LE CHANT DE LA HAIE


LE CHANT DE LA HAIE

Dominant la crête le disque solaire microsillonne

l’aubépine sort ses pétales dans la végétale cloison qui protège son pré

où les oiseaux remontent le drap frais de la dernière rosée

C’est comme un vitrail qui perce l’incommunicabilité avec le coeur

sortant la maison-blanche du fond du gouffre

sur l’orbe des ocres du sol retourné

là où ton ventre palpite en triangle

un lotus tire sa langue.

Niala-Loisobleu.

28 Décembre 2022

GRÂCE RENDUE


GEORGES ROUAULT

GRÂCE RENDUE

Un matin débarrassé de la lanterne du trafic de spiritualité pernicieuse, le bordel épuré sur l’horizon d’un enfant voit l’innocence de la Femme se dénuder sans outrage à devoir payer

Madeleine n’a plus à monnayer, le masque tombe

Rouault le saint ouvre le blindage de l’abus du corps de femme au seul nom de sa foi profonde

La putain irradie de son propre soleil l’obscurantisme barbare du monde pervers

Cheveux longs pilosité foisonnante de beauté comme source pure au vent.

Niala-Loisobleu – 14 Octobre 2022

« Le lé » – NIALA 2022 – ACRYLIQUE S/TOILE 73X60


NIALA

« Le lé »

NIALA 2022

ACRYLIQUE S/TOILE 73X22

De l’enfant que l’appel a outillé au vieillard à la main-gauche toujours verte

la veine d’un canal creusée du bec

a mis l’oeuf d’oiseau au monde, foin d’un Pâques

L’île était proche

Moêze-Oléron, Front-Populaire, Congés-Payés avant d’aller en guerre de 39 à 45 apprendre à être un homme sur le lé par le sel à travers ses marais

Paris pour temple au rendez-vous des Grands-Hommes

Grindel en étang d’art et Georges Rouault pour Maître

Passé les tourments des Colonies Françaises, leurs privilèges et esclavagismes extrêmes orientaux-africains-magrhebains forcer l’écluse à gagner l’estuaire

par les échelles de Jacob et à poissons trois fils volatilisés dans l’indigence humaine

C’est loin Compostelle ?

Plus loin que le Roman en Saintonge

l’ambre des vignes et les méandres de la Charente

sans que ça coupe l’Ibère des jambes et les quat’coins du monde ouvert

avant que le feu passe le fleuve que de maisons j’aurai construit en villages et en ponts,

d’anémones mis à flot, chantier naval pour herminette, levier du soleil, fil à plomb de lune

sans faillir à l’amour végétal dans ses genres, nichons pleins, tripes au ventre et teinte du poil…

Niala-Loisobleu.

21 Juillet 2022

PASSAGE A LANGUE PAR JACQUES IZOARD


PASSAGE A LANGUE

PAR JACQUES IZOARD

D’ombre à langue, un seul quinquet.
Celui de la petite parole ou de la petite pupille.
Petite langue à la serpe.
Languette au fond du puits.
Langue douce, langue de papier.
Langue de boucher, de vitrier.
Langue de musée du verre étoile.
Deux langues disent la voix d’un double corps d’épouse.
Langue de dimanche au soleil.
Langue à l’affût des langues, des dards, des verges et des glus.
J’avance la langue vers toi, pli très doux du vertige.
Je la loge entre les lèvres les plus aveugles du corps.
Le bleu tassé inonde ventre et bouche ensevelis.
Mais l’herbe en masse étourdit le dormeur.
Le chemin de salive a longé la forêt.

Langue dodue, langue d’ailleurs.
J’arrache la voix du crieur.
J’avale la voix du voleur.

DIX ASSEMBLAGES PAR JACQUES IZOARD


DIX ASSEMBLAGES PAR JACQUES IZOARD

Assemblage de dents, de paille, de laine,

de débris de mors noir

qu’un travail exténue, de tessons.

