ET ALORS ?


ET ALORS ?

Quand la trompette a débouché à qui la faute si ce n’est pas Juliette qui s’est retirée ?

Les chemins qui marchent trouvent toujours un moyen de fermer sous de faux prétextes

Tiens sur l’écaille le minium sert à rien

alors que sur la rouille on glisse de l’usure

Qu’est-ce qu’il pleut dans cette préparation de Noël

pas de quoi atteler un renne

Si tu veux un train y’en plus d’électrique, sur ta lettre commande un mécanique

J’ai compté sur mon émoi plus longtemps que sur la réciprocité de mes enfants

d’où qu’ils soient

à moi où adoptés

comme l’arbre partout planté trouve toujours son pyromane

et la paix un marchand d’armes

Ces fêtes une foi passée

ne me feront pas croire plus que les autres que lever les yeux au ciel améliore la vérité sur terre

Alors avec un soleil en photo sur la cheminée on peut mettre ses sabots dans les faire de son cheval.

Niala-Loisobleu.

22 Décembre 2022

JARDIN VESPERAL


PAUL KLEE

JARDIN VESPERAL

Volets triés les fenêtres descendent se retrouver, un banc par ci , un kiosque là

Bruit du fiacre sur le pavé conduisant les amants au coin du bois

Quelques réverbères se penchent à la sortie des arches pour profiter à quai du courant, tandis que des silhouettes pressées s’étirent avant le dernier métro

Sous les toits où mène l’escalier de service des bonnes rendent leur tablier et des étudiants révisent leur anatomie

Un disque-jokey bouchonne son cheval de bois, c’est du manège au repos que le rêve prend son boulot

Rappelle-toi

quand on descendait dans la cave se mettre à l’abri la guerre finie. Juliette sans aucun tabou montrant nue ses arguments pour l’élection de Miss Vices

Nous en duffel-coat et spartiates, existentialistes pour toujours.

Niala-Loisobleu – 29 Juillet 2022

LES MAINS D’OR PAR JULIETTE GRECO (LAVILLIERS)


LES MAINS D’OR PAR JULIETTE GRECO (LAVILLIERS)

Un grand soleil noir tourne sur la vallée
Cheminée muettes – portails verrouillés
Wagons immobiles – tours abandonnées
Plus de flamme orange dans le ciel mouillé

On dirait – la nuit – de vieux châteaux forts
Bouffés par les ronces – le gel et la mort
Un grand vent glacial fait grincer les dents
Monstre de métal qui va dérivant

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’ai passé ma vie là – dans ce laminoir
Mes poumons – mon sang et mes colères noires
Horizons barrés là – les soleils très rares
Comme une tranchée rouge saignée rouge saignée sur l’espoir

On dirait – le soir – des navires de guerre
Battus par les vagues – rongés par la mer
Tombés sur le flan – giflés des marées
Vaincus par l’argent – les monstres d’acier

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire
Quand je fais plus rien – moi
Je coûte moins cher – moi
Que quand je travaillais – moi
D’après les experts

J’me tuais à produire
Pour gagner des clous
C’est moi qui délire
Ou qui devient fou
J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire

Je voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or…

TUBEREUSE


TUBEREUSE

Dressée sur mon attention nasale

J’entends ton désir atteindre la branche attique

Boomerang le bas du tronc écrit en percussion en suivant le relief à la lettre

Rendu au genou je devine la horde s’engouffrer vers la trappe de secours de la fosse poplitée

La pointe du pétale derviche en boucle

Souffle court et dent incisive

Droit sur sa tige l’oiseau huppe d’abord de l’oeil puis des zèles une chanson de corps de garde sans raturer un mot

Comme c’est jaune hein le soleil battu par le fouet du chien noir

La mort si tu voyais la tête qu’elle tire tu rajouterais ta nouvelle vague à éclore sans retenue

Mai comment fais-tu l’amour Cerise ?

Non, Monsieur je n’ai pas vingt ans mais c’est mieux…

Niala-Loisobleu – 17 Mai 2021

Je suis bien – Juliette Gréco (Jacques Brel)


Je suis bien – Juliette Gréco (Jacques Brel)

Et je n’aime plus personne
Et plus personne ne m’aime

On ne m’attend nulle part
Je n’attends que le hasard

Je suis bien

Au-dehors la nuit s’enroule
Tout autour de sa polaire
Au loin roucoule une foule
Plus méchante que vulgaireJ

je suis bien

Je m’invente des jardins
Écrasés de roses grises
Je brûle quelques églises
J’évapore quelques parfums

Je suis bien

J’effeuille mes anciens amants
Je mélange leurs prénoms
C’est drôle ils s’appellent tous Dupont
Les volcans que j’ai éteints

Je suis bien

Je remonte la rivière
Du grand lit qui me vestibule
Un diamant tintinnabule
Au plus profond de mon verre

Je suis bien

Ma bougie fume ses éclairs
Un arbre pousse dans mon cœur
J’y va pendre les empêcheurs
Et je ne serai plus surnuméraire

Et je serai bien

Je repense à des insultes
À des ennemis anciens
Tout cela ne me fait plus rien
Est-ce que je deviendrais adulte?

Ce serait bien

Je n’entends que mon cœur de pierre
Ce soir je ne ferai ni la fête
Ni la belle, ni la bête
Même mes rides m’indiffèrent

Je suis bien

Et j’éteins
Je suis bien
Je suis malhonnête

FLORELLE : « A LA BELLE ETOILE »




Florelle éternelle
Les Sables-d’Olonne Vendée. La Chaume: FLORELLE éternelle

FLORELE : « A LA BELLE ETOILE »

À la belle étoile (1935) est la première d’une longue série de chansons délicieuses, parmi lesquelles plusieurs chefs d’œuvre (Les feuilles mortesLes enfants qui s’aiment,…), composées par Joseph Kosma sur des poèmes de Jacques Prévert.

