SEINE PARISIENNE


SEINE PARISIENNE

En amont coule la Seine,
Un fleuve froid et vitreux;
Elle s’écoule avec peine,
Vers un pont majestueux.

Telle un sang capricieux,
Qui jamais n’a de rive;
Toujours elle dérive,
Vers ce mont caverneux.

Glissant vers cette arche béante,
Une eau lisse et visqueuse,
Entre dans sa bouche géante,
Dans la nuit ténébreuse.

Dérivant vers cette ombre,
Le grand pont qu’elle assaille,
Laisse couler cette eau sombre,
Dans ses vastes entrailles.

En amont s’écoule le fleuve,
Une lisse vague d’eau sale,
Inonde une pile et s’étale,
Etrange statue qu’on abreuve.

Cette eau grise et vaseuse,
Ce long fleuve de tristesse,
Serpente avec allégresse,
Sous l’arche majestueuse.

Cet onduleux miroir qu’est la Seine,
Où s’enfouit tout Paris;
Les reflets de cette eau parisienne,
Ce long fleuve de l’ennui.

L’eau de ce mouvant miroir,
Traverse le purgatoire,
En ressort sous un soleil voilé,
Scintillant tel un fleuve argenté.

L’eau s’avance dans la lumière dorée,
Telle l’or étincelant qui brille;
L’eau resplendissante scintille,
Duveteux coussin de liquide argenté.

La Seine scintillante serpente,
Mouvant reptile d’eau vivante;
Dans ses méandres de vipère,
Coule une eau baignée de lumière.

Les feux miroitants voguent sur l’onde,
L’éclat brillant de cette onduleuse ombre,
Se propage dans un courant d’eau sombre,
Où la Seine et Paris se confondent.

Les brillants reflets nagent,
Que la Seine submerge,
Vont, viennent, se propagent,
Danser sur une berge.

Le pâle éclat da sa triste parure,
Est pour elle une injure;
Car une beauté qui jamais ne dure,
Est toujours un parjure.

Les reflets de la vigueur,
Miroitaient dans ses bras;
Mais une morne langueur,
Ternissait leur éclat.

Dans l’ombre, sous le pont,
La couleuvre d’eau lisse, lentement glisse,
L’eau coule, les jours s’enfouissent,
Elle vient et ils s’en vont.

Les jours fuient,
Le fleuve coule,
L’eau s’enfuit,
La vie s’écoule.

En amont coule la Seine,
L’artère de Paris;
De l’eau coule dans ses veines,
Le sang de Paris.

François Sauvageot