La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
A la séparation de propriété, la limite ne peut réduire l’être à oublier ses désirs
les amours accrochées aux cordes des fenêtres ont un autre tissage que les dessous féminins les plus provocants, retenus dans les commodes et les armoires des chambres en quarantaine
Ce qui se sent au fond de soi est davantage porteur de vérité que bien des promesses non-tenues de rencontre hasardeuses
Loin autre tient beaucoup plus collé qu’un lit des culs retournés où la clef de la boîte à musique s’est perdue à jamais
Ce que l’on dit des caresses fait frissonner de plaisir l’oeuvre en cours sur le chevalet
Le chien noir cherche la truffe et la trouve entre les genoux de la robe rouge de l’énergie d »aimer.
Rêver un impossible rêve Porter le chagrin des départs Brûler d’une possible fièvre Partir où personne ne part
Aimer jusqu’à la déchirure Aimer, même trop, même mal Tenter, sans force et sans armure D’atteindre l’inaccessible étoile
Telle est ma quête Suivre l’étoile Peu m’importent mes chances Peu m’importe le temps Ou ma désespérance Et puis lutter toujours Sans questions ni repos Se damner Pour l’or d’un mot d’amour
Je ne sais si je serai ce héros Mais mon cœur serait tranquille Et les villes s’éclabousseraient de bleu Parce qu’un malheureux
Brûle encore, bien qu’ayant tout brûlé Brûle encore, même trop, même mal Pour atteindre à s’en écarteler Pour atteindre l’inaccessible étoile
A peine écartée d’une heure par rapport à la dernière, l’image du fenestron n’a fait que s’enfoncer plus loin dans sa laiteuse confusion. L’atelier se croise les bras d’une épaule à l’autre. Comme si on voyait mieux ce qu’on a pas et qui manque sur la table à dessein, le rêve double un transport trop lent qui bouche la route. C’est glissant ? Crois-tu que là où le réalisme domine ça ne dérape pas ? Fais pas la gueule. Comme la neige bouffe le moindre bruit je n’ai pas de réponse. Et ça fait l’affaire de l’ambigüe de circonstance
J’ai fait mes premiers pas sur la poussière millénaire sous l’ombre grandiose des ruines sacrées.
J’ai joué dans le stade antique, sur la terre foulée par les dieux et les héros.
J’ai entendu les pierres raconter au vent les mythes et les légendes.
Sous la lumière pâle et reposante du soleil couchant ou dans l’éclat du soleil de l’été,
Mes yeux innocents considéraient comme naturelle la beauté indicible des statues et des monuments
Naturel comme le mouvement de la mer et l’odeur des pins
…
La flamme sacrée s’est allumée et l’humanité s’est couverte de lumière.
Et la voie qui mène à l’humanisation de l’homme s’est ouverte… (Je suis né à Olympie)
Georges Séféris
Maintenant son ombre immense dépasse celle des pierres et des oliviers. Dans la poésie de Séféris les dieux marchent à pas de colombes et parlent à mi-voix pour ne point effrayer les hommes. Car ils sont au milieu d’eux. Il en est le messager.
De ses mots monte la lumière. Simple comme une lumière d’octobre sur la mer.
Des odyssées passent de rivage en rivage, de cargos en cargos, de port en port, pour chercher la vie « au-delà des statues ». L’horizon de ses mots ouvre sur une autre mer et des vagues étranges y respirent. Mais aussi la terre et toute la sève des arbres. Lui qui apprend aux enfants à épeler les arbres. Il est celui qui n’a rien oublié des rêves des statues.
Aux hommes la solidarité :
« Dans notre monde aux dimensions réduites progressivement, tout le monde a besoin de tous les autres. Nous devons regarder de l’homme partout où nous pouvons le trouver. Lorsque sur le chemin de Thèbes Œdipe rencontre le Sphinx, sa réponse à l’énigme fut : « Homme ». Ce simple mot a détruit le monstre. Nous avons beaucoup de monstres encore à détruire. Pensons à la réponse de l’Œdipe. » (Discours de réception du prix Nobel)
Entre la buée de la mémoire et la pluie du monde, Georges Séféris aura chanté simplement, et ses poèmes pourraient tenir dans notre paume, tant ils sont proches de nous. (Esprit Nomade)
Mes mains courent remettre à la chambre amputée les seins que les murs n’ont pas refusés. La fleur d’iris épanouie éclaire le triangle d’herbe où laisser la langue s’exprimer. Quand la bretelle glisse le couloir laisse résonner sa canne. La cérémonie s’ouvre en haut des marches.
