PEINDRE DES NASEAUX


PEINDRE DES NASEAUX

Le ciel accroché aux mâts de la forêt dans l’esprit des feuilles

passe en trouée dans la course de mes chevaux

Quel sabot ne mettrai-je pas dans mon ça peint sans faire à cheval le trait d’esprit?

Mes façades se dévoilent dans la nudité du désir vif qui avale à pleins poumons aux balcons des chemins

Si le soleil perce le fond des mers ça n’est pas pour faire venir le touriste à l’aquarium c’est pour soutenir le mouvement de l’anémone toute simple

Aux yeux du fond où se repose le départ des négriers aux abords de l’île aux oiseaux

Vieux château d’une croisade dont rien n’est resté sauf l’empreinte profonde des chevaux désarmés

Un donjon que des cloches de brume abrite fait des rondes avec des enfants pas encore nés

histoire d’y voir clair dans les obscurs desseins

Je ne sais rien de prémédité

je peins vierge

comme une bête sauvage

que la toile tient en vie par l’oreille alerte et les reins sans charge guerrière attelés aux semailles

Il existe un quelque part qui ignore l’élucubration dévastatrice

entièrement voué à bâtir, primitif dans l’âme.

Niala-Loisobleu.

30 Novembre 2022

Sentiers conducteurs


Sentiers conducteurs

Garants des parfums de la vraie vie, ils abritent la ruche au bord de leur fleurs

Loin du déodorant de l’appariteur

Dansons dans l’écume des matins…

Niala-Loisobleu – 30 Novembre 2022

STREET ART


STREET ART

A même l’automne

les feuilles d’une partition s’accrochent à la lisière de l’accordéon

entre deux saisons renversées d’un ver de Porto

Dentelle que la peau relève d’un espace entre le bas et la peau

crépi de roses d’Emilia

dans la dernière eau jetée du haut de la falaise

Un cargo navigue vers une carioca lointaine à la lueur des bougies

avec des restes de soleil d’ici

pendant que la saudade à saute-mouton essaie de franchir la nuit

Les rues brillent de tout et de rien au bord de quatre-saisons garées le long du trottoir

il y a dans ce noir une lueur qui trempe sa mèche

une âme poétique à tirer d’autres larmes que les crocodiles

m’aime si ça mord l’oiseau.

Niala-Loisobleu.

29 Novembre 2022

EST-CE ELLE ?


EST-CE ELLE ?

Savoir si l’ocre est creux ou bon à cuire des briques

avant d’accrocher le bouquet à la charpente

tient de son tenon et de sa mortaise

Des tapis qui volent je tisse l’haleine

si les seins sont de taille à faire un voyage des demains

l’herbe des cavités, elle, saura dire la bonne aventure en vraie couleur un peu plus loin.

Niala-Loisobleu.
29 Novembre 2022

Du silence de la source


Du silence de la source

Ils dansent dans le végétal de la transparence du voile attaché aux portes et aux fenêtres des maisons de garde au bord de la mer poissonneuse. Souples comme la vague que la lune met au monde. Mère de la voûte qui abrite le bassin baptismal a l’entrée de l’immaculé imaginaire. Des fleurs se préparent en coulisses, le jardinier a ouvert les cales. Le cheval est sorti des vases dans la buée rose des nymphéas sans que la cloche matinale ne s’éteigne. Depuis les maisons les immortelles ont pris les poutres.

Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2022

TOUT AU FOND


TOUT AU FOND

Face à ce que tu tais se décache ce que j’en pense en cessant de compter jusqu’à sans puisque c’est ta manière de répondre que tu es là, me dis-je en me promenant dans les heures passées comme avenir

Les distances n’existent qu’en matière de brouillard au départ

Il paraît l’enfant dans le bac à sable du ventre

C’est un si que les marionnettes attachent à leurs ficelle

et que jamais

quoi qu’on en pense je n’ai tranché du pont quelque soit la situation de l’étiage

Niala-Loisobleu – 29 Novembre 2022

LA FIANCEE BLEUE PAR ANDRE VELTER


LA FIANCEE BLEUE

PAR

ANDRE VELTER

La solitude court les chemins du monde

pour mettre un météore aux mains des solitaires

Chant lointain

de faim et d’amitié,

souffle aventureux

qui lit quelque bonne aventure

dans les paumes du vent

Qui va là?

charbonnier sans foi ou poète

insouciant de nature

ou natif du torrent et des pierres

est-ce un guetteur

un guerrier d’exil

un derviche qui fait tourner la terre

aux plis de son manteau?

celui-là passe dans sa parole

si profond qu’il y voit

le souffle du miroir

et l’éclat d’une fée

comme une aube à toute heure

du jour et de la nuit

natif du torrent et des pierres insouciant de nature poète ou charbonnier sans foi il va

