
CARTES SUR TABLE
Et toi,
Dans l’herbe tendre de ton regard
Rompu à la cadence
Savais-tu que les femmes dansent
Non pour les loups mais pour elles-mêmes
Ravivant le souffle de leurs sœurs
A la harpe de leurs corps tendus de silence ?
Quand le blé est frappé par la rouille
Elles réparent la faute de la fée enfuie
Un lendemain d’amour piqué à la quenouille
D’un nouveau jardin qui l’attendait sous la pluie.
Elles empruntent alors des rues traversières
Qui te demeurent à jamais inconnues
Et dans l’humus de leur histoire,
Il fait parfois tellement noir
Que les instincts endommagés
Aux grandes nuits et à la ronde
Se sont tus.
Toutes les femmes savent cela :
L’impérieux besoin de rentrer chez elles
Et de se baigner dans leurs eaux ;
Et de l’ombre et de la lumière l’âpre combat,
Et la permanence du sang sur la clef perdue
Au fond d’un champ.
Il fallait jouer cartes sur table et en valse lente
Pour que l’énigme reste l’énigme
Qui déçoit son horizon d’attente.
Et l’orange maintenant peut devenir bleue
Rien ne ment au bourgeon d’un deux
Qui fleurit à l’épaule d’une tierce présence.
Alors elles tournent et célèbrent leur formidable entente
Aux roseaux des doigts que rien ne semble plier
Sinon à la fin de la danse
Cet orgueil démesuré
A demeurer aux yeux du peintre :
L’ineffacée.
Barbara Auzou

CARTES SUR TABLE
2018 – NIALA
Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 60×80
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