Colle et encre, ensemble,

gardent l’odeur inouïe,

le nœud mou de l’ongle

et ce que tient l’haleine:

des taches de bleu

sur les mots malades.

Assemblage de pattes et d’allumettes,

de rotules et d’objets en étain,

déchets de jarres, de nerfs,

anciens croûtons de pain.

Haute salive où demeurent

la colère injuriée,

la fille, la bonne bouche.

Et les lèvres sans odeur,

le pouce les touche, les enduit

d’un onguent aveugle.

Assemblage des grains et des insectes,

des œufs et des filles,

des écoles et des sucres.

L’oiseau, la statue malade,

l’eau de pluie sur l’épaule

où vit le nerf blessé

achèvent l’histoire.

La laque blanche

dort dans l’hôpital.

Assemblage des jargons et des billes

quand les socs, les sources,

les outils à portée de la main

blessent les membres ou les branches,

prennent la craie

à hauteur des gencives

et donnent à mon épaule

un fardeau de citrons.

Assemblage du gel et du courre, de la femme assise et de l’arbre mort.
Le poing serre les phalanges.
Têtue, la vitre.
Hagard, le pâle désastre où la fille, la gencive ont la bête en elles, comme un désarroi.

À présent, texte ou texte
Déchets d’un plomb gris pâle.
L’écriture est métallisée, plus grise encore ou corail.
Décès du levier, du geste.
Assemblage de la matrice et de l’encre, de la sève pour tout dire, et du bruit qui s’arrête.

Assemblage des poutres et des haleines,

des mains de l’un, des pieds de l’autre,

des becs et des cheveux ;

les loutres et les verges

ont l’élan pour elles,

meuvent le feu aveugle

et le feu qui voit.

Seront ensemble

doigts et ciseaux.

Assemblage des chemins et des pas,

des pierres pillées, des fruits volés.

Bruits d’épines ou d’armes blanches

quand cesse tout frisson

sous la cagoule, sous la paupière.

Fracas de griffes et de tonneaux.

Les vêtements perdus,

en leur souffle, en leur silence,

cachent des gaines, des aisselles.

Assemblage du mot «langue» et de l’organe lui-même, dont la sourde ablation demeure incertaine.
Rien n’arrache l’haleine.
Et l’odeur du givre, cette maison l’enfouit dans le sel ou l’armoire, dans les vêtements usés du père et du fils.

Assemblage des muscles, des papiers,

des goûts et des gels,

des laines que l’œil choisit,

des herbes à la vie facile.

Assemblage de la jambe et de l’aine

où la main contient

le corps, la légende.

Un œil de papier dort dans l’œil.
L’encre est le corps dont on sait le chemin, dont le bleu dit l’absence.
Ici naît le vin que la neige arrondit que ma parole emporte en saccage infini.

La maison n’est pas la bouche : pourtant les dents cassent comme verre.
Voici d’autres denrées : guêpes, lorgnons, papiers, ancien gel de pommes, odeur de puits qui rôde.
Le sang en poudre serre le poignet.
Les femmes frottent l’acajou étouffé.

Les voisins perdent la langue.

Je vole le sommeil

du tambour, de la chèvre.

Combien de doigts les mains

ont-elles ?

Les bras tombent

quand le jour s’éveille.

Épaule au nom d’épaule, épaule où se cache le sang pour dormir, la fille te touche et te voilà semblable à l’épaule du vin que le sommeil brise.

Habiter en soi-même demande patience et clarté.
Où sont les vins, les vêtements?
De quelle pluie attendre bonté de fille, de voyage ?
Demeure allongé, demeure, couvert d’empreintes, de traces, comme un fardeau léger dans ton sommeil de verre.

Déjà nous attendons juin, et que les rixes craquent, ensoleillées comme tant d’autres appareils du corps: les yeux dans leurs loges, gloutons et sereins, les dents d’aix, les
sûres traces de doigts sur la jambe, entre les cuisses bleues-belles, longues du feu tapi.