Joseph Kosma (1905-1969) – Kozma József de son nom de naissance –, compositeur juif hongrois, né à Budapest, s’installe à Paris en 1933 après un séjour de plusieurs années à Berlin dont l’atmosphère est devenue irrespirable. D’abord contraint d’accepter des petits boulots, il fréquente les studios de cinéma pour tenter de s’y faire engager. C’est là que, début 1935, il rencontre Jacques Prévert (1900-1977) qui est, quant à lui, bien introduit dans ce milieu. Prévert lui propose deux poèmes, dont À la belle étoile, qu’il met en musique. Aucun chanteur n’en veut, mais Prévert montre la chanson à Jean Renoir, qui, en octobre et novembre de cette même année, tourne Le crime de Monsieur LangeÀ la belle étoile plaît à Renoir, à qui il manque précisément pour son film une chanson destinée au personnage de Valentine Cardès, joué par Florelle (1898-1974), chanteuse et actrice de théâtre et de cinéma très active entre les deux guerres.

………

Le Crime de monsieur Lange (1936). Extrait. Jean Renoir, réalisation ; Jacques Prévert & Jean Renoir, scénario ; Jacques Prévert, dialogues ; René Lefèvre (Amédée Lange) ; Jules Berry (Paul Batala) ; Florelle (Valentine Cardès) ; Nadia Sibirskaïa (Estelle)…, acteurs ; Jean Wiener & Joseph Kosma, musique. Production : France, Films Obéron, 1936. Sortie : France, 1936.
Chanson :
Florelle (1898-1974) • À la belle étoile. Jacques Prévert, paroles ; Joseph Kosma, musique.
Florelle, chant ; accompagnement d’orchestre ; Roger Désormière, direction.
France, ℗ 1936.

………

Boulevard de la Chapelle où passe le métro aérien
Il y a des filles très belles et beaucoup de vauriens
Des clochards affamés s’endorment sur les bancs
Et de vieilles poupées font encore le tapin à soixante-cinq ans.

Au jour le jour
À la nuit la nuit
À la belle étoile
C’est comme ça que je vis
Où est-elle l’étoile
Moi je n’l’ai jamais vue
Pourtant la nuit je traîne
Dans les quartiers perdus
Au jour le jour
À la nuit la nuit
À la belle étoile
C’est comme ça que je vis
C’est une drôle d’étoile,
C’est une triste vie.
Jacques Prévert (1900-1977). À la belle étoile (1935). Version chantée dans le film Le crime de monsieur Lange (1936), de Jean Renoir.

………

Florelle, dans Le crime de Monsieur Lange, ne chante qu’un seul des couplets du poème de Prévert. En 1951 Juliette Gréco publie une version plus longue de À la belle étoile, à laquelle manque toutefois le dernier couplet du poème – et aussi, je trouve, le charme de l’interprétation de Florelle.

1933 …Label étoile

c’est le moins que je puisse dire

de ma chapelle

Jacques et Joseph la constellation

de mon année !

Merci « Je pleure sans raison que je pourrais vous dire »…

N-L – 15 Novembre 2020

LE SOURIRE DE MON AMOUR


LE SOURIRE DE MON AMOUR

Sourire de mon amour Quand j’ai vu le sourire de mon amour, J’ai confondu la nuit avec le jour, J’ai laissé mon coeur se prendre au jeu Et j’ai bu ses lèvres avec mes yeux. Sans savoir s’il voulait vraiment de moi Je me suis réveillée, entre ses bras Et le temps d’un rire heureux, le temps d’un soupir à deux Je me suis perdue dans le sourire de mon amour. Et le temps d’un rire heureux, le temps d’un soupir à deux Je me suis perdue dans le sourire de mon amour.

LA MUE MARS ET Y’AISE


LA MUE MARS ET Y’AISE

Au cheval broutant la prochaine lame atlantique, le fond de l’arbre déglutit la parure d’une coupe de saison

Prévert est en guérite, assurant la garde, on se passera d’un Rembrandt pour la Ronde de Nuit

L’accordéon ça minaude pas, c’est franco de pores, jupe fendue plus que le nécessaire attendu d’une posture yoga

Juliette tu vas perdre ta crinière, restera l’os, une putain de moelle de dents

Quand pris de quinte j’irai à la Rhumerie ce sera pour répondre à l’appel et venir tremper Quai Malaquais, la fanfare, le Boris et Sartre en succession de Michèle, Castor l’aqueux bien trempé, sans doute à l’Ecluse, Barbara dans la grande équinoxe d’automne

Rue Bonaparte, mon art colle, la mue Mars et y’aise !

Niala-Loisobleu – 11 Octobre 2020

COUCHE D’IMPRESSION


COUCHE D’IMPRESSION

Déborder du cadre de plusieurs tailles en dessous

ma branche est dans l’arbre haut de l’espace vers

Ces jardins japonais mon cerisier n’en veux pas

il s’érige vertical aux bases de la touffe riche

L’oiseau

dit merle alors à vos bans

Le péage d’un chemin à trois voix est changeur

te rejoindre par la sente arrive à bons pores

la couche d’impression n’est pas définitive.

Niala-Loisobleu – 9 Octobre 2020