La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
Volets triés les fenêtres descendent se retrouver, un banc par ci , un kiosque là
Bruit du fiacre sur le pavé conduisant les amants au coin du bois
Quelques réverbères se penchent à la sortie des arches pour profiter à quai du courant, tandis que des silhouettes pressées s’étirent avant le dernier métro
Sous les toits où mène l’escalier de service des bonnes rendent leur tablier et des étudiants révisent leur anatomie
Un disque-jokey bouchonne son cheval de bois, c’est du manège au repos que le rêve prend son boulot
Rappelle-toi
quand on descendait dans la cave se mettre à l’abri la guerre finie. Juliette sans aucun tabou montrant nue ses arguments pour l’élection de Miss Vices
Nous en duffel-coat et spartiates, existentialistes pour toujours.
Un grand soleil noir tourne sur la vallée Cheminée muettes – portails verrouillés Wagons immobiles – tours abandonnées Plus de flamme orange dans le ciel mouillé
On dirait – la nuit – de vieux châteaux forts Bouffés par les ronces – le gel et la mort Un grand vent glacial fait grincer les dents Monstre de métal qui va dérivant
J’voudrais travailler encore – travailler encore Forger l’acier rouge avec mes mains d’or Travailler encore – travailler encore Acier rouge et mains d’or
J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir Mes poumons – mon sang et mes colères noires Horizons barrés là – les soleils très rares Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir
On dirait – le soir – des navires de guerre Battus par les vagues – rongés par la mer Tombés sur le flan – giflés des marées Vaincus par l’argent – les monstres d’acier
J’voudrais travailler encore – travailler encore Forger l’acier rouge avec mes mains d’or Travailler encore – travailler encore Acier rouge et mains d’or
J’peux plus exister là J’peux plus habiter là Je sers plus à rien – moi Y a plus rien à faire Quand je fais plus rien – moi Je coûte moins cher – moi Que quand je travaillais – moi D’après les experts
J’me tuais à produire Pour gagner des clous C’est moi qui délire Ou qui devient fou J’peux plus exister là J’peux plus habiter là Je sers plus à rien – moi Y a plus rien à faire
Je voudrais travailler encore – travailler encore Forger l’acier rouge avec mes mains d’or Travailler encore – travailler encore Acier rouge et mains d’or…
Florelle éternelle Les Sables-d’Olonne Vendée. La Chaume: FLORELLE éternelle
FLORELE : « A LA BELLE ETOILE »
À la belle étoile (1935) est la première d’une longue série de chansons délicieuses, parmi lesquelles plusieurs chefs d’œuvre (Les feuilles mortes, Les enfants qui s’aiment,…), composées par Joseph Kosma sur des poèmes de Jacques Prévert.
Joseph Kosma (1905-1969) – Kozma József de son nom de naissance –, compositeur juif hongrois, né à Budapest, s’installe à Paris en 1933 après un séjour de plusieurs années à Berlin dont l’atmosphère est devenue irrespirable. D’abord contraint d’accepter des petits boulots, il fréquente les studios de cinéma pour tenter de s’y faire engager. C’est là que, début 1935, il rencontre Jacques Prévert (1900-1977) qui est, quant à lui, bien introduit dans ce milieu. Prévert lui propose deux poèmes, dont À la belle étoile, qu’il met en musique. Aucun chanteur n’en veut, mais Prévert montre la chanson à Jean Renoir, qui, en octobre et novembre de cette même année, tourne Le crime de Monsieur Lange. À la belle étoile plaît à Renoir, à qui il manque précisément pour son film une chanson destinée au personnage de Valentine Cardès, joué par Florelle (1898-1974), chanteuse et actrice de théâtre et de cinéma très active entre les deux guerres.
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Le Crime de monsieur Lange (1936). Extrait. Jean Renoir, réalisation ; Jacques Prévert & Jean Renoir, scénario ; Jacques Prévert, dialogues ; René Lefèvre (Amédée Lange) ; Jules Berry (Paul Batala) ; Florelle (Valentine Cardès) ; Nadia Sibirskaïa (Estelle)…, acteurs ; Jean Wiener & Joseph Kosma, musique. Production : France, Films Obéron, 1936. Sortie : France, 1936. Chanson : Florelle (1898-1974) • À la belle étoile. Jacques Prévert, paroles ; Joseph Kosma, musique. Florelle, chant ; accompagnement d’orchestre ; Roger Désormière, direction. France, ℗ 1936.
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Boulevard de la Chapelle où passe le métro aérien Il y a des filles très belles et beaucoup de vauriens Des clochards affamés s’endorment sur les bancs Et de vieilles poupées font encore le tapin à soixante-cinq ans.
Au jour le jour À la nuit la nuit À la belle étoile C’est comme ça que je vis Où est-elle l’étoile Moi je n’l’ai jamais vue Pourtant la nuit je traîne Dans les quartiers perdus Au jour le jour À la nuit la nuit À la belle étoile C’est comme ça que je vis C’est une drôle d’étoile, C’est une triste vie. Jacques Prévert (1900-1977). À la belle étoile (1935). Version chantée dans le film Le crime de monsieur Lange (1936), de Jean Renoir.
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Florelle, dans Le crime de Monsieur Lange, ne chante qu’un seul des couplets du poème de Prévert. En 1951 Juliette Gréco publie une version plus longue de À la belle étoile, à laquelle manque toutefois le dernier couplet du poème – et aussi, je trouve, le charme de l’interprétation de Florelle.
1933 …Label étoile
c’est le moins que je puisse dire
de ma chapelle
Jacques et Joseph la constellation
de mon année !
Merci « Je pleure sans raison que je pourrais vous dire »…
Sourire de mon amour Quand j’ai vu le sourire de mon amour, J’ai confondu la nuit avec le jour, J’ai laissé mon coeur se prendre au jeu Et j’ai bu ses lèvres avec mes yeux. Sans savoir s’il voulait vraiment de moi Je me suis réveillée, entre ses bras Et le temps d’un rire heureux, le temps d’un soupir à deux Je me suis perdue dans le sourire de mon amour. Et le temps d’un rire heureux, le temps d’un soupir à deux Je me suis perdue dans le sourire de mon amour.
Au cheval broutant la prochaine lame atlantique, le fond de l’arbre déglutit la parure d’une coupe de saison
Prévert est en guérite, assurant la garde, on se passera d’un Rembrandt pour la Ronde de Nuit
L’accordéon ça minaude pas, c’est franco de pores, jupe fendue plus que le nécessaire attendu d’une posture yoga
Juliette tu vas perdre ta crinière, restera l’os, une putain de moelle de dents
Quand pris de quinte j’irai à la Rhumerie ce sera pour répondre à l’appel et venir tremper Quai Malaquais, la fanfare, le Boris et Sartre en succession de Michèle, Castor l’aqueux bien trempé, sans doute à l’Ecluse, Barbara dans la grande équinoxe d’automne
Rue Bonaparte, mon art colle, la mue Mars et y’aise !
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