Éclate le verre :

sourds et bègues, les arbres

et les donjons où dort

le pantin sûr de son venin ;

nulle masse n’est morte.

Déjà les filles les plus lentes

prennent d’assaut la chambre

De temps en temps hurle

un train de voyageurs.

À ce qu’on dit

je préfère

ce qu’on ne dit pas :

calebasse sans vergogne:

cette chambre oscille.

Les doigts mis à l’épreuve;

rouet blanc

de la main enroulée,

va et vient l’allongée ;

dans le poing s’engouffrent

les nerfs du jardin.

Pétrie, la rose embellit

mon odeur,

pétrifie prunelles et jambes

et déjà la voix longe la voix,

la voix perd ses ongles.

Les lilas, les nerfs la main les touche; la maison dans le poing serre les vieux habits.
A présent, l’embellie, la jambe exacte.
Et tu respires sans y penser.

Les revêtent, les aiment.
Le sang imbibe chacun d’eux.
Chacun d’eux loge l’autre quand dort la voix, quand le verre mince arrondit l’œil, caresse le camarade.

Tu demeures vigoureux quand les dents mordent la vitesse nouvelle des têtards nombreux, des pâleurs d’oxygène.
Ah !
Tu perds l’ouïe, tu plonges dans ta main (souvenir d’ivraie, de suc !).
Voici l’eau mûrie, la verte innocence, et laisse le corps assembler la neige !

.. et dans la vieillesse, et pâle.

De temps à autre un mot

plus bleu, comme vide,

et qui veut dire

le sang léger à la tête,

ou le froid très clair

qui saisit l’haleine

et brise le coude…

et, parlant bas,

parlant très bas,

les vitriers de lin.

… et le pouvoir des muscles

engrange la chaleur

dont tu sais la bonté.

Dans toute la pupille

elle verra le pays,

les outils, les merveilles.

Mais ne dis pas le nom

des os et des vallées.

Garde pour toi

la longueur déchirée

de la main sur la jambe.

… du corps joint à celui qui part, qui revient vers lui-même ou qui s’endort croyant voir les objets, les muscles, les petites maisons serrées l’une dans l’autre, ou les doigts
fidèles qu’on oublie, qu’on jette loin de soi…

Dans ta vision, l’encrier

bleuit pupille et paupière,

chats d’Espagne.

Tel opticien de papier sourd

frappe la main,

ferme la fenêtre.

Tu traverses l’obscurité

où l’œil meurt au centuple.

Sois toi-même pantin : touche la très sainte glaise, offre à qui t’aime doigts ou coquilles.
Il faudra caresser torse et jambes.
Arrondis le sang, la sève et bois cidre en
Espagne dès que l’ombre est fragile, dès que monte à la tête l’odeur de bleu moulin.

Les marchands d’almanachs sont amis des merciers : c’était à
Liège en 1602.
Boiseries croulent et tout n’est que poussière; pousse en avant les bras : le noir te mange et c’est l’hiver, l’enfance à facettes.

Tu es de bon renom : l’odeur des pommes te plaît, tu caresses l’âtre et la vitre…
Afin d’obtenir douceur tu parles à voix basse.
La maison où tu loges est fourrée de papier : tu dois t’en souvenir : fabrique seaux et bouteilles, dors, tu dors, meunier de vin, pouce du pont des
Arches.

Corps disloqué puisque

nerfs disent nerfs,

jambes, jambes.

Corporation bleue des citrons,

des touches volées, des sucreries.

A-t-on donc sucé

le sang des merciers ?

Obéis à l’agneau.

Celui qui vend du cuir

ne peut qu’être benoît.

Quand le bras dort,

la jambe allonge le sang,

la cheville s’appelle
Mathilde,

coupe le sommeil.

Le pied court.

