De la plus haute branche de ma femme il est temps à mon poème du matin de voler loin avec son appétit de ciel.
La vérité est bonne à dire en cet automne des années où l’arbre à mains frémit encore de l’oiseau qui grimpe au feuillage de son grand feu de vivre.
L’immense horizon resplendit à mes yeux la planète tourne autour du fleuve sidéral qui coule en larmes d’enfant sous mes fenêtres.
Le courant du passé inonde la forêt russe où tous nos rêves se noient dans un mètre d’eau seule la chlorophylle aux pas songeurs de femme monte en flèche avec les
fruits de ma patience.
On t’appelle
Femme,
mon copain au printemps
des concepts et des mots,
ton nom de baptême est
Ange-des-mers,
ton nom de bataille au lit
veut dire en chinois :
table-d’émeraude-qui-multiplie-la-braise
sous-la-neige-des-travaux-et-des-jours !
à mon tour de t’appeler
Phare-à-mains dans l’idiome de mes métaux précieux parce que tu sais faire un temps de femme dans mes principes comme dans mon sang tu sais guider ma soif encore plus vite que la
lumière dans l’espace
jusqu’à la zone bien irriguée de mon espoir.
Tu sais nourrir mes racines de poésie
et d’eau de pluie au pays de la vigne.
Tu sais guider mes vieux os
jusqu’à l’ivresse
du vivre heureux sur la
Terre !
tu ravives la révolte ouverte en mon corps
aux jours du ravalement à la bête :
tu guides mon dos de
Jacmel qui me fait si mal
mon sommeil à même le sol de
Sào
Paulo
mon œil gauche souffrant l’agonie à
Calcutta
mon cœur handicapé à vie à
Bamako
mes pieds en sang au temps lointain de la
Guinée
et mes cent ans de solitude à
Macondo.
Chaque jour à la même heure de l’aube
debout à mon pupitre, je me déguise
en temps cosmique et en années-tendresse
pour me rapprocher du monde si naturel
des enfants et des arbres fruitiers
et pour te mesurer à leur aune
ô fable en danger de mon époque !
mère des équinoxes et des semences apprends-moi à aimer le théâtre des rues l’aventure du temps animal dans mon
A.D.N.* fais-moi tout humble devant l’étourneau qui a perdu à jamais son chemin du soir et devant la terre des vivants qui cherche et cherche en vain son nord et son sud son est et
son ouest sur l’atlas des saisons.
J’ajoute des siècles de détresse à mon pauvre temps de poète, je m’enroule en escargot ébloui dans les noces du platane qui renaît à ma vitre du matin.
Tant de merveilles sont en larmes sur la planète tant d’êtres portent le grand deuil de l’azur tant de jeunes gens ne verront pas l’an 2000 plus d’un espoir a naufragé plus d’une
fillette d’ici au 25 décembre 1999 aura franchi le pas de porte d’un bordel pour en sortir le sexe et les pieds devant plus d’une œuvre d’homme ou de femme ne sait où
dépêcher son ombre du midi ni comment sur toute la vie répartir sa sève en crue.
Aux quatre coins de la planète
entre chien et loup
entre magie et modernité
le cannabis en oncle impérial des paumés
propage dans les foyers
son ombre qui avilit et qui tue.
A la tombée de la nuit
bien au-delà des fuseaux horaires
le monde entier sent le pavot
Vélog-naam ou l’héroïne
le strong-sugar ou le chanvre indien.
La saine odeur de cacao et de café
recule de honte et d’effroi devant
l’herbe aux mille noms de guerre
qui détraque la vie en société.
A l’heure pour nous d’aller au lit
ses signaux de fumée
guident des dieux aveugles de haine
jusqu’à nos draps de rêve
entre overdose et sida
l’herbe-à-tuer
choisit librement son arme à feu.
Partis de
Medellïn ou de
Lagos
de
Rio ou de
Douala
via
Le
Cap ou
Singapour
via
Bogota ou
Madrid
les passeurs armés du siècle
convoient l’argent maudit
jusqu’aux clés des comptes narco-bancaires.
A dos de mulet ou en
Boeing 747
en vedettes à fond plat,
en pirogue, à pied, à moto
ou à bicyclette, à l’abri
du radar de l’Interpol,
le satan végétal, par les pistes
de l’ivoire et des armes,
vient faire sauter les serrures
de nos rêves les meilleurs !
lady
Coca et lord
Mandrax*
en gestionnaires du sacré,
précédés de leur angel dust,
dans un nuage d’amphétamines
et de phénobarbital,
font dérailler le
TGV
des savants et des poètes !
dieu des enfants malades et de leurs médecins sans frontières dieu des adultes à qui l’on a volé leur code génétique en chemin, dieu des séismes et des
inondations dieu des achats et des ventes d’armes dieu des cyclones et des épidémies !
dieu de tendresse et de miséricorde qu’est-il arrivé à ta vallée de larmes ?
quel obscur signal d’amour veux-tu faire passer à travers les codes du khat et du sida ?
quel ténébreux douanier as-tu posté
à ces nouveaux carrefours
où trébuche ton doux matin évangélique ?
sur le pont du bateau où ma compagne et moi et mes deux fils, et mes sept nièces, nous te lavons la mémoire et les pieds,
dis-nous quelle est la chose impossible à réaliser d’ici à l’an 2000 ?
dieu de la sécheresse et des incendies de forêt, dieu des désastres nucléaires, dis-nous à quel saint de ton ciel faut-il que je voue les sept jours de la semaine
?
comment me lever moi le matin du lundi sans une atroce douleur au côté droit ?
et le mardi après-midi, sur la route,
où est le garde-fou contre l’accident mortel ?
à
La
Havane où est la sortie de secours
pour le mercredi cubain en flammes
sans nul espoir d’un réveil sur ses cendres ?
le jeudi ?
Le jeudi fabricant de jouets à
Bagdad et à
Téhéran est maintenu en prison pour délit de rêve et d’opinion.
Et le vendredi ? et le plus saint de tes jours ! qui paiera ses dettes ? qui le tiendra éloigné de la croix qui sort de l’atelier des trafiquants d’armes et de drogue ?
et le samedi soir des amoureux qui protégera sa peau et ses fêtes contre le virus du racisme et du sida ?
et le dimanche qui s’est levé trop tard
dans l’oubli des horloges, des dates, des clés,
– le dimanche qui a perdu la mémoire des nuits,
des semaines, des mois et des années –
qui, au bord bleu de ton royaume,
remettra dans son jeu le temps et la lumière ?
dieu des semences et des bonnes moissons, dans ton atelier terrestre, il y a une remontée jamais vue de sève à tenter contre le cannabis et les autres fléaux.
Pour la nature et l’histoire mises à genoux
il y a un record à remporter par l’homme
sur les passeurs de bombes et de cocaïne
– ceux qui détournent les avions et les destins –
il y a une percée à merveille
à réussir ici-bas dans les grands chemins
gagnés à la joie et à la santé du monde,
il y a,
Seigneur du maïs et du blé,
un matin sans précédent à lever
dans l’aventure à pleines voiles
des droits encore enfants de l’homme !
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