VOUS NE SAUREZ JAMAIS


LA BOÎTE A L’ÊTRE 36


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LA BOÎTE A L’ÊTRE 36

Dédicace à mon P’tit-Frère Hervé qui dort en Iroise

Le temps qui coule de tes lèvres
Conte ses grains entre les doigts des palisses
Vient toujours a marée ce souvenir de toi P’tit-Frère
Pendant que la  plume trace son cap au ciel
L’anémomètre rose de vent trace l’aiguille directionnelle
Dessine-lui un mouton me rappelle Antoine
Des pommiers de Bricqueville au Cap Vert
Il a gardé sa préférence pour la bolée
Plongeant entre les anglo-normandes son rideau de brume
Le corps-mort s’agrippe au fond granitique
Attendant, pendant que tu navigues au jardin océanique de mes idées
Que tu rentres au bord de nos salines lacrimales
La crique ouverte toujours fidèle
Pavillon haut
Un mulet suit le banc de sable entre deux bars de la Côte d’Armor
Au grand galop St-Michel se sèche au feu du dragon
Avant que la Mère Poulard allume ses poêles, les oeufs brouillés d’embruns
Varechs emmêlés aux mâts qui dorment engloutis depuis déjà sept ans
Les algues caressent chacun de tes pas en remuant sans cesse ma pensée vers toi.
Niala-Loisobleu

 

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Marine 2 – (Dédicace à Hervé) – 2011 – Niala – Acrylique s/toile 55×46

Collection Niala

SIGNE DE BON JOUR


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SIGNE DE BON JOUR

En ouvrant sur le palier, j’ai vu les marches de l’escalier en grande discussion avec la rampe. Des mots comme parapet, garde-fou me venaient aux oreilles. Le ton calme rassura vite mon inquiétude naturelle. On a tous une peur prête a sortir. A faire croire au chapeau accroché à la boule de la rampe, que les marches ne mènent nulle part où quand elles meuvent c’est vers la cave. Le pardessus qui attendait posé sur la première volée, en faisant semblant d’être absent, montrait qu’il était lucide. Le printemps en retard sur la température compte sur lui pour aller à la promenade. Il jettera de temps à autre des regards en dessous du col pour  vérifier qu’on est pas suivi par une tristesse. Deviner en suivant les yeux des portraits accrochés aux murs, ce qu’il suffit de suivre dans leurs regards pour trouver le couloir. Même au fond de la cave, l’if savait qu’il n’est pas dans un cul-de-bouteille. Le tire-bouchon n’a pu l’abuser. Une poignée de mains insomniaque ne cessait de faire tourner la béquille de la porte du jardin. Quelques mouvements d’entre baillements, laissent apercevoir le grand chariot, qui attend sauf les jours d’éclipse, tous feux allumés, qu’on appelle le cocher pour démarrer. Il devait y avoir peu de temps que les menthes s’étaient endormies, tout le bas du perron avait encore leur odeur poivrée qui s’échappait de la chambre d’amour. Quelle impression tirer du premier regard sur ce dernier samedi de Mars ? Aller faire ses courses ailleurs qu’au marché central qui crie trop fort des halles. Pas de liste, juste prendre ce qui est mûr. Sentir qu’il se passe quelque chose qui arrive, sans savoir à quelle heure les repas se servent, si ce qui attend dans l’armoire est suspendu au désir avenir sans se trouver plié, le désir irrépressible est seul juge. L’odeur de jument est trop nette pour un équipage de trois, le cheval sait que l’attelage est bien double je. A peine la première pénétration qu’un signe fait sourdre son eau.

Niala-Loisobleu – 31 Mars 2018

LE TEMPS MORD


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LE TEMPS MORD

Un mouvement est là, dans l’immobile incongru, est-ce la pensée plus forte que les rues qui ont été fermées qui fêle ?

A n’en pas douter, dans l’angle le papier-peint baille, la forme transparaît par l’ouverture du temps. Les quais des trains ratés en quittant leurs vêtements un à un dévoilent la beauté des lieux. On ne part de soi trop tard qu’en restant sous son chapeau.

L’âne qui tourne la noria pense-t-il aux déserts  sur lesquels les sots se répandent, prêtons-lui le bénéfice du doute de l’innocence, l’âne est pas domestique au point de tomber si bas, il a le sien à porter et cela lui suffit.

Il était pas en corps l’heur des seins qui devance le coq qu’à mon oreille j’entendais ton pouls battre. Pour preuve ce bleu qui macule encore mes doigts. La couleur dit clairement d’où l’on sort et où on a l’intention d’aller. Ce petit-linge accroché au dossier de la chaise même avec ce cheveu qu’il a gardé sur la langue, peut dire l’enchantement du coeur de la forêt sans zozoter. Un solide conteur aux veillées que celui-la. Ficelle, vous avez-dit ficelle, ah non, je parlais de soie pas d’un autre.