Plus que jamais le pouce

est fourbe et gourd.

Si l’épaule t’appartient,

lève le bras : main,

te voici transparente

dans le commerce du sommeil.

Chaque empreinte

est, sur la langue,

tampon sourd de salive.

Sois sommeil enseveli, sois enfant très mince ou feu jaloux : maison vole ou réveille le pouls pâle et glacé.
C’est l’Amblève qui parle et le moulin qui rit : le corps fait boule, rondeur de sud, se coule en la clarté d’un voleur aveugle.

À bec pointu, langue dodue.

J’ai, dans mes longs poils,

un objet de ténèbres,

la douille de l’œil.

Mes griffes, mes lèvres

ont la douceur obscure,

ont la douleur aiguë

du miel, du dard.

Les femmes frottent les coqs,

les gens couchés dans l’herbe.

Sûr disciple du citron, cède à l’œuf ta rondeur, enseigne aux tambours le cri du coq.
Et le village et l’épaule vivent en commun.
J’étais sur le point d’être nerf, vacarme.
Attends :

la voix replie ses ailes, dort de tous ses a, fait la jatte engourdie, le héron sur un pied.

Mai, comme l’hiver, sans grave courroux, prend les vitres, les gares.
Avons-nous serré filets et tas de noix dans les greniers ?
C’était, vous dis-je, la liqueur pâle à la bouche, qui amincit le corps.

Faits observés :

chemin de mains et de papiers,

va-et-vient de pupille,

de doigts le long de doigts,

fontaine dont on ne boit

ni l’herbe, ni la langue

(y passe le feu glacé

des cerises, des sifflets !).

La maison d’aujourd’hui

contient le sang aveugle.

Profusion de pattes : voici l’herbe arrachée; le patient s’affaiblit dès que l’aveugle entre dans la maison menue.
Projette salive.
Nomme

avalanche d’haleine ou pression de pouce.
Quel vaincu saisit la soie métallique entre les paupières ?

Plan d’attaque :

verre ou casse-cascade,

enfin, les merveilles, les monts

dont nous sommes les gardiens,

les sauveurs débonnaires.

Et c’est la lutte :

cherche à saisir la jambe

dont le sang pèse lourd

dès qu’on abolit

la main livrée au rêve.

Sourd, tu respires mieux.

Tu fais face au sarcasme

des cheveux et des lèvres.

Paralyse l’eau : tu seras sans outils, sans demeure blanchie, sans liens autour du bras.
Tire l’arbre à tâtons vers le ventre où tu dors.
Les mots sont mécaniques.
Le vin, dans sa victime, s’empare du poing, visite l’estomac pâle et la maison des guêpes.

Donne à ce conseil

le juste équilibre:

l’embellie, la foudre

seront sœurs.

Et tu veux toucher

les objets cousus, les pelotes

dont les épingles

ont des dents de hiboux.

Tu ne peux connaître

l’étendue du pays :

ferme l’épaule hâtive,

serre l’œil dans son habit.

Retrouve en ton sommeil

mille poings, mille pattes.

La femme naïve étreint

le garçon qui ne peut courir :

sors la langue, donne

au premier venu

les yeux, les mains, les jambes

L’embuscade est tendue

au-delà du genou.

Enveloppe à bon escient

la bête en sa vigueur. « 

… et la langue y persiste,

y pose douceur vaine,

tandis qu’au pressoir,

dans le jardin de chaux,

les ouvriers savent

ce qu’il faut de travail,

de cris, de halètements,

de mouvements sans fin.

Qu’adviendra-t-il

des jarrets et des coudes,

des vêtements usés, des faucilles

dont l’odeur déchire

la vitre du papier?

De jambe en jambe, jambe d’ivoire ou de bois, jambe de sel ou de
Jean, jambe de peau de bête.
Tiens la jambe et caresse le pied bleu ou bot.
Qu’est-ce qu’un soulier?
Le lieu où le corps perd l’espace, où le talon de verre, d’un coup à la tempe, tue
Cendrillon.

