LÈVRES SANS TIMBR


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LÈVRES SANS TIMBRE

 

 

Tu ressembleras à ce matin d’été
où le soleil défigure les champs de coquelicots,
perdus dans une saison d’outre-temps
qui brûle les ailes des vautours mal-pensant

Derrière ton regard que j’aimais
tes pensées se dessèchent en soucis des chants,
quand j’enfonce mon œil dans ta bouche
pour y lire les mots pliés en quatre pour moi.

J’entrouvre tes lèvres sans timbre,
perdues dans les mains de l’émissaire du globe
et trempe ma plume plus longue que ton silence
dans la salive de l’histoire des peuples.

Premier acte d’une scène plate…
les marionnettes dorment sous les rideaux noirs
et toi Mime, les mains collées à mon cœur
tu dessineras les faubourgs et les rues vides.

Tu traceras de tes doigts fragiles
le contour de mes balbutiements colorés
comme un ciment de sève sur les mosaïques bigarrées
de mes origines en confusion.

Tu t’habilleras de ces guenilles
empruntées à la pauvreté des troubadours ailés
pour marcher dans le sillon des arroseurs de lilas
et des cueilleurs de pétales de roses séchées.

Mais ton rire en otage dans un cercueil mal refermé
ressortira de sa mort évanouie.

Les chevaliers sont perdus sur la voix lactée
là où ils prirent le ciel comme témoin de leurs enfance,
au pays des escargots à moteur et des bonbons au goût de fleur.

Ce poème est finaliste du prix Senghor 2019