Nous n’étions que quelques uns à gravir la montagne à pied
Vouloir compter combien il en reste relève d’un jour de vote socialiste clamant la dualité du gagnant, ou bien encore la différence réelle entre le syndical et le gouvernement, quelque soit le facteur sur lequel la question repose
Pourquoi mon pouls bat-t-il sans regarder le tant qu’il fait dehors ? Je crois que c’est parce qu’il est surréaliste d’un bout à l’autre. Qu’il n’a jamais mal à la tête dans son envie de faire l’amour. Qu’il entend la musique des pierres. Qu’il habite partout et nulle part un enfant hors d’âge. De quoi se demander ce qui vraiment existe au sens commun ?
Comme la poutre mise au cou de la vache pour la tenir dans la clôture, voici une année lourde et plus confinée que dans le virus qui vient de passer. Jamais vu autant le troupeau de moutons s’engager au précipice. C’est inimaginable de se laisser couler sans réagir de la sorte…
Les amours trompés et la nature escroquée, l’imposture politique, une économie de vie jouée à la roulette russe, la grande illusion remise entre les mains les plus malhonnêtes, cette nullité boostée par le camelotage du trottoir à putes, la défense du con sommateur
Non mais ce n’est pas possible
Où va-t-on ?
Je me serais laissé couler, dans l’à quoi bon, à mon âge
Mais je ne suis pas de ce grain à mettre au moulin, l’ART EST UNE ARME, qui veut vivre en guère, doit la trouver en opposition qui tient la route
L’abus qui est fait rejoint l’ignorance qu’on apprend aujourd’hui dans les écoles aux enfants
N’avoir de gueule que pour refuser de travailler plus longtemps, montre vraiment le pitoyable de sa conscience
Ah oui les vacances payées voilà qui ferait l’avenir de la société syndicale
A la tienne et à la vôtre…
Je déplace ma politique de maintenance
j’ai changé le chevalet de place, faut que ça déménage, mais d’abord chez moi, sans compter sur un autre pour le faire
Je peindrai en corps mon dernier baiser, comme sur la bouche de Marthe, me passant du silence de mes enfants
C’est le plus dangereusement vil que je connaisse mais chacun est libre de son choix
A toi tout seul, Alain de te tenir vivant en l’absence de prétextes – y compris ceux de l’âge – gardes-toi, loin du tout fout l’camp
Continue à dire que c’est beau la vie dans la peinture dans ton atelier de pro qui n’a rien confondu du savoir-faire et du bricolage…
Niala-Loisobleu.
18 Janvier 2023
Le bateau Espagnol par Léo Ferre
J’étais un grand bateau descendant la Garonne Farci de contrebande et bourré d’Espagnols Les gens qui regardaient saluaient la Madone Que j’avais attachée en poupe par le col Un jour je m’en irai très loin en Amérique Donner des tonnes d’or aux nègres du coton Je serai le bateau pensant et prophétique Et Bordeaux croulera sous mes vastes pontons
Qu’il est long le chemin d’Amérique Qu’il est long le chemin de l’amour Le bonheur ça vient toujours après la peine T’en fais pas mon ami je reviendrai Puisque les voyages forment la jeunesse T’en fais pas mon ami je vieillirai
Rassasié d’or ancien ployant sous les tropiques Un jour m’en reviendrai les voiles en avant Porteur de blés nouveaux avec mes coups de triques Tout seul mieux qu’un marin je violerai le vent Harnaché d’Espagnols remontant la Garonne Je rentrerai chez nous éclatant de lueurs Le gens s’écarteront saluant la Madone En poupe par le col et d’une autre couleur
Qu’il est doux le chemin de l’Espagne Qu’il est doux le chemin du retour Le bonheur ça vient toujours après la peine T’en fais pas mon ami je reviendrai Puis les voyages forment la jeunesse Je te dirai mon ami à ton tour A ton tour…
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