FELINE PAR PAUL NEUHYS


FELINE PAR PAUL NEUHYS

Féline est imbattable à l’épreuve du fond.
Quel abatage!

Une lionne en rut dans les orchidées ou la femme au boa

premier prix d’endurance dans l’amour charnel à toute

[heure?
Le marquis de
Sade est son violon d’Ingres.
La
Délie est l’idée femme
Le poète ne l’aime que dans la mesure où elle signifie autre chose «qu’elle m’aime» la femme de haut voltage.
Scève est le poète de cette
Délie.
Geneviève donne un baiser sauvage, puis, comme une chatte de gouttière court miauler:
Je suis

[malheureuse… mais devant la grande horloge du ciel
Ginette, l’horloginette, arrête son tic-tac.
Chez
Sade la volupté abstraite conduit à l’érotomanie
Chez
Marat, la soif de la liberté devient éleuthéromanie
La même flamme noire s’allume entre l’amour de la

[liberté et la liberté de l’amour.

Le marquis et le sans-culotte jonglent avec des mots vides. [vides.

Il n’est qu’une solution à ce besoin d’absolu, c’est l’absolution.

Paul Neuhys

AMUSE-GUEULE PAR PAUL NEUHYS


AMUSE-GUEULE PAR PAUL NEUHYS

L’amour, oui, ça s’en va mais aussi ça revient.
Qu’un jour ça ne boume pi ça biche le lendemain.

Tu sais que t’es la seule à rassasier ma faim, d’être un amuse-gueule pour la bête à chagrin.

Et puisqu’il faut trinquer, ouzo grec, raki turc, viens sous les aréquiers trinquer avec ces trucs.

Paul Neuhys

ARCANIA COELESTTA PAR PAUL NEUHUYS


ARCANIA COELESTTA

PAR

PAUL NEUHUYS

Du temps que j’étais chasseur de chamois à
Chamonix,

très chercheur de nature et poltron par instinct,

je découvris dans la montagne, une fleur d’un dessin

si nerveusement bizarre, que je l’appelai:
Arcania

Coelestia, la fleur curieuse d’arcanes,

celle qui veut prendre le ciel en escalade,

pour qui l’espace astral est peuplé de démons,

fleur brasero

pour qui le point oméga est dans la gravité zéro.

Paul Neuhys

LES ARCHIVES DU PRIEURÉ PAR PAUL NEUHUYS


LES ARCHIVES DU PRIEURÉ PAR PAUL NEUHUYS

On n’aime pas ce que j’écris, tout ce que je fais est d’un anodin pignocheur de colifichets.

Mes amis me voudraient autre que je ne suis et voudraient faire d’un troène un cognassier.

Les plus aimables d’entre eux me quittent sur cette invite:
Tu es rasoir, grand-père, puisses-tu claquer au plus vite.

Le fait est que ça me paraît de moins en moins étrange d’être un mort au-dessus duquel les arbres mêleront leurs

branches

car j’aurai beau ne plus être, l’être sera toujours et comme un paysan qui rentre des labours

je préfère interroger le vol des étourneaux

ou bien regarder le feu fixement sans dire un mot.

Mourir, c’est s’attendre à tout, franchir les frontières de la

peur, voir le rideau qui subrepticement se lève à l’intérieur.

c’est descendre dans l’humide touffeur de l’humus, naître à la vaporeuse émanation de quelque chose de plus.

car la vie ne serait qu’une immense duperie

sans une existence supérieure à celle du corps et de

l’esprit.

Merveilleux est un mot très chrétien; ce qui compte c’est cette petite parcelle de réalité profonde.