Outils et pains, coquilles sont partout dans la salle.
On dirait un pays noir du souffle des oiseaux.
La serpe à l’affût ne craint pas la chèvre.
Tonneau qui roule perd paroles et citrons.

Goût du goût sans bleu, goût de la veine, de l’haleine dont tu es léger, frère sourd du feu.
La main dort en elle-même.
Elle touche, ce jour-ci, genoux et cadenas, ou chêne.
Tu ne sais pourquoi tu as le mot judo à la bouche.

… doit boire la lie.
Si la jambe a sommeil, mille points de rouille pillent le corps entier.
Il pleut à verse: gueux sont les doigts.
Hébété, tu cours, car les couteaux tirés sont posés sur la table

Herse blesse.
Féminin, tu parles : c’est le décès du chanvre, dès que tu tiens à la main tel jouet au sang gelé.
Tu casses le papier liquide.
Par temps chaud, tu meurs.

C’est une bleue.

Tu la voyais sur la langue

tenir chaque doigt, chaque objet.

Tu la voyais dans l’œil

garder bonne contenance.

Adieu paniers, poitrails,

gens de sabots et de bouteilles !

Toi, tu te tais :

tu es blanc

comme une
Agnès.

Accord des oiseaux et des arbres sous les tambours nus ou sourds.
Accord des cœurs et des herbes, quand le rêve des enfants devient un puits sans fond.
Accord de la jambe et du sexe, dès que sont criards les porcs, les poulies, les voix.
Accord sous l’eau noire.
Accord sous l’enclume.
Quelques morceaux d’enfants sont dans la noce rebelle des soldats qui ne meurent pas.

Abus glouton des poings qu’on serre et qu’on écrase !
Nain cousu, je respire dans le tambour sans portes, dans l’eau allongée.
Chacun parle à l’autre du temps passé, des ouailles, du pouce gelé, de juin.
Vivat !
Vivat !

Vois en toi-même : l’autre bras t’entoure ou te passe corde à la jambe.
Et tu ris d’avoir volé le sang du voisin.

Te voici long ou bleu :

fête, en ce coude,

le bras, l’avant-bras.

Le territoire allongé

(ou qui s’allonge)

est fleuve ou cité:

les poings dans les poings

hissent étendards et renards,

cris empaillés, fracas de rhum.

Dort dans mon oreille

celui qui fait le sourd.

En la ronde ardeur tu fais le sourd ou le muet.
Crains-tu l’approche de la main, de la jambe ?
Le corps grossit dans l’eau, coupe le pouce étiré, donne au pauvre sabot brassée de ligaments, pas perdus de papier.

Housse où vit le corps :

l’aveugle en bleu

n’y voit personne.

Nul voleur n’y vole

un peu de sang.

Nul toucheur d’épaule

n’y cherche un amandier.

Qui j’ignore

mesure la longueur

du pouce et de la jambe.

Mais la langue fait coquille

près du cœur, près du poing.

Dit : en ce temps-ci, la main ne tient outil que par méprise.
Récit : haillons dans le sel, amis coiffés de petits ânes, tels sont pensers d’ici.
Constat: chef du vignoble ou du corps très blanc…
L’aisselle où tu vis, la main la creuse, y fait pelote ou soleil.

Étendue du corps par où l’on regarde : ainsi l’œil, petit appareil, fait patte à tout venant, lèche le bout du feu, l’extrémité de la jambe, ou la langue qui
appartient à ma langue, laquelle est dans la langue du gel.
Tire vers toi l’échelle, oublie le nom des doigts, l’œil-index, l’œil-pouce, enveloppe de bordeaux tout le métal des ormes.

Langue brûle.

Petits os de main

sont en petits morceaux.

Jambe est séparée

du corps.

Poing serre poing.

