Aboutir à la Vertu par César Moro


Aboutir à la Vertu

par

César Moro

Voltigeurs bicéphales
Au jeu doux au tigre
Tige volée prise
De pâleur grondante
Au seuil même de la douceur
Bouche en urne
Arc-boutée
La peinture à la peine
Couvrant la sciure des dieux au travail
Deux par deux
Dieux pour doigts persécutés
Au piano à queue d’hydre
Pour sa coiffure de beauté
Régnant
Assise à jamais
De trouble en trouble
Vers la pente fluviale
Les doyens vidés à sec
L’été durant
Les jeux divins taris
L’île riante grillée
D’un pied plus haute
Que l’ombre portée du mur
Sur mer

César Moro

TROISIEME PROUE – CESAR MORO


TROISIEME PROUE – CESAR MORO

Roi semé s’il aime hué à vie à terreur roulant
Bu à satiété sous le déluge absent Ô clarté

Echelle des yeux aux yeux

Haut bois à même le dallage chaleur de neige noire
Couleur de froid à feux de marée
Graine houleuse à mollusques ces jambes la montagne à souhaits

Plus divine si coupe à néant y crépitent les méandres et les ménades

Eclaire minuit en ruines mainte dentelle sous mer

En éclat nanties tel le globe irisé prêt à fondre

Sur tes narines d’obsidienne

Diamant taillé en rose qui tourne

Rose d’améthyste barrissant

À la nuit en bronze

Forant les puits scolopendre de jeunesse

Ce col offense ? il déjoue le droit d’aînesse

L’heur de pierre feindre le fer à tondre

Les bagues à chevaux évanouis

Les eaux en chevreuil qui broutent le royaume déchu pour quel dialogue rituel

L’oiseau à miroir ardent gageure de haute couronne

Etoile mon château en apanage
Gradué brille à bouillir
Plus que de gaîté non à effacer
Mais à vouloir paraître attirée
Au gouffre fidèle

Éloigne-toi naseau de feu

Enjeu lointain de ma prairie

Tain solaire de telle glace

En tel cuivre bondé d’ivresse

Valet des étuves de la royauté

Halète varlet arpente la digue d’anémones

Carnassier de choix en tête des voyelles

La clairière aboutit à la voie hilare

L’air classé aboie tyran à l’aile

Si pour broyé avons royal ou trône à pied de tonnerre

L’acier décroît tenté aux voiries régulières

Affairé au tri des pièges —
Si la neige était à cheval —
Si le cheval chavirait en jonc
L’été hagard bat la foulée
Tapi au bout de la rencontre
Jetée de pierre sur le vide
Pont aux crustacés que l’agitation
Des vantaux subjugue
Jusqu’à abolir les éphémérides
Aux octrois de successifs mois
En massifs en treille de pavots

Pourquoi ce froid accueil des arches

Ce sommeil des sommets ces mets mielleux de songe

Ce gazon qui vire en nuage fleurissant les pierres

anciennes
Le gué la baie vers la folie ?
O lit ailé au pied marin
Lisse les perles l’écume des crêtes

Ce jour empreint de brise noire moiteur du néant

Rétiaire hanté tueur boiteux

Têtu l’hiver c’était l’été

S’attelait-il

L’embrun la brume doraient l’île

D’ores et déjà en fumée teinte

Aider voulant l’envol de forces velues en palmier

Vouées à la nudité marmoréenne de midi

César Moro

Septembre 1950