MÉMOIRE D’OCTOBRE

II pleut sur les champs
Où sont cachés
Des ossements et des soupirs
Des êtres calcinés
Il pleut sur les décombres
Des maisons des bourgades
Anéanties sans traces
Aujourd’hui des non-lieux
Il pleut sur les cendres
Et sur la fumée ensevelie
Des anonymes assassinés
Coupables d’être nés
Il pleut sur les chemins
De la déportation sans retour
Où les bois poussent,
Où le ruisseau bruit
Il pleut sur les jours décapités
Et sur ces multitudes abattues
Autrefois si joyeuses cohues
Des jeunes gens et des jeunes filles
Il pleut sur ces champs de pierres
Où sont cachés les chants rituels
Des messagers habillés de prières
Devenus montagne de chair et de sang
Il pleut sur ce lopin de terre
Où dans le saignement de l’aube À travers les bûchers du
sacrifice
Surgissent les offrandes des suppliciés
Il pleut sur les souffles carbonisés
Et les cris, longs et perçants
Serre-moi encore une fois
Mémoire d’octobre, buisson ardent !
Tristan Janco
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