La vérité du drame est dans ce pur espace qui règne entre la stance heureuse et l'abîme qu'elle côtoie : cet inapaisement total, ou cette ambiguïté suprême. Saint-john Perse
La grande toile du fond de scène s’est refaite un visage. Le bruit est parti dans l’effacement de ses rides. La transition devient brutale, on se rend compte d’une démultiplication d’absence. En plein large par jour de vent mort, l’absence d’oiseaux prend à la gorge, il faut une présence auditive, le bruit du feuillage, un résonnement de pas, l’outil au travail, l’intervention du vent à l’intérieur des instruments qu’il gouverne. Grincement de charpente, bruit de meuble, vapeur en mouvement, voix, présence animale, manifestation aquatique, vols divers…
Privé de vision changeante, l’oeil s’ennuie à son tour.
Il tend l’oreille.
Je pense à toi, c’est permanent au point de sentir une faim d’ajouts indispensables. Toute sortie est prise par bouchée en ce qu’elle offre de renouvellement. Jusqu’au manque d’images qui sont classées sans intérêt qui finit par se faire sentir.
La vie est un mouvement organique interne qui ne peut se passer de l’utilisation du transport de son corps en différents points. Je caresse ta vie, comme tu lis le texte de mes pas par rapport aux vols entrepris.
Alors j’attrape le vent qui m’entoure pour un goût de ta peau, pour l’éclat de l’oeil que tu as mis sur la plante repiquée, l’envie que le chien a déposé en toi en te sautant sa joie au réveil. la couleur neuve que tu as mise sur ta peau en faisant ta toilette, puis l’éclat de tes dents quand tu as réveillé l’enfant…
Tu es mon oxygène.
Une multitude de choses qui font le tout nécessaire.
Nous voilà incarcérés, amenés à purger une peine indéterminée.
Je m’en remet au vent pour combler le vide imposé par la gravité du moment pas mesurable.
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