’il aime dans la connaissance;
Et ne se refuse plus en les refusant ;
Mais qu’il procède vers son âge. dans sa vocation, sans miracle que d’avoir pris sens;
Et s’occupe de devenir l’Homme — pour tout recevoir par surcroît — comme sur les collines encore froides ces bois de mimosas en fleur qui présagent déjà le printemps !
Jean-Claude Renard
L’Atlas se referme sur lui-même comme tourneboulé par la grossièreté de son erreur sans trouver le souffle qui re-cap le bateau de papier
Combien de temps faudra-t-il pour assimiler ces changements brutaux de rotation des girouettes qu’une complicité nouvelle avec la pandémie met aux vents ?
Avant la crise mon accoutumance à la légèreté n’ayant pu aboutir, il va me falloir réaménager mon énergie pour lui donner le piston propre à la locomotion actuelle. La dernière peinture que la dissection a conduit jusqu’ à la signature au bout d’un épuisement physique intense a mis la joie en fausse-piste au bénéfice d’un plaisir égocentrique qui a fini par démasquer sa véritable identité. Aurai-je eu dans un instant de faiblesse une forme de croyance faisant du mécréant un déserteur ? Voilà de quoi pour ma conscience, ajouter un nouveau cas à traiter
La pile s’agrandit sur l’espace de travail
Plutôt que me gifler de c’est ma faute, ma très grande faute, je crois qu’en laissant les pinceaux se reposer, je gagnerai à ressortir mon maillet avec sa panoplie d’outils
Comme ça, pour rien et twoo, à la traîne d’une libellule ouvrir l’éphémère d’un redéploiement des faits secondaires. Si je mourrais d’un coup dans cet instant illimité par l’amour. Sans voir le mauvais côté des choses, sentir le troisième bras prendre le cou, la cinquième jambe remonter son je nous, couvert par l’herbe bien au-dessus du front, les deux oreilles dans ton sein gauche l’autre rebondissant dans la cour de tes fesses à plus de dix kilomètres et toi riant sur mon échasse, à calin-paillard reconnaissant dans n’importe quel noir tout ce qui braille en alphabet
Vivre c’est l’en vers
Sentir la maille en se passant des aiguilles
Au net avec tout
Inspiré
Sans tant limité
Ô de là
Le papillon boucle la scène, tout contre la fleur qui embouche l’abeille, sans voir la loutre qui joue à la nage. Rien des cris sur la pancarte, discrétion oblige. Le chemin doit rouler aux mouvements de croupe de la pouliche. A l’orée l’estuaire s’est largi, peint parasol en huppe.
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