C’est pourquoi pas de deuil dans la maison du poète mais un léger sourire:
Adieu, c’est chose faite…

Paul Neuhys

ARRIÈRE-SAISON


ARRIÈRE-SAISON

Le bonheur ça file comme l’oiseau bleu
Ce n’est pas facile d’avoir ce qu’on veut

Faut bien qu’on se marre sans espoir de rien larguons les amarres sur l’été

Paul Neuhys

ARCANIA COELESTTA PAR PAUL NEUHUYS


ARCANIA COELESTTA PAR PAUL NEUHUYS

Du temps que j’étais chasseur de chamois à
Chamonix,

très chercheur de nature et poltron par instinct,

je découvris dans la montagne, une fleur d’un dessin

si nerveusement bizarre, que je l’appelai:
Arcania

Coelestia, la fleur curieuse d’arcanes,

celle qui veut prendre le ciel en escalade,

pour qui l’espace astral est peuplé de démons,

fleur brasero

pour qui le point oméga est dans la gravité zéro.

Paul Neuhys

AQUARELLE PAR PAUL NEUHUYS


AQUARELLE PAR PAUL NEUHUYS

Octobre mois des glands des noix et des châtaignes
J’aime par atavisme un atelier de peintre
Essuyer son pinceau à l’écharpe d’Iris
Différents bleus je veux différents verts j’espère plus ou moins amortis plus ou moins soutenus
Une ville construite en pâte d’abricot
Rien qu’à la voir le lac jette des étincelles
Vermeil a pour diminutif le vermillon
Bel orbe rose éteint dans un ciel bleu cendré
Octobre fait tomber d’une octave
Octavie.

Paul Neuhys

LA GIROFLÉE PAR PAUL NEUHUYS


LA GIROFLÉE PAR PAUL NEUHUYS

De toutes la plus dégrafée
C’est madame la
Giroflée

Rouge aux lèvres, noir aux cils fleur effroyablement facile

elle rappelle la catin du théâtre élisabéthain.

Paul Neuhys

DE VIVE A VEUVE VOIX PAR PAUL NEUHUYS


DE VIVE A VEUVE VOIX PAR PAUL NEUHUYS

Maintenant que le monde à sa fin s’achemine
Et que je vis parmi les ombres du passé
Mon vertige s’arrête aux yeux verts d’une ondine ou dans mon petit coin chez
Madame de
C.

Mais comment m’esquiver?
Mais comment m’effacer?
Je crève de ferveur, je sanglote ma vie
Vivre de plus en plus dans un monde glacé
Jusqu’à n’avoir plus qu’une tombe pour amie?

L’homme cavalier seul sur un cheval sans bride
Reprend la navette entre
Jésus et
Vénus
Sous un ciel scintillant de mille feux torrides
D’être un homme est-ce donc si triste devenu?

L’image peinte aussi est une poétique
Qu’elle vise au reflet d’un rêve intemporel
Ou circule au milieu des oliviers tragiques
Paysan dont l’humour transcende le trivial?

Toujours la même porte ouverte sur
Byzance

La gravité zéro est mon point oméga:


Donne-moi tout la fleur le fruit et la semence! —

Jeunesse son verjus, vieillesse son verglas…

Paul Neuhys

LES ARCHIVES DU PRIEURÉ


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LES ARCHIVES DU PRIEURÉ

On n’aime pas ce que j’écris, tout ce que je fais est d’un anodin pignocheur de colifichets.

Mes amis me voudraient autre que je ne suis et voudraient faire d’un troène un cognassier.

Les plus aimables d’entre eux me quittent sur cette invite:
Tu es rasoir, grand-père, puisses-tu claquer au plus vite.

Le fait est que ça me paraît de moins en moins étrange d’être un mort au-dessus duquel les arbres mêleront leurs branches

car j’aurai beau ne plus être, l’être sera toujours et comme un paysan qui rentre des labours

je préfère interroger le vol des étourneaux

ou bien regarder le feu fixement sans dire un mot.

Mourir, c’est s’attendre à tout, franchir les frontières de l

peur, voir le rideau qui subrepticement se lève à l’intérieur.

c’est descendre dans l’humide touffeur de l’humus, naître à la vaporeuse émanation de quelque chose de plus.

car la vie ne serait qu’une immense duperie

sans une existence supérieure à celle du corps et de

l’esprit.

Merveilleux est un mot très chrétien; ce qui compte c’est cette petite parcelle de réalité profonde.

C’est pourquoi pas de deuil dans la maison du poète mais un léger sourire:
Adieu, c’est chose faite.

Paul Neuhys