LA SOLITUDE – RENE GUY CADOU


LA SOLITUDE – RENE GUY CADOU

Avec une feuille tombée
Avec le trop plein d’un seau
Avec cette lampe aux œufs d’or
Sur la desserte de la neige
Quand il a bien fait froid dehors
Avec une route où s’avance
Un cheval qui n’est pas d’ici
Avec l’enfant glacé tout seul
Dans un autocar de rêve
Avec des villes consumées
Dans le désert de ma mémoire
Un ciel d’épines et de craie
Où le soleil ne vient plus boire
Avec l’idiot désemparé
Devant ses mains qui le prolongent
Et dont le cœur comme une oronge
Suscite un désir de forêt
Avec toi qui me dissimules
Sous les tentures de ta chair
Je recommence le monde.

(René-Guy CADOU, Les sept péchés capitaux, 1949)

L’ETRANGE DOUCEUR : MARTINE CAPLANNE (René-Guy Cadou)


L’ETRANGE DOUCEUR : MARTINE CAPLANNE (René-Guy Cadou)

Comme un oiseau dans la tête
Le sang s’est mis à chanter
Des fleurs naissent, c’est peut-être
Que mon corps est enchanté

Que je suis lumière et feuilles
Le dormeur des porches bleus
L’églantine que l’on cueille
Les soirs de juin quand il pleut

Dans la chambre un ruisseau coule
Horloge au caillou d’argent
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant

L’air est plein de pailles fraîches
De houblons et de sommeils
Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil

C’est le toit qui se soulève
Semant d’astres la maison
Je me penche sur tes lèvres
Premiers fruits de la saison.

(René-Guy CADOU, Hélène ou le règne végétal, Paris, Seghers 1952)

DECHAINEMENT D’ELEMENTS


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DECHAINEMENT D’ELEMENTS

 

La tempête est capable d’amener de plus grands débordements chez l’homme que ceux en rapport avec la réalité. Le phénomène de panique devient alors plus dangereux que la violence de la nature.

Reclus hier soir mon corps s’est trouvé mieux accompagné par la démence océanique que dans les mises en garde à côté du problème

Il a évacué ses contractions en s’enfonçant dans un sommeil juste. Cherchant le fil de la vague et non en la coupant de face.

Voir sa vie lui échapper, l’homme dans sa prétention naine la précipite plus violemment vers l’abîme qu’il ne l’en écarte.

J’ai trouvé plus d’espoir véritable dans l’abandon général que dans l’assurance d’un système de désinformation. En fait physiquement j’ai fait l’impossible sans me demander où j’aurai mal, parce que la douleur d’un muscle n’a aucun rapport avec la douleur de l’âme.

Les éléments ne sont que la réaction de la nature quand il ne reste plus rien à pouvoir dire à l’homme qui se croit au-dessus de tout et ne veut qu’entendre sa version.

Je vais remettre l’Atelier en construction.

 

Niala-Loisobleu – 03/11/19

 

Si tu traverses les forêts de mon visage

Et les ronds-points de ma poitrine après minuit

Si tu es pris d’un grand courage

Et t’égares dans mes pays

Au bercement des oies sauvages

N’espère plus trouver ce qui t’avait conquis

 

Tout ceux que j’abritais tendrement sous mes lèvres

Et qui me répondaient lorsque j’avais trop faim

Les boisseaux de soleil qui coulaient de mes mains

Les vents alcoolisés qui me donnaient la fièvre

 

Tous les arbres venus s’appuyer à mon cou

Et les rouges cerviers du soir dans mes genoux

L’odeur de mes vingt ans emportés par les lièvres

Tout cela n’était rien puisque je vis encore

 

Il fallait me jeter sur le plancher du bord

Dépouillé de mes biens terrestres de mes armes

Peut-être aurais-je pu répondre de mes larmes

 

J’ai trop couru le monde à la suite des mers

Et lorsque je reviens m’accouder à la table

C’est pour trouver la même vague au fond du verre

 

Paroles & Musique:   René-Guy Cadou – Martine Caplanne