Illustration: Peinture d’Otto Dix

Niala-Loisobleu – 30/03/18

Au gué de l’Autre


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Au gué de l’Autre

Le premier frisson de l’éveil s’étant blotti par-dessus les longues distances, chacun à sa place tout au chaud, est entré de son jardin secret. On, qui quoi qu’il soit, nous toi émoi. Chat rade, bercé par le flot de la lune mise à l’ô. Mon premier pas concerné, mon second tout entier et mon troisième oeil pour oeil est en mille. Tu n’as pas eu le froid des jours derniers, ton pouls est resté calme en sa braise. Sans doute sont-ils supérieurs en nombre les drames engendrés par le noir.Comment s’y prendre plus mal que de choisir l’hérésie de refaire le monde. Le bonheur est à faire de soi pour pouvoir aux autres quelque chose de simple, griffonné sur un cahier de brouillons, de cette automatique écriture qui ne se relit que par le destinataire. Et où la nécessité du décret à paraître est inconnue. J’aime l’inconnu. Tout comme Toi quand tu te blottis contre ma poitrine. Ce sont les départs en voyage partout où vit une certaine folie. L’amour abolit et oppose. A quoi me servirait de savoir tout sur comment ça marche le téléphone, si ce n’est que pendant cette inutile connaissance j’aurais perdu l’essentiel de la tienne toute en moi par l’oreille, mieux que si face à face on ne trouvait pas quoi se dire. Tant de lits sont à deux seuls côte à côte.

Si le boulier de nos jours attend une de nos mains allons d’abord voir le chant de l’oiseau, les paroles qu’il aura mises à l’arbre seront de la bonne encre. Tricoter avec les aiguilles du sablier c’est trop proche des mailles qui sautent pour que l’envie de te conditionner me prenne. Non laisse-toi nue à mes touchers, il me faut ton haleine. Enfant de mes traversées.

Niala-Loisobleu

30 Mars 2018

 

MAT AIR MANNE


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MAT AIR MANNE

 

Peindre pareil que donner à son âme

le droit de représentation

en tous endroits

Mars  double stanee

d’acte et de pensée

par rapport au froid et au chaud de son poil

par le lieu que ses oreilles captent des yeux

par la spontanéité du geste mu de stimuli

de l’heur de son horloge interne

Devenir siamois du pigment

étreint du pinceau

buvant le médium

qui nargue le couteau

d’un désir d’empâtement

Matière de soi

née du quelque part d’autres

Sensualité affichée

par l’érection d’une forme

donnant l’orgasme à la composition

Peintre montre-toi nu

plus déshabillé que ton modèle

Dis ton combat pour trouver

ce que ton humilité doit taire

Couleur

tu es le teint du tant

dans l’humeur de ta souffrance du peu

Peindre avec l’alphabet de son écriture

du A comme je t’aime aujourd’hui

au Z comme en corps hier à deux mains

La peur unique au ventre

la peur qui crée

la peur qui stimule d’une poussée animale

la peur qui fait surmonter sa peur inadéquate

la peur qui veut que tu la lises espoir

Peindre alors m’aime au pire désarroi

un rond à remplir de jaune

souligné de bleu vertical

du mot venu sur le papier  écrit  à deux mat air manne

 

Niala-Loisobleu –  29 Mars 2018

 

A FRESQUE


 

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A FRESQUE

 

Couleurs Frida l’éclat de ses dents mord le printemps

la courbe de sa jupe casse la géométrie du pantalon et ouvre le corset en éventail. Sur le linteau  du passage un colibri vient à chanter

Nevada vaste chaîne érigée d’Incas par centaines

du haut des marches le soleil allume ton corps sage que l’âge dirige épanoui

Ce qui tient de la peur découpe son ombre sur l’autel sans sacrifice

Reste à joindre la voix que le silence n’a figé qu’en son,  elle  se fait sonore dans l’éclat des mots des regards

Venu par le dos du miroir la face de vent qui dégage se double-je.

 

Niala-Loisobleu – 29 Mars 2018

A UNE PERCHE SANS FIN


A UNE PERCHE SANS FIN

Henri Michaux

 

Je vois là-bas un être sans tête qui grimpe à une perche sans fin.

Tandis que je me promène, tentant de me délasser, d’atteindre ce fond de délassement qu’il est si difficile d’atteindre, qu’il est improbable, quoique ayant tellement
soupiré après, que je l’atteigne jamais, tandis que je me promène, je le sais là, je le sens, qui infatigablement (oh non il est terriblement fatigué), qui incessamment
grimpe, et s’en va grimpant sur son terrible chemin vertical.

