LE VILLAGE MARIN


NIALA – Collection de l’artiste

LE VILLAGE MARIN

Des feuilles qui quittent la route

les pinèdes demeurent seules à bord du chas de l’aiguille

A la pointe de l’embrun ton sel forme le lendemain

sous l’automne je te trouve à la main

Au moins toi

tu es herbue comme dans mon idée du jardin…

Niala-Loisobleu – 30 Septembre 2022

L’HARICOT


L’HARICOT

Dans le pot planter l’haricot

qui grimpe

au cordon solaire

sans user des ciseaux… ..

Niala-Loisobleu – 30 Septembre 2022

EFFET BOEUF


EFFET BOEUF

Les prés de St-Germain

cavent sans vain

l’adolescence de mon enfance

où tes seins pointaient au déroulé du sax et de la trompette

Rien de lait dans le bidon

et tes cuisses en l’air au be-hop

bandaient mon arc au ciel comme l’âne devant le violet d’un chardon

Qu’un’ trombone passe dans ma tête en cet instant précis montre combien tout va mieux quand ça coulisse

La vie sans amour est l’avant-goût funèbre d’un aujourd’hui à pas laisser entrer foutre en l’air le bon fonctionnement de la nature

Vivre en corps ça par derrière me donne envie de brouter

Que l’herbe revienne sacré bon d’yeux…

Niala-Loisobleu – 29 Septembre 2022

Le secret de l’Initié par Lucian Blaga


Le secret de l’initié (Taina initiatului, 1924)

Dernier jour. Homme, c’est vrai :
De tout ce qui a été,
Rien n’a changé.
En haut, tourne le même ciel,
En bas, s’étend la même terre.
Mais un chant a surgi, au large,
Profond et mystérieux, au large.
On dirait que, dans les profondeurs, les cercueils
Ont cédé et que s’en sont envolés
Vers le ciel d’innombrables alouettes.
Homme, le jour du jugement
Est pareil à tout autre jour.
Fais plier tes genoux,
Tords-toi les mains,
Ouvre les yeux, étonne-toi.
Homme, je t’en dirais bien davantage,
Mais c’est en vain…
D’ailleurs, des étoiles se lèvent
Et me font signe de me taire.
Et me font signe de me taire.

Lucian Blaga

DEBUT BLEU


Début Bleu

Avant et en attendant qu’il se passe quekque chose

la mer est en place

la grève se prépare…

Niala-Loisobleu – 29 Septembre 2022

En Quête


En Quête

Truffe à la suite de l’idée à trouver, la toile tisse

Manque d’espace vert

Au garde-meubles une jardinière se tient peut-être

Qui sait ?

J’ai faim d’herbe avant que le sol se couvre de feuilles.

Niala-Loisobleu – 28 Septembre 2022

Atelier de Niala

FACE A FACE PAR GABRIELLE ALTHEN


Photo Niala

FACE A FACE PAR GABRIELLE ALTHEN

Avec son grand visage vide
La beauté me fait face
Mon instinct s’intimide
Ô cette basse continue de la peine
Et le creux martelé du face à face !
Un cheval broute
Les routes sont arides
Je possède un regard et deux mains
Et même un centre dit de gravité
Le jour est lourd
Dire qu’il y aurait là-bas des rires
Et des actes sans poids…
Mon Dieu, mon Dieu !
Sauvez-nous de l’informe.

Gabrielle Althen

A L’EAU C’EST TOI ?


NIALA

A L’EAU C’EST TOI ?

-Oui c’est ça sers-toi, mais n’en abuse pas

Le vers de l’herbe d’ici comme d’ailleurs semble disparu, la terre sèche produit que des saloperies

le gazon est un mot dit

Seul le froid s’étend par delà l’horizon

J’ ai mis le denier baiser sous-cloche sur le dessus de cheminée et du bois dans l’appentis sorcier…

Niala-Loisobleu – 28 Septembre 2022

LES TROUS DU PARCOURS (REPRISE)


NIALA Collection de l’artiste

LES TROUS DU PARCOURS

Ce n’est pas éteint, loin de là, parce que dans la couche obscure d’une absence psychique, le corps donne l’impression d’avoir disparu, tant sa lumière falote porte à craindre. Chaque jour disparaissent des individus. Soudain ces gens ne donnent plus de nouvelles. Ils s’évanouissent sans préavis, sans bagages. Comme ça, comme s’ils s’étaient évaporés dans le néant.

Je sais que, pour la plupart, il s’agit de marginaux, de gens vivant de drogue, d’expédients, toujours prêts à se laisser impliquer dans tel ou tel délit, des individus faisant de constants allers-retours avec la prison. Mais il y a aussi ceux qui – drôle de minorité -, à un moment de leur vie, décident de tout quitter. Comme la mère de famille qui sort faire les courses au supermarché et ne revient plus jamais, ou le fils ou le frère qui montent dans un train sans jamais arriver à destination..

Je pense que chacun de nous à un chemin. Un chemin qui nous mène chez nous, vers nos proches, les gens à qui nous sommes les plus liés. D’habitude, c’est toujours le même chemin, on l’apprend dès l’enfance et on le suit pour la vie. Mais il arrive que ce chemin se brise, qu’il reprenne ailleurs. Ou bien, après avoir suivi un parcours sinueux, il revient au point de rupture. Ou encore, il reste comme suspendu.

Mais parfois, il se perd dans l’obscurité.

Je sais que plus de la moitié des gens qui disparaissent reviennent et racontent. une histoire. Certains n’ont rien à raconter, ils reprennent leur vie d’avant. D’autres ont moins de chance, il ne reste plus d’eux qu’un corps muet.Et puis, il y a ceux dont on ne saura jamais rien.

Parmi ceux-là, il y a toujours un enfant.

Un enfant qui un matin, qu’apparemment rien ne distinguait des autres, a tout changé sans que personne, de ses plus proches aux plus éloignés, n’ait pu et ne pourra jamais avoir la sensation véritable de son malheur personnel. Du trou au fond duquel sa vie s’installa ce jour là. Le malheur est unique, il est attaché .à cette unicité de l’être, on peut avoir mal du mal d’un autre, mais ce ne seront que des sensations répercutant une série de nouvelles peines, qui resteront étrangères à l’originale.

Je crois que si je ne cherche jamais à m’apitoyer devant pareille situation, c’est que le naturel élan qui me pousse à privilégier le bonheur, me donne des moyens de réintégrer l’être cassé, en dehors de toute fixation sur la cause.

Niala-]Loisobleu

26 Juillet 2013