MON JARDIN D’ENFANTS


« FEMME COUSANT » PIERRE BONNARD

MON JARDIN D’ENFANTS

D’un côté la mer

de l’autre l’abus de pouvoir

Les chemins de la liberté me font penser au tapis à clous du fakir

il est patent que j’ai confondu femme avec tapis-volant

j’entends par là la mère de mes enfants

Chaque fois qu’on décapite l’hydre sa tête repousse

aussi à 91 ans il me semble plus que nécessaire de sortir de cette croisade

pour ne pas mourir de panne de pène au coeur

en me laisser finir tel que je sers à rien

hormis me reconnaître

Le peintre que je suis n’y a vu que du bleu

je suis descendu de mon escalier sans abandonner

quel sacré foutu paradoxe pour un amoureux aussi pugnace que moi

mais puisque le bout du couloir se refuse d’ouvrir à chaque tentative

sans me faire juge

je renonce à croire que le décousu se répare fil à fil

Toute cette peinture empreinte de mon Manifeste

rejoindra le néant de mon histoire

grande tristesse, infinie solitude de la surdité, gâchis de foi, absurdité de la pureté viscérale

Les derniers cris de Marthe me remontent à la surface

comme l’absurde ne séparera jamais

l’Ô du Sel

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Niala-Loisobleu.

20 Avril 2024

EAU COURANTE


PIERRE BONNARD

EAU COURANTE

Ce philtre magique passe son sésame aux corps nus

Devant la scène qui refuse de tirer le rideau

On ne met pas au rebus un dernier salut parce son reflet renvoie à une douleur

Aux carreaux du marais du sel en corps s’amène

seins ballants

pâturage tendu le ventre nu

devant le fossé d’où sortent les ormeaux

pour unir le sens des genres que l’amour demande

Sous la cape des attentes, tenir la capuche sur le désir, refoule l’assaut

du non-dit des lèvres bleues à travers toute dentelle de défense.

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Niala-Loisobleu.

18 Février 2024

ANATOMIE D’UNE TRANSFUSION


PIERRE BONNARD

ANATOMIE D’UNE TRANSFUSION

Mise au bain, la déception

sentant venir l’écoulement du bain

allonge ses jambes

pour tenter de se retenir

en sentant le bidet prendre son élan

Collée à la vanne, la pression de son jet rotatif décape la partie négative pour laisser le positif propre sur l’ensemble du derme

Des lèvres touche au pore en toute sérénité

te voilà rendu à ta place

tu peux ouvrir les fenêtres, la lumière entrante regagnera son espace…

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Niala-Loisobleu.

11 Janvier 2024

AUX DERIVES DU TANT


AUX DERIVES DU TANT

Tout au fond dans la détrempe d’une gravure pluvieuse, qui déplore les bancs des trottoirs inutilisables

j’en appelle à Bonnard pour restituer du soleil à ma mémoire

avant de périr emporté par les zoos

L’Homme et son Jardin, qui s’en rappelle ?

On se rapproche des fêtes de Noé et l’étiage poursuit sa montée, qu’on va finir par perdre le Nord et ses beffrois à force que plus rien ne dépasse

On patauge dans le ras de marrées à force de tristesse

revoilà le Covid et son goût du masque, je cherche une femme respirable pour passer la flotte à gai s’île vous plait…

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Niala-Loisobleu.

1er Décembre 2023

ÔTE TON CUL DE LA CHAISE


PIERRE BONNARD

ÔTE TON CUL DE LA CHAISE

A la vue du tas d’habits traînant au sol, la mesure de l’attente impressionne

ces heures à n’entendre que l’eau couler pour rien ont embué la salle de bains au point de ne même plus voir le lavoir

Hier soir au moment de pousser la porte des années le bateau s’est mis à quai

Les têtes connues qui sont descendues tiraient trop à elles de choses en cours qui rêvaient de la rencontre dans le lit faite pour continuer à laisser la chaise à l’entrée

Même l’aquarelle au plus fort de son eau finit par sécher

Vos regrets mes fils n’ont pas lieu d’être, vous en êtes devenus complices de votre mère voleuse d’enfants, le premier instant où vous avez franchi les culottes courtes

Les pierres des constructions savent toutes ça. Il faut écouter craquer les charpentes et les parquets les nuits où les Maîtres de Guerre s’en prennent aux sommeils pacifiques

Ce matin je traîne dans mon futur en oubliant de me faire prendre par le linge qui jonche le sol du passé.

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Niala-Loisobleu.

25 Novembre 2023

DU SOLEIL DANS MA NEIGE


PIERRE BONNARD

DU SOLEIL DANS MA NEIGE

De la pierre que le temps a bougé dans la nuit, ce qui s’est ouvert a repeint l’idée des choses

La voile est neuve, l’oiseau va chez le coiffeur retailler ses plumes

Sur le pas d’illusions traversées, un ciment retient les vieilles fondations

L’ami qu’on croyait et qui n’est pas resté n’a pas retiré avec lui l’envie de donner

On a modifié le sens de sortie dans les maternités, quand je pense à Port-Royal, je me reconnais quand même dans l’existence de Marthe

Quartier Latin, la Seine mouille le grand bassin des Tuileries de toutes ses femmes qui tiennent leur piedestal aux côtés des chevaux de Marly

Ils ont enlevé les Halles, j’ai gardé dans mon coeur le grand magasin du Bonheur des Dames

A force de se pencher, tes seins ont tellement grossi qu’ils débordent des bains de mère pour le plus grand plaisir de ton chien

Au pas de cette porte, il me semble que rien n’a d’intérêt à part laisser tout ouvert en permanence…

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Niala-Loisobleu

24 Novembre 2023

90 ans aujourd’hui

CLAIRE DE PIERRE BONNARD


CLAIRE DE PIERRE BONNARD

Un bruit d’eau anonyme garde le secret

sur le sol où les tâches se conjuguent à façonner l’harmonie

Au coeur de l’arbre les idées blotties se cachent des inopportunes entreprises

voilà un paysage qui se tient à l’écart de la moto agressive du matin braillard

sous sa couverture la peau reste plus longtemps dans son rêve…

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Niala-Loisobleu.

19 Octobre 2023

BABOUCHES DE PIERRE BONNARD


BABOUCHES DE PIERRE BONNARD

Perçant les buées

et fraîchement nettoyé

le corps s’incline à dessein

devant l’idée lancée par la main

du fait qu’aller pieds-nus dans l’inconnu dès le matin

engage à se protéger les pieds avec un minimum de décence

au nom d’un art sans concession.

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Niala-Loisobleu.

18 Octobre 2023

mouvances


PIERRE BONNARD

MOUVANCES

Se sentir pris par la vague

d’un trafic se promenant entre humide et sec

un pied dans l’eau

l’autre au sec

au moment où le ventre projette cette tubérance

d’où sortent les chapiteaux d’une Chanson de Geste exaltée

ce bosquet noir mis derrière

sur le chemin de feu menant à l’embarcadère de la rivière

en laissant bouillonner la source

au bord de la voie espérée.

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Niala-Loisobleu.

23 Mai 2023

RUEE VERS L’HORS


PIERRE BONNARD

RUEE VERS L’HORS

Dans l’axe printanier

la frondaison redessinée partage sa zone libre hors de la pauvreté du devenir

Des gîtes qui apparaissent entre les barreaux des troncs de la forêt

les cerises reviennent s’accrocher aux oreilles tendues de cette foi qui refuse d’abdiquer

On retiendra le moindre indice qui fait palpiter le côté gauche du décolleté

cadencée par le métronome des marées.

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Niala-Loisobleu.

21 Mai 2023