
Bleu, photo d’un jour passé, à Nuit Blanche d’un Matin Avorté
« En ces heures ou le paysage est une auréole de vie,et où rêver n’est que se rêver soi même, j’ai élevé, mon amour, dans le silence de mon intranquillité, ce livre étrange où s’ouvrent, tout au bout d’une allée d’arbres, les portes d’une maison abandonnée.
J’ai cueilli pour l’écrire l’âme de toutes les fleurs et, des instants éphémères de tous les chants de tous les oiseaux, j’ai tissé un réseau d’éternité et de stagnation.
Telle la tisseuse, je me suis assis à la fenêtre de ma vie et oubliant que j’habitais là et que j’existais, j’ai tissé des linceuls pour un tiède ensevelissement, dans de chastes toiles de lin destinées aux autels de mon silence.
Et je t’offre ce livre,car je le sais beau autant qu’inutile. Il n’enseigne rien, ne fait croire à rien, ne fait rien sentir. Simple ruisseau coulant vers un abîme cendreux que le vent disperse, et qui n’est ni fertile ni nuisible. »
Fernando Pessoa (Le livre de l’intranquilité)
En ces heures où le soleil se mouchète de rousseurs grises aux cernes des abandons
les paupières luttent à faire passer la scène à gué
Les douves du Louvre
auraient bues
la passerelle des Arts
que le buvard n’aurait pas mieux avalé
l’Institut
Est-ce une abstraction d’ô qui tarit mon caniveau
poussant d’un balai de bouleau
les quat’-saisons à l’angle mort de ma rue du Bac
peut-être ai-je rêvé mon existence avant que d’être né
je serais alors déjà mort
sans le savoir
Me connaissant excessif en couleur de folie
rien ne pourrait m’étonner venant de ma part
le vide des autres oblige
Entre un calendrier muet sans dates ni mois ni jours
comment allez-vous lui demander une horloge parlante
disant sans omission chacune de ses secondes par la trotteuse de ses sensation réelles
Bah coup ci coup ça fatigué d’attendre, le ressort du remontoir se grippe
Au loin si loin que rien n’apparaît plus
le jour continue à lever des mercenaires
avant des enfants s’y intercalaient
maintenant on les met aux écoles sous prétexte d’en faire des grands
le mensonge commence tôt
Là où l’amer lèche la motte des Saintes -Marie
une langue de taire dessine en épine la couleur de l’odeur des roses
J’ai dressé bien des pierres aux autels borgnes
mécréant compagnon du chant des rosaces échappées des grandes orgues
une Foi plus bête que l’innocence amarrée au coeur
Mon tramway bleu
ahane en cris électriques à monter les calles du vieux Lisbonne à la recherche
du gardeur de troupeau
le compas électrocuté
par les guitares du fado
du petit pays de mon esprit
traversé par les ailes de Cervantès à do de gamme de Rossinante
Puisqu’il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée
je me dégonde olé à Venise en voyage de noces noires
dernier soupir avant décapitation de l’Arbre de Vie
au terme d’une nuit blanche annoncée par les reflux répétés,
malgré les itératifs SOS envoyés…
Niala-Loisobleu – 29 Octobre 2016
WordPress:
J’aime chargement…
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.