Souvent il me paraît comme un amas de loques, où se trahissent deux bras, une sorte de jambe, et ce monstre qui devrait tomber de par sa position même (car elle n’a rien d’une
position d’équilibre) et plus encore par l’incessation de son dur exercice, grimpe toujours.

Pourtant de cette montée aussi je dois douter, car il échappe assez souvent à mon attention, à cause des soucis de toutes sortes que la vie a toujours su me présenter
et je me demande lorsque je le revois, les repères manquant complètement, s’il est plus haut ou, si loin d’avoir accompli des progrès, il ne serait pas plus bas.

Parfois je le vois comme un vrai fou, presque sans appui, grotesquement écarté le plus possible de cette perche qu’il hait peut-être et il y aurait de quoi, encore que l’espace
lui doive être plus haïssable encore.

Henri Michaux

 

La raison d’être fou, j’ai fini par la trouver dans l’équilibre de mon Moi respectueux et irrévérencieux. La société n’est pas franche elle est fourbe sans le moindre scrupule. Je dis les mots les plus crus avec une pudeur totale. Je n’exhibe pas une attitude de faire croire à tous les passants. Je ne me cache pas derrière mon doigts pou mettre la vérité à s place. Et pourtant je suis celui qu’on traitera de perverti, d’infréquentable, de malsain, tout sauf bourge…

Alors comment pourrais-je être autrement que lucide et fou à la fois ?

 

C’est comme l’intelligence, la folie, tu sais. On ne peut pas l’expliquer. Tout comme l’intelligence. Elle vous arrive dessus, elle vous remplit et alors on la comprend. Mais, quand elle vous quitte, on ne peut plus la comprendre du tout.

Hiroshima mon amour – Marguerite Duras

Niala-Loisobleu – 28 Mars 2018

LE FAUX DU ROI


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LE FAUX DU ROI

Le temps présent à l’image de la fatigue de la nature, traîne sa décadence à grand renfort de roulements de tambours et tarte aux fraises aux goûts amers…

Le héros du jour, est bien l’exception qui confirme la règle…donner sa vie pour en sauver d’autres, j’imagine que ça a du l’étonner le premier après coup de voir le rataplan mené par le grand récupérateur d’indices de satisfaction.

On calcule pas avec son existence, si on la donne c’est tout le contraire de l’extrémiste illuminé qui lui,  a fait un putain de calcul paradis.

Après Johnny, Madeleine fait proust-proust…ah les flons-flons…

Mais je ne tomberai pas dans le mauvais goût qui consisterait à me moquer de cet Homme d’un autre temps, l’invalide c’est la nation.

La haine n’est plus que le produit dont on a besoin pour régner…le racisme de pacotille critiqué est mis en exergue  par les voiles, termes interdits, lieux de culte, etc…qui au lieu de l’éteindre l’entretiennent. Nous sommes au bord d’un retour aux années noires de l’antisémitisme, du bouffage de nègre, de l’élimination du gitan , des races impures. Arrêtez de nous prendre pour des truffes M. le Président !

Monsieur le Gendarme comme vous j’ai honte du profit que le courage donne aux lâches…

 

Niala-Loisobleu – 28 Mars 2018

CARTES SUR TABLE


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CARTES SUR TABLE

 

Et toi,

Dans l’herbe tendre de ton regard

Rompu à la cadence

Savais-tu que les femmes dansent

Non pour les loups mais pour elles-mêmes

Ravivant le souffle de leurs sœurs

A la harpe de leurs corps tendus de silence ?

Quand le blé est frappé par la rouille

Elles réparent la faute de la fée enfuie

Un lendemain d’amour piqué à la quenouille

D’un nouveau jardin qui l’attendait sous la pluie.

Elles empruntent alors des rues traversières

Qui te demeurent à jamais inconnues

Et dans l’humus de leur histoire,

Il fait parfois tellement noir

Que les instincts endommagés

Aux grandes nuits et à la ronde

Se sont tus.

Toutes les femmes savent cela :

L’impérieux besoin de rentrer chez elles

Et de se baigner dans leurs eaux ;

Et de l’ombre et de la lumière l’âpre combat,

Et la permanence du sang sur la clef perdue

Au fond d’un champ.

Il fallait jouer cartes sur table et en valse lente

Pour que l’énigme reste l’énigme

Qui déçoit son horizon d’attente.

Et l’orange maintenant peut devenir bleue

Rien ne ment au bourgeon d’un deux

Qui fleurit à l’épaule d’une tierce présence.

Alors elles tournent et célèbrent leur formidable entente

Aux roseaux des doigts que rien ne semble plier

Sinon à la fin de la danse

Cet orgueil démesuré

A demeurer aux yeux du peintre :

L’ineffacée.

Barbara Auzou

P1050587 - Copie

CARTES SUR TABLE

2018 – NIALA

Acrylique s/contrecollé, encadré s/verre 60×80