POUR RENOUER PAR RENE CHAR


POUR RENOUER PAR RENE CHAR

Nous nous sommes soudain trop approchés de quelque chose dont on nous tenait à une distance mystérieusement favorable et mesurée.
Depuis lors, c’est le rangement.
Notre appui-tête a disparu.

Il est insupportable de se sentir part solidaire et impuissante d’une beauté en train de mourir par la faute d’autrui.
Solidaire dans sa poitrine et impuissant dans le mouvement de son esprit.

Si ce que je te montre et ce que je te donne te semblent moindres que ce que je te cache, ma balance est pauvre, ma glane est sans vertu.

Tu es reposoir d’obscurité sur ma face trop offerte, poème.
Ma splendeur et ma souffrance se sont glissées entre les deux.

Jeter bas l’existence laidement accumulée et retrouver le regard qui l’aima assez à son début pour en étaler le fondement.
Ce qui me reste à vivre est dans cet assaut, dans ce frisson.

René Char

FONDS BAPTISMAUX


FONDS BAPTISMAUX

Evidant sa pierre au burin

le cheval commence le branchement de la noria où il puise le rapport entre contenu et contenant

L’eau en se retenant d’éteindre le feu philtre sans faire tort au mystère

Tenant l’enfant à la coudée du bras de mère il compte le sel à l’outil saunier

toutes boues saumâtres rincées

A la vanne de la culotte tombée un oiseau plonge sans monter au tremplin

le carreau s’est fait une place dans l’enfilade côté-soleil

Novembre tient à rester jeune en suivant l’entreprise de l’automne à la lettre.

Le cheval ne se cache pas en sentant l’érection le sortir de l’inexistence mise au goût du jour. Aucune explication ne peut expliquer, le paradoxe de la nature qui se refuse à porter la cravate. Dans la ronce maritime où méduse le chantier naval, on entend l’herminette faire la prochaine coque. Au ruban de la canne des routes sont sur le seuil de chaque Cayenne, sans imposer l’emplacement des Mères.

Nous étions en bans à la vague de la ronde des poissons

D’aucuns y ont vu arriver le Christ, ma foi je comprends ce baptême dans ce qu’il a eu de sacré avant qu’il vire au dogme. Je crois aux premières églises en rase-campagne montant motte à motte le panorama des Monts d’Arrée.

Niala-Loisobleu

12 Novembre 2012