Une brûlure court la ligne des glaces pour léguer un prodige à nos têtes brûlées

Chant plutôt que cantique

errance sans pèlerinage,

que naissent sous les portiques

des nuées des mystères

oracles lumineux de matins éphémères

Poète par le temps accordé à la flèche par le choix des armes par le rêve des cascades en ses doigts de sourcier

poète par le midi farouche par les guêpes et les lavandes par le muscat où s’éveillent les filles du soleil

poète par le sable ailé du présent par l’envers des traces par la magie du roc et du doute

poète par l’écorce des arbres par la mort endormie par la migration hasardeuse des papillons du
Ventoux

poète par le socle de ses poings

Un sortilège court le partage des eaux pour semer des orages en toute transparence

Chant venu de l’écho du silence comme pierre éblouie qui murmure et qui lie le secret au secret

La terre était bleue et belle comme une fiancée mais elle ne retenait pas celui qui s’éloignait

et celui-là tenait

une ombre froide au cœur

ombre portée de la belle

ombre sans ombre de la fiancée bleue

qui toujours se taisait

et gelaient l’amour et la lumière

goutte à goutte en son cœur

tandis qu’il fuyait par la nuit des étoiles

à la vitesse de la lumière

à la vitesse d’un éclair noir

la terre était bleue et belle comme une fiancée mais elle ne retenait pas celui qui s’éloignait

Le haut songe d’Icare court les lèvres du vide pour voler une clé dans le fleuve des songes

il est un homme les yeux ouverts avec un diamant dans le sang

un homme en route

un homme en vue d’une autre nuit

André Velter

LA TÊTE CONTRE LES MURS PAR PAUL ELUARD


LA TÊTE CONTRE LES MURS

PAR

PAUL ELUARD

Ils n’étaient que quelques-uns

Sur toute la terre

Chacun se croyait seul

Ils chantaient ils avaient raison

De chanter

Mais ils chantaient comme on saccage

Comme on se tue

Nuit humide râpée

Allons-nous te supporter

Plus longtemps

N’allons-nous pas secouer

Ton évidence de cloaque

Nous n’attendrons pas un matin

Fait sur mesure

Nous voulions voir clair dans les yeux des autres
Leurs nuits d’amour épuisées

Ils ne rêvent que de mourir
Leurs belles chairs s’oublient
Pavanes en tournecœur
Abeilles prises dans leur miel
Ils ignorent la vie

Et nous en avons mal partout

Toits rouges fondez sous la langue

Canicule dans les lits pleins

Viens vider tes sacs de sang frais

Il y a encore une ombre ici

Un morceau d’imbécile là

Au vent leurs masques leurs défroques

Dans du plomb leurs pièges leurs chaînes

Et leurs gestes prudents d’aveugles

II y a du feu sous roche

Pour qui éteint le feu

Prenez-y garde nous avons
Malgré la nuit qu’il couve
Plus de force que le ventre
De vos sœurs et de vos femmes
Et nous nous reproduirons
Sans elles mais à coups de hache
Dans vos prisons

Torrents de pierre labours d’écume

Où flottent des yeux sans rancune

Des yeux justes sans espoir

Qui vous connaissent

Et que vous auriez dû crever

Plutôt que de les ignorer

D’un hameçon plus habile que vos potences
Nous prendrons notre bien où nous voulons qu’il soit.

Paul Eluard

EXHALE BLEUE


EXHALE BLEUE

Dans sa lutte contre le blanchiment de la réalité le bleu transite sa chaleur en dépit des exclamations qui frappent le rêve au cœur

Cette adoration fanatique étrangle à maints nus gantés faute d’empreintes

Fausses pierres du strass dressées en enfilade sous le fronton en un cerne sous l’œil crevé

Comme la solitude colonise ce monde bavard en péroraison stérile

J’ai un besoin existentiel d’aimer sans régime de restriction

Vu qu’en ce mode actuel je suis loin d’être le seul, approche la couleur de ton sel par ta vague à marée hôte

Que je peigne ton existence.

Niala-Loisobleu – 28 Novembre 2022

VAS, VIS ET DEVIENS


VAS,VIS ET DEVIENS

L’oiseau sépare le ciel en deux morceaux d’un seul coup d’ailes

d’un côté la nuit qui dépend du hasard

de l’autre, à partir de l’arbre le fruit

qui dispose de la racine du vouloir de la verticalité du jour

Soleil ô Soleil

Tombant du nid de la lune

il vole de son gré ascensionnel, clignotant d’étoiles

droit au labour en suivant les semailles du cheval jusqu’au grenier à sel

Les Caprices laissés au Prado dans les autopsies du légiste Francisco Goya

pour une séguedille au clair-de-lune avec Lorca le gitan

plantant des pilotis ici de là à l’entrée du chenal

Gulf-stream de la poésie signalé par les bouées de Niki de St-Phalle

arc-en-ciel amphibie

Il faut marcher en dehors des nasses, sans cages

loin des filets aspirateurs des influenceurs

pour se tirer de la gloire éphémère du bruit consensuel des enseignes pirates

vrai de l’humilité qui choisit l’humanisme à la fortune

Ainsi peins-je comme Zarathoustra, dit Niala…

Niala-Loisobleu.

27 Novembre 2022