TEMPS PERDU – MARCEL PROUST, ROBERTO KUNSLER, SERGIO CAMMARIERE, TEMPO PERDUTO (chanson)


Albergo del Tempo Perduto, Bagolino (province de Brescia, Lombardie, Italie), 2 juillet 2021
Albergo del Tempo Perduto, Bagolino (province de Brescia, Lombardie, Italie), 2 juillet 2021.

………

Je venais de comprendre pourquoi le duc de Guermantes, dont j’avais admiré, en le regardant assis sur une chaise, combien il avait peu vieilli bien qu’il eût tellement plus d’années que moi au-dessous de lui, dès qu’il s’était levé et avait voulu se tenir debout, avait vacillé sur des jambes flageolantes comme celles de ces vieux archevêques sur lesquels il n’y a de solide que leur croix métallique et vers lesquels s’empressent les jeunes séminaristes, et ne s’était avancé qu’en tremblant comme une feuille sur le sommet peu praticable de quatre-vingt-trois années, comme si les hommes étaient juchés sur de vivantes échasses grandissant sans cesse, parfois plus hautes que des clochers, finissant par leur rendre la marche difficile et périlleuse, et d’où tout d’un coup ils tombent. Je m’effrayais que les miennes fussent déjà si hautes sous mes pas, il ne me semblait pas que j’aurais encore la force de maintenir longtemps attaché à moi ce passé qui descendait déjà si loin, et que je portais si douloureusement en moi ! Si du moins il m’était laissé assez de temps pour accomplir mon œuvre, je ne manquerais pas de la marquer au sceau de ce Temps dont l’idée s’imposait à moi avec tant de force aujourd’hui, et j’y décrirais les hommes, cela dût-il les faire ressembler à des êtres monstrueux, comme occupant dans le Temps une place autrement considérable que celle si restreinte qui leur est réservée dans l’espace, une place, au contraire, prolongée sans mesure, puisqu’ils touchent simultanément, comme des géants, plongés dans les années, à des époques vécues par eux, si distantes — entre lesquelles tant de jours sont venus se placer — dans le Temps.


Marcel Proust (1871-1922). Le temps retrouvé

, 7e partie de À la recherche du temps perdu (1927, première publication).

………

Sergio Cammariere • Tempo perduto. Roberto Kunstler, paroles ; Sergio Cammariere, musique.
Sergio Cammariere, chant & piano ; autres instrumentistes non identifiés.
Vidéo : Manetti Bros. (Marco Manetti & Antonio Manetti), réalisation. Rome, avril 1998.

………

ALORS QUE


ALORS QUE

Alors que manque des pierres au passage à gué, il se souvint être parti tôt traverser à la recherche , seulement vêtu d’un Marcel

Dans le méandre des Deux-Rivières il trouva la carpe qui l’attendait sans dire un mot

la sortit sans le filet pour la tenir comme un enfant au chaud contre son coeur

puis plongea dans la chaleur du flot sanguin

En quittant son lit il avait laissé un mot sur sa table de chevet:

« Je vais trouver le poisson qui avant d’avoir des ailes marchait sans scaphandre au fond de l’eau. On ne recommence jamais assez de vivre. »

Niala-Loisobleu – 10 Décembre 2020

VEGETALE ETREINTE


df07fb7f70734a4f2e486b907c5cefce

VEGETALE ETREINTE

Le soleil commence son ascension, la partie Est du jardin entre ses mains pour la tendreté de ses plantes qu’il embrasse comme un bébé

Fougueusement je m’intéresse au frais

dans le creux des plis

Pleine bouche

les pots d’artichauts décoratifs, la jarre ventrue à deux mains tenue par les poignées

Chercher dans le repli le secret où l’insecte vit

S’enfoncer par un trou

sortir par un autre

l’aisselle du saule est riche

je choisis

pour l’exemple le nombril d’hortensia où l’ardoise écrit bleu

la promesse de seins fleuris montre déjà où ses boules feront massif

Je ressors par un tubercule d’iris tellement noueux que j’en ai violacé

un papillon me bouche-à-bouche en sapeur-pompier

Je suis sauvé

accrochant mon chapeau de paille au vestiaire suspendu, j’entre dans la cage qui conduit à la mine

Comme c’est profond

Voici le riche filon fessier de quoi remplir mon wagonnet

et remonter en haut du terril

Les arbrisseaux poussent des cris de rut qui donne au chien une lueur dans la truffe à coller au puits

et quand roulant dans la menthe pâmée je réalise que Proust m’agace, mais pas au bon endroit, j’ai déjà la bouche plaine

j’enlève mon marcel

Les abeilles sont à la chaîne florale dans la pure tradition des ruches

En rase-motte je fais une manoeuvre d’atterrissage….

Niala-Loisobleu – 27 Mai 2020

ENTRE TIEN EMOI 73


cropped-a5ac5ac76d480f42d4dd0e744a5bf8c81

ENTRE TIEN EMOI 73

Comme le rire de l’enfant aux dents de lait, le caniveau emporte ce qui a été jeté plus souvent pour nuire que par un geste machinal. Jeter et noyer un acte doublement symbolique de dépit.

L’apparence entretien si facilement la méconnaissance des choses et le jeu d’en cacher l’existence.

Ainsi dans les passages de formation, l’adolescent profane croit-il pouvoir mêler des fausses vérités à ce qu’il n’arrive pas à franchir pour retrouver face au coeur d’un tourbillon d’affect.

Clarté tu résides au Centre du paradoxe, expliquant d’une certaine manière la complexité de la transparence.

Ce ciel charrie des orages dans un froid à haute température. Coups bas et sourires ont le même costume que la mode décadente en cours promotionne à grand bruit. Un grand débat fondé sur une sable à lapin pitoyable

Un ciel si triste qu’il ne se retenir de pleurer sur lui-même. Je garde du cauchemar qu’on m’impose le choix de mon rêve, Ma.

Niala-Loisobleu – 24/04/19