
Un jardinier disait à ses mains…
Michel Van Schendel
Un jardinier disait à ses mains,
Disait au jardin :
Je suis ta jument je suis ton pré
Je suis ton ciel je suis ton sol
Je suis ton aile et ton tourment
Je suis ton eau
Je t’abonde tu m’embrasses
Tu m’élèves tu te glisses
Tu m’inventes tu t’élides
Tu m’étonnes tu t’en viens
Je suis ton ambre et ta lumière
Je suis la manne de tes fruits
Je suis l’entaille du matin
Je suis le toit je suis la plaine je t’étreins
Je suis ton aile tu m’emportes
Tu t’envoles tu m’étrennes
Tu te donnes tout le ciel
Tu me donnes ton haleine
Tu es l’embrun tu es le sel
Je suis la chair de ton hallier
Tu es l’embrun tu es la sève
Je suis ta brume ton entrain
Je suis ton bras je suis ta main
Je suis ton ombre et ton sentier
Je suis ton pas
Je suis ta soie ton couturier
Il contempla la toile de ses mains,
Il regarda le buis, l’érable, il vit l’aubier,
Il vit la feuille et la ligne des feuilles,
Il regarda le ciel, il regarda le sol,
Il contempla la soie de ses mains,
Il vit que la soie était celle du jardin.
Michel Van Schendel
« Un jardinier disait à ses mains », Mille pas dans le jardin font aussi le tour du monde, Montréal, L’Hexagone, 2005.

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