HOUX DOUZE ROSES


MARC CHAGALL

HOUX DOUZE ROSES – PAUL ELUARD



La hache la façon de tenir un verre brisé
La négation d’une fausse note les clous les fards
Le sens commun les algues les ravins l’éloge tout ou rien
La pourriture astrale et le reflet de son délire
La lune de rosée et beaucoup d’animaux gaillards
Dans cette ville disparue dans cette ville camarade
L’orage vagabond ses prunelles éclatée son feu virtuel
Le brassage des graines des germes et des cendres
Coin des Acacias masqué d’odeurs le sable fait la moue.Lune la feuille fleur le sein et les paupières lourdes
Les longs baisers de la balafrée aux cheveux pâles
Qui m’accompagne toujours qui n’est jamais seule
Qui m’oppose le flots des non quand les oui ne pleuvent pas
Elle a pour elle sa faiblesse machinale
Les gémissements incessants de l’amour
L’introuvable gorgée d’eau vive
La décevante gorgée d’eau neuve
Elle a pour elle les premières et les dernières fumées
Légères les fourrures mortes de chaleur
Le sang des crimes qui défait les statues négatives
Elle est pâle et blessée et taciturne
Elle est d’une grande simplicité artificielle
Velours insondable vitrine éblouie
Poudre impalpable au seuil des brises du matin
Toutes les images obscures
Perdues dans l’étendue de sa chevelure diurne

.Paul Éluard,
(La Vie immédiate, 1932)



Peindre de l’Ex-Île – Marc Chagall


Peindre de l’Ex-Île – Marc Chagall

Torpeur

l’état d’esprit en canicule glace son accueil

cette oeuvre de Chagall s’adapte à merveille au cynisme des sièges vides d’un lendemain d’appel à l’unité de chaises musicales

Le thermomètre implose dans l’épaisse couche de neige

choix bleu-blanc-rouge

d’un exil d’amour d’hier dans lequel la palette est devenue muette

Le coq écarte l’enfant du prêche pendant que l’attelage du traîneau file vers la lune espérer ne pas tout perdre

Dernier réflexe.de l’absence de prévoyance agrandi de l’abandon civique agrandi.

Que peindre à conter d’aujourd’hui ?

Niala-Loisobleu – 20 Juin 2022

VUE SUR COUR


PABLO PICASSO

VUE SUR COUR

Accrochée au treillis du lierre elle tient écartée l’abstinence de vivre des règles conformistes

Les pigeons du Maître ne ressemblent pas aux ramasseurs de miettes des jardins publics

ils courent d’une jardinière à l’autre dans l’embrasure des cuisses d’un autre jour

Sur le toit de zinc un plombier prend son café à côté de la Tour Eiffel que Chagall dresse en perspective de parcours de santé

La Seine garde ses mouches à quai près du Louvre

J’ai rêvé que je portais les phrases creuses des jours sans aux objets trouvés

Le chat ronronne sur le tapis pour s’envoler à bord de la respiration poitrinaire de ce matin funiculaire au Tertre.

Niala-Loisobleu – 10 Juin 2022

L’OEIL DE SCENE


MARC CHAGALL

L’OEIL DE SCENE

Dressée sur le bout de craie d’une falaise

Percée dans l’ombre d’un chemin rabattu

A cheval sur la dérive d’un art populaire

Entre les seins d’une boucle de cerises

Au fond d’une barre de feu

Sur le mouvement d’un allegro andante largo

Dans le creux de la paume à la veine du poignet

Au rebondi pubien où le frisson lombaire marque la tranchée pare-feu

Du bout de l’ongle aux lunules des cinq antennes

Du genou précédant le pédoncule de l’étrave en chenal

cette fenêtre exploratrice traverse l’ignorance arrêtée derrière la vitre et le rideau d’un volet engendré par la médiocrité

Oeil de foi libre de dogme qui remonte du galop des bisons eu creusement de l’arbre pour remonter à l’océan

dense autour du feu enroulé aux secrétions volcaniques

Dans la fermeture présente c’est mon jour ouvré permanent

Niala-Loisobleu – 25 Mai 2022

GABRIELLE ALTHEN – LE PELERIN SENTINELLE (EXTRAIT)


L’heure s’attarde…L’heure s’attarde au bout des soirs, page lisse, or fluide,
sourire vaste, le tout peut-être décentré. Elle est venue,
l’Ange s’incline. Puis c’est le tour du temps distrait qui lui
aussi s’incline, tandis qu’un autre plus vivant veut atten-
dre debout. Nous sommes cernés, car c’est l’annonciation
de la naissance du temps de ce qui pourra naître.Comme on allait à l’eau, toi, tu iras au temps. Ce qui pré-
cède était rencontre et ne cessera plus.

Gabrielle Althen

        

COMME RETOURNER CETTE PEAU DE GRIS, J’AIMERAIS…


COMME RETOURNER CETTE PEAU DE GRIS, J’AIMERAIS…

De réalité faite neuve

Dans l’étendue bleue te puiser à peine déplacée des oiseaux, ceux qui peuplent l’île, j’aimerais te mirer Chagall dans l’air du souffle ourlé de paroles

Rousseur au blanc de ta peau comme l’élan des tambours au devant des doigts

Sur les toits rasés des batailles me rouler au ventre de la haute-herbe que tu cultives dans la paix consacrée

Chaque vague en poignée au long galbe de tes hanches pour verser le contenu des vignes assemblé en un seul

Viendrait la lumière qui garde l’écrit au chevet des nuits sombres

Mille pertuis

La passe au goulet des endroits difficiles

Et ce mouvement de ballant que le cheval tire du regard attaché à tes seins par le décolleté du lit des rivières en mascaret

Tout ça pour sortir du Je de l’Oie l’obsession mortelle qui menace de sa prison

Juste en cassant la règle des doigts de l’enfant pour lui apprendre à lire les Droits de l’Homme et du Citoyen sans lapider les forces de l’Ordre

Enfin j’aimeras finir de laver l’absence de sentiment en laissant Bertin dire Que faire.

Niala-Loisobleu – 14 Novembre 2012

AUX LISIÈRES


AUX LISIÈRES

I

Nous avons longtemps cru qu’il nous suffisait d’allonger le bras pour toucher le ciel et tenir en laisse le vieil horizon

si longtemps qu’en nous le geste demeure à la vue d’une femme à l’aube surprise lavant dans ses larmes le jour et la nuit

que plus rien ne reste à la fin que l’ombre pour raser de frais au fil de l’amour nos corps effondrés dans la chambre avec

le ciel comme un bas sur le parquet nu.

II

Amour, disais-tu. J’entendais lisières genêts, passerelles. Tes yeux résistaient. Ce n’était pourtant qu’un seuil à franchir.

Déborder le corps et qu’amour soit d’eau vive, non comme ici lac où tournent tournent poissons et noyés, le ciel, les nuages

les belles promesses. Reste, disais-tu.

Je voyais mourir les hommes aux barrières

battre comme un bleu crevé par l’orage

leurs bras affolés leurs ailes d’Icare.

Guy Goffette

CELESTE CONJUGAISON


CELESTE CONJUGAISON

Roseraie au bout des cordes je te reçois sur la planche à tracer

Marc déployant tout

La mésange met le soleil de son ventre à nu dans le choeur des passereaux constructeurs

martins-pêcheurs

colibris

tourterelles

du haut des seins à la source ventrale ouvrent le jet du rire des merles

L’espace d’une floraison reconduit

à rejoindre l’écaille du porte-plume aquatique aux rives d’un absolu

Que de musiciens en habits d’arlequins montent à bord des gondoles

fauves comme des lions jouent en formation de ramiers

Chagall amoureux crève le plafond de sa voie contre-alto

l’enfant outre-mère te peignant avec ses crayons de couleur comme une en vie surnaturelle…

Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2020

INSTRUMENT DE BORD 3


INSTRUMENT DE BORD 3

L’imitateur de vitesse retient Archimede en pression. La percution du triangle est audible au moment de la césure des cuivres. Quand l’enfant est sorti seul en appuyant sur les pédales personne ne traversait la route. Même pas un arbre pour retenir Marcel d’arriver à Maria en haussant sa couleur

L’oiseau redressant ses sourcils dit il va encore s’en trouver pour dire que tu rêves comme Chagall.

Niala-Loisobleu – 9 Novembre 2020

FENÊTRE SUR L’ÎLE


Fenêtre sur l’Ile de Bréhat – Marc Chagall

FENÊTRE SUR L’ÎLE

Marc lui c’est Bréhat qu’il a mis à sa fenêtre

Nous, avec un mélange de normand et de breizh on a senti l’air s’agrandir sans besoin de beurrer l’ô séant

Sur la façade droit devant, le phare allumé est sorti de l’abat-jour

Dans l’amphore portée par les hanches tu m’as servi ce vin de Corinthe sorti de ton isthme en canal

Antique histoire d’un Péloponnèse en corps missionnaire aujourd’hui

Niala-Loisobleu – 28 Octobre 2020