Doigt droit

touche pouce;

au pays nerveux,

on pille déjà.

… j’attendais que la main

soit chèvre encore, ou touffe

de mimosa dans les yeux.

Ma fille fait bien

de se tenir tranquille :

et ses cuisses et ses coudes

attachent le corps.

Et voici la langue,

élève humide et dodue,

court chemin

des dents à la racine.

Corps de logis : rouge à l’aisselle.
Au creux du genou dort la tache d’encre.
J-es marchands avaleurs de bêtes ou de sonnailles te poursuivent, alléchés.

Et voici qu’un grand couturier me prend par la jambe et me conduit vers les noix entassées dans la chambre.
Y a-t-il déjà, dans ce sac, les outils

amoureux de rouille, les roues dentées, les flacons ?
Longe de la main l’anorak bleu, le moteur.
Nous parlons,
Hélène, d’un parfum cousu, d’une aumône.

La main droite

est la main de la main gauche,

comme l’œil gauche

est le voisin de l’œil droit.

Voleur, tu caches

l’œil central.

L’œil ovale

n’est pas l’amande

qu’on serre entre les dents.

Herbe où les nains cherchent ma jambe.
Herbe où les nains cherchent mon cœur.
La faux coupe en quatre le trèfle et le thym.
La montagne est belle dans l’œil de
Nalôn : cinq doigts caressent une lampe de mineur.
La rivière arrondit cailloux et remous.

Je me servais des bras pour franchir l’orifice et clouer au papier les plumes, les épingles.
On demande la faveur de mourir, de détruire l’amande en fusion, l’œil écarlate.
Tous les objets cuits, les fouloirs du peuple.

Est ou se tait.
Demeure volé, caché, sous

on ne sait quoi.
On tient en vie comme par.
Et déjà le froid, déjà les mains, les jambes abondent.

Enfant coupé du nord au sud,

voici tes bras vus de l’intérieur.

Tel juin, le laitier meurt

et les passants verts attendent

la venue des jacinthes, des tambours.

Aurait-on pu penser cela ?

Ouvert, le corps entre

en respiration lente et sûre.

Elle a raison de s’éloigner,

l’haleine.

Elle est dame légère,

on ne la voit jamais voiler

la cécité des guêpes.

Dans l’ongle où jacassent l’oiseau menu, le feu plié, se cache aussi le dé à coudre.

Cesse de couper le fil de laine.
Cesse de limer l’œil : maints plumages caressent le regard nègre.

Jacques Izoard

LE TRONC DU PAUMIER


LE TRONC DU PAUMIER

Du compas où se trace ce parfum rond comme un premier verger, les prés verts faufilent à mots ouverts

Paroles qui rougaillent comme Jacques a dit ses Portraits

Clochardes à la peau fripée par le soleil d’une annonce automnale conduisant son veau à l’école des trains. pour se musculer l’imaginaire d’un ô riant express qui serpenterait en rivière non venimeuse

Des enfants gardiens de vaches à court d’école, la mer plus proche du château d’eau que de la javellisation domestique intellectuelle

Cache-cache

Tu contes jusqu’à sans et je sors du compte de faits label au bois-dormant

Porteur d’ô

Loin du raille d’Ouessant , à la rame de pois-de-senteur, s’intégrant dans un marathon de marguerites venues avant le dernier coup de cidre crêpe de chine

Courbes du tronc prises à demains, merci Georges.

Niala-Loisobleu – 13 Avril 2022

SEPT EXTRA PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)


Georges Rouault

SEPT EXTRA PAR JEAN CIPHAN (JEAN YVON CHAPIN)

Ils sont deux amis nés le même jour, un 7 juillet.

Ils se sont rencontrés sur les planches et ont joué ensemble, comédiens amateurs de la troupe « Jeunesse et Théâtre », au Mans, plus de quarante représentations de « L’avare » de Molière… « Amant » et « maîtresse » à la scène. Elle, la belle Marianne, lui, Cléante, le fils révolté. Ils avaient vingt ans.
Ils ne se sont jamais perdus de vue. Leurs violons d’Ingres ? Elle peint. Il écrit. En cette année 2007, ils se retrouvent avec leurs conjoints pour deux jours à parcourir à l’île d’Aix : on s’y déplace à pied ou en calèche ! La nature y est reine… Le village fortifié, les forts, le prestigieux passé… Le Musée napoléonien…

Nous sommes justement le 7 juillet…
07-07-07 ! À la table de l’hôtel Napoléon, les bougies sont soufflées, les petits cadeaux échangés. Jean offre à son amie ce petit compliment…

SEPT EXTRA !

C’est extraordinaire !
Extra ou ordinaire ?
Extra !

Elle a l’amour des peintres,
Lui, celui des poètes !
Et leurs muses les ont servis !

Ors et cendres, rubis ou émeraudes,
Ciels et cyans, sangs et soufres,
S’essaient, sur sa palette à d’autres tons mêlés,
À créer, à jaillir, à immortaliser
La passion d’un instant,
L’éclat d’un souvenir,
La fraîcheur d’un printemps,
L’image d’une vie !

Vers libres, mots cadencés,
Rimes pauvres ou triomphantes,
Alexandrins pompeux, onomatopées sèches,
Cris et claques, cliques de mots,
Désordres en hordes, jeux de mots,
Et maux enjoués quand la vie les habille…
Ils sont là et l’habitent…
À moins qu’il s’y abrite !

Ils sont deux vieux amis de plus de quarante ans !
Et en ce jour peu ordinaire, avec leurs conjoints solidaires,
Ils sont venus à quatre amis, en Aix-capade…
Et c’est presque en catimini que ces quelques lignes à la belle Marianne…
Un certain Cléante lui offrit !

7 juillet 2007
Jean Ciphan- «Équipées sereines»

Extrait de: 

 « Oser dire, poèmes et propos vagabonds » (Jean Ciphan)

ALLUMER LA NUIT


ALLUMER LA NUIT

Enduire l’ombre de l’éclair de tes mots en comblant les fissures d’artifices

cette église où nous communions, réfléchie de la source à la mer par l’estuaire de la poésie

Aux abords des cailloux hypocrites un phare en balise

chenal silencieux du concis qui conduit

Le sol et le ciel réunis par le double genre de l’Arbre de Vie et Nous au-delà du doute des questions contre-nature

Rouault intrinsèquement solaire

Par la pluie je vais épandre l’anémone à partir d’une autre blancheur, propice à l’arc-en-ciel.

Niala-Loisobleu – 12 Avril 2022

PLUS BLEU QUE TOUT


PLUS BLEU QUE TOUT

A l’horizon noir d’une comédie mettre en recours à la triste farce le bleu perso de la couleur du choix perso

Poésie tu peindras sur les maux

Vocabulaire des tripes à la mode de quand tu sens que ça brûle comme le taire rendu nécessaire.

Niala-Loisobleu – 12 Avril 2022

ACCOSTAGE


« Viens plus près.. » Georges Rouault

ACCOSTAGE

J’abandonne ma casquette au vent mendier tout Messi

en passant mes doigts dans la mie du peint j’ai retrouvé ton genre

Georges Rouault venu à la barre a juré sur sa bible

j’ai craché non par besoin, t’étais pas sèche, tes gouttes étant à leur place

ta pâte à modeler alors a embauché mes mains à pétrir le plus fol espoir qui soit, ce qui t’a fait valser comme une viennoiserie quand t’as vu la veine du Danube Bleu gonfler comme un pélican se tapant le président sorti du Cabinet de Curiosités has been

On a crié en même tant que le cinéma fermait pour laisser courir la poésie comme une musique soul…

Niala-Loisobleu – 